Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 30 juillet 2018

Extinction de Ben Young (2018) - ★★★★☆☆☆☆☆☆




Il y a cinq ou dix ans, Extinction aurait été le genre de long-métrage dont on aurait beaucoup espéré. Mais les œuvres de science-fiction prenant pour cadre une invasion extraterrestre, une dystopie, ou bien tout autre genre demeurant très à la mode actuellement étant devenues bien trop monnaie courante, c'est toujours avec plaisir mais sans réelle surprise que l'amateur se lancera dans l'aventure. Ce point de vue est à mettre à la seule condition que le spectateur ignore jusqu'à leur découverte, l'existence de faits antérieurs à mettre sur le compte du cinéaste australien Ben Young. Pourquoi ? Parce que Ben Young, justement, fut l'auteur deux ans auparavant d'un incroyable Hounds of Love dont la caractérisation de son couple de psychopathes et de leur victime demeurait l'un des points cruciaux d'un récit magnifiquement accompli.
D'où le choc à la découverte de Extinction. Comme si après avoir pris le soleil d'un été caniculaire, le spectateur avait été immédiatement transporté en plein hiver et jeté dans l'eau glaciale d'un fjord norvégien. La déception étant à la mesure d'un tel 'coup de fouet' thermique, on se demande d'abord s'il ne s'agirait pas d'un homonyme. Car celui qui signa en 2017 l'excellent Hounds of Love , ne peut se concevoir comme étant le Ben Young cuvée 2018, transportant sous son bras un sujet pas tout à fait en or, mais irrémédiablement gâché par son absence d'enjeux.

Désolé pour les spoils qui suivent, mais merde. Comment Ben Young a-t-il pu se laisser aller à de telles facilités en matière de mise en scène, lui qui avait su renouveler le genre 'thriller' avec un brio exceptionnel ? Extinction est tout d'abord un long-métrage ayant mal digéré tout un tas d'influences cinématographiques. De l'immonde Guerre des Mondes version Steven Spielberg, en passant par les Terminator de James Cameron, jusqu'à une foule de production de plus ou moins grande ampleur mais à côté desquelles, le film de Ben Young se vautre littéralement.

On moque souvent les œuvre mettant en scènes des personnages physiquement trop lisses. Des masses de blondes décérébrées et délurées croisant la route de beaux gosses pas plus intelligents que les 'nouvelle stars' qu'il vénèrent à travers des émissions d'une connerie sans nom. Mais des héros et héroïnes toujours physiquement attrayants, même si le spectateur n'a pas trop l'habitude d'en croiser au quotidien. On les moque, donc, mais lorsqu'ils disparaissent au profit d'individus manquant cruellement de charisme comme c'est le cas dans Extinction, on finit par les regretter. Ou sont donc passées nos belles plantes et nos sculpturaux Adonis ? Disparus, remplacés, par des gens comme vous et moi, Plus proches de nous, mais plus fades également. Comme les a d'ailleurs décrit Ben Young. A moins qu'il ait tout simplement oublié d'en donner une définition.

Le récit tourne autour d'un couple et de leurs deux (très énervantes) petites filles. LUI, fait de mauvais rêves dans lesquels notre planète est envahie par des extraterrestres. Cauchemars ? Rêves prémonitoires ? Ben Young semble avoir choisit la deuxième option. Quoi de plus classique et d'ennuyeux ? Et quoi de plus triste, surtout, que de réaliser plus tard que le film avait de réels potentiels que le cinéaste n'a pas réussi (ou même tenté) d'exploiter ?
Car en effet, au delà de certaines incohérences (finalement justifiées un peut plus tard dans le récit), Extinction propose une alternative plutôt maline aux classiques cités plus haut. Sauf que les dégâts scénaristiques collatéraux ont déjà fait leur œuvre et que la suite ne pourra plus rattraper le retard causé par une direction artistique convenue, et surtout, d'une confondante laideur. Oui, Extinction portait en lui les germes d'un air un peu moins vicié que celui soufflé sur d'innombrables séries B de science-fiction surexploitant à tour de bras des sujets dont l'originalité était épuisée depuis des lustres.

Chaque fois qu'un des aspects évoqués dans le film semble avoir été totalement acquis, Ben Young nous rappelle qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Par exemple : lorsqu'il paraît évident que les rêves du père de famille sont prémonitoires, on réalise en fait qu'ils n'évoquent non pas le futur, mais le passé. Quelques bonnes idées comme celle-ci tentent de sauver le film du naufrage, mais sans vraiment y parvenir. Pas même cette idée pourtant excellente d'inverser les rôles entre envahisseurs et terriens... Malheureusement, les personnages manquant cruellement de caractérisation et le sujet de profondeur (et ne parlons même pas des effets-spéciaux dignes de Sy-fy), Extinction se révèle très vite ennuyeux malgré sa courte durée n'excédant pas l'heure et demi. Le film de Ben Young devrait donc logiquement décevoir ceux qui apprécièrent tout particulièrement Hounds of Love mais contentera la partie des spectateurs les moins exigeants. Un long-métrage à l'origine directement diffusé sur la plate-forme Netflix...

TROMA : Luther the Geek de Carlton J Albright (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆



Luther fait partie de ces tueurs qui auraient dû finir leur existence enfermés en prison, ou dans un institut psychiatrique accueillant des malades particulièrement dangereux. Il n'est pas rare que le septième art ait enfanté des monstres à visages humains tels que lui. Je pense notamment à deux des plus étranges cas de schizophrénes que le cinéma ait porté à l'écran. George Tatum du glauque mais décevant Cauchemars A Daytona Beach que le cinéaste Romano Scavolini réalisa en 1981, et plus encore le tueur du traumatisant Schizophrenia de Gerald Kargl datant de 1983. Luther et ces deux là ont en commun d'avoir été considérés aptes à être libérés par les spécialistes qui étaient en charge de les soigner. Tous les trois ont également en commun l'habitude de s'immiscer dans l'existence de paisibles familles. Le tueur de Schizophrenia pénêtre la demeure d'une famille constituée de trois membres afin d'y assouvir ses pulsions, se rapprochant ainsi davantage de Luther que de Tatum qui lui s'intéresse à une mère et ses trois enfants pour des raisons plus obscures. Luther the Geek est une production de la célèbre firme Troma qui nous avait habitué à davantage d'humour. C'est ainsi que l'on rapprochera le film de Carlton J Albright de celui que réalisa le cinéaste Buddy Giovinazzo : le saisissant Combat Shock, lui aussi disponible ches Troma. Du gore craspec plus sérieux que d'habitude.

