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samedi 30 août 2025

Watcher de Chloe Okuno (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Des films de ''peur'' jouant sur la présence hostile, réelle ou fantasmée d'un ou de plusieurs voisins, il en existe une cohorte. Les lister prendrait des heures mais à la simple évocation de la trilogie de l'appartement de Roman Polanski (Répulsion, Rosemary's Baby etLe locataire) ou d'autres petites friandises comme le norvégien Naboer de Pål Sletaune, il y a mille et une manières d'aborder la chose. Comme l'a récemment entreprit la réalisatrice et scénariste américaine Chloe Okuno avec son premier long-métrage en date Watcher, il n'y a meilleur terreau que l'inconnu... que le dépaysement, voire, le déracinement pour cultiver ce sentiment de paranoïa qui naît d'une situation incontrôlable. Sans être tout à fait comparable à la fameuse trilogie réalisée par Roman Polanski entre 1965 et 1976 qui reste de toute manière inégalable, Watcher propose un voyage anxiogène en terre inconnue. Bucarest, capitale de la Roumanie, pays emprunt de fantasmes liés à la présence du Château de Bran que d'aucun célèbre comme étant celui d'un certain... Dracula. La Roumanie sert également de terreau fertile pour un certain nombre de films d'horreur. Tel le Ils de Xavier Palud et David Moreau. Ou la comédie. Comme celle qu'a réalisé Antoine de Maximy en 2020, J’irai mourir dans les Carpate. Adaptation plutôt intelligente de sa propre émission de télévision, J'irai dormir chez vous. Malgré le ton employé, on pouvait déjà noter une ambiance parfois trouble liée à quelques environnements et certains comportements. De quoi vous donner le vertige et créer un certain malaise. Le barrage de la langue. Voilà qui en ajoute dans le côté anxiogène d'un voyage ou d'une installation à l'étranger qui ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu. L'actrice Maika Monroe que l'on a pu notamment découvrir dans l'excellent It Follows de David Robert Mitchell voilà déjà huit ans est l'héroïne de Watcher qui en angoissera très certainement plus d'un. Suivant son compagnon Francis (l'acteur Karl Glusman), la jeune et jolie Julia part donc s'installer à Bucarest. Ne parlant pas la langue, ne travaillant pas et Francis étant régulièrement absent pour le travail, la jeune femme se retrouve rapidement seule dans leur grand et glacial appartement. Un décor lui-même anxiogène qui tranche avec l'immeuble qui fait face. Et au dernier étage duquel un homme semble l'observer...


Et pas seulement puisque Julia est persuadée qu'il l'a récemment suivie jusque dans un magasin. Le contexte actuel du quartier n'arrangeant d'ailleurs pas les choses puisque un tueur sévit et s'en est déjà pris à quatre jeunes femmes auxquelles, l'américaine va apparemment s'identifier. 1+1 ne faisant jamais zéro, l'accumulation d'inconvénients va transformer l'existence de Julia en véritable cauchemar. Chloe Okuno s'y connaît lorsqu'il s'agit de maintenir une tension moite envers les spectateurs forcément touchés par ce que vit la jeune femme. D'autant plus que Francis va très vite douter des propos que tient sa compagne. Reste que pour l'heure, certains événements témoignent de la situation. Heureusement pour elle, Julia va faire connaissance avec la strip-teaseuse Irina (l'actrice Madalina Ane) qui vit dans l'appartement à côté du sien. Ne reste plus qu'à savoir désormais si tout n'est que le fruit de l'imagination de la jeune américaine ou si tout ce que projettent ses pensées est bien réel ! Tendu et parfois même agaçant (le genre de sensation que l'on ressent lorsque le héros ou l'héroïne est incompris(e) de son entourage), Watcher maintient un climat d'oppression et de paranoïa quasi-permanent notamment nourri par la barrière de la langue dans sa première partie et ininterrompu durant la seconde. Chloe Okuno a beau avoir une sensibilité toute féminine, la réalisatrice et scénariste n'en a pas moins dans le pantalon et abordera le grand final de manière tout à fait inattendue (quoique pas tout à fait justifié). Mention spéciale pour l'acteur et musicien britannique Burn Gorman qui dans le rôle du voisin habitant dans l'immeuble d'en face (Weber) n'a pas beaucoup d'efforts à fournir pour incarner cet individu louche dont on se demandera souvent quelles sont ses véritables intentions. Malgré ses qualités, le film ne connaîtra malheureusement pas le succès dans son pays d'origine puisque au bout de cinq semaines de sortie étalées sur sept-cent soixante-quatre salles de cinéma, Watcher n'engrangera même pas deux millions de dollars. Une déception au vue des qualités narratives, de la mise et en scène et de l'interprétation de Maika Monroe. L'un des jolis frissons de l'année 2022...

