Luther fait partie de ces
tueurs qui auraient dû finir leur existence enfermés en prison, ou
dans un institut psychiatrique accueillant des malades
particulièrement dangereux. Il n'est pas rare que le septième art
ait enfanté des monstres à visages humains tels que lui. Je pense
notamment à deux des plus étranges cas de schizophrénes que le
cinéma ait porté à l'écran. George Tatum du glauque mais décevant
Cauchemars A Daytona Beach
que le cinéaste Romano Scavolini réalisa en 1981, et plus encore le
tueur du traumatisant Schizophrenia
de Gerald Kargl datant de 1983. Luther et ces deux là ont en commun
d'avoir été considérés aptes à être libérés par les
spécialistes qui étaient en charge de les soigner. Tous les trois
ont également en commun l'habitude de s'immiscer dans l'existence de
paisibles familles. Le tueur de Schizophrenia
pénêtre la demeure d'une famille constituée de trois membres afin
d'y assouvir ses pulsions, se rapprochant ainsi davantage de Luther
que de Tatum qui lui s'intéresse à une mère et ses trois enfants
pour des raisons plus obscures. Luther the Geek
est
une production de la célèbre firme Troma
qui nous avait habitué à davantage d'humour. C'est ainsi que l'on
rapprochera le film de Carlton J Albright de celui que réalisa le
cinéaste Buddy Giovinazzo : le saisissant Combat
Shock,
lui aussi disponible ches Troma.
Du gore craspec plus sérieux que d'habitude.
Pourtant,
la particularité dont Carlton J Albright a affublé son meurtrier a
de quoi faire pouffer de rire les plus sérieux d'entre nous. Car non
comptant d'être attiré par tous les types de galliformes qu'il
croise sur sa route et auxquels il offre des baisers mortels (leur
arrachant la tête à pleines dents), Luther ne s'exprime que par
caquètements. Pas vraiment sérieux me direz-vous, et pourtant, ce
détail n'affecte pas vraiment l'étrange sentiment qui se dégage de
cet individu particulièrement abjecte se nourrissant de sang depuis
que tout petit, il a assisté à un spectacle durant lequel un
phénomène de foire était exhibé dans une grange. Autre point qui
participe à rendre Luther si incommodant à regarder dans les yeux :
l'acteur Edward Terry qui campe un Luther plutôt convaincant. Une
gueule comme on en a rarement vu sur les écrans. L'acteur ne semble
pas avoir été affublé du moindre postiche ou de la moindre
prothèse en latex, et pourtant, il révèle un visage carrément
flippant que l'on imaginerait bien dans une œuvre aux moyens
financiers plus conséquents.
Prenez
Francis Dollarhyde (l'acteur Tom Noonan) du glaçant
Manhunter
de Michael Mann, offrez-lui la dentition métallique du Requin
des James Bond,
et les agissements de toute une tribu de dingues cinématographiques
et vous obtenez Luther, un personnage déviant, irrécupérable.
Agissant tel un vampire anthropophage urbain. Edward Terry ne semble
pas avoir fait grand chose d'autre à part une courte apparition dans
The Children
de Max Kalmanowicz à l'écriture duquel a justement participé
Carlton J Albright. Au vu des piètres qualités de nombre de
productions Troma
ne reposant finalement que sur de délirants scénarios, Luther
the Geek fait
peut-être partie du haut du panier. A découvrir, donc, d'autant
plus qu'il est disponible au format DVD chez Uncut
Vidéo
dans une édition tirée à 1000 exemplaires en version originale
sous-titrée en français accompagnée d'une présentation de Lloyd
kaufman...
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