Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 26 juillet 2024

Maraé de Jacques Kluger (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Troisième long-métrage réalisé par le français Jacques Kluger après le film d'horreur Play or Die en 2019 et la comédie Les histoires d'Anouk l'année dernière, Maraé s'inscrit dans le genre survival en milieu hostile. Donnant son nom à un lieu sacré d'origine polynésienne, le film se déroule sur une île qui comme le précise l'introduction fut l'un des sites qui entre 1975 et 1996 firent l'objet de près de cent-cinquante essais nucléaires souterrains. L'on s'attend donc sous les oripeaux de ce message faisandé à voir débarquer des être difformes tels que les amateurs de cinéma d'horreur purent notamment les découvrir dans le remake de La colline a des yeux d'Alexandre Aja en 2007. Que nenni puisque pour des raisons qui nous échappent encore mais qui doivent être liées au budget du film, les seules ''créatures'' hantant l'île où se déroulera l'intrigue seront comme vous et moi. À la seule différence où elles semblent être revenues à l'âge de pierre, déguisées comme des sauvages, voire comme les anthropophages qui parsemaient nombre de films gore italiens des années quatre-vingt ! Face à ce groupe formé autour d'un ancien général de l'armée française auto-érigé en dieu, l'on retrouve quatre jeunes femmes adeptes de surf et dont l'une a entendu parler de l'île en question. Un lieu réputé hanté par des démons que si peu de propriétaires de bateaux osent approcher qu'il aura fallut à Sarah (Adèle Galloy) une bonne dose de persévérance ainsi que la somme de cinq-mille euros pour parvenir à convaincre Sam (Laurent Maurel) de les transporter elle et ses trois copines jusqu'à une plage de galets bordant les lieux. De loin, l'île est magnifique. Profitons d'ailleurs de ces quelques plans larges pour boire du regard cet environnement paradisiaque avant que le réalisateur ne se contente par la suite que d'une grande majorité de séquences filmées en plans serrés. Un visuel qui s'avérera très vite désagréable, concentrant le récit autour des regards tout en se désintéressant en grande partie du cadre pourtant très dépaysant. Avant que n'interviennent de manière subite les antagonistes du récit à la tête desquels intervient l'alter ego tout aussi grotesque que le nazi Von Geisler incarné par l'acteur Jean-Pierre Jorris dans le Frontière(s) de Xavier Gens en 2007, il va falloir se coltiner trente minutes de soupe, il est vrai joliment filmée, mais ressemblant à une sorte de réclame à l'attention d'éventuels futurs vacanciers par une agence de voyage hexagonale !


Ce qui aurait dû servir de base pour la caractérisation de Sarah et de ses amies Jennifer (Marie Zubukovec), Alicia (Marilyn Lima) et Hazel (Vaimiti Teiefitu) ne sert finalement pas à grand chose. Car en dehors d'un traumatisme vécu dans le passé par Sarah, laquelle fut victime d'un accident lors d'une séance de surf, nous n'apprendrons rien de bien concret concernant les trois autres. Après cette trop longue mise en bouche débarquent à l'image trois individus que l'on aurait tendance à tout d'abord prendre pour des zombies particulièrement véloces. Esthétiquement proches de ceux du Commando des morts-vivants réalisé par Ken Wiederhorn en 1977 bien que leur tenue soit totalement différentes (les anciens nazis laissant place à une tribu du genre Maoris), ceux-ci sont déjà nettement plus rapides mais affichent des maquillages au rabais... jusqu'à ce que l'on comprenne qu'à défaut d'être d'authentiques zombies ou de véritables démons, ceux-ci font partie du groupe soudé autour de celui que l'on ne connaîtra que sous son grade, le Général (incarné par l'acteur Aurélien Recoing). Difficile d'être tolérant devant cette bande horrifique plus involontairement amusante que marquante pour son côté horrifique. Car en dehors d'une séquence assez tendue se situant dans l'un des abris du village où les deux dernières survivantes vont devoir affronter un colosse venu semer sa petite graine dans les entrailles de l'une et de l'autre, Maraé s'avère malheureusement souvent ridicule. Au point qu'il ne serait pas étonnant de le voir un jour auréolé du statut de nanar à la française. Le problème provenant moins du budget se comptant à hauteur de deux millions d'euros que de la mise en scène, l'on regrette l'apparent amateurisme de Jacques Kluger qui ne fait que reprendre et mélanger des concepts pour son compte pour un résultat relativement navrant. En comparaison, les quatre actrices principales s'en sortent plutôt bien. Contrairement à Aurélien Recoing qui parfois semble buter sur certains mots. Quelques effets sanguinolents viennent timidement pallier à l'absence d'originalité mais ne suffisent pas à transformer ce petit fourre-tout en nouvel Éden du cinéma horrifique français. Dommage...

