Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 16 février 2025

La Casa 5 de Claudio Fragasso (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Troisième volet d'une trilogie qui s'inscrit dans une fausse heptalogie au sein de laquelle des distributeurs peu scrupuleux joignirent des œuvres qui n'ont absolument rien à voir, La Casa 5 arrivait à point nommé pour effacer l'affreuse expérience cinématographique menée au sein de La Casa 4 : Witchcraft de Fabrizio Laurenti. Nouveau chapitre désormais réalisé par Claudio Fragasso sous son habituel pseudonyme Clyde Anderson, le cinéaste balance tout ce qu'il possède en matière de connaissances concernant le cinéma de possession et de hantise sur grand écran. Véritable melting pot d'un goût parfois plus que douteux, La Casa 5 aura au moins eu le mérite de n'être jamais aussi mauvais que le précédent volet. L'on retrouve un grain plutôt plaisant déjà visible dans La Casa 3 : Ghosthouse d'Umberto Lenzi (d'où la certitude qu'il faut toujours laisser les spécialistes se charger de ce genre d'affaires) et une mise en scène doublée d'un scénario qui ne reposent pas exclusivement sur l'immobilisme des protagonistes. Vendu comme la suite directe du précédent volet, La Casa 5 n'a en réalité aucun rapport avec son aîné si ce n'est que la bande musicale demeure toujours à la charge du compositeur italien Carlo Maria Cordio. C'est tellement flagrant d'ailleurs que la toute première nappe de synthé qui ouvre les hostilités est exactement la même que celle que nous pouvions entendre durant les premières seconde de La Casa 4 : Witchcraft. Fort heureusement, les deux films ne partagent que ce seul point commun.... ainsi que celui qui tout comme dans le La Casa 3 : Ghosthouse consiste à installer les personnages dans une demeure hantée. Ici, tout commence par l'exécution d'une vieille femme à la chaise électrique après qu'elle ait été reconnue coupable de meurtre sur plusieurs enfants.


George, un prêtre, assiste à la mort de la condamnée après que celle-ci ait refusé de confesser autre chose que l'idée de revenir par delà la mort. Le temps passe et George (l'acteur David Brandon) est toujours hanté par la vieille femme et par le fantôme de ses victimes. L'occasion d'assister à une ''reprise'' de l'une des plus fameuses scènes de cauchemar de la franchise A Nightmare on Elm Street. En effet, tout comme dans La revanche de Freddy dans lequel le plus célèbre des grands brûlés du cinéma fantastique prenait les commandes d'un bus, une chauffeuse dont le visage n'est pas sans rappeler celui de celle que l'on voyait quelques instants plus tôt griller sur la chaise électrique prend à son tour les commandes d'un car scolaire ! Cette réinterprétation d'une scène iconique du cinéma d'horreur sera le premier exemple d'une série de réappropriations de la part de Claudio Fragasso et qui à défaut d'être très originales auront au moins le mérite de nous divertir. Interviennent ensuite les quatre membres d'une famille dont le père est révérend. Gene LeBrock incarne ce dernier, prénommé Peter, lequel est marié à Annie (Barbara Bingham), le couple étant les parents de Martin (Michael Stephenson) et surtout de Carole (Theresa Walker), toute jeune fille aux cheveux blonds, longs, et coupés à la frange. Si cela ne vous rappelle rien, c'est que sans doute vous ne connaissez alors probablement pas Carol-Anne Freeling de Poltergeist réalisé par Tobe Hooper en 1982. Poussant le mimétisme, voire le plagiat jusqu'à convier une jeune interprète ayant la même silhouette que l'actrice américaine Heather O'Rourke et un personnage de petite fille dont le prénom est quasiment identique, ces deux détails ne seront pas les seuls à rappeler aux amateurs ce classique de la science-fiction familiale. En effet, plus tard, Martin sera enlevé, disparaissant derrière un miroir comme Carol-Anne qui elle aura été attirée par une entité six ans auparavant.


La famille va donc vivre des heures dramatiques, chacun de ses membres se retrouvant agressé par une vingtaine de femmes au visage défiguré venant se venger après qu'elles aient été condamnées au bûcher il y a plusieurs siècles. Soutenus par George, les protagonistes de cette histoire de hantise et de possession vont permettre à Claudio Fragasso de reprendre quelques grandes idées du cinéma d'épouvante tout en ne parvenant jamais à se hisser à la hauteur de ses maîtres. À savoir que la maison dans laquelle se dérouleront les événements rappellera aux spectateurs les heures de gloire de l'un des plus remarquable réalisateurs italiens dans le domaine de l'horreur et de l'épouvante. En effet, tourné dans la célèbre maison Otis House située en Louisiane, celle-ci fut notamment au centre du chef-d’œuvre macabre de Lucio Fulci en 1981, L'Au-delà (E tu vivrai nel terrore - L'aldilà) dans lequel la bâtisse était supposée être un hôtel acquis par son héritière, Liza Merril (l'actrice Catriona MacColl). Si Claudio Fragasso tente de retrouver l'ambiance crépusculaire de L'au-delà, il n'y parvient malheureusement pas malgré l'usage intensif de fumigènes qui noient le décor d'une brume épaisse. Non content de s'être inspiré jusque là de quelques grands classique du fantastique et de l'épouvante, le réalisateur et scénariste ne va cependant pas en rester là puisque durant le dernier acte, Claudi Fragasso va carrément puiser dans le classique de William Friedkin L'exorciste en reprenant à son compte la séance d'exorcisme finale ainsi que la séquence lors de laquelle le père Damien Karras allait être à son tour possédé par le démon Pazuzu ! Bref, en regard de la purge que put être La Casa 4 : Witchcraft et en dépit du fait que le film de Claudio Fragasso passe son temps à louvoyer du côté des classiques américains du genre, le plaisir est là, un peu naïf et bricolé mais la décadence qui toucha le cinéma horrifique italien de ce début des années quatre-vingt dix, nous permettra de relativiser au sujet des défauts qui émaillent l’œuvre du réalisateur...