Pourtant, la particularité dont Carlton J Albright a affublé son meurtrier a de quoi faire pouffer de rire les plus sérieux d'entre nous. Car non comptant d'être attiré par tous les types de galliformes qu'il croise sur sa route et auxquels il offre des baisers mortels (leur arrachant la tête à pleines dents), Luther ne s'exprime que par caquètements. Pas vraiment sérieux me direz-vous, et pourtant, ce détail n'affecte pas vraiment l'étrange sentiment qui se dégage de cet individu particulièrement abjecte se nourrissant de sang depuis que tout petit, il a assisté à un spectacle durant lequel un phénomène de foire était exhibé dans une grange. Autre point qui participe à rendre Luther si incommodant à regarder dans les yeux : l'acteur Edward Terry qui campe un Luther plutôt convaincant. Une gueule comme on en a rarement vu sur les écrans. L'acteur ne semble pas avoir été affublé du moindre postiche ou de la moindre prothèse en latex, et pourtant, il révèle un visage carrément flippant que l'on imaginerait bien dans une œuvre aux moyens financiers plus conséquents.

Prenez Francis Dollarhyde (l'acteur Tom Noonan) du glaçant Manhunter de Michael Mann, offrez-lui la dentition métallique du Requin des James Bond, et les agissements de toute une tribu de dingues cinématographiques et vous obtenez Luther, un personnage déviant, irrécupérable. Agissant tel un vampire anthropophage urbain. Edward Terry ne semble pas avoir fait grand chose d'autre à part une courte apparition dans The Children de Max Kalmanowicz à l'écriture duquel a justement participé Carlton J Albright. Au vu des piètres qualités de nombre de productions Troma ne reposant finalement que sur de délirants scénarios, Luther the Geek fait peut-être partie du haut du panier. A découvrir, donc, d'autant plus qu'il est disponible au format DVD chez Uncut Vidéo dans une édition tirée à 1000 exemplaires en version originale sous-titrée en français accompagnée d'une présentation de Lloyd kaufman...

dimanche 29 juillet 2018

Sur un Arbre Perché de Serge Korber (1971) - ★★★★★★★☆☆☆



Si dans le fond, Sur un Arbre Perché se révèle relativement simple, dans sa forme, il semble avoir été plus compliqué à mettre en place que ne le laisse envisager le résultat à l'écran. Il s'agit de la seconde collaboration entre l'acteur Louis de Funès et le cinéaste Serge Korber et la deuxième fois que ce dernier adapte un scénario original en compagnie du scénariste et dialoguiste Jean halain (lequel écrira le scénario de bon nombre de long-métrages mettant en vedette Louis de Funès entre 1949 (Millionnaires d'un jour d'André Hunebelle) et 1981 (La Soupe aux Choux de Jean Girault). Après le déjà très spécial L'Homme Orchestre réalisé un an auparavant, en 1970, Serge Korber confie à Louis de Funès le rôle du promoteur Henri Roubier qui, de retour d'Italie où il vient de signer un contrat, et qui, contre son accord, vient d'embarquer à bord de sa décapotable un jeune auto-stoppeur ainsi que l'épouse d'un millionnaire. Sur la route qui mène jusqu'à la frontière française, au volant de son véhicule, Roubier fait un écart et plonge dans le vide. Par chance, il évite une chute mortelle mais la voiture tombe sur un arbre au beau milieu d'une falaise. Ni le sommet, ni le sol ne sont accessibles. Condamnés à rester immobiles dans la décapotable jusqu'à ce que d'éventuels secours viennent les sauver, Roubier et ses deux encombrants passagers vont devoir faire contre mauvaise fortune, bon cœur...

Le scénario de Pierre Roustang adapté à quatre mains par Jean Halain et Serge Korber aurait tout aussi bien pu servir de base à une pièce de théâtre. Car en effet, le film se situant majoritairement à bord d'une voiture immobilisée sur un arbre perché à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol, toute l'intrigue repose uniquement sur le jeu de son improbable trio d'interprètes principaux. Dans le rôle principal, Louis de Funès, bien évidemment. A ses côtés, son propre fils Olivier qui contre toute attente n'incarne par le rôle du rejeton mais celui de l'auto-stoppeur (dans L'Homme Orchestre, Olivier de Funès interprétait au moins le rôle du neveu de Evan Evans, incarné, lui, par Louis de Funès). Pour accompagner les deux hommes, la touche féminine est assurée par l'actrice américaine Geraldine Chaplin qui comme chacun sait, est la fille de l'illustre Charlie Chaplin.

Bien que visuellement le film relève d'un minimalisme parfois déconcertant, le tournage semble s'être révélé plus difficile que le scénario pouvait le laisser croire. Si la direction des acteurs ne paraît pas avoir été le principal soucis du réalisateur, l'utilisation de cascadeurs lors de plans vertigineux et d'hommes rompus à l'alpinisme afin d'assurer certains des plans les plus osés se révèle remarquable. Fort logiquement remplacés par des doublures-cascadeurs, Louis et Olivier de Funès ainsi que Geraldine Chaplin ont quant à eux tourné la plupart des scènes en studio. Si les raccords ne sont pas toujours parfaitement exécutés, l'illusion est pourtant presque parfaite.