jeudi 25 juillet 2024

The House on Sorority Row de Mark Rosman (1982) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

The House on Sorority Row fait partie de cette vague de Slashers qui mettent en scène un groupe d'étudiantes pourchassées et tuées par un dément. Un peu à la manière de la franchise Slumber Party Massacre mais en beaucoup plus convaincant. Nous sommes en 1982 et à l'époque il s'agit du premier long-métrage réalisé par Mark Rosman qui depuis à tourné vingt-cinq autres films, téléfilms et épisodes de séries télévisées. Également producteur et scénariste sur The House on Sorority Row, le film a la particularité d'être découpé en deux parties bien distinctes. La première confronte tout d'abord sept adolescentes d'une même confrérie à la propriétaire d'une demeure qui les accueille maintenant depuis quatre ans et qui d'après ce que l'on comprend, a toujours eu tendance à être particulièrement protocolaire quant à l'attitude à adopter chez elle. Un soir, Miss Slater (Lois Kelso Hunt) surprend Vicki (Eileen Davidson) dans les bras de son petit ami et perce à l'aide sa canne le lit à eau de la jeune femme. Pour se venger, cette dernière propose à ses amies et colocataires Katherine (Kate McNeil), Jeanie (Robin Meloy), Diane (Harley Jane Kozak), Morgan (Jodi Draigie) et Stevie (Ellen Dorsher) de faire une mauvaise blague à cette vieille peau irascible qui, soit dit en passant, ressemble étonnamment à notre Josiane Balasko nationale ! Très mauvaise d'ailleurs puisque à l'aide d'une arme chargée à blanc, Vicki contraint leur propriétaire de plonger dans la piscine de la propriété, laquelle est remplie d'une eau putride et à la surface de laquelle trône la canne préalablement volée à sa propriétaire. Mais devant le refus de cette dernière, Vicky tire plusieurs coups de semonce. Malheureusement pour elle et ses amies, la dernière balle qui sort du canon est bien réelle et touche la vieille femme qui s'écroule au sol, morte ! Alors que se profile une fête donnée dans la propriété de Miss Slater, les jeunes femmes n'ont d'autre solution que de lester le corps de la victime afin de la faire disparaître au fond de la piscine... Pour en arriver jusqu'à cette cruelle prise de décision, le scénario aura mis vingt-cinq bonnes minutes lorsqu'en général l'introduction justifiant plus tard une série de meurtre prend moitié moins de temps...


