Troisième volet d'une
trilogie qui s'inscrit dans une fausse heptalogie au sein de laquelle
des distributeurs peu scrupuleux joignirent des œuvres qui n'ont
absolument rien à voir, La Casa 5
arrivait à point nommé pour effacer l'affreuse expérience
cinématographique menée au sein de La Casa 4 :
Witchcraft
de Fabrizio Laurenti. Nouveau chapitre désormais réalisé par
Claudio Fragasso sous son habituel pseudonyme Clyde Anderson, le
cinéaste balance tout ce qu'il possède en matière de connaissances
concernant le cinéma de possession et de hantise sur grand écran.
Véritable melting pot d'un goût parfois plus que douteux, La
Casa 5
aura au moins eu le mérite de n'être jamais aussi mauvais que le
précédent volet. L'on retrouve un grain plutôt plaisant déjà
visible dans La Casa 3 : Ghosthouse
d'Umberto Lenzi (d'où la certitude qu'il faut toujours laisser les
spécialistes se charger de ce genre d'affaires) et une mise en scène
doublée d'un scénario qui ne reposent pas exclusivement sur
l'immobilisme des protagonistes. Vendu comme la suite directe du
précédent volet, La Casa 5
n'a en réalité aucun rapport avec son aîné si ce n'est que la
bande musicale demeure toujours à la charge du compositeur italien
Carlo Maria Cordio. C'est tellement flagrant d'ailleurs que la toute
première nappe de synthé qui ouvre les hostilités est exactement
la même que celle que nous pouvions entendre durant les premières
seconde de La Casa 4 : Witchcraft.
Fort heureusement, les deux films ne partagent que ce seul point
commun.... ainsi que celui qui tout comme dans le La
Casa 3 : Ghosthouse
consiste à installer les personnages dans une demeure hantée. Ici,
tout commence par l'exécution d'une vieille femme à la chaise
électrique après qu'elle ait été reconnue coupable de meurtre sur
plusieurs enfants.
George,
un prêtre, assiste à la mort de la condamnée après que celle-ci
ait refusé de confesser autre chose que l'idée de revenir par delà
la mort. Le temps passe et George (l'acteur David Brandon) est
toujours hanté par la vieille femme et par le fantôme de ses
victimes. L'occasion d'assister à une ''reprise'' de l'une des plus
fameuses scènes de cauchemar de la franchise A
Nightmare on Elm Street.
En effet, tout comme dans La revanche de Freddy
dans lequel le plus célèbre des grands brûlés du cinéma
fantastique prenait les commandes d'un bus, une chauffeuse dont le
visage n'est pas sans rappeler celui de celle que l'on voyait
quelques instants plus tôt griller sur la chaise électrique prend à
son tour les commandes d'un car scolaire ! Cette
réinterprétation d'une scène iconique du cinéma d'horreur sera le
premier exemple d'une série de réappropriations de la part de
Claudio Fragasso et qui à défaut d'être très originales auront
au moins le mérite de nous divertir. Interviennent ensuite les
quatre membres d'une famille dont le père est révérend. Gene
LeBrock incarne ce dernier, prénommé Peter, lequel est marié à
Annie (Barbara Bingham), le couple étant les parents de Martin
(Michael Stephenson) et surtout de Carole (Theresa Walker), toute
jeune fille aux cheveux blonds, longs, et coupés à la frange. Si
cela ne vous rappelle rien, c'est que sans doute vous ne connaissez
alors probablement pas Carol-Anne Freeling de Poltergeist
réalisé par Tobe Hooper en 1982. Poussant le mimétisme, voire le
plagiat jusqu'à convier une jeune interprète ayant la même
silhouette que l'actrice américaine Heather O'Rourke et un
personnage de petite fille dont le prénom est quasiment identique,
ces deux détails ne seront pas les seuls à rappeler aux amateurs ce
classique de la science-fiction familiale. En effet, plus tard,
Martin sera enlevé, disparaissant derrière un miroir comme
Carol-Anne qui elle aura été attirée par une entité six ans
auparavant.
La
famille va donc vivre des heures dramatiques, chacun de ses membres
se retrouvant agressé par une vingtaine de femmes au visage défiguré
venant se venger après qu'elles aient été condamnées au bûcher
il y a plusieurs siècles. Soutenus par George, les protagonistes de
cette histoire de hantise et de possession vont permettre à Claudio
Fragasso de reprendre quelques grandes idées du cinéma d'épouvante
tout en ne parvenant jamais à se hisser à la hauteur de ses
maîtres. À savoir que la maison dans laquelle se dérouleront les
événements rappellera aux spectateurs les heures de gloire de l'un
des plus remarquable réalisateurs italiens dans le domaine de
l'horreur et de l'épouvante. En effet, tourné dans la célèbre
maison Otis House
située
en Louisiane, celle-ci fut notamment au centre du chef-d’œuvre
macabre de Lucio Fulci en 1981,
L'Au-delà
(E tu vivrai nel terrore - L'aldilà)
dans lequel la bâtisse était supposée être un hôtel acquis par
son héritière, Liza Merril (l'actrice Catriona MacColl). Si Claudio
Fragasso tente de retrouver l'ambiance crépusculaire de L'au-delà,
il n'y parvient malheureusement pas malgré l'usage intensif de
fumigènes qui noient le décor d'une brume épaisse. Non content de
s'être inspiré jusque là de quelques grands classique du
fantastique et de l'épouvante, le réalisateur et scénariste ne va
cependant pas en rester là puisque durant le dernier acte, Claudi
Fragasso va carrément puiser dans le classique de William Friedkin
L'exorciste
en reprenant à son compte la séance d'exorcisme finale ainsi que la
séquence lors de laquelle le père Damien Karras allait être à son
tour possédé par le démon Pazuzu ! Bref, en regard de la
purge que put être La Casa 4 : Witchcraft
et en dépit du fait que le film de Claudio Fragasso passe son temps
à louvoyer du côté des classiques américains du genre, le plaisir
est là, un peu naïf et bricolé mais la décadence qui toucha le
cinéma horrifique italien de ce début des années quatre-vingt dix,
nous permettra de relativiser au sujet des défauts qui émaillent
l’œuvre du réalisateur...