vendredi 4 mai 2018

Love de Gaspar Noé -2015) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



C'est triste à dire mais Love de Gaspar Noé, arrive trop tard. Trop tard car après Enter the Void, cette œuvre miraculeuse, sommet inaltérable et insurpassable dans la carrière d'un cinéaste qui aura pénétré l'esprit des spectateurs chaque fois que l'un de ses films aura marqué de son empreinte, les écrans de cinéma. Le plus gros plan du film ? L'affiche. Pas celle présentée ci-dessus, mais celle qui voit deux visages s'embrasser. Deux langues collées l'une à l'autre. Deux bouches se dévorant goulûment. Le titre dégoulinant littéralement de stupre n'est que très partiellement représentatif du contenu. Du symbole qu'évoque ce mot de quatre lettres laissant des coulées blanchâtres, ne subsiste que son aspect scabreux car jamais, ou si peu, les personnages ne nous semblent capables d'exprimer ce qu'est le véritable amour.
Love laisse la dérangeante impression de n'être que ce qu'il semble... être. Un film de cul oscillant entre érotisme hard et porno soft. Gaspar Noé n'aurait-il pas, ici, mérité sa réputation de provocateur ? Pourquoi tant de cul, et pourquoi si peu d'émotion ? Et alors, pourquoi ne pas aller au fond des choses et s’embarrasser de certaines limites ? Du cul, de la sueur, du poil, de la queue, des seins, du stupre, mais bizarrement, des pleurs qui tardent à venir et surtout, un trio d'acteurs qui laisse une impression mitigée sur leur réelle valeur d'interprètes. Visuellement, Love se contente du minimum. Surtout si on le compare au précédent long-métrage de son auteur que le spectateur aura forcément la mauvaise idée d'évoquer.

Difficile, et sans doute, même impossible d'aller plus loin qu'avec Enter the Void, les fans demeurent désormais orphelins. Abandonnés par cette émotion qui ne foulera malheureusement jamais les portes d'un dernier long assurément trop... long. Deux heures et une quinzaine de minutes plus tard, on ressort avec le sentiment d'avoir été floués, et sans jamais éprouver cette impression d'avoir passé plus de deux heures dans le tambour d'une machine à laver en mode essorage. Si le précédent nous avait littéralement retourné le cerveau, s'il avait conquis les quatre-vingt dix pour cent du cerveau qui restent endormis du jour de notre naissance jusqu'à celui de notre mort, par opposition, Love a réussit à éteindre les dix pour cents que l'homme utilise au quotidien, nous endormant invariablement au son des gémissements de son trio.

L'amour chez Gaspar Noé est violent, froid (malgré la beauté de certains plans), sans doute à cause de ses interprètes. Love transpire tout sauf ce qu'il est censé vouloir raconter. A-t-on besoin de se déchirer lorsque l'on s'aime ? A-t-on besoin de paradis artificiels ? Et que penser de cette séquence durant laquelle nos amants traînent leurs fantasmes dans une boite échangiste n'ayant rien à jalouser à la boite homosexuelle ouvrant le bal de Irréversible ? Impossible pour le spectateur lambda de se référer à ce récit. A ce trio de marginaux poudrés, accrocs au sexe plus qu'à l'émotion que le sentiment d'amour devrait exsuder. Merde Gaspar, qu'as-tu donc fait de ton prodigieux talent ? Comme Oscar se perdait au dessus des toits de Tokyo, on aurait aimé que le cinéaste provoque une rupture de ton lorsqu'est évoquée l'expérience 'ayahuasca', mais même là, le cinéaste se révèle pantouflard en sans la moindre imagination. On pourra arguer que le propos n'était pas là, et c'est vrai. On pourra même supposer que le cinéaste n'ait pas désiré empiéter sur les plates-bandes de son ami Jan Kounen, et ce serait alors, là, lui faire honneur.

Choquant, Love ? Non, définitivement, non. Trop poli, parfois trop arty pour réellement troubler jusqu'aux ménagères repassant leur linge devant la télévision, le film de Gaspar Noé manque de ce souffle épique auquel on rêvait d'assister. C'est finalement très plat, et relativement banal à une époque où le sexe explicite a tendance à très largement se démocratiser sur les écrans de cinéma. On pourrait pousser le bouchon de la critique négative en arguant que Love est de plus, une œuvre parfaitement misogyne car alors, comment justifier qu'à l'écran, l'orgasme soit presque exclusivement masculin ? Vierge de toute émotion, aussi bavard et chiant qu'une conférence sur l'histoire du timbre-poste, le dernier film en date de Gaspar Noé est une énorme déception...
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