Le groupe formé autour de Vicky est des plus classiques dans le genre puisque aux côtés de cette authentique pimbêche dont la conscience tourne exclusivement autour de sa propre réussite, nous retrouvons le classique groupe d'adolescentes parmi lesquelles l'une se détache très clairement. En effet, dans le rôle de Katherine, la délicieuse actrice Kate McNeil incarne la tête pensante du groupe. Celle dont la morale est demeurée intacte. Celle qui se préoccupe de l'autre avant de penser à elle. On sait donc déjà que s'il ne doit y avoir qu'une seule survivante, ce sera très certainement elle. Cachant l'identité de l'assassin jusqu'à l'orée de la conclusion, The House on Sorority Row a cette autre particularité qui veut que l'arme servant à tuer les jeunes femmes demeure unique. S'agissant de la propre canne de la victime dont le profil acéré laissait dès le départ supposer qu'elle pouvait servir d'arme contondante, le tueur s'en servira pour égorger et trouer la peau de ses victimes. Mark Rosman et le dialoguiste Bobby Fine tentent d'enrichir le récit en incluant une fête de remise des diplômes. Convoquant ainsi de très nombreux figurants pour des séquences finalement très dispensables. Interviennent malgré tout quelques personnages masculins. Comme l'acteur Michael Kuhn qui incarne le Docteur Beck qui au tout début de récit tentait de donner naissance au bébé de Miss Slater, vingt-quatre ans avant que ne se produisent les événements décrits par la suite. Quelques séquences de meurtres plus ou moins sanglantes créées par Rob E. Holland et le Make-Up Effects Labs viennent enrichir le récit mais rien de transcendant non plus. La bande musicale est l’œuvre de Richard Band et est interprétée par le London Philharmonic Orchestra tandis que les chansons rock que l'on entend lors de la fêtes sont toutes dues à l'authentique groupe de pop américain 4 Out Of 5 Doctors dont l'activité s'étendit entre 1979 et 1984. Au final, The House on Sorority Row est une sympathique petite bande horrifique...

 

mercredi 24 juillet 2024

Maison de retraite 2 de Claude Zidi Jr. (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Avec un premier volet sorti il y a deux ans qui connut un certain succès sur le territoire français avec plus de deux millions de spectateurs dans les salles, Thomas Gilou avait remis au goût du jour le concept de film mettant en scène un établissement accueillant les personnes âgées. Du thriller (Cortex de Nicolas Boukhrief en 2008) à la comédie dramatique (Quand tu seras grand d'Andréa Bescond et Eric Métayer en 2023), nos ''vieux'' sont devenus à la mode dans un nombre important de longs-métrages qui tous ne se déroulent fort heureusement pas systématiquement dans des lieux clos (Joyeuse retraite ! 1 et 2 de Fabrice Bracq, Les vieux fourneaux et Les vieux fourneaux : bons pour l'asile de Christophe Duthuron). Alors que Thomas Gilou n'a plus donné signe de vie depuis la sortie de sa Maison de retraite en 2022, la suite des aventures des pensionnaires du foyer Lino Vartan (du nom que portait l'acteur Gérard Depardieu dans le premier volet et qui dans cette séquelle a disparu) est désormais réalisée par Claude Zidi Jr. qui en dehors de l'honnête Ténor en 2022 a pour le moment signé deux bonnes grosses purges avec Les déguns 1& 2 en 2018 et 2023. Maison de retraite 2 fait donc suite aux précédentes péripéties auxquelles participèrent de vieilles figures du cinéma français. C'est ainsi que l'on retrouve une nouvelle fois Daniel Prévost, Liliane Rovère et Firmine Richard qui tous les trois reprennent les rôles respectifs d'Alfred de Gonzagues, Sylvette Leroux et Fleurette Jean-Marie. Gérard Depardieu, Mylène Demongeot, Jean-Luc Bideau ou Marthe Villalonga ont quant à eux disparu du casting pour être remplacés par Michel Jonasz, Amanda Laer, Chantal Ladesou, Enrico Macias et... Jean Reno dans les principaux rôles des pensionnaires de la luxueuse et paradisiaque maison d'accueil pour personnes âgées, Bel Azur Club dont est le directeur Claude Masson (l'acteur Stéphane Debac). Dans cette séquelle aussi intergénérationnelle qu'avait pu l'être l'opus signé par Thomas Gilou, Claude Zidi Jr. reprend le concept puisque l'on y retrouve les jeunes orphelins qui avaient sur mettre un peu de gaieté au sein du foyer Lino Vartan, lequel risque désormais de fermer ses portes en raison d'une absence de normes sécuritaires.


