Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


lundi 24 mars 2025

L'histoire de Souleymane de Boris Lojkine (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 




Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à surveiller le train de vie de son voisin. Je m'étais promis de ne surtout pas me laisser attirer par L'histoire de Souleymane. Cristallisant comme je le pensais tout d'abord mes crispations en terme de ''boboïsme'' et d'idéologie gauchisante. La bonne parole contre laquelle on ne peut rien dire sans être taxé de fascisme et de xénophobie. Le cinéphile qui est en moi s'efforce de toujours demeurer objectif même si des a priori viennent souvent m’interdire de m'imposer des œuvres à l'opportunisme crasse. Ce dont fait peut-être ou sûrement partie L'histoire de Souleymane, justement. Avec ironie, j'évoquais la vision prochaine du nouveau long-métrage du réalisateur et scénariste français Boris Lojkine. Imaginant une œuvre traînant derrière elle son contingent de clichés sur la population française. La blanche, celle qui est raciste et vote Marine Le Pen à chaque élection ! Et d'une certaine manière, le long-métrage diffuse parfois le message d'une France rance qui oublie le passé et se concentre sur sa propre existence sans jamais se soucier de ce que vivent d'autres, loin d'ici et loin de nos frontières. Un restaurateur xénophobe, une cliente d'un service Uber méprisante et une poignée de flics moqueurs, voire... chafouins ! L'aide, elle, est du côté des minorités, originaires de l'Afrique du Nord, du Maghreb, ainsi semblons-nous devoir concevoir ces quelques personnages très secondaires qui généreusement offrent un thé ou tout autre réconfort à notre héros. Pourtant, le cinéaste semble vouloir rester dans les clous de la vraisemblance. Pas ceux de l'ultra-gauche mais plutôt des faits authentiques qui touchent les premières victimes des vagues migratoires : les clandestins eux-mêmes. Une vision qui dans la balance entre ceux qui jugent d'emblée le long-métrage de message pro-migrants et ceux qui factuellement combattent à leurs côtés sans jamais les avoir côtoyé, demeure au final plutôt équilibré. En ce sens, L'histoire de Souleymane s'adresse donc à tout le monde et pas seulement à celles et ceux qui applaudissent à tout rompre tout ce qui leur permet de justifier l'unilatéralité de leur discours et le rejet de l'Opposition ! Chassant la perspective de suivre les aventures d'un personnage incarné par un ancien OQTP qui n'avait pas droit de résider sur notre territoire, c'est donc l'esprit vide de toute tentative d'amorcer toute critique négative vis à vis de L'histoire de Souleymane que je me suis lancé dans sa projection.


Dans le rôle de Souleymane, le guinéen Abou Sangaré, désormais propulsé au rang d'acteur alors même qu'il s'agit là de sa toute première apparition sur grand écran. Mécanicien de métier, il arrive illégalement dans notre pays en 2017 alors qu'il n'a que 16 ans. Longtemps visé par une Obligation de Quitter le Territoire Français, Abou Sangaré obtient finalement et après le tournage du film, un titre de séjour le 8 janvier 2025. Affichant son portrait à l'écran, le réalisateur concentrera la totalité des images autour de Souleymane durant les quarante-huit heures précédant l'entrevue que lui accordera un employé de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides également connu sous l'acronyme d'OFPRA. Calmant les éventuelles ardeurs de ceux qui pourraient juger le film comme étant parfois à charge contre le peuple français, Boris Lojkine n'est pas tendre avec certains individus eux-mêmes originaires d'Afrique et qui depuis se sont légalement implantés sur notre territoire. L'on découvre notamment que l'entraide entre personnes de même origine a un coût. Rien n'est gratuit et si Souleymane peut compter sur le ''soutien'' de Barry (Alpha Oumar Sow), l'un des responsables d'une association d'aide aux réfugiés, il va falloir que notre héros mette la main à la patte en travaillant illégalement et en lui reversant une partie importante de son maigre salaire. Filmé caméra à l'épaule, L'histoire de Souleymane évite toute forme de misérabilisme et de moralisation. Le réalisateur ne juge personne et fait le constat d'une situation qui tend à se répéter chez nous même si parfois les images reléguées dans les médias prophétisent l'anéantissement de notre culture par une succession de vagues migratoires. Très vite l'on est happé par le ton du film, entre drame et thriller social dans lequel, quoi qu'on en pense, quoi qu'on en dise, Abou Sangaré est impérial ! Touchant, et même parfois bouleversant, L'histoire de Souleymane est une entrée en matière dans le sujet à polémique tournant autour de l'immigration qui parvient à faire réfléchir plutôt qu'à faire bondir sur nos chaises à force d'être encensé par des bobos qui voient moins l’œuvre à travers ses qualités narratives que pour l'intérêt (politique) qu'ils pourraient personnellement en tirer. Bref, si l'on peut tout de même conserver des a priori concernant le Prix d'interprétation masculine offert à l'acteur principal au dernier festival de Cannes, L'histoire de Souleymane est une brillante réussite...

 

2 commentaires:

  1. Abstraction faite de la critique positive que vous faites de ce film, je m'interroge à propos de ces premières phrases:
    "Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à surveiller le train de vie de son voisin. "
    Si je souscris à la suite de "si seulement..." parce que cela soulagerait beaucoup de tensions sociales, la phrase précédente me laisse