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samedi 4 juin 2016

Enter The Void de Gaspar Noé (2008) - ★★★★★★★★★★



Oscar et Linda, qui depuis tout petits se sont promis que jamais rien ne les séparerait ont pourtant grandit séparément. Alors que leurs parents sont morts dans un accident de voiture lorsqu'ils étaient très jeunes, il mènent leur existence chacun de leur côté en caressant l'espoir de se retrouver un jour. Oscar est installé à Tokyo, et, pour subvenir à ses besoins et pouvoir payer un billet d'avion à Linda, il deale de la drogue. A la recherche de sensations toujours plus fortes, il cherche à se procurer de la DMT, un psychotrope puissant mais aux effets de courtes durée.

Lorsqu'il a réuni assez d'argent, il achète un billet d'avion à Linda et lui propose de venir le rejoindre à Tokyo. La jeune femme y trouve un boulot de danseuse et fréquente Mario, le propriétaire de la boite. Plongé dans la lecture d'un ouvrage consacré à la réincarnation que lui a prêté Alex, l'un de ses rares amis, Oscar doit un soir rejoindre Victor, un jeune garçon avec lequel il est en affaire, à l'intérieur du Void, un bar plutôt mal fréquenté. Mais alors qu'ils se retrouvent à une table, Oscar comprend qu'il a été trahi par son ami. Réfugié dans les toilettes de l'édifice, il jette dans la cuvette la drogue qu'il avait destinée à Victor. Derrière la porte close, la police lui ordonne de sortir. Mais devant son refus, un tir d'arme à feu retentit et Oscar s'effondre. C'est le début pour lui d'une expérience de décorporation...

Gaspar Noé offre à son principal personnage de vivre enfin son rêve. Lui qui espérait un jour survoler Tokyo à bord d'un avion afin de contempler la cité vue du ciel, le cinéaste français lui fait cadeau de cette opportunité. S'il n’effleure pas les nuages, ni même les toitures des immeubles, il traverse cependant les murs de quelques édifices à l'intérieur desquels se concentre l'action. Entre l'appartement d'Oscar, la boite de nuit, le Void et une salle d'autopsie.
N'en déplaise à quelques journaleux des magasines Critkart, Ouest France, Marianne ou encore Première qui ont gerbé sur le long-métrage de Gaspar Noé, il n'en demeure pas moins de mon point de vue un chef-d’œuvre. Peut-être le film de la maturité de la part d'un cinéaste qui ne s'était jusque là jamais manqué. Carne, Seul Contre Tous et Irréversible pour ses projets personnels.

Noé croise le fer entre expérience de mort imminente et diméthyltryptamine, plus communément appelée DMT. Après le trauma causé chez certains par Irréversible et son compte à rebours pourtant fort ingénieux, le cinéaste expérimente ou mieux, réinvente son propre style, celui qui ouvrait déjà son précédent long-métrage. Mais alors que le procédé pouvait créer un certain malaise, voire des maux de tête et des nausées, ici, Noé l'exploite de manière intégrale et pas si inconfortable qu'on aurait pu le croire (le film dure presque trois heures).
D'un point de vue esthétique, Enter The Void nous en met plein la vue. Un Tokyo lumineux, flashy, intégralement recouvert de néons. Un fantasme de geek nourrit aux mangas et aux jeux vidéos. Derrière l'apparat, la descente aux enfers d'un Oscar qui refuse de quitter le monde des vivants et d'y abandonner sa sœur. Une sœur avec laquelle il entretient des rapports parfois ambigus. Une œuvre toute entière filmée en vue subjective. La caméra devient d'ailleurs, si ce n'est le principal, du moins l'un des personnages du film. Comme une descente de shoot, le héros promène son esprit dans un décor qui devient peu à peu de plus en plus étouffant. Jusqu'à ce Love Hotel, temple de la luxure où baisent des dizaines de couples. Tokyo sous la couette. Tokyo à l'horizontale. Tokyo morbide et faussement joyeuse.

Enter The Void est un chef-d’œuvre. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir quelques défauts. Si sa longueur ne cause aucun dommage majeur en matière d'ennui, il aurait mérité quelques coupes ne serait-ce que pour éviter les nombreuses redondances du récit. Beaucoup de scènes se répètent inutilement. Quant à l'émotion, elle s'y fait rare, l'empathie pour ses personnages n'étant pas évidente au premier abord. Mais ces petits défauts ne sont rien en regard du travail remarquable accompli par son auteur. Enter The Void est une tumeur qui s'installe dans votre esprit pour ne plus s'en déloger. Si sous certains aspects le récit demeure froid et certaines situations impersonnelles, le film de Gaspar Noé fait montre d'une éblouissante imagination, jusqu'à un final grandiose. De quoi encore réfléchir et décoder certaines scènes durant des années.

Si sept années (d'angoisse) me furent nécessaires pour visionner Enter The Void tant l'espoir que j'y consacrais était démesuré après l'excellente surprise que fut son Irréversible, je n'attendrai pas une semaine de plus pour consacrer un peu de mon temps à l’œuvre qu'il signa l'année dernière, Love, son dernier long-métrage en date...

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