Milann Rousseau (toujours incarné par l'humoriste et acteur Kev Adams), ses deux amis et associés Alban (Jarry) et Driss (Brahim Bouhlel, dont le personnage apparaît pour la toute première fois à l'écran) ainsi que les retraités et les orphelins sont donc contraints de déménager pour venir s'installer au Bel Azur Club où ils seront froidement accueillis par Albert, Barbara, Danielle et Lorenzo mais plutôt chaleureusement par Rico et la fille du directeur, Clémence Masson, qu'interprète la jeune Louna Espinosa. Après la sortie de Maison de retraite en 2022, le concept de comédie intergénérationnelle sera repris l'année suivante dans l'excellent Quand tu seras grand d'Andréa Bescond et Eric Métayer. Claude Zidi Jr., Kev Adams et la scénariste Élodie Hesme ne font logiquement que se réapproprier l'idée originale conçue deux ans auparavant par l'humoriste et la scénariste Catherine Diament sur la base d'une histoire écrite par le réalisateur et scénariste Romain Levy. Au vu du niveau actuel de la comédie Made in France, on ne va pas trop cracher dans la soupe car si Maison de retraite 2 ne fait clairement pas partie des grands représentants dans le domaine de l'humour à la française, on a vu pire. Quoique, le film s'autorise d'incessantes interventions de l'humoriste multi-fonctions Jarry dont le potentiel comique lui octroie d'office le titre de l'un des comiques les plus ringards du siècle. En effet, il est souvent insupportable de le voir gesticuler façon ''folle de service'', sous l'apparat du gay maniéré que le personnage revendique ouvertement. Pas sûr que la totalité de la communauté homosexuelle se sente véritablement représentée par cette caricature efféminée et surtout, pas drôle pour un sou, qui conteste instantanément aux auteurs le droit de contester le côté flétri de certains dialogues. Quant au récit, il ne trompera d'ailleurs personne quant aux quelques références passées sous silence qui semblent avoir quelque peu inspiré les scénaristes. Car comme le découvriront les spectateurs un peu plus tard, le cadre idyllique du Bel Azur Club cachera une machination afin de redorer le blason d'une concurrente incarnée de manière outrageusement parodique par l'actrice Anne Marivin. Lorsque l'heure de la vengeance a sonné, viennent alors immédiatement se rappeler à notre bon souvenir la maison du bonheur de Dany Boon ou La vérité si je mens 2 qui... tiens, tiens, fut réalisé par Thomas Gilou en plus de vingt ans auparavant. Un hommage de la part de Claude Zidi Jr. ? Pas sûr... Bref, une comédie vite vue, vite oubliée...

 

mardi 23 juillet 2024

Pas de vague de Teddy Lussi-Modeste (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Pour son troisième long-métrage intitulé Pas de vague, le réalisateur, scénariste et ancien professeur de français Teddy Lussi-Modeste met en scène l'acteur François Civil dans le rôle de Julien, prof de lettres respecté de ses élèves qui un jour apprend que parmi eux, la jeune Leslie (Toscane Duquesne) l'accuse de harcèlement. Auteur du script aux côtés de la romancière franco-libanaise Audrey Diwan, le réalisateur sait très précisément de quoi il parle puisque au temps de sa propre carrière de professeur d'un collège situé à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, il fut lui-même au centre d'un fait-divers où injustement accusé il se senti notamment menacé par les grands frères d'une adolescente de treize ans qui la poussèrent à porter plainte. Protégé par certains collègues qui l'accompagnèrent alors chaque jour jusqu'au métro, Teddy Lussi-Modeste eut fort à craindre pour son intégrité physique ainsi que pour la leur. Bien des années plus tard, marqué par cette douloureuse expérience, le voici enfin près à exorciser cet épisode de son existence. Mais pas seulement puisque Pas de vague s'inscrit très clairement dans le mouvement de libération de la parole des professeurs, lesquels doivent faire généralement face à un mur du silence propre à une hiérarchie de l'enseignement qui, comme le proclame très justement le titre du film, préfère ne pas faire de vague. François Civil incarne donc un personnage directement rattaché au réalisateur et aux événements qu'il subit à l'époque. Le film évoque les difficultés rencontrées par ce prof habituellement très proche de ses élèves, une condition qui aura d'ailleurs tendance à lui être reprocher. D'où cette absurdité crasse qui se dégage de l'analyse comportementale du ''sujet'' autour duquel toute l'intrigue repose.


