14 août 1985. Chelles,
en Seine et Marne, un après-midi de grosse chaleur. Les potes en
congés et quelques dizaines de francs en poche, je fonce tout droit
dans l'un des deux seuls cinémas de la ville. L'ABC est trop loin et
les vitrine du Cosmos arborent de magnifiques photos de corps en
putréfaction. J'opte donc pour ce dernier. Au dessus de ma tête
s'affiche en poster une bande de cadavres décharnés entourant une
punk prête à se désaper pour le plaisir de ses compagnons de fête.
"Le Retour Des Morts-Vivants" est donc à l'affiche de ce
petit cinoche de quartier qui vit peut-être déjà ses dernières
heures (c'est ce que je me suis mis à penser les quelques années
qui ont suivi la sortie de ce film et pourtant, vingt-sept ans plus
tard, il tient encore debout).
D'entrée de jeu, les
fins connaisseurs seront surpris du nom du réalisateur. Dan O'
Bannon. Un curieux patronyme qui cache pourtant le scénariste de
quelques perles cinématographiques telles que : "Alien, Le
Huitième Passager", "Dark Star" ou encore "Totall
Recall". Bannon est donc l'auteur et le principal ouvrier de ce
"Retour Des Morts-Vivants" qui empreinte autant à la
parodie qu'il rend hommage à "La Nuit Des Morts-Vivants"
dont l'un des personnages, Frank (campé par James Karen), fait
référence au début du film. Contrairement au film de George
Romero, l’œuvre de Dan O' Bannon situe non pas son action dans une
maison perdue en pleine campagne mais entre une entreprise de
produits pharmaceutiques, un crématorium et un cimetière. Freddy
est un adolescent comme les autres. Il aime boire, faire la fête et
écouter de la musique de dégénérés. Il vient cependant d'être
embauché dans une boite qui s'occupe de préparer des cadavres en
vue d'être envoyés dans les écoles de médecine. C'est Frank qui
est chargé de lui apprendre les rudiments du métier. Dehors, Trash,
Suicide et les autres cherchent le terrain propice à la fête
nocturne qu'ils vont donner en attendant leur ami Freddy.
Ce que ce dernier ne sait
pas encore, c'est que la cave de l’entrepôt abrite des containers
renfermant des corps revenus à la vie seize ans plus tôt. Des fûts
égarés par l'armée et qui ont été livrés par erreur dans cet
entrepôt. Se méfiant des révélations que lui fait Frank, Freddy
accepte de l'accompagner jusqu'à la cave afin de jeter un œil sur
ces fameux containers. Une fois arrivé au sous-sol et à proximité
des fûts, Freddy constate que l'un d'eux fuit. Afin de lui prouver
que ceux-ci sont en bon état, Frank donne un coup sur l'un d'eux, ce
qui provoque une fuite beaucoup plus importante de gaz. Inhalant
l'inquiétante substance qui s'échappe du container, les deux hommes
s'écroulent au sol, évanouis.
Lorsqu'ils se réveillent,
et au vu des visages cireux et des auréoles qu'ils arborent sous les
aisselles, on imagine que Frank et Freddy ne vont pas faire de vieux
os. Mais le plus grave, entre tout autre chose, c'est l'inquiétant
hurlement qui provient de la chambre froide à l'intérieur de
laquelle un corps est entreposé. Un cadavre qui jusqu'ici était
bien mort mais dont nos deux amis, aidés de leur patron Burt appelé
à la rescousse, vont avoir du mal à se débarrasser. Car
contrairement aux morts de Romero, ceux de Bannon ne s’oxydent pas
d'une simple balle entre les deux yeux. Même décapité et découpé
en morceaux, l'encombrant macchabée continue à s'agiter comme un
furieux.
C'est alors que Burt à
une idée de génie : demander à son ami Bernie, le médecin
légiste, de lui prêter son four crématoire afin d'y brûler le
cadavre mis en pièces. Aidé de Frank et Freddy dont l'état est de
plus en plus inquiétant, Burt se dirige vers l'établissement dans
lequel travaille son ami. Le patron de l'entrepôt tente de
convaincre Ernie d'accepter de lui filer un coup de main.
Grossière erreur !!!
Ce dernier accepte. Et voilà qu'une fumée épaisse s'échappe de la
cheminée du four crématoire et qu'elle provoque un curieux orage.
Une pluie acide se répand alors dans le cimetière voisin. Celui
justement dans lequel les amis de Freddy se sont réunis en attendant
qu'il termine son service. Trash, les fesses à l'air, tente de
trouver le soutien de ses amis, la pluie lui brûlant la peau. Mais
tout le monde s'en fiche et ne pense qu'à se trouver un abri. Au
cœur du cimetière retentit alors le glaçant hurlement d'une
créature tout juste sortie de terre. Commence alors une véritable
nuit de cauchemar peuplée de morts-Vivants désarticulés et décidé
à mordre dans la cervelle d'une bande de punks stupides...
Je ne vais pas passer par
quatre chemins. "Le Retour Des Morts-Vivants" est un petit
bijou d'humour noir. Les films dits de "Zombies" sont
légion mais ceux dont on conserve un souvenir impérissable sont
rares. S'il tire sur la corde humoristique, le film de Dan O'Bannon
n'oublie pas ses références tout en se permettant de
scrupuleusement déglinguer certains principes. En effet, ses
macchabées possèdent une endurance et une vivacité exceptionnelles
et sont capables de courir aussi vite que leurs proies. S'ils
s'expriment peu, ils aboient le mot "cerveau" dès que
l'occasion d'en croquer un se présente. Ils ne meurent pas d'une
simple balle dans la tête et résistent à tous les types de
traitement. Et même s'ils périssent par le feu, la fumée qui se
dégage de leur corps nourri la terre du cimetière où sont enterrés
les leurs.
La bande-son est
tonitruante et les effets-spéciaux, de qualité, baignent le film
d'une ambiance comico-horrifique assez plaisante (le mort-vivant
errant dans la cave et dégoulinant de sang). Le mélange est très
réussi et même si l'on ne ressent l'effroi que dans de très rares
occasions, le rythme est suffisamment relevé pour que l'ennui n'ait
pas le temps de s'installer. On appréciera également la conclusion
qui évite l'inévitable happy-end. Une manière plutôt radicale de
soigner le mal. "Le Retour Des Morts-Vivants" se hisse sans
problème dans le top dix des films de zombies...
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