Afin d'éviter qu'une certaine redondance ne vienne ternir le récit, Serge Korber imagine quelques séquences plutôt amusantes, tel le portrait de Roubier en cycliste, l'évocation d'un vampire dans la région, ou encore la scène située dans le désert. Des mini-sketches relançant l'intrigue jusqu'à ce que les secours arrivent enfin, ouvrant le bal d'un dernier quart-d'heure totalement délirant. Notons la présence de Paul Préboist dans le rôle du radio-reporter et d'Alice Sapritch dans celui de Lucienne, l'épouse de Roubier.
Sur un Arbre Perché demeure sans doute comme l'une des comédies de Louis de Funès parmi les plus faibles. D'ailleurs, les résultats au box-office semblent s'en être ressentis malgré le score honorable dépassant le million et demi de spectateurs. Il s'agira là de la dernière collaboration entre Louis de Funès et Serge Korber. Une petite comédie, sympathique, mais dispensable...

samedi 28 juillet 2018

Les Saisons du Plaisir de Jean-Pierre Mocky (1988)



Emmanuelle et Charles ont cent ans chacun et sont bien décidés à profiter de la vie. C'est pourquoi ils ont choisi de partir en voyage de noces. La question qui se pose est de savoir qui va prendre en main la Parfumerie Vanbert en leur absence. Charles qui en a assez décide de profiter du séminaire annuel réunissant les cadres de l'entreprise pour élire celui qui prendra la tête de l'entreprise familiale.

Jacques, Gus, Paul, Bernard et Daniel sont les principaux cadre de la Parfumerie Vanbert et espèrent tous devenir le nouveau patron. Il fait beau au château des Vanbert. Le soleil brille, c'est l'été et les désirs charnels explosent de mille envies. Adolescents et adultes se laissent aller à des ébats tandis que d'autres complotent pour obtenir les grâces du patriarche lorsque celui-ci prendra la décision de nommer son héritier à la tête de la parfumerie.

Mais alors que chacun vaque à ses occupations, Jacqueline, la fille des Vanbert disparaît dans la garrigue. Lancés à sa recherche, un groupe d'hommes et de femmes fouilles les lieux. Contre toute attente, c'est Thierry et son épouse Sophie qui retrouvent Jacqueline et lui évitent de faire une bêtise. Afin de remercier ceux qui ont sauvé leur fille, Emmanuelle et Charles demandent à les voir. Ailleurs, le danger guette. En effet, on signale une fuite de gaz radioactif dans la centrale nucléaire d'à coté...

Datant de 1988, Les Saisons du Plaisirs est surtout connu en raison de son affiche des plus équivoque, plus que de ses qualités en terme d’œuvre cinématographique. Tourner, c'est toute sa vie, à Jean-Pierre Mocky. Troisième film à sortir cette année là après le corrosif Miraculé et Agent Trouble, Les Saisons du Plaisirs fait figure de film léger. On s'y fourvoie à volonté avec ses partenaires, hommes et femmes, homme et homme, femme et femme, Jean-Pierre Mocky n'a pas de tabous.

Le casting est exceptionnel : Stephane Audran, Jean-Pierre Bacri, Roland Blanche, Jean-Luc Bideau, Darry Cowl, Rochard Bohringer, Eva Darlan, Jean Poiret, Fanny Cottençon, Sylvie Joly, Bernadette Lafont, Jacqueline Maillan, Bernard Menez, et même la toute jeune Judith Godrèche tournent en orbite autour des « anciens » Charles Vanel et Denise Grey. 
 

Le pouvoir, l'argent et le sexe sont les vices qui touchent tous les personnages du cinéaste. Son film fait parfois penser à la comédie satirique de Denys Granier-Deferre Que les gros salaires lèvent le doigt, sortie six ans plus tôt. Les Saisons du Plaisirs se laisse regarder, sans plus. C'est bien du Mocky : une idée de départ intéressante mais mal négociée par la suite. Heureusement, l'interprétation est quand à elle assez juste...


jeudi 26 juillet 2018

Podium de Yann Moix (2004) - ★★★★★★★☆☆☆



Prix Goncourt du premier roman pour Jubilations vers le Ciel en 1996, critique littéraire pour le magazine Marianne entre 1998 et 2002, chroniqueur dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas Couché à partir de 2015 et ce jusqu'en 2018. Multipliant les casquettes, on ne peut pas dire que l'écrivain et réalisateur français Yann Moix ait chômé depuis ses débuts. En parallèle à ses différentes carrières de critique, d'écrivain et de chroniqueur, le bonhomme a eu le temps de réaliser deux longs-métrages qui ont tout deux obtenus des résultats auprès du public et de la presse diamétralement opposés. Le deuxième, pour commencer, qui fut un échec commercial et critique total et qu'il serait tant de réévaluer à sa juste valeur (Cineman, 2009). Quant au premier, Podium, que Yann Moix tourna cinq ans auparavant en 2004, il ne s'agit pas du biopic auquel certains s'attendaient sûrement (et en premier lieu, les fans du chanteur Claude François), mais d'une comédie, légère, décrivant avec beaucoup d'humour et de talent de la part de ses interprètes, les dérives consécutives à la passion dévorante pour une idole de la chanson française.

Ici, c'est l'acteur belge Benoît Poelvoorde qui s'y colle. Loin d’appesantir le récit sur l'aspect particulièrement sinistre de l'engouement pathologique pour une vedette de la chanson française ayant compté parmi les plus populaires de son époque, Yann Moix joue avec certains codes de la profession de sosie et délecte le spectateur en lui offrant en pâture toute une galerie de personnages aussi grotesques que pathétiques. Au centre desquels, donc, nous retrouvons Bernard Frédéric, vedette de sa propre existence. Petit employé dans une banque, il y a bien longtemps (cinq ans) que son épouse Véro (excellente Julie Depardieu) lui a imposé de stopper toute activité relative à sa passion dévorante. Le couple vit en compagnie de leur jeune fils dans une maison-témoin dont le sous-sol renferme les vestiges de l'ancienne passion de Bernard. Après avoir retrouvé son ancien compagnon de route Jean-Baptiste Coussaud dit « Couscous », sosie de Michel Polnareff sous le nom de Michel Polnar G, Bernard reçoit un coup de fil de Claude François lui-même sur le fameux téléphone rouge de la chanson Le téléphone pleure qu'il s'offrit cinq ans auparavant pour plusieurs milliers d'euros.
Bernard Frédéric décide alors de retourner à sa passion malgré l'avis de Véro, mais soutenu par Couscou. Le sosie de Claude François et son ami vont faire passer un casting à de jeunes danseuses afin de reformer les 'Bernadettes' et espèrent bien participer prochainement au concourt de sosie qu'animera la présentatrice Évelyne Thomas qui à cette occasion jouera son propre rôle...