 

samedi 15 février 2025

La Casa 4 : Witchcraft de Frabrizio Laurenti (1989) - ★★★★☆☆☆☆☆☆


 

 

Après un La Casa 3 : Ghosthouse signé d'Umberto Lenzi en 1988, l'année suivante, c'est au tour de son compatriote Fabrizio Laurenti qui après avoir réalisé le court-métrage comico-horrifique The Immigrant en 1986 réalise son premier long-métrage quatre ans plus tard avec La Casa 4 : Witchcraft. Parmi ses faits d'armes, nous noterons Contamination.7 qu'il réalisera avec Joe D'Amato en 1990 et dont l'article que je lui ai consacré doit traîner quelque par dans les entrailles de mon PC ! Si le film d'Umberto Lenzi pouvait certes parfois causer des insomnies, il n'en demeurait pas moins regardable. Concernant celui de Fabrizio Laurenti, c'est déjà une autre paire de manches. Ce visuel typique de l'époque dans le cinéma d'horreur italien que j'ai pour habitude d'évoquer et qui était absent de La Casa 3 : Ghosthouse nous revient désormais comme un boomerang en plein visage. D'une sidérante laideur que rien ne viendra apaiser, cette suite qui n'en est pas une même si là encore l'intrigue se déroule dans une demeure à l'inquiétante réputation, ou plutôt, cette nouvelle aventure entre horreur et surnaturel est effectivement d'une pauvreté technique et artistique qui rend l'expérience vraiment pénible à suivre jusqu'à son terme. Inutile d'évoquer le foutoir sans nom qu'arborent la mise en scène et le découpage du film. Ce montage à la serpe qui du moins dans un premier temps rend illisible le contexte dans lequel se situe l'action avant que nos cellules grises ne s’accommodent de cette épouvantable zone d'ombre, de ce brouillard opaque qui empêche de faire le lien entre chaque séquence ! Patience, patience, et faire comme dans l'obscurité : attendre jusqu'à ce que notre vue s'habitue à être dans le noir pour y déceler les premiers contours du paysage qui s'offre devant nous... Dans un style visuel de Soap Opera qui tendrait vers un théâtre de Whodunit où l'assassin serait une femme dotée de pouvoirs surnaturels (Hildegard Knef dans le rôle de la Dame en noir), La Casa 4 : Witchcraft est une œuvre qui défie la concurrence, renvoyant un Lamberto Bava au rang de génie du septième art (ce que certains considèrent d'ailleurs étrangement comme un fait avéré !) tant et si bien qu'il faut s'accrocher fermement à ses conviction, sa passion et ce qui pouvait au départ s'envisager comme une histoire pouvant tenir debout. Une sorte de huis-clos se déroulant sur une île minuscule et sans charme dont l'un des points de vue les plus intéressants demeurait encore cette immense bâtisse y trônant en son centre...


Notamment tourné à Scituate, une ville côtière située dans le comté de Plymouth au Massachusetts, Umberto Lenzi qui réalisa donc La Casa 3 : Ghosthouse fut à l'origine de ce nouveau projet même s'il n'en fut pas l'auteur. Après qu'il eut proposé l'idée au producteur Aristide Massaccesi et au distributeur Achille Manzotti d'une histoire proche de celle du Psychose d'Alfred Hitchcock, les deux hommes affirment ne pas être intéressés et l'écriture du scénario est donc confiée à Daniele Stroppa. Le rôle de la sorcière interprété par l'actrice allemande Hildegard Knef devait être à l'origine confié à l'américaine Bette Davis mais le réalisateur Claudio Lattanzi (qui devait au départ réaliser cette ''suite'') changea finalement de braquet avant d'opter finalement pour l'actrice berlinoise. Ce dernier quitte finalement le projet pour laisser la place à Luigi Cozzi, fameux réalisateur et scénariste auquel on doit notamment Scontri Stellari Oltre la Terza Dimensione (Starcrash : le choc des étoiles) avec Caroline Munro, Joe Spinell ou encore Christopher Plummer en 1979 ou Contamination en 1980 dont la bande musicale fut signée par le légendaire groupe de rock progressif italien, Goblin. Ayant le nez creux, Luigi Cozzi abandonne à son tour le projet au bout de deux semaines, considérant que le script est peu inspiré, la production ouvrant ainsi les bras en grand à Fabrizio Laurenti qui sous le pseudonyme anglicisé de Martin Newlin tournera donc cette sympathique (pénible ?) purge que deviendra au fil de sa piètre réalisation, La Casa 4 : Witchcraft. Tout auréolé du succès de la série K 2000 et de sa popularité en Italie, l'acteur américain David Hasselhoff (qui s'apprête alors à tourner une autre série à succès, Alerte à Malibu) est convié à participer au projet en tant qu'interprète. C'est ainsi qu'on le retrouve dans le rôle de Gary, un photographe qui en compagnie de sa petite amie Leslie (Leslie Cumming), curieusement décrite comme une jeune femme frigide (!?!) va se rendre sur une petite île afin d'explorer une immense demeure réputée hantée. Après une séance photos, ils sont rejoints par une famille venue visiter la propriété en compagnie d'un agent immobilier et d'une architecte (qui rapidement va avoir le feu au cul)...