Du proviseur qui semble manifester un désintérêt pour l'un de ses professeurs jusqu'aux élèves de Julien dont la plupart va d'emblée afficher une certaine hostilité, voire de la moquerie, envers lui. Le courage ici provient donc moins de l'institution qui logiquement doit aider les élèves MAIS AUSSI ses enseignants que de cet homme qui jusqu'au bout se battra pour qu'éclate la vérité. De manière sobre mais aussi parfois glaçante, Teddy Lussi-Modeste signe une œuvre portant sur un sujet délicat où les événements s'enchaînent de telle sorte que le héros semble s'enfoncer inexorablement dans un puits sans fond. D'une certaine manière, le film met également en exergue un autre sujet même si à l'époque des faits les médias et les réseaux sociaux promulguaient les premiers balbutiants du phénomène Meeto depuis peu de temps. S'il est devenu presque quotidien d'entendre parler d'agressions physiques ou sexuelles envers les femmes, nombre de ''stars'' de la chanson ou du cinéma se faisant les témoins personnels ou les portes-drapeaux du dit phénomène, Pas de vague pourrait être envisagé par certaines de ces mêmes personnalités ivres de buzz et de reconnaissance (le genre pour qui briller à nouveau devant les caméras est un besoin nécessaire) comme le mauvais élève d'un cinéma sociologique très contemporain. Où l'on juge avant de savoir. Où l'on condamne avant même que les premières preuves n'apparaissent. Comme l'évoquait si bien Teddy Lussi-Modeste lors de son entretien pour le journal Le Monde donné fin mars, « Dans cette histoire, il n’y a pas un coupable et une victime, mais deux victimes ». Nous pourrions même ajouter qu'il en demeure davantage. Des professeurs aux élèves qui malgré eux perdent confiance, des parents qui s'inquiètent pour une simple sortie scolaire, du compagnon de Julien ou de leur entourage proche, toutes celles et ceux qui orbitent autour de ce professeur injustement accusé sont indirectement touchés. Bref, en ayant été personnellement la victime du sort accordé à son principal protagoniste, Teddy Lussi-Modeste était très certainement le mieux placé pour évoquer son calvaire. En résulte une œuvre très forte et formidablement incarnée par François Civil qui à cette occasion troque son costume de ''bouffon'' pour celui de tragédien...

 

lundi 22 juillet 2024

Malum d'Anthony DiBlasi (2024) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Sur le papier, ouais, pourquoi pas... Une jeune recrue de la police propose ses services en venant surveiller un ancien commissariat désormais désaffecté. Dehors, les membres d'une secte dont le gourou a récemment été assassiné vont bientôt agir contre Jessica Loren dont le père fut célébré pour avoir secouru trois jeunes femmes victimes de John Malum, sorte de pseudo Charles Manson pourtant pas des plus remarquablement charismatique qui attira cependant dans ses filets des dizaines de jeunes femmes et de jeunes hommes. Jessica est donc effectivement la fille de Will Loren (Eric Olson) qui semble-t-il fut tellement marqué par cette affaire qu'il perdit la tête en assassinant deux de ses collègues avant de se suicider sur son lieu de travail. Pour ses débuts en tant que policière, Jessica va passer la pire nuit de son existence... et le spectateur quatre-vingt treize minutes dont il se serait bien passé... Car en effet, Malum d'Anthony DiBlasi n'est pas loin d'atteindre le degré zéro du cinéma horrifique tant ses nombreuses tentatives afin de générer l'effroi chez le spectateur sont vaines. Remake d'un certain Last Shift qu'il réalisa déjà lui-même il y a dix ans, Malum peut s'envisager trèèèès vaguement comme une sorte de croisement bâtard entre le Assaut de John Carpenter et The Autopsy of Jane Doe d'André Øvredal (d'autres exemples pouvant bien entendu être ajoutés). Durant plus d'une heure trente, la jeune recrue, plutôt froidement accueillie par un flic qui disparaîtra rapidement des radars, va recevoir des appels téléphoniques menaçant et surtout, la visite de membres de la secte lors de séquences usant abusivement des Jumpscares. Vous savez, ce concept assez navrant et qui de nos jours ne fonctionne plus vraiment consistant à faire surgir subitement, sans prévenir et à grand renfort de boums sonores, un antagoniste, histoire de faire sursauter le spectateur. Dans le cas de Malum, l'application d'un tel procédé est quasi systématique. Débordant jusqu'à la gueule d'effets qui par leur mécanique répétée ne fait preuve en aucune manière de la moindre efficacité, le long-métrage d'Anthony DiBlasi finit par devenir très rapidement lassant. Le récit tourne en rond, en boucle, sur lui-même et ça n'est pas l'introduction ponctuelle de nouveaux protagonistes qui va changer grand chose.