Yann Moix décrit la passion de son héros comme un subterfuge lui permettant d'oublier sa morne existence. Car bien que père d'un jeune Sébastien (Nicolas Jouxtel) et époux amoureux de Véro, on ne peut pas dire que Bernard soit particulièrement conquis par son mode de vie. Se fondre dans la peau de son idole est une manière pour lui de quitter l'obscurité pour la lumière. Mais le risque ici, est de se perdre définitivement comme semble être perdu son ami Couscous, talentueusement incarné par l'excellent Jean-Paul Rouve. Le cinéaste, qui s'inspire ici de son propre roman éponyme, se réapproprie les codes vestimentaires de l'époque tout en ringardisant le propos à travers le souvenir de galas effectués dans des parkings de supermarchés Podium aura sans doute inspiré sa descendance car comment ne pas voir la moindre trace d'opportunisme dans le peu convaincant Stars 80 que Frédéric Forestier et Thomas Langmann réalisèrent huit ans plus tard ?

On pourra regretter que Yann Moix n'exploite pas davantage la psychologie d'un personnage 'borderline', se contentant finalement de jouer avec le grotesque du propos, bien qu'il ne se moque jamais véritablement de son héros. Les fans de Claude François ont là, matière à se réjouir d'une bande-son faisant la part belle à leur idole tandis que d'autres pourront y déceler une certaine forme de cynisme. Mieux vaut choisir son camp avant de porter un jugement définitif. Et quoi de mieux que l'émouvant duo entre la star et son sosie ? Podium mérite d'être redécouvert... A noter qu'une suite est prévue depuis quelques années avec dans les deux principaux rôles, Benoît Poelvoorde et Jean-Paul Rouve. Bien que les rapports entre le cinéaste et l'acteur belge se soient ternis à la suite du premier Podium, les deux acteurs y devraient être présents. En outre, Yann Moix a promis que le personnage de Couscous y aurait un rôle plus important que dans Podium. Affaire à suivre...

mercredi 25 juillet 2018

Predator 2 de Stephen Hopkins (1990) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Dans le premier volet réalisé en 1987 par le cinéaste américain John McTiernan, l'intrigue prenait forme en plein cœur de la forêt tropicale d'Amérique Centrale dans un pays imaginaire créé à l'occasion (Val Verde). Le Major Alan Dutch Schaefer et ses hommes y étaient envoyés afin de récupérer un ministre enlevé par des guérilleros. Dutch, George Dillon, Ramirez et les autres arrivèrent malheureusement trop tard. Mais ils allaient tous mener un combat contre une force invisible nommée Predator. Une créature venue d'un autre monde afin de chasser l'homme sur son territoire. Un humanoïde, lourdement armé, porteur d'une combinaison furtive, et rompu à l'exercice de la chasse. A la fin, et alors que tous ses hommes allaient tomber au champ de bataille à la manière des membres de l'équipage du Nostromo d'Alien, le Huitième Passager, Dutch allait mettre un terme aux agissements de la créature en débarrassant la surface de la Terre de sa présence.
Trois ans plus tard, John McTiernan a préféré ne pas réintégrer son poste de réalisateur au profit de À la Poursuite d'Octobre Rouge. Quant à Arnold Schwarzenegger, il était à l'origine prévu que l'acteur reprenne le rôle mais comme cela arrive très souvent, c'est un désaccord financier qui ruina les chances de le retrouver dans la peau du Major Dutch. Désormais, c'est le cinéaste Stephen Hopkins, auteur l'année précédente des cinquièmes aventures d'un célèbre croquemitaine en pull-over rayé de rouge et noir (Freddy 5 : L'Enfant du Cauchemar), qui accepte de reprendre le flambeau. Désormais, la guerre n'a plus lieu dans une forêt tropicale étouffante mais dans la jungle urbaine de Los Angeles où la police et et les différents cartels de la drogue colombiens mènent une guerre sans merci.

Bien qu'il ne possède pas le charisme d'Arnold Schwarzenegger, le rôle principal est désormais confié à l'acteur Danny Glover, surtout connu pour avoir joué dans les quatre volets de la saga Lethal Weapon de Richard Donner aux côtés de Mel Gibson. Le flic a remplacé le soldat. Afin de l'accompagner, il récupère le fougueux Jerry lambert, un jeune inspecteur incarné par l'excellent Bill Paxton. Ils sont de plus confrontés à leur hiérarchie et ainsi qu'à l'agent spécial Peter Keyes qui ne semble pas prêt à collaborer avec la police de Los Angeles. Le compositeur Alan Sivestri qui officiait déjà dans le premier Predator est également l'auteur de la partition musicale de cette suite. On retrouve également à nouveau les frères Jim et John Thomas à l'écriture du scénario ainsi que l'acteur noir Kevin Peter Hall sous la combinaison de la créature.

Devenu un classique de la science-fiction, le premier Predator a engendré une succession de long-métrages de plus ou moins bonne qualité. Outre cette première séquelle, le cinéaste Nimród Antal a pondu une suite plus proche de l'original avec Predators mais néanmoins pénible à regarder en comparaison avec son illustre ancêtre. Une nouvelle séquelle est même prévue pour le 17 octobre prochain. Signée par le cinéaste Shane Black, auteur notamment de Iron man 3, on espère que son nouveau film relèvera le niveau d'une franchise qui n'a fait que perdre en qualité. Et que dire des navrants Alien vs. Predator de Paul W.S. Anderson (2004) et Alien vs. Predator:Requiem de Colin Strause (2007), mélangeant deux des plus grands mythes de la science-fiction horrifique ?

