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vendredi 3 juin 2016

Merde de Leos Carax (2008)



Merde, c'est l'histoire d'une créature, d'un homme dont les origines demeurent indéfinies. Un être vivant en marge de la société, sous terre, dans les égouts d'une ville mise à l'honneur non pas seulement à travers ce court-métrage signé Leos Carax, mais par les cinéastes Michel Gondry et Joon-Ho Bong, auteurs respectifs de Interior Design et Shaking Tokyo. Trois courts réunis sous le titre Tokyo ! Cette ville, c'est Tokyo, donc. Ses traditions, ses portables, sa technologie, ses panneaux d'affichages géants qui bientôt seront les témoins d'une histoire, on peut le dire, singulière. Merde est comme une gifle dans la gueule des bien-pensants. Si d'ailleurs il plait tant à Gaspar Noé, c'est parce qu'il ressemble à son cinéma. De Carne à Seul Contre Tous. On y retrouve ce même anticonformisme. C'est réactionnaire, un peu trash sur les bords et parfois même totalement burlesque.

Le court-métrage de Leos Carax est l'ouverture parfaite à une soirée scatologique underground et schizophrénique consacrée aux fluides corporels, à la folie des hommes dont accouche notre civilisation, et à ce monde qui refuse d'ouvrir les yeux face au désœuvrement dans lequel certains d'entre nous sont tombés. Pas aussi barré et crade que l'épouvantable et perturbant Crazy Murder de Doug Gerber, moins souterrain que C.H.U.D de Douglas Cheek, certainement moins déprimant que Combat Shock de Buddy Giovinazzo et pas aussi exutoire que le génial Street Trash de Jim Muro, Merde est tout de même sacrément... bandant ! Enfin, dans sa première partie (le film dure environs trente-huit minutes), filmée en plan-séquence, celle durant laquelle celui qui s'autoproclamera Merde durant son procès, émerge d'une bouche d'égout pour effrayer la population tokyoïtes. Ouais, flippant le type. Un œil mort, une barbe rousse, une démarche vive et chaotique, et surtout, une logorrhée verbale inquiétante.

Le Diable en personne ? Peut-être puisqu'en réponse au grand barbu qui file le torticolis à ceux qui prient encore pour lui, l'autre débarque de tout en bas, là où la fange est sa couche et les grenades sa langue maternelle. D'ailleurs, de langue, il en possède une que seuls trois hommes dans le monde savent comprendre et parler.
Merde vit dans un univers souterrain dans lequel la guerre est demeurée mondiale. En veuillent pour preuve ces reliquats trouvés dans les égouts et avec lesquels Merde va bientôt faire joujou, laissant derrière lui des dizaines de corps ensanglantés, démembrés...

Merde devient célèbre tout à coup. Comme pour nous rappeler que les plus grands criminels de notre histoire ont tous inspiré des œuvres littéraires, cinématographiques et parfois même musicales, devenant ainsi des stars dont les méfaits, réels, perdent peu à peu de leur importance et de leur ignominie. Leos Carax fait de son héros un personnage détesté par les uns et voué à un culte par les autres. On l'affiche derrière une multitude d'écrans, au cœur même de cette ville qu'il a hanté. On se grime en portant des masques à son effigie. Et lorsqu'après son procès il est condamné à mort, il en demeure encore pour tenter de le sauver de son funeste destin, d'autre allant même jusqu'à le prier tel un dieu, à la place de Dieu.

Merde, c'est Denis Lavant, qui depuis ses débuts suit le cinéaste Leos Carax dans ses œuvres. A ses côtés, étonnamment, on retrouve l'excellent acteur Jean-François Balmer. Merde est un court-métrage étonnant, parfois abscons (le procès manque d'une écriture plus intense), mais qui ne laisse pas indifférent...

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