Quelques effusions de sang par-ci par-là (les effets prosthétiques ayant meilleure allure que les quelques séquences en CGI) et des dizaines d'apparitions, de surgissements devant la caméra, de hurlements provenant tout droit des enfers, de voix inquiétantes, bref, tout ce qui sert ici de matière première à une œuvre hypothétiquement flippante mais qui aurait plutôt tendance à amuser (au mieux) ou à faire soupirer (au pire) tant l'inefficacité dans le domaine de l'épouvante crève les yeux ! Scénaristiquement parlant, le film est relativement creux. Rien de bien passionnant dans ce récit au fond plus classique dans le fond que dans la forme. Faisant fi de toute logique, Anthony DiBlasi fait monter son film à la ''vas-y comme j'te pousse'' et donc de manière aussi incohérente que puissent paraître la majorité des événements se déroulant sous nos yeux. Une invraisemblance qui dans ce cas là se justifie à travers le côté fantastique du récit. Principalement incarné par l'actrice Jessica Sula qui est notamment apparue dans Split de M.Night Shyamalan en 2016, la jeune actrice semble figée dans une expression pratiquement indifférente, comme si elle avait abusé du botox de telle manière que la moindre expression faciale lui fut interdite. Malum est donc une très mauvaise surprise, pas du tout effrayant malgré l'incessante intervention de Jumpscares. Le film promeut quelques séquences gore plus ou moins efficaces même si en contrepartie des nombreux effets stériles que son auteur lui impose ceux-ci sont relativement rares. Le long-métrage est aussi et surtout victime de sa mise en scène et de son scénario. La première s'avère plutôt flemmarde tandis que le script n'attache aucune importance à la cohérence. Un grand fourre-tout pas tout à fait indigeste puisque l'on suivra les mésaventures de Jessica jusqu'à leur terme mais pas non plus des plus passionnant. Bref, si vous avez mieux à vous mettre sous la dent un seul conseil : évitez de perdre votre temps devant ce piteux film d'horreur...

 

dimanche 21 juillet 2024

Trash Humpers de Harmony Korine (2008)

 


 

Auteur des géniaux Gummo en 1997 et de Julien Donkey-Boy en 1999, Harmony Korine fut à l'époque l'un des plus remarquables représentants du cinéma dit indépendant. Depuis, de l'eau a coulé et même si quelques éclairs de ''génie'' semble être parfois produits par l'hémisphère droit de son cerveau, force est de constater que le bonhomme est également capable de produire des choses aussi improbables que Trash Humpers il y quinze ans. Le terme O.F.N.I prend ici tout son sens. Comme si le mot avait été conçu pour ce seul voyage au pays des dégénérés où une famille apparemment pas très claire dans sa tête fornique avec tout ce qui lui passe sous la main. Non mais sans rire... ou peut-être un peu malgré tout, comment décrypter cette succession d'images affreusement (génialement ?) produite à l'aide d'un vieux caméscope VHS et de cassettes en bout de course comme n'étant rien d'autre qu'une œuvre sans inspiration, libre, folle, certes, mais dénotant une certaine propension à ne rien livrer d'autre que le spectacle affligeant d'hommes et de femmes dont le principal hobby est de pratiquer un simulacre d'accouplement avec, au hasard, des bennes à ordures, des murs ou des troncs d'arbre ? On a même droit à une fellation obtenue sur une branche ou encore une veuve-poignée sur un autre type de végétal. En dehors de toute considération sexuelle déviante, Trash Humpers se positionne ici, et selon notre propre opinion, comme l'état des lieux d'un pays, d'une civilisation, d'un monde qui va mal. D'une certaine manière et sous forme de comédie horrifique plutôt amère, Harmony Korine prenait en 2008 les devant d'une dérive future, celle au beau milieu de laquelle nous pataugeons actuellement et où les repères d'identité se sont faits la malle pour offrir à tout à chacun l'opportunité de choisir la sienne, au mépris du raisonnable. Le cinéaste aurait pu se contenter d'aborder l'étrange caractéristique que revêt l'agalmatophilie mais préfère, pourquoi pas, caricaturer ce ''concept'', quitte à rendre sa pratique encore plus déviante. Ici, du moment que les uns et les autres ont la possibilité de s'accrocher à telle ou telle surface, tout est prétexte à s'adonner au sexe sur des objets inertes qui n'en demandaient certainement pas autant.


Soliloquant à la manière de patients internés dans le quartier le plus sécurisé d'un hôpital psychiatrique, Momma, Buddy, Plak, Twin et les autres ont comme passion secondaire, la destruction systématique de tout ce qui leur passe entre les mains. De quoi se défouler lors des soirées de grande chaleur, dans des rues mal éclairées, mal fréquentées (par nos zozos, donc), lesquels s'acharnent sur de pauvres vieilles télés à gros culs cathodiques quant ils ne se rendent pas carrément dans une baraque abandonnée afin de saccager ce qu'il reste à détruire. Un peu glauque, très rarement amusant et souvent incompréhensible, sachons demeurer objectif malgré la passion ou l'amour qui nous anime pour le cinéma d'Harmony Korine et reconnaissons que Trash Humpers est quand même une belle grosse merde. Mais alors, du genre de celles qui hypnotisent, fascinent, nous retiennent, pour telle ou telle raison. La mienne ? Je l'ai trouvé en supposant que le long-métrage pouvait également être vu sous l'angle de l'hommage à un certain cinéma qui fit trembler le public avide de frissons au beau milieu des années soixante-dix. Suis-je donc le seul à avoir remarqué l'étrange similitude physique qui existe entre ces ''vieillards'' blafards et le grand-père Sawyer de la famille de timbrés provenant de l’œuvre mythique de Tobe Hooper, Massacre à la tronçonneuse... ? Comme si la pauvre Sally Hardesty, après avoir fait son petit tour à l'étage de la grande baraque familiale avait déniché une vieille bande VHS et s'en était inconsciemment emparée avant de prendre la fuite... Dotés de masques, Rachel Korine (qui accessoirement est l'épouse du réalisateur), Brian Kotzur, Kevin Guthrie, Charles Ezell et les autres ont la diction difficile. Mais cela, apparemment, Harmony Korine s'en désintéresse. Il demeure dans Trash Humpers quelques bribes de ce cinéma fascinant qui était le sien. Ce regard, cette tendresse pour la marginalisation sous le prisme d'une fiction qui pourrait donc être perçue comme une préquelle au classique de Tobe Hooper. Bref, pas facile de juger le film de manière totalement impartiale. Reste de ce conglomérat de ''grand n'importe quoi'', le visuel rétro qui donne au projet l'allure d'un Found Footage ou quelque fugaces apparitions de ''témoins'' à la manière de ce cinéma-vérité que l'on chérissait tant chez Harmony Korine...

 

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