A voir le résultat obtenu par des cinéastes insuffisamment préparés (ou manquant de talent) pour prétendre égaler l’œuvre de John McTiernan, Predator 2 n'est peut-être finalement pas le plus mauvais de tous et se range directement en seconde position après l'original. Pourtant, force est de constater qu'en comparaison, ce récit urbain ne possède pas le charme du cadre tropical, et ses interprètes, aussi bon fussent-ils, n'ont pas le charisme de Schwarzenegger et ses compagnons. Predator 2 flirte même parfois avec le ridicule (le rasta décapité dont la tête continue à hurler), et l'indigeste (la rencontre entre le Predator et l'enfant). L'esthétique apportée à l'image (souvent plongée dans une lumière bleutée) devient épuisante à force de devoir écarquiller les yeux pour espérer comprendre ce qui se joue devant nous (la scène du métro manque cruellement de visibilité). La sublime créature créée à l'origine par le maquilleur Stan Winston étant relativement mal éclairée, elle n'est, contrairement au film original, pas vraiment mise en valeur. Predator 2 grouille de scènes improbables. Danny Glover est beaucoup moins convaincant qu'Arnold Schwarzenegger,. Le cadre est moins plaisant, la mise en scène pas aussi maîtrisée, l'interprétation juste acceptable, la bande originale moins 'puissante', et le scénario, bien moins appréciable. Au final, et même s'il n'est pas le pire de tous, ce second volet n'arrive même pas à mi-hauteur du premier. A voir pour l'originalité du cadre qui tranche radicalement avec celui de Predator. En dehors de cela, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent à part quelques scènes de course-poursuite entre humains et alien dans une cité ravagée par le crime et la drogue...

America 3000 de David Engelbach (1985)



Le monde n'est plus ce qu'il a été. Depuis plus de neuf cent ans, l'humanité est retournée à la barbarie. Femmes et hommes se distinguent par une haine profonde, les premières s'étant muées en amazones traquant les seconds qu'elles séparent ensuite en deux catégories : d'abord les « Seeders », individus aux attributs sexuel leur donnant le pouvoir de reproducteurs, assurant ainsi la continuité de l'espèce amazone. Et puis les « Macos », des hommes que les femmes au pouvoir ont intellectuellement affaibli en leur coupant les cordes vocales et en les asservissant.

Mais alors que Korvis a été choisi comme nouveau reproducteur, il parvient à fuir le camp des amazones avec un ami et à libérer une tribu de « Macos » retenus prisonniers. Il découvre également un abri anti-nucléaire dans lequel le dernier président des États-Unis, élu il y a plus de neuf cent ans, avait trouvé refuge lors de la guerre thermonucléaire qui avait dévasté la planète. Korvis y découvre une cache d'armes et d'explosifs ainsi qu'une combinaison anti-nucléaire. Vêtu de cette dernière et armé jusqu'aux dents, l'ancien prisonnier est bien décidé à changer le monde et à libérer tous les peuples qui sont entre les mains des amazones...

America 3000... le titre laisse à lui seul le sentiment que l'on va être mis à rude épreuve devant ce film signé par le cinéaste et scénariste David Engelbach. Et en effet, le chemin menant au générique de fin va se révéler pavé de piège au moins aussi dangereux que la radioactivité qui a décimé une grande majorité de la population humaine. Neuf cent ans ont donc suffit pour que notre espèce retourne à l'état sauvage avec tout ce que cela comprend de barbarie. Le script de America 3000 a été directement écrit par David Engelbach lui-même. En fait, cela faisait dix ans qu'il traînait dans un tiroir, le cinéaste avouant lui-même que le contenu du scénario était en avance sur son temps (détail fort amusant et essentiel à connaître avant de découvrir le film afin de se rendre compte du décalage entre cette prétentieuse affirmation et le résultat navrant de ce minuscule nanar qui se voudrait sans doute une suite directe au classique Mad Max de George Miller).

Produit à l'époque par la Cannon, le fait de relever les noms de Menahem Golan et Yoram Globus au générique aurait dû suffire à nous rassurer. Pourtant, le résultat est à la limite de la catastrophe. Volontaire ou pas, l'humour est présent du début à la fin. Mais l'emploi d'un tel substantif n'est ici, pas un gage de qualité. Afin de faire des économies sur le budget, David Engelbach a préféré dans les décors naturels du Colorado. N'y cherchez aucune structure, aucun décor de cinéma car à part de vieilles huttes (et des costumes taillés à la serpe dans de la toile en coton), c'est le vide absolu. La seule réelle invention finalement se trouvant dans le système d'ouverture du portail du camp des amazones...

Interprété par Chuck Wagner (dont le nom n'a rien à voir avec une éventuelle contraction de l'acteur Chuck Norris et du compositeur Richard Wagner), America 3000 est un authentique nanar. Mais cette fois-ci, malgré tout le respect que l'on a pour le cinéma transalpin, c'est du côté des Amériques que l'histoire se déroule. Il est important de noter qu'à côté d'un scénario déjà particulièrement indigent, rien ne nous aiguille sur la manière dont les femmes ont pris le pouvoir sur l'espèce humaine dans sa globalité et comment les hommes ont pu, eux, se laisser dépasser par les événements au point de devenir des esclaves à la solde de la gente féminine.

