Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


vendredi 4 mai 2018

Love de Gaspar Noé -2015) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



C'est triste à dire mais Love de Gaspar Noé, arrive trop tard. Trop tard car après Enter the Void, cette œuvre miraculeuse, sommet inaltérable et insurpassable dans la carrière d'un cinéaste qui aura pénétré l'esprit des spectateurs chaque fois que l'un de ses films aura marqué de son empreinte, les écrans de cinéma. Le plus gros plan du film ? L'affiche. Pas celle présentée ci-dessus, mais celle qui voit deux visages s'embrasser. Deux langues collées l'une à l'autre. Deux bouches se dévorant goulûment. Le titre dégoulinant littéralement de stupre n'est que très partiellement représentatif du contenu. Du symbole qu'évoque ce mot de quatre lettres laissant des coulées blanchâtres, ne subsiste que son aspect scabreux car jamais, ou si peu, les personnages ne nous semblent capables d'exprimer ce qu'est le véritable amour.
Love laisse la dérangeante impression de n'être que ce qu'il semble... être. Un film de cul oscillant entre érotisme hard et porno soft. Gaspar Noé n'aurait-il pas, ici, mérité sa réputation de provocateur ? Pourquoi tant de cul, et pourquoi si peu d'émotion ? Et alors, pourquoi ne pas aller au fond des choses et s’embarrasser de certaines limites ? Du cul, de la sueur, du poil, de la queue, des seins, du stupre, mais bizarrement, des pleurs qui tardent à venir et surtout, un trio d'acteurs qui laisse une impression mitigée sur leur réelle valeur d'interprètes. Visuellement, Love se contente du minimum. Surtout si on le compare au précédent long-métrage de son auteur que le spectateur aura forcément la mauvaise idée d'évoquer.

Difficile, et sans doute, même impossible d'aller plus loin qu'avec Enter the Void, les fans demeurent désormais orphelins. Abandonnés par cette émotion qui ne foulera malheureusement jamais les portes d'un dernier long assurément trop... long. Deux heures et une quinzaine de minutes plus tard, on ressort avec le sentiment d'avoir été floués, et sans jamais éprouver cette impression d'avoir passé plus de deux heures dans le tambour d'une machine à laver en mode essorage. Si le précédent nous avait littéralement retourné le cerveau, s'il avait conquis les quatre-vingt dix pour cent du cerveau qui restent endormis du jour de notre naissance jusqu'à celui de notre mort, par opposition, Love a réussit à éteindre les dix pour cents que l'homme utilise au quotidien, nous endormant invariablement au son des gémissements de son trio.

L'amour chez Gaspar Noé est violent, froid (malgré la beauté de certains plans), sans doute à cause de ses interprètes. Love transpire tout sauf ce qu'il est censé vouloir raconter. A-t-on besoin de se déchirer lorsque l'on s'aime ? A-t-on besoin de paradis artificiels ? Et que penser de cette séquence durant laquelle nos amants traînent leurs fantasmes dans une boite échangiste n'ayant rien à jalouser à la boite homosexuelle ouvrant le bal de Irréversible ? Impossible pour le spectateur lambda de se référer à ce récit. A ce trio de marginaux poudrés, accrocs au sexe plus qu'à l'émotion que le sentiment d'amour devrait exsuder. Merde Gaspar, qu'as-tu donc fait de ton prodigieux talent ? Comme Oscar se perdait au dessus des toits de Tokyo, on aurait aimé que le cinéaste provoque une rupture de ton lorsqu'est évoquée l'expérience 'ayahuasca', mais même là, le cinéaste se révèle pantouflard en sans la moindre imagination. On pourra arguer que le propos n'était pas là, et c'est vrai. On pourra même supposer que le cinéaste n'ait pas désiré empiéter sur les plates-bandes de son ami Jan Kounen, et ce serait alors, là, lui faire honneur.

Choquant, Love ? Non, définitivement, non. Trop poli, parfois trop arty pour réellement troubler jusqu'aux ménagères repassant leur linge devant la télévision, le film de Gaspar Noé manque de ce souffle épique auquel on rêvait d'assister. C'est finalement très plat, et relativement banal à une époque où le sexe explicite a tendance à très largement se démocratiser sur les écrans de cinéma. On pourrait pousser le bouchon de la critique négative en arguant que Love est de plus, une œuvre parfaitement misogyne car alors, comment justifier qu'à l'écran, l'orgasme soit presque exclusivement masculin ? Vierge de toute émotion, aussi bavard et chiant qu'une conférence sur l'histoire du timbre-poste, le dernier film en date de Gaspar Noé est une énorme déception...

1 commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...