Parmi les membres de cette famille, nous retrouvons Rose Brooks, vieille dame autoritaire et acariâtre campée par l'actrice Annie Ross. Véritable boule de méchanceté, méprisante avec les petites gens (le pauvre propriétaire du bateau qui les a emportés jusqu'à l'île s'en est pris plein la gueule), le spectateur aura malgré tout le plaisir de la voir mourir dans d'abominables circonstances. Rare moment de ''détente'' pour le spectateur qui assiste alors à une double séance de torture dont la vieille dame fera les frais. Bouche cousue sans anesthésie (séquence hautement cynique pour une vieille acariâtre qui ne faisait que se plaindre) et bûcher en mode 2.0 (là encore, l'effronterie se dégage du script puisque c'est en nourrissant le feu de la cheminée que les membres de sa famille vont sans le savoir être acteurs dans la mort de la matriarche) ! Autre vedette du cinéma américain à s'être vue offrir un rôle dans le film : l'actrice Linda Blair, éternelle Regan McNeil du classique de William Friedkin, L'exorciste en 1973 qui des années après le flm catastrophe Airport 1975 de Jack Smight ou une paire de WIP (Chained Heat de Paul Nicholas en 1983, Red Heat de Robert Collector en 1985) se retrouve donc dans la peau de l'un des membres de la famille venue visiter la demeure avant achat. Enceinte et victime d'hallucinations, elle y incarne Jane Brooks. On l'aura compris, La Casa 4 : Witchcraft bénéficie de quelques sympathiques plans gore. Mais aussi de quelques effets-spéciaux dont la misère visuelle renvoie les quelques séquences qui en sont victimes à une époque trèèèèèèèèèèès lointaine où ils pouvaient encore être envisagés de telle manière. En effet, face à cette sorcière qui rode dans les parages, certains personnages vont semble-t-il être happés par une sorte de vortex dont le visuel est atrocement daté. Avec, en arrière-plan, les victimes se mettant à hurler face caméra. Plus kitch, tu meurs ! Mais surtout, La Casa 4 : Witchcraft est d'un terrible ennui. Impossible ou presque de trouver le film entraînant. D'autant plus que le réalisateur italien semble avoir du mal à savoir où il va et donc, la direction d'acteurs s'en trouve terriblement affaiblie. Bref, à moins de n'avoir rien d'autre à se mettre sous la dent, il est fortement déconseillé de perdre son temps devant cette engeance... à laquelle une suite sera donnée la même année à travers La Casa 5 de Claudio Fragasso...



vendredi 14 février 2025

La Casa 3 : Ghost House d'Umberto Lenzi (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Étrange histoire qui concerne la série de longs-métrages intitulés La Casa en Italie. Sept films qui paraissent avoir tous un lien entre eux mais qui en dehors de leur titre n'ont absolument rien en commun..... D'abord, parce qu'au fil des récits l'on se rend compte que ceux-ci n'entretiennent déjà entre eux, aucun point de vue similaire si ce n'est celui de faire interagir des personnages avec les dites maisons des titres. Ensuite, nous remarquerons que les deux premiers et les deux derniers, contrairement au trois du milieu ne sont pas d'origine italienne mais sont originaires des États-Unis. Et s'il en demeure encore pour douter de cette affirmation qui veut que chaque long-métrage ou presque ait eu une existence indépendante de celle des autres, cela est très facilement vérifiable. En effet, sous les titres La Casa et La Casa 2 se cachent en réalité les deux premiers volets de la franchise Evil Dead que Sam Raimi réalisa en 1981 et 1986. Quant aux deux derniers volets qui concluent cette fausse franchise qui se voudrait donc une collaboration italo-américaine, derrière les titres La Casa 6 et La Casa 7 se cachent les second et troisième opus d'une autre franchise d'origine elle aussi américaine débutée en 1986 avec l'excellent House de Steve Miner. Pour résumer, les longs-métrages intitulés La Casa 1, 2, 6 et 7 sont en réalité et respectivement, Evid Dead 1 et 2 de Sam Raimi ainsi que House 2: The Second Story d'Ethan Wiley sorti en 1987 et House 3: The Horror Show de James Isaac sorti à son tour en 1989. S'agissant des trois autres films qui pour le coup sont eux, bien d'origine italienne, c'est une toute autre histoire. Mais commençons avec La Casa 3 : Ghost House d'Umberto Lenzi qui vit le jour en Italie le 11 août 1988, soit, deux mois après sa sortie sur le territoire français qui elle, eut lieux le 1er juin de la même année sous le titre La maison du cauchemar.....


En pleine période de déconfiture pour le cinéma d'horreur et d'épouvante italien, celui-ci agit presque tout d'abord comme un bain de jouvence. Alors que l'on s'apprêtait à découvrir un énième DTV filmé au format numérique tel qu'il allait déferler dès son arrivée sur le marché deux ans plus tard, La Casa 3 : Ghost House est doté d'une patine ''bienveillante'' en ce sens où le film de cinéma de genre s'y reconnaît aisément. Un sympathique grain 16mm qui fait du bien à voir et qui surtout permet au spectateur de débuter la projection du film dans ''d'optimales'' conditions. D'autant plus que l'intrigue commence bien. Nous sommes en 1967 et la jeune Henrietta Baker (Kristen Fougerousse) est enfermée dans la cave de la maison familiale par son père lorsque celui-ci constate que sa fille vient de tuer un chat à l'aide d'une paire de ciseaux. Alors que la gamine se retrouve seule en compagnie d'une poupée à l'effigie d'un clown, à l'étage, ses parents sont tous les deux assassinés par un intrus dont l'origine reste pour le moment inconnue ! Le script écrit par Umberto Lenzi déplace ensuite l'intrigue vingt ans plus tard, lorsque de chez lui, l'opérateur de radio amateur Paul Rogers (Greg Scott) entend des cris suivis d'une étrange berceuse diffusés à travers l'antenne de son poste-radio cibi ! Accompagné par sa petite amie Martha (Lara Wendel), tous deux se dirigent vers l'antenne émettrice se situant dans une autre ville où ils sont accueillis par un vieil homme (Donald O'Brien dans le rôle de Valkos). Là, le couple tombe sur une vieille demeure d'où fut donc émis l'inquiétant message et qui n'est autre que celle qui vingt ans en arrière abrita la famille Baker. Une fois sur place, Martha et Paul font connaissance avec Mark, Susan, Jim et Tina. Des vacanciers qui à bord de leur camping-car ont choisi de s'arrêter pour quelques temps dans la région...