La réalité des faits est que le scénario part un peu dans toutes les directions. On se perd quelque peu dans un récit brouillon, inintéressant, et une interprétation grotesque de la totalité du casting (la totalité, oui, ce qui est éminemment rare il faut le noter). Le summum demeurant dans celle de Chuck Wagner (le Korvis en question) qui dès lors qu'il met la main sur la combinaison nous offre le tableau affligeant d'un homme voulant conquérir le cœur de ses semblables et ainsi faire régner la paix. Une idée brillante, mais le résultat est tellement grotesque que l'on a surtout envie de pouffer de rire. Les quelques explosions et scènes d'actions ne parviennent pas vraiment à relancer un intérêt qui depuis s'est fait la malle, d'autant plus que le doublage en français vient davantage noircir le tableau. America 3000 est donc un bon gros nanar que les amateurs du genre sauront apprécier...

mardi 24 juillet 2018

Les Bronzés 3, Amis pour la Vie de Patrice Leconte (2006) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Trois étoiles sur dix, cela peut paraître sévère. Isolé de ses deux prédécesseurs, Les Bronzés 3, Amis pour la Vie aurait sans doute mérité une étoile supplémentaire. Peut-être deux. Mais sortir cette suite tardive vingt-sept ans après l'excellent second opus Les Bronzés font du Ski n'a aucun sens. Tout d'abord parce que la forme d'humour employée dans ce troisième volet diffère drastiquement de celui des deux autres. Ensuite parce que chacun a plus ou moins bien vieilli. Mais surtout parce que l'on a pas le droit de toucher à deux œuvres aussi cultes même si une partie du public devait fantasmer depuis longtemps sur cette arlésienne qui allait pourtant voir le jour plus d'un quart de siècle plus tard sous l'impulsion de la Troupe du Splendid qui devait à l'origine travailler sur le tournage d'un autre long-métrage, Astérix en Hispanie. Une adaptation du quatorzième album d'Astérix et Obélix compromise par Albert Uderzo lui-même, lequel n'avait pas vraiment apprécié Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre qui reste cependant la meilleure des quatre adaptations live de la célèbre bande dessinée.
Dans ce troisième opus nous retrouvons les membres du Splendid déjà présents dans les deux premiers: Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant, Martin Lamotte (qui était absent du second volet), ainsi que le plus discret Bruno Moynot. Ceux qui les accompagnaient à l'époque ont disparu du casting : Michel Creton (logique puisque dans le premier, le personnage de Bourseault qu'il incarnait mourait noyé après avoir été piqué par une raie), Luis Rego, Guy Laporte, ou encore Maurice Chevit. Deux nouveaux venus ont fait une apparition remarquée. Le premier dans la peau du fils de Nathalie et Bernard Morin. Il s'agit du propre fils de Gérard Jugnot qui jusque là n'avait joué que dans une petite dizaine de films. Le second est UNE... seconde, en la personne d'Ornella Muti.

Les Bronzés 3, Amis pour la Vie a rencontré le succès dans notre pays avec pas moins de 10 300 000 entrées. C'est bien plus que les deux premiers volets réunis, mais cela peut s'expliquer par l'engouement d'un public qui était loin, alors, de supposer que cette seconde séquelle aux Bronzés serait aussi médiocre. Tout y est effectivement très lourd. Voire vulgaire. Gisèle débarque avec une nouvelle et énorme poitrine en silicone, Jean-Claude Dusse, désormais prénommé Jessy, a totalement abandonné son look de ringard pour un autre beaucoup plus branché... et finalement tout aussi cheap. Popeye est toujours accroc au sexe bien qu'il vive désormais avec Graziella (Ornella Muti), Jérôme est toujours amoureux de Gigi bien qu'ils soient en instance de divorce, Nathalie et Bernard sont toujours en couple, quant à Christiane (ratée chirurgicalement par Jérôme), elle vit désormais en compagnie de Miguel, le couple ayant adopté une attitude des plus... zen. Enfin, Benjamin Morin, il débarque pour annoncer à ses parents qu'il vit en couple...

Terminées les répliques cultes qui s'enchaînaient sur un rythme d'enfer. Les gags sont rarement drôles et les personnages vieillissants sont déprimants. Comme s'ils rappelaient aux plus anciens d'entre nous que les années passent inexorablement. Patrice Leconte l'a annoncé : il n'y aura pas de quatrième volet. Un avis partagé par Michel Blanc qui considère qu'ils en ont fait le tour. Par contre, Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot sont d'un avis différent et ne s'opposent pas fermement à l'idée qu'un nouveau chapitre apparaisse un jour sur les écrans. En attendant, que l'on ait aimé ou pas ce troisième épisode, d'ici l'hypothétique sortie d'une suite aux Bronzés 3, Amis pour la Vie, les spectateurs pourront au choix prier pour que le projet se concrétise ou bien qu'il reste dans les tiroirs...

Terror at Red Wolf Inn de Bud Townsend (1972) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Pour commencer, j'aimerais préciser que la version qui me fut mise entre les mains est celle qui fut doublée en français. Et que par ce fait dont l'importance est considérable, le jugement que je porterai sur cette œuvre signée du cinéaste américain Bud Townsend ne pourra être assimilé qu'à cette seule version dont le doublage se révèle catastrophique, lequel demeure très certainement responsable d'une bonne partie du désagrément qui fut le mien devant une œuvre dont j'espérais peut-être un peu trop. Si je devais comparer Terror at Red Wolf Inn à l'un des nombreux long-métrages qui abordent la même thématique, je ne ne pousserai par le lecteur à se rapprocher du classique ultime qu'est Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper mais plutôt vers le Motel Hell de Kevin Connor. Si l'héroïne de l’œuvre qui nous intéresse ici n'est pas directement kidnappée par ses ravisseurs, son sort est néanmoins similaire à celui qui attend les victimes de la famille Smith du film qui chez nous sorti sous le titre Nuits de Cauchemars.
Autre fait dont l'importance est au moins aussi importante, si ce n'est davantage ; la durée. En effet, Terror at Red Wolf Inn existe en deux versions. L'une de quatre-vingt dix minutes. Celle-là même qui sorti sur grand écran. La seconde, celle que j'ai malheureusement découverte fut expurgée de douze minutes dans sa version vidéo. Nul besoin de faire le calcul pour imaginer l'ampleur d'une perte qui explique peut-être pourquoi la version écourtée demeure aussi pauvre en matière d'intrigue.Car plus que sa médiocre interprétation. Davantage encore que sa mise en scène. C'est le scénario qui pèche par excès d'avarice dans cette version de soixante dix-huit minutes seulement.

