Si
le chiffre sept est connu pour avoir été sacré par les sumériens,
Gaspar Noé n'aura pas attendu si longtemps pour renouveler SON cycle à
lui, de quatre années, et initié il y a cinq ans avec Love, cette ''histoire d'amour'' pornographique tellement dénuée d'émotion que l'auteur de Carne, de Seul Contre Tous ou de Irréversible allait
signer son plus mauvais film. Ou du moins, le seul qui, en plus d'être
dénué d'émotion s'avère surtout dénué d'intérêt. Ou comment saler
sexuellement la note sans laquelle le film n'aurait sans doute jamais
fait parler de lui. Quatre ans plus tard, donc, (et dix-sept après avoir
''définitivement'' entériné son statut de cinéaste culte et de
réalisateur de génie avec l'incroyable Enter the Void, en 2010), Gaspar Noé semble avoir une fois encore ressenti le besoin, après son Climax de
2018, de relâcher la pression. De limiter son travail d'orfèvre à la
partie congrue et en se reposant sur les acquis pas toujours évidents de
ses interprètes. Ici, Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle, tout
d'abord lors de confidences qui ont autant d'intérêt que les pages, au
hasard, de Voici. Difficile effectivement d'être subjugué par l'improvisation de ces deux là, filmées sous la forme d'un Split Screen,
la première étant surtout attentive à ce que lui révèle la seconde.
Comme le fera plus tard le producteur sous pression, qui peut-être sans
le vouloir proposera le seul bon mot de ce Lux Eternae (« « Béatrice Dalle ? Béatrice que Dalle ! »), Charlotte ''Gainsbourrée'' d’anxiolytiques est effacée, écrasée par une Béatrice ''Dalle de plomb'', mâchant ses mots, la mâchoire crispée lors de son monologue inaugural...
En hommage à Carl Theodor Dreyer et Benjamin Christensen auxquels il emprunte quelques images de deux classiques respectifs (Häxan, La sorcellerie à travers les âges et Jour de colère)
et même plus loin au cinéaste allemand Rainer Werner Fassbinder duquel
il prélève une citation, Gaspar Noé propose en ouverture ce qui en terme
d'intérêt se révélera finalement comme le seul véritable point positif
d'une œuvre se noyant dans des conjectures artistiques dont le
spectateur est en général laissé dans l'ignorance. Ici, le tournage d'un
film sur la sorcellerie qui va tourner à l'aigre lorsque producteur,
interprètes, chef opérateur et réalisatrice vont se frotter les uns aux
autres. Il n'est pourtant pas tout à fait certain que l'envers du décor
doive forcément être envisagé sous cet angle même si l'on connaît la
réputation de certains cinéastes. Gaspar Noé ''abandonne'' ses
interprètes sans directives apparentes. Ce qui au fond, apporte un
semblant de crédibilité mais condamne par contre l’œuvre à une
accumulation de dialogues absolument ineptes. À ce titre, le duo
Gainsbourg/Dalle rame tant lors des quinze premières minutes que les
deux femmes ne savent plus comment s'y prendre pour rejoindre la berge.
Reste le montage, le principe du Split Screen utilisé
servant sans doute pour tout ou partie à noyer le spectateur lors d'une
joute, d'un duel d'images et de sons d'arrière-cour signifiant les
coulisses, cette cour des miracles où chacun tente de tirer à soi la
couverture. Projet ambitieux mais auquel il manque néanmoins le travail
d'ampleur d'un Enter the Void, Lux Eternae arrive en seconde position dans le classement des œuvres les moins convaincantes réalisées par Gaspar Noé... Dommage...