La même année que Minaccia d'Amore de Ruggero Deodato dans lequel l'héroïne incarnée par Charlotte Lewis était émoustillée alors même qu'elle prenait un bain dans une baignoire remplie de ce qui paraissait être de la pisse, cette fois-ci, c'est au tour de l'un de l'un des personnages masculins de tomber dans un trou au fond duquel stagnent des milliers de litres d'une substance laiteuse visuellement proche du liquide séminal ! Beurk ! En fait, une séquence qui se réfère probablement à la macabre scène du trou dans la cave dans Amityville : La Maison du diable de Stuart Rosenberg dans lequel un père de famille (James Brolin dans le rôle de George Lutz) se retrouvait plongé dans une mare poisseuse de sang humain en 1979 ou celle de la piscine de Poltergeist que réalisa Tobe Hooper trois ans plus tard et dans laquelle l'un des membres d'une famille d'américains moyens se retrouvait à patauger au beau milieu d'une eau boueuse remplie de cadavres totalement décharnés ! Bien mieux que nombre de productions transalpines à avoir vu le jour à la même période, La Casa 3 : Ghost House (qui à son tour fut à un moment donné honteusement distribué sous le titre de Evil Dead 3 mais plus officiellement sous celui de Ghosthouse sur le territoire américain) pâtit surtout d'une grosse baisse de régime qui ne cessera plus de ruiner tous les espoirs du spectateur. Après un démarrage en grandes pompes, le film devient effectivement très (trop) bavard. Tout comme la concurrence, Umberto Lenzi relance en permanence des personnages qui plus tôt que de prendre leurs jambes à leur cou semblent prendre un malin plaisir à retourner sans cesse sur les lieux des différents drames qui y vont avoir lieu. L'on a ainsi droit à quelques meurtres sympathiques même si l'hémoglobine est assez rare. À l'image de cette jeune fille coupée en deux qui retrouvera sa forme initiale quelques instants plus tard avant que nous soit révélée la vérité quant à son retour à son intégrité physique. Le récit martèle en permanence sa berceuse, ce qui au bout d'un temps peut causer quelques migraines ou quelque états de nervosité. Notons qu'à la production nous retrouvons la société de production cinématographique italienne Filmirage fondée par Joe D'Amato au tout début des années quatre-vingt. La même année sera produit La Casa 5 de Fabrizio Laurenti tandis que le cinquième opus sera réalisé par Claudio Fragasso en 1990...

 

jeudi 13 février 2025

Non Aprite Quella Porta 3 de Claudio Fragasso (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

''La victime a été violée à plusieurs reprises avant d'être assassinée...'' Ben non cocote. C'est faux, et tu le sais très bien ! En tout cas, consciente où non de ce que vient d'affirmer à l'écran une journaliste à sensations tandis que deux femmes viennent d'être tuées par un individu masqué après seulement dix minutes de projection, le spectateur, lui, sait que l'information est totalement fausse.... Je tenais à accompagner l'article consacré à Non Aprite Quella Porta 3 du réalisateur italien Claudio Fragasso de l'affiche que les distributeurs voulaient à l'origine imposer lors de la sortie du film dans son pays d'origine. Si l'Italie nous avait habitué à reprendre de grandes licences cinématographiques outre-atlantiques en en reprenant le contenu sans jamais en demander l'autorisation aux ayants-droits, des distributeurs et des producteurs sans scrupules usèrent d'une seconde méthode pour attirer le chaland non plus en copiant la quasi intégralité d'un film généralement produit et réalisé aux États-Unis (New-York 1997 de John Carpenter inspirant ainsi 2019 - Dopo la Caduta di New York de par Sergio Martino et Rats - Notte di Terrore de Bruno Mattei, Les guerriers de la nuit de Walter Hill devenant 1990: I Guerrieri del Bronx de Enzo G. Castellari ou Zombie de George Romero en mutant en l’inénarrable nanar signé, une fois encore, de Bruno Mattei sous le titre Virus cannibale !) mais en proposant au public de fausses suites dont le seul point commun avec les œuvres originales résidait dans leur titre ! Sept mois après que la seconde et véritable séquelle du film culte de Tobe Hooper Texas Chainsaw Massacre ait vu le jour sur grand écran sous le titre Leatherface: The Texas Chainsaw Massacre 3, voilà qu'un hurluberlu décida promptement de le présenter lors de sa sortie en Italie sous l'improbable titre de Texas Chainsax Massacre 3.


