C'est en parcourant la
toile à la recherche d'un film de zombies inédit que je suis tombé
tout à fait par hasard sur The Dead
des frères Howard et Jonathan Ford. Un long-métrage qui a la
particularité, et peut-être le courage même, de s'écarter de cette tendance un
peu trop courante consistant à mettre en scène non plus des
cadavres extraits de leur tombe, mais des femmes et des hommes bien
vivants, mais victimes d'un virus. Une approche différente d'un
sujet quasiment identique qui, traité avec plus ou moins de sérieux
et de moyens, a parfois tendance à faire davantage sourire
qu'effrayer. C'est donc en voulant drastiquement m'éloigner de ce
sous-genre quelque peu ridicule (lorsqu'il n'est pas, à intervalles
réguliers, mis en lumière de manière efficace : 28
Semaines Plus Tard de
Juan Carlos Fresnadillo ) que je suis tombé sur l’œuvre des
réalisateurs ET scénaristes qui en étaient là à leur quatrième
long-métrage. Outre le fait que Howard
et Jonathan Ford aient choisit de faire évoluer des morts-vivants et
non pas des infectés, la grande force de The
Dead
est de situer son action non pas sur le territoire américain, mais
en Afrique de l'Ouest.
C'est
ainsi donc qu'en dehors du héros incarné par l'acteur américain
Rob Freeman et les quelques soldats représentants les forces
américaines installées sur place, le film est autrement interprété
par une légion de second-rôles issus de la communauté
ouest-africaine puisque le tournage a eu lieu sur place, sur les
territoires du Burkina Faso et du Ghana. Il a donc fallut transporter
toute l'équipe technique sur place, ainsi qu'une partie des
interprètes originaire des États-Unis. A noter que le tournage fut
particulièrement rude et pris un retard de plusieurs semaines. Rob
Freeman faillit d'ailleurs y perdre la vie en contractant le
paludisme, sauvé de justesse par une injection en intraveineuse.
En
déplaçant leur intrigue en Afrique de l'Ouest, les frères Ford
exposent leurs héros à une aventure qui fait autant référence au
cinéma de George Romero (Dawn of the Dead)
et Lucio Fulci (L'Enfer des Zombies)
pour la lenteur de leurs zombies, qu'à la légende vaudou, qui n'est autre qu'une
religion originaire de l'ancien Royaume du Dahomey, situé en Afrique
de l'Ouest justement. Un retour aux sources filmé dans un cadre
remarquablement dépaysant, loin du bitume et des grands ensembles.
Ici, c'est le sable, les habitations rudimentaires et la chaleur qui
dominent dans un paysage qui contrairement à ce que l'on aurait pu
supposer, n'expose jamais la moindre tyrannie politico-militaire mais
fait de son armée locale, une aide précieuse pour les rares
survivants des villages attaqués par des vagues sans cesse
grandissantes de morts-vivants. Quant aux origines du mal, elles
restent assez vagues, pour ne pas dire totalement absentes du sujet.
Ici, les deux frères évitent donc en premier lieu de faire la
critique de l'armée en place et n'invoquent pas spécifiquement le
lien fraternel entre un blanc et un noir tentant de s'en sortir. Il
s'agit plutôt d'un road
movie
caniculaire mettant en scène deux hommes dont la différence de
couleur n'a en réalité pas la moindre importance. La seule
représentation du Mal est celle incarnée par des morts qui ne
cessent d’apparaître à l'écran, ne laissant pratiquement aucun
répit aux personnages.
Si
l'on est très loin encore des expériences offertes des décennies
auparavant par George Romero, Lucio Fulci et quelques autres, The
Dead
n'en est pour autant pas un film mineur. Si l'action y est
omniprésente, elle n'y est cependant pas envahissante. Les occasions
d'y contempler la désolation de terres abandonnées par toute trace
d'humanité ne sont pas rares. Le film souffre cependant d'un rythme
parfois assez lent qui peut se révéler gênant à force de
répétitivité. Quant aux amateurs de scènes d'horreur, ils en
seront parfois pour leurs frais puisqu'en la matière, le film fait
souvent preuve d'avarice. Quelques courts passages permettent tout de
même d'y épancher sa soif pour le genre (un cadavre écrasé sous
les roues d'une voiture). Au final, The Dead est
une bonne surprise qui change des habitudes en matière de films de
zombies. A savoir que trois ans plus tard les frères Ford ont remis
le couverts avec une suite intitulée The Dead
2 : India
se déroulant cette fois-ci en Inde...
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