D'où l'on se positionne
en tant que cinéphage ou cinéphile, il y a toujours moyen de
trouver de l'intérêt pour une œuvre quels que soient ses qualités
artistiques, son budget ou son niveau de créativité. C'est pourquoi
l'on a parfaitement le droit de mettre au même niveau des auteurs
tels que James Cameron, Quentin Tarantino, Wes Anderon, Steven
Spielberg, Christopher Nolan ou... Norman J. Warren. Je me doute bien
que certains doivent se demander qui est ce dernier olibrius dont le
nom semble gripper cet ensemble parfaitement huilé d'artisans du
septième art. Et bien très chers amis, sachez que le bonhomme ne
fut rien moins que l'auteur de petites perles horrifiques qui à
défaut de bénéficier de grands budgets su saisir parfois certaines
opportunités afin de nous offrir quelques séries B parfaitement
digestes. À commencer par Satan's Slave
en 1976, puis prolongeant le genre l'année suivante avec Prey
ou Le zombie venu d'ailleurs
et son improbable histoire d'extraterrestre échoué dans une demeure
habitée par deux lesbiennes ! Une thématique plus ou moins
reproduite deux ans plus tard avec Spaced Out.
De la science-fiction pas très sérieuse, domaine dans lequel
Norman J. Warren va persévérer jusqu'en 1981 et son Inseminoid,
un sympathique sous-Alien déjà
nettement plus sérieux et convaincant que les deux précédents. Il
faudra ensuite attendre six ans avant que ne débarque sur nos écran
Bloody New Year
ou Réveillon sanglant
ou encore, Les mutants de la Saint-Sylvestre.
Abandonnant la science-fiction mais persévérant une nouvelle fois
dans le cinéma d'horreur, Norman J. Warren nous convie à suivre les
pas d'une petite bande de jeunes adultes qui après avoir connu des
déboires lors d'une fête foraine échouent sur une petite île
apparemment déserte mais au centre de laquelle se trouve un complexe
hôtelier désert. Situé en ÉTÉ
(!!!), Les mutants de la SAINT-SYLVESTRE
(!!!)
est une œuvre étrange, réalisée avec l'allure d'un vieillard se
déplaçant en déambulateur, l'intérêt du long-métrage de Norman
J. Warren repose tout d'abord sur les divers assauts surnaturels dont
vont être victimes ses protagonistes...
Un
sextet de personnages plutôt dégrossis au niveau de la
caractérisation avec ce tout ce que cela sous-entend : que l'un
ou l'autre de nos trois jolies jeunes femmes ou leurs trois
prétendants meure, le spectateur restera indifférent au sort qui
leur sera accordé. Des meurtres d'ailleurs relativement avares en
matière d'hémoglobine. À dire vrai, l'intérêt ''majeur'' de ces
Mutants de la Saint-Sylvestre
provient de cette grande vague d'événements qui vont se produire
durant ce court séjour au sein d'un établissement bizarrement
décoré. On croirait en effet que les convives d'une ancienne fête
de fin d'année ont pris leurs jambes à leur cou, laissant les
décorations telles quelles. On comprend mieux alors la traduction du
titre. Une logique qui entre de plain-pied dans un univers où vont
se télescoper des créatures d'un passé remontant à une trentaine
d'années en arrière avec le présent. Rencontres avec des
personnages fantomatiques. Groupe de musique donnant un concert pour
une salle vide. Tout comme là projection d'un film lors de laquelle,
là encore, la salle est déserte. Des boules de billards qui se
déplacent toutes seules, un filet de pêche qui menace de tuer l'une
des jeunes femmes, un meuble qui se transforme en mutant (je sais, je
sais...) ou des rires transportés par le vent et menaçant deux
autres protagonistes. Et des séquences comme celles-ci, Les
mutants de la Saint-Sylvestre
en contient un certain nombre. Ce qui empêche le film de tomber dans
l'ennui total. Car il faut bien le reconnaître qu'à part ces
événements, le long-métrage de Norman J. Warren souffre de
perpétuels ventres mous qui nuisent profondément à l'intérêt de
l'histoire. Tout cela manque cruellement de pêche. Et donc, n'est
pas Stanley Kubrick qui veut car que cela soit officiel ou non, il
est très clair que le réalisateur a voulu réaliser là un
pseudo-Shining
dont les valeurs artistiques ont malheureusement dues être revues à
la baisse. Les interprètes sont mauvais et donc dignes de figurer
aux côtés des pires acteurs du cinéma italien d'horreur des années
quatre-vingt. Bourré d'invraisemblances dont je laisse les éventuels
futurs spectateurs d'en savourer le contenu, Les
mutants de la Saint-Sylvestre
possède pourtant un certain charme. Celui de ces petites bandes
horrifiques réalisées dans les eighties, pompant sans vergognes
certains classiques du genre (l'une des jeunes femmes se transformant
en créature démoniaque ressemble en effet sensiblement à celles du
Evil Dead
de Sam Raimi). C'est donc la fibre nostalgique qui prévaudra car les
petits jeunes risquent d'être décontenancés en raison d'un rythme
qui oscille entre menues fulgurances et électroencéphalogramme
plat ! Un piètre Norman J. Warren pour ce que le concept peut
avoir de sens chez un cinéaste dont le cinéma n'a de toute manière
jamais réellement brillé pour ses qualités artistiques...
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