L'on comprend alors très rapidement que malgré le nom d'emprunt du réalisateur Claudio Fragasso qui sous son pseudonyme américanisé régulièrement employé lors de sa carrière de cinéaste, Clyde Anderson, ce slasher tout à fait typique du cinéma horrifique transalpin de l'époque n'a aucun lien avec la franchise lancée au départ par l'américain Tobe Hooper. Car en dehors du genre dans lequel Non Aprite Quella Porta 3 s'inscrit, le spectateur ne trouvera nulle trace de Leatheface, de sa tronçonneuse ou d'une quelconque famille de dégénérés adeptes de cannibalisme. Comme ses homologues italiens parmi lesquels Ruggero Deodato et Lamberto Bava qui ont une approche technique et artistique de l'horreur similaire, Claudio Fragasso assène et accumule grossièrement tous les clichés du genre. Au point que la séquence d'ouverture semble reproduire à l'identique ou presque celle du classique que réalisa en 1986 Michele Soavi, Bloody Bird. Des répétitions dans un théâtre où un groupe de danseurs semble répéter pour la toute première de leur carrière fois tant les pas des uns s'avèrent discordants avec ceux des autres ! Dix minutes, pas une de moins, lors desquelles nous est imposée une bande musicale atroce et elle aussi, typique du Slasher italien de la fin des années quatre-vingt et du début de la décennie suivante. Dans le cas de Non Aprite Quella Porta 3, si le ridicule ne tue pas, celui-ci frise pourtant la correctionnelle. Pour comprendre cela, il faut revenir sur les événements qui vont se produire suite à la longue séquence d'introduction durant laquelle les troisième et quatrième victimes d'un maniaque viennent d'être retrouvées assassinées. Melanie Beck (Tara Buckman) se trouve être la nouvelle victime du violeur et assassin qui sévit en ville. Contrairement aux précédentes, celle-ci survit après qu'elle ait tout de même dû faire face à son bourreau durant huit heures. Sauvée in extremis par son ami Sherman Floyd qui passait par là (l'acteur Richard Foster), la jeune et jolie mère de famille a perdu la mémoire et n'a donc aucun souvenir des événements qui viennent de se produire dans son appartement. Alors qu'elle est traumatisée, sa fille va être confiée à Sherman ainsi qu'à son épouse le temps de sa convalescence. Sans souvenirs mais tout de même suffisamment marquée par ce qu'elle a subit, Melanie tente de se suicider au bord d'une plage à l'aide d'un cocktail de médicaments mais elle est sauvée in extremis par un homme qui la pourchasse depuis qu'elle l'a rejeté et humilié alors qu'il se montrait particulièrement lourd avec elle. L'homme ramène la jeune femme dans sa chambre d'hôtel où il la séquestre. Pendant ce temps-là, le détective Clark (Mel Davis) enquête sur le tueur insaisissable tandis que ce dernier continue à faire des victimes...


Pauvre Melanie Beck qui après avoir été violée par un tueur en série doublé d'un serial-violeur est désormais la proie d'un second prédateur qui semble devoir agir de la même manière que celui dont parle toute la presse. Claudio Fragasso double donc son récit en faisant intervenir deux ''croquemitaines''. Mais là où le film est capable d'enchaîner les clichés, son auteur et aussi en mesure d'apporter un peu d'originalité à un récit certes parfois très confus mais qui trouve une résolution ''vraisemblable'' à la toute fin de l'intrigue. ''Logique'' en ce sens où le twist final répond effectivement aux questions que l'on pouvait éventuellement se posait jusque là. Du genre, pourquoi cacher l'identité du tueur qui lors de ses actes meurtriers porte un masque puisqu'il semble qu'il s'agisse de celui-là même qui retient en otage l'héroïne du récit ? Et ''illogique'' lorsque l'on comprend enfin le pourquoi du comment, du traitement de la victime par le docteur Willow (Lee Lively) qui de très loin semble se soucier du comportement de Melanie en invoquant l'hypothèse de la libérer de son état de schizophrénie dissociative dans lequel elle est plongée à l'aide d'un traitement de choc ! Cette simple idée empêche à Non Aprite Quella Porta 3 de prendre l'une des formes les plus hypothétiquement viables du récit et à laquelle ses scénaristes n'ont visiblement même pas pensé : envisager l'idée selon laquelle Melanie serait psychologiquement enfermée comme dans une sorte de boucle schizophrénique condamnant tous les hommes à n'être que des violeurs et des assassins. Une idée séduisante que semble en réalité, et objectivement, survoler les auteurs qui pourtant, plutôt que de creuser le concept en profondeur, préfèrent tomber dans l'invraisemblance la plus nanardesque que l'on puisse imaginer. Ce qui, d'une certaine manière permet malgré tout à Non Aprite Quella Porta 3 d'être parfois jouissivement drôle. Notons que contrairement au choix de départ de Claudio Fragasso, le film est ponctué de quelques séquences gores il est vrai, très répétitives, mais dont la conception fut l’œuvre du Grand Bruno Mattei lui-même...

 

Nouveau blog de l'ami François : C'est l'histoire...

 


 

Après avoir (temporairement) fermé les portes de son blog Pour X Raisons, l'ami François revient déjà avec C'est l'histoire... Un tout nouveau blog consacré à un cinéma plus traditionnel qu'il définit lui-même ainsi : ''Blog "désacralisateur" sur le "7ème art". Une bonne dose de mauvaise foi, quelques pincées de "spoiler" et surtout de grosses cuillérées de déconnade.''. Je vous invite donc toutes et tous à vous y rendre le plus rapidement possible...

mercredi 12 février 2025

Un Delitto Poco Comune de Ruggero Deodato (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Pour cet article, j'ai tout d'abord hésité entre une comédie française et ce que l'on pourrait comparer à une sorte de ''pseudo'' ou de ''néo'' giallo italien tant l’œuvre en question tend à s'éloigner des codes du genre pour aborder son sujet sous d'autres formes que le simple tueur en série énigmatique assassinant ses proies le visage masqué, les mains gantées de noir et à l'aide d'un couteau ou de toute autre arme contondante. D'un côté donc, L'oeil au beur(e) noir de Serge Meynard. Comédie bien de chez nous qui malgré un sujet qui persiste à faire l'actualité dans le monde merveilleux et parfois démagogique du septième art, est tout de même vieille de près de quarante ans. Incarnée principalement par Pascal légitimus, Julie Jézéquel et Smaïn en mode ''Black-Blanc(he)-Beur, le film reste sympathique même si son humour est devenu au fil du temps aussi éculé que celui du Théâtre de Bouvard qui entre 1982 et 1987 allait, sans forcément le savoir, lancer la carrière de nombre de futurs humoristes et acteurs. Mimie Mathy, le futur trio Les Inconnus, ou le duo Chevalier et Laspalès, Jean-François Dérec, Smaïn, Bruno Gaccio, Jean-Marie Bigard et des dizaines d'autres. Un film donc beaucoup trop anecdotique au regard de Un Delitto Poco Comune traduit chez nous sous le titre Le tueur de la pleine lune. Rien à voir avec la lycanthropie ou même simplement avec l'idée d'un protagoniste atteint d'hypertrichose. Non, ici, le sujet est beaucoup plus subtile et original et ferait presque regretter que le scénario de Gigliola Battaglini, Gianfranco Clerici et Vincenzo Mannino n'ait pas été plutôt confié à l'immense réalisateur et scénariste canadien David Cronenberg plutôt qu'à l'italien Ruggero Deodato. Car avec tout le respect que l'on se doit d'avoir pour l'auteur de l'un des premiers found footage de l'histoire du cinéma (le traumatisant Cannibal Holocaust en 1980), lui avoir mis entre les mains un tel script revint à gâcher tout ou partie de son potentiel dramatique. Bien que le lien qui hypothétiquement unit Un Delitto Poco Comune à The Fly (lequel vit le jour en salle un peu moins de deux ans auparavant) soit des plus minces, il est difficile de ne pas imaginer que le chef-d’œuvre du Maître incontesté du Body Horror n'ait pas inspiré les scénaristes ou le réalisateur italiens.


Si en 1986, le scénario de David Cronenberg et Charles Edward Pogue mettait en scène le scientifique Seth Brundle (magnifique Jeff Goldblum) qui après avoir expérimenté une machine de téléportation de sa propre invention se muait peu à peu en un monstrueux hybride après qu'une mouche se soit manifestement introduite dans le télépod, deux ans plus tard le héros de Delitto Poco Comune qu'allait à son tour interpréter l'acteur britannique Michael York devrait faire face à une transformation physique sans doute visuellement moins impressionnante mais dont les conséquences seraient tout aussi funestes. Alors que dans The Fly, la lente agonie du scientifique allait avoir en outre de lourdes conséquences sur sa relation passionnée avec la journaliste Veronica Quaife (sublime Genna Davis), celle de Robert Dominici et de Hélène Martell (la franco-italienne Edwige Fenech) allait elle aussi être condamnée à court terme. Quelques mois seulement, raccourcis par de grossières ellipses, contraintes par la durée pourtant raisonnable du long-métrage (quatre-vingt quatorze minutes). Delitto Poco Comune met en scène un pianiste de renommée internationale qui depuis peu se sait condamné. En effet, si la Progéria est une maladie génétique rare qui touche un nombre infinitésimal d'enfants, il est encore plus rare qu'elle se déclare chez l'adulte. Et pourtant, c'est de cela dont il s'agit. Au fil du récit, le personnage interprété par Michael York se transforme,se détériore, jusqu'à avoir le visage qui s'emplisse de rides et qu'il parvienne de moins en moins à tenir sur ses jambes. On louera d'ailleurs les effets-spéciaux de vieillissement plutôt convaincants. Du bel homme à qui tout réussi et que les femmes idolâtrent, le voici qui périclite physiquement mais aussi intellectuellement. La maladie ayant des conséquences sur son esprit, le pianiste se transforme en un tueur implacable qui, comme il le dira d'ailleurs lui-même, déteste les jeunes parce qu'ils ont toute la vie devant eux et les vieux parce qu'ils ont vécu la leur mais continuent à s'y accrocher ! Un constat terriblement tragique qui fait de Delitto Poco Comune une œuvre hybride relativement étonnante et qui malgré ses nombreux défauts de mise en scène, d'esthétique (on dirait un pauvre téléfilm du dimanche après-midi) et parfois d'écriture fait donc regretter qu'elle n'ait pas été confiée à un artiste dont la sensibilité l'aurait sans doute amenée à des sommets d'émotion auxquels malheureusement le film échappe très souvent malgré tout le talent que l'on peut prêter à sa vedette. Notons que parmi les interprètes Donald Pleasence incarne l'inspecteur Datti, chargé d'enquêter sur la série de meurtres commis par Robert Dominici (avec lequel il communique malgré tout par téléphone) et que la partition musicale fut confiée à l'excellent compositeur italien Pino Donnagio (Body Double de Brian de Palma) qui signe une œuvre parfois remarquable qui permet malgré tout au long-métrage de Ruggero Deodato de dépasser le simple stade d’œuvre surfaite. Étonnant...

 

mardi 11 février 2025

Minaccia d'Amore de Ruggero Deodato (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Actrice d'origine londonienne, Charlotte Lewis débute sa carrière sur le petit écran dans la série Grange Hill alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. C'est à l'âge de dix-huit ans alors qu'elle est une toute jeune adulte qu'elle tourne dans son premier grand film. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Pirates du réalisateur franco-polonais Roman Polanski qu'elle tourne à ses côtés après l'avoir rencontré alors qu'elle n'était âgée que de seize ans. D'ailleurs, elle et son avocate Gloria Allred accuseront en 2010 le cinéaste d'agressions sexuelles qui prétendument eurent lieu avant le début du tournage, en 1983, dans l'appartement de l'accusé. Bref, la jeune actrice incarne un nouveau rôle sur grand écran la même année que le long-métrage de Roman Polanski en interprétant le personnage de Kee Nang dans The Golden Child de Michael Ritchie. Et cela, avant de se retrouver au centre de l'intrigue de Minaccia d'Amore du réalisateur italien Ruggero Deodato, traduit chez nous sous le titre Angoisse sur la ligne (à ne pas confondre avec Terreur sur la ligne de Fred Walton qui vit le jour en 1979) sans pour autant connaître une sortie dans l'hexagone. Maintenant que le cinéaste italien en a terminé avec ses films de cannibales formés autour de la trilogie constituée de Ultimo Mondo Cannibale en 1977, Cannibal Holocaust en 1980 et de Inferno in Diretta en 1984, il peut désormais passer à autre chose tout en continuant à tourner dans le genre qui le rendit célèbre : le cinéma d'horreur. Sept ans après la polémique entourant le second volet de sa trilogie qui notamment fut un temps accusé d'être un Snuff Movie avant que le réalisateur ne soit obligé de convoquer les interprètes afin de prouver qu'ils étaient encore bien vivants, la jeune actrice et mannequin il convie l'actrie anglaise qui incarne alors dans Minaccia d'Amore le personnage de Jenny Cooper, un modèle exerçant son métier à Rome qui après avoir passé un coup de téléphone à une association d'aide aux personnes en difficultés affectives (la jeune femme et son compagnon viennent effectivement de se séparer) va se retrouver au cœur d'une longue, pénible et meurtrière série d'événements dramatiques.


En effet, à la suite du coup de fil en question, Jenny va rapidement être la témoin de phénomènes étranges qui semblent être tout d'abord le fait d'un obsédé qui la traque en se servant des services de communication téléphoniques avant qu'elle ne se rende compte d'incidents qui semblent relever du paranormal. Difficile dans ce cas là pour la jeune femme d'être prise au sérieux. Mais lorsque les cadavres commencent à s'empiler autour d'elle, Jenny va tout de même pouvoir compter sur l'aide et le soutien de son voisin de pallier Riccardo (l'acteur Marcello Modugno)... Aussi affreuse que puisse être la partition musicale de Claudio Simonetti, pourtant membre fondateur et éminent du groupe de rock progressif italien Goblin qui dans les années soixante-dix signa notamment quelques divines bandes originales de films (celles de Profondo Rosso ou Suspiria de Dario Argento, de la version européenne de Dawn of the Dead de George Romero alors renommé Zombie, de Buio Omega de Joe D'Amato ou encore celle de Contamination de Luigi Cozzi) et aussi laids que puissent être également la photographie de Renato Tafuri et le choix des environnements de Massimo Antonello Geleng, Minaccia d'Amore s'avère pourtant tout de même plus digeste que la plupart des œuvres horrifiques italiennes à avoir vu le jour en cette seconde moitié des années quatre-vingt. Difficile en effet d'accorder un quelconque crédit artistique à cette bande jouée avec les pieds et qui aura sans doute besoin de deux visionnages pour convaincre de son utilité. Non pas dans le cercle des amateurs de films d'horreur de bon goût mais plutôt dans celui des fans de nanars! Car indépendamment du fait que Minaccia d'Amore ne soit pas du tout effrayant, déclaration dont la légitimité repose sur l'assommante musique et par le jeu outrancier et bancal de Charlotte Lewis, le long-métrage de Ruggero Deodato se constitue parfois lui-même comme une anthologie de l'invraisemblable qui force quasiment le respect. On l'aura compris rapidement, ici, pas de pervers se caressant la nouille au téléphone. Plutôt un phénomène auquel le script du réalisateur et de ses scénaristes Joseph Cavara, Mary Cavara et Franco Ferrini tentent difficilement d'apporter une explication lors de l'intervention d'un spécialiste des ondes (l'autrichien William Berger dans le rôle du Professeur Klein) qui après avoir été approché par les deux nouveaux amis va mourir à son tour dans des conditions hors du commun. En effet, doté d'un pacemaker, celui-ci va exploser à proximité de Jenny qui est ''branchée'' sur le téléphone du service d'accueil d'un aéroport.


L'occasion d'un plan bien gore voyant la poitrine de la victime éclater et sortir de sa cage thoracique ! Cette séquence ne sera d'ailleurs pas la seule à bénéficier d'un quota de sang appréciable puisque plus tôt, après que la jeune mannequin aura été agressée par un inconnu dans le métro, celui-ci sera tué à coups de pièces de monnaie fichées dans le visage et le corps. Des scènes plutôt graphiques, originales et amusantes. Pour le reste, beaucoup de blablas mais aussi, parfois, de séquences parfaitement lunaires ou improbables. Lunaire ? Oui. Comme ce pompier qui après avoir éteint l'incendie qui s'est déclaré chez notre héroïne la convie à venir s'installer chez lui afin qu'à son tour elle éteigne le sien, de feu !!! Vous aurez compris l'allusion... Improbable ? Bien entendu. Notamment lorsque assise sur le banc d'un parc, et comme si la jeune femme n'était pas suffisamment victime de ce merveilleux outil qu'est le téléphone, Jenny voit débarquer subitement et sans prévenir un gamin qui lui tend... un téléphone... En plein parc ! Et pas l'un de ces jouets très colorés qui furent produits dans les années quatre-vingt à l'attention de nos chère têtes blondes, non ! Un vrai. Aux couleurs ternes. Avec son cadran, son crochet commutateur, son microphone et.... et..... ET.... son câble d'alimentation que le gamin, pour le faire fonctionner vu que nous sommes dans un parc, s'est sûrement branché dans le c..... !!! Irréaliste ? Teuh, teuh, teuh, tu pense bien que Ruggero et les trois lascars qui furent chargés de l'écriture s'en tapèrent l'arrière-train ! Lascars ? Ben ouais, vu l'usage que l'équipe fera de leur principale interprète une fois que tout aura été mis en place. À ce moment très précis où sans doute le spectateur commencera à bailler, voilà que Jenny, tanquée comme un obus de compétition mais dont le timbre de voix ne changera pas d'un iota (en tout cas dans notre langue) malgré le monceau d'événements dramatiques qui jusqu'ici l'ont poursuivie, décide de prendre un bain. Vêtue de ses bottes, d'un soutien-gorge, d'une culotte et d'un porte-jarretelles de couleur sombre. Un bain dans lequel la jeune femme est presque toute habillée mais dont l'eau, excusez-moi pour la comparaison, a l'allure d'un réservoir dans lequel se seraient soulagés la vessie la totalité des participants au festival Oktoberfest de la bière à Munich ! Pas vraiment sexy, hum ? Bref, pour revenir aux choses sérieuses, Minaccia d'Amore ne ''tient la route'' que grâce à quelques délires propres au cinéma d'horreur italien des années 80, où l'improbable le dispute à un montage chaotique, où l'écriture par dans tous les sens, où l'interprétation est l'occasion de nombreuses barres de rire, où la sexualisation de l'héroïne est le seul lien ou presque qui retient le spectateur devant son écran...


Les Enquêtes du département V : Effet Marco (Marco Effekten) de Martin Zandvliet (2021) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Adapté pour la toute première adaptation sur grand écran avec Kvinden i Buret de Mikkel Nørgaard en 2013, la série de romans policiers écrits par le danois Jussi Adler-Olsen est devenue au cinéma l'une des meilleures références en matière de thrillers scandinaves. Jusqu'à ce que débarque à son tour en 2021, le cinquième épisode Marco Effekten de Martin Zandvliet, tout allait pour le mieux. Des débuts très prometteurs jusqu'aux confirmations que furent Fasandræberne de Mikkel Nørgaard en 2014, Flaskepost fra P de Hans Petter Moland en 2016 et Journal 64 de Christoffer Boe deux ans pus tard, chaque nouvelle fournée était attendue comme le messie. Alors que l'année dernière est sortie la sixième adaptation des Enquêtes du département V sous le titre Den Grænseløse, revenons sur l'énorme déception que fut Marco Effekten en 2021. Une navrante passe d'arme dont la responsabilité ne fut pas à mettre uniquement sur le compte de son réalisateur mais aussi et surtout sur celui de la disparition à l'image des deux acteurs iconiques qui jusqu'à maintenant étaient au cœur des différentes investigations. On pense bien évidemment à Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares qui respectivement interprétaient jusque là les rôles de Carl Mørck et d'Assad. Désormais remplacés par Ulrich Thomsen et Zaki Youssef, le spectateur va très vite constater que le personnage d'Assad sera largement mis de côté lors de cette cinquième aventure du duo de flics danois qui cette fois-ci vont enquêter autour de la disparition d'un coach en natation accusé d'actes de pédophilie et sur l'éventuelle implication d'un jeune immigré clandestin du nom de Marco (Luboš Oláh). S'agissant de la disparition à l'écran de Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares, il faut savoir que les deux acteurs acceptèrent de signer un contrat de quatre longs-métrages. À l'issue du dernier, le personnage d'Assad devant de toute manière quitter le Département V, il était logique que la collaboration entre les deux hommes devait se terminer à l'issue de ce quatrième opus. Sauf que depuis, un cinquième volet a été adapté sur grand écran ! Les deux acteurs ont alors expliqué que les six nouveau tomes de l’œuvre de Jussi Adler-Olsen feraient à leur tour l'objet d'adaptations, ramenant ainsi la franchise au départ constituée de quatre longs-métrages à dix !


Autant dire que l'on n'est pas prêt de voir disparaître des écrans Carl Mørck et Assad. Mais à quel prix ? Acheté tout comme ceux à venir par un nouveau studio, Marco Effekten est non seulement débarrassé de deux excellents interprètes mais aussi de la profondeur scénaristique qui caractérisait jusque là chacun des quatre premiers longs-métrages de la franchise. Désormais l'on se retrouve face à un récit dont le script est effectivement très simpliste malgré le sentiment de brouillard opaque que l'on éprouve devant une mise en scène brouillonne qui finit par perdre le spectateur. La réalisation mollassonne de Martin Zandvliet semble d'ailleurs être à l'aune de l'interprétation de ses différents acteurs qui de leur côté ne font rien pour impulser une certaine énergie à un film qui en manque pourtant cruellement. La confusion règne tant et si bien que l'on a parfois du mal à concevoir la relation qui puisse exister entre le gamin et la disparition d'un homme soupçonné d'avoir eu une relation sexuelle avec une jeune adolescente et dont il détient une feuille de son passeport. Partant d'un postulat qui ouvre grandes les portes les sujets de l'immigration, du mépris des roms, des agressions sexuelles sur mineurs ou de la vengeance supposée d'un enfant qui lui-même fut peut-être victime de l'hypothétique pédophile, l'intrigue de Marco Effekten en rajoute quelques couches supplémentaires afin de noyer ET le poisson, ET le spectateur qui au final ne s'y retrouve plus ! Si le personnage d'Assad est inintéressant au possible à force de n'apparaître qu'en arrière-plan de Carl, ce dernier n'est pas en reste puisque interprété de manière lymphatique par un Ulrich Thomsen qui a l'air de s'ennuyer autant que nous. Et si la résolution de l'énigme, d'un classicisme que l'on aurait dû finalement déceler plus tôt si seulement le réalisateur ne s'était pas joué de notre perception, s'avère très décevante, elle termine surtout de nous convaincre que Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares ont probablement fait le bon choix de ne signer que pour les quatre premiers films. C'est donc avec moins d'engouement que l'on abordera le presque fraîchement sorti Den Grænseløse d'Ole Christian Madsen. En espérant que le réalisateur aura su remettre la franchise dans les rails même si l'absence de Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares risque de se faire à nouveau ressentir...

 

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