Tout commence dans la chambre d'un l'immense dortoir où est installée Régina, la jeune héroïne de ce conte morbide pour adultes. L'adolescente reçoit une lettre dans laquelle elle découvre qu'elle a gagné un séjour à L'Auberge du Loup Rouge. Ni une, ni deux, sans prendre le temps de penser à un éventuel traquenard, la gamine emporte avec elle quelques affaires. Arrivée sur place, elle est accueillie par les propriétaires des lieux:Evelyn et Henry Smith, ainsi que leur petit-fils Baby John. Sont également présentes deux autre jeunes femmes qui comme Régina ont gagné le droit de passer quelques jours à l'auberge. Régina est accueillie les bras ouverts, avec le sourire, et pour fêter son arrivée, le soir-même c'est la fête. Un grand repas est organisé à cette occasion mais également en vue du prochain départ de l'une des deux autres pensionnaires, la jolie Pamela. Lorsque le lendemain matin Evelyn annonce à Régina ainsi qu'à la troisième pensionnaire Edwina que Pamela est partie très tôt le matin-même sans leur dire au revoir, les deux jeunes femmes ne s'en préoccupent pas vraiment. Mais lorsque c'est au tour d'Edwina de disparaître, Régina commence à s'inquiéter. D'autant plus qu'elle est témoin de faits étranges se déroulant la nuit lorsque tout le monde est censé dormir...

Terror at Red Wolf Inn, c'est encore une histoire de famille maboule vivant à l'écart de la civilisation. L'un des rapprochements que l'on pourrait faire entre le film de Bud Townsend et celui de Kevin Connor, c'est ce désir d'engraisser leurs victimes auquel prend soin ce couple de retraités apparemment biens sous tout rapports mais cachant un terrible secret à l'arrière de leur cuisine. Un mystère que l'on devine assez rapidement. Le jeu des acteurs se révèle trop souvent insipide. La faute à des dialogues d'une pauvreté exaspérante. Quant à l'interprétation, les acteurs et actrices étant peu aidés par une écriture extrêmement fade, ils n'ont d'autre choix que de remplir les vides à l'aide de rires souvent grotesque. Difficile donc d'y dénicher le moindre talent. A part peut-être chez l'acteur John Neilson, qui ne semble avoir joué que dans une petite poignée de long-métrages (Honky en 1971, et Sharks Treasure en 1975 aux côtés de Yaphet Kotto) et qui dans Terror at Red Wolf Inn campe un Baby John Smith instable et impulsif plutôt crédible. Au delà de son interprétation, il faut avoir du courage pour aller jusqu'au bout. La carotte, c'est le mystère qui entoure l'arrière-cuisine qu'Evelyn tente de cacher à ses convives. On espère y découvrir un étal recouvert de cadavres découpés en morceaux. Si tel est le cas, les effets-spéciaux sont relativement sobres. Le spectateur s'amusera d'un final inversant la règle, quoique assez peu crédible. Une œuvre à mettre entre les mains des complétistes qui voudraient ajouter une nouvelle galette à leur collection de films axés sur des familles aux us et coutumes déviants. Ne reste plus qu'à dénicher la version originale et complète du film de Bud Townsend, celle-là même qui remettra peut-être en question l'avis mitigé de cette édition trop amputée pour que l'on se fasse un avis définitif... à suivre... ?

lundi 23 juillet 2018

Les Grandes Vacances de Jean Girault (1967) - ★★★★★★★☆☆☆



Au beau milieu du mois de juillet, enfermé derrière des volets protégeant à peine de la canicule, sans le moindre souffle d'air, ni climatisation, et tout juste à peine aidé d'un vieux ventilateur ayant autant d'efficacité qu'une stère de bois détrempée posée dans le foyer d'une cheminée en hiver, quoi de mieux qu'une comédie française mettant en vedette notre plus grande star dans le domaine ? Qui n'évoquera pas notre Louis de Funès national est sans doute trop jeune pour l'avoir connu au temps où l'on célébrait chaque diffusion le dimanche soir de l'un des innombrables classiques dans lesquels il joua. Afin de coller à cette période caniculaire qui fera regretter à ceux qui les préfèrent, les climats plus tempérés offerts par le printemps ou l'automne, j'ai choisi à cette occasion de revenir sur Les Grandes Vacances de Jean Girault. Celui-là même qui offrit à Louis de Funès l'opportunité d'endosser le costume de gendarme à six reprises, ou qui lui consacra plusieurs long-métrages de qualité. Tels Pouic-Pouic, Faites Sauter la Banque (tout deux réalisés en 1963), l'excellentissime Jo en 1971, ou encore le pathétique La Soupe aux Choux en 1982.

Les Grandes Vacances, c'est tout d'abord une équipe rompue à la comédie. Car ceux qui entourent Louis de Funès à l'écran, ne le sont pas ici pour la première fois. On a pu en effet découvrir Maurice Risch dans Le Grand Restaurant de Jacques Besnard l'année précédente en 1966, Guy Grosso faisait, lui, déjà partie de la section de gendarme sous les ordres du Maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot, et l'on peut même remonter bien plus loin encore puisqu'il apparut notamment dans La Belle Américaine en 1961 et Des Pissenlits par la Racine en 1964. Mario David débutera lui sa carrière 'auprès' de Louis de Funès puisqu'on le découvrira au cinéma dès 1952 dans La Tournée des Grand Ducs d'André Pellenc, L'Amour n'est pas un Péché de Claude Cariven, ainsi qu'en 1954 dans Ah ! Les belles Bacchantes de Jean Loubignac. Olivier de Funès ne tournera qu'une poignée de long-métrages, tous interprétés par son père, de 1965 avec Fantômas se Déchaîne d'Andre Hunebelle, jusqu'en 1971 avec Sur un Arbre Perché de Serge Korber. Quant à Claude Gensac, inutile de la présenter puisqu'elle fut très souvent 'l'épouse' du comique au cinéma. A tel point qu'il n'est pas rare que l'on imagine que les deux acteurs ont joué ensemble des dizaines de fois alors qu'il partagèrent la vedette sur grand écran à dix reprises seulement. D'autres interprètes réapparaîtront plus rarement puisque l'acteur allemand Ferdy Lane qui incarne ici le personnage de Mac Farrell n'apparaîtra qu'une seconde fois auprès de Louis de Funès dans Jo, alors que l'actrice française Martine Kelly donnera la réplique au comique à deux nouvelles reprises à l'occasion des tournages de Hibernatus d’Édouard Molinaro en 1969 et L'Homme Orchestre de Serge Korber en 1970.

L'un des points fort de ces Grandes Vacances, c'est sa musique, et surtout son thème principal qui parmi les airs les plus connus de la filmographie de Louis de Funès fait partie des plus reconnaissables. Dès le début, le spectateur apprend que le film est dédié au cascadeur Jean Falloux qui lors du tournage d'une scène aérienne a perdu la vie. L'une des particularités du film de Jean Girault est de partager son intrigue entre la France et l'Angleterre. Pourtant aucun plan n'a été tourné en Grande-Bretagne, le film ayant été intégralement réalisé sur le sol français. Louis de Funès fait preuve, comme à son habitude, d'une énergie débordante qui lui vaudra le Prix Courteline en 1967. Les Grandes Vacances est une très sympathique comédie qui nous fait donc voir du pays, entre le pensionnat dirigé par Charles Bosquet (Louis de Funès), un simulacre d'Angleterre donc, et le port du Havre. Une douzaine de lieux de tournage pour un film qui donne parfois le tournis. Entre amourettes, mariage à l'écossaise, dîner britannique, course-poursuite vers le Havre à bord d'une bateau, d'une voiture, ou d'un camion chargé à bloc de sacs de charbon, bagarre entre marins et touristes dans un bar du port du Havre, rencontre plurielle avec un Mario David drôlissime, Louis de Funès se donne à fond et régale les spectateurs qui n'en manquent pas une miette. Loin d'atteindre les sommets du genre, le film de Jean Girault est cependant une très bonne comédie que l'on prend toujours autant de plaisir à redécouvrir...

L'Altro Inferno de Bruno Mattei (sous le pseudo de Stefan Oblowsky) (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆




Quel rapport entre Vincent Dawn, Pierre Le Blanc, David Hunt, William Snyder, Jordan B. Matthews, Jimmy Matheus, ou bien Michael Cardoso ? Tous ne sont que des pseudonymes empruntés par le cinéaste italien Bruno Mattei. Tout comme celui dont il a usé dans le cas présent pour le tournage de L'Altro Inferno. C'est bien donc le fameux réalisateur de Virus Cannibale, Robowar et Zombi 3 qui nous revenait en cette année 1981 sous le nom de Stefan Oblowsky pour une œuvre plutôt réussie au regard de certaines de ses plus fumeuses productions considérées à tort ou à raison comme de vulgaires séries Z (Cruel Jaws). Si ça n'est certes pas avec L'Altro Inferno que Bruno Mattei allait enfin pouvoir être redirigé vers le panthéon des cinéastes spécialisés dans le film d'horreur de classe A, c'est toujours avec un certain émoi que l'on découvre l'une des ces innombrables pièces rares mises à disposition par de généreux éditeurs. Dans le cas présent, c'est la défunte Néo Publishing qui nous offrit l'occasion de voir ou revoir l'un des long-métrages ayant objectivement le mieux vieilli dans la carrière du cinéaste italien. Du moins, pourra-t-on accorder à son auteur une certaine aisance dans la mise en œuvre d'un récit particulièrement bordélique. C'est d'ailleurs à travers cette perpétuelle approche renonçant à toute forme de logique scénaristique (que l'on reconnaît d'ailleurs dans de nombreuses production horrifiques italiennes de l'époque) que le film gagne en intérêt.
Un couvent, des nonnes hystériques, des phénomènes étranges évoquant le Malin, un exorciste, et puis, des meurtres, rituels et sanglants. Un programme alléchant pour un résultat parfois théâtral que le doublage dans la langue de Molière accentue. On pompe allégrement William Friedkin et son Exorciste (référence à la vision spectrale), Ken Russel et ses Diables (l'hystérie des nonnes), et même l'excellente bande-son du glauquissime Buio Omega de Joe D'Amato signée par le groupe de rock progressif italien Goblin.

L'un des atouts de L'Altro Inferno est sa recherche constante d'exacerbation dans le domaine de l'hystérie. Les croyance sont ici vécues comme une névrose, rendant ainsi le sujet quelque peu dérangeant. Sans doute pas étrangère à la chose, c'est là aussi avec une certaine émotion que l'on retrouve l'actrice italienne Franca Stoppi dont la carrière ne semble pas avoir dépassé la quinzaine de long-métrages (je connais le créateur d'un fanzine qui risque de grincer des dents si jamais je me trompe) et dont le point culminant fut le rôle qu'elle incarna dans Buio Omega deux ans auparavant. Le visage émacié, un regard... fou, et l'air de trimballer en tête des idées malfaisantes, l'actrice n'a jamais besoin d'en faire des caisses pour générer un certain malaise. A ses côtés, l'acteur Carlo de Mejo que les amateurs d'épouvante à l'italienne reconnaîtront forcément puisqu'après l'avoir notamment découvert dans le Théorème de Pier Paolo Pasolini, ou Le Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos, il enchaîna les rôles de personnages dans plusieurs films d'horreur, tels le Contamination de Luigi Cozzi, et surtout plusieurs Lucio Fulci dont Frayeurs et La Maison près du Cimetière.

Dans l'immense vivier des film horrifiques, L'Altro Inferno ne demeurera malheureusement pas parmi les plus mémorables. Pourtant, au regard de la longue filmographie d'un cinéaste qui, avouons-le même s'il on est fan, n'a que très rarement fait des prodiges en la matière, ce film demeure comme une assez bonne surprise. Certes pas aussi jouissif que le Virus Cannibale qu'il réalisa l'année précédente ou l'autre grand classique que le maître de la série Z tourna en 1984 (Les rats de Manhattan), mais tout à fait envisageable lors d'une soirée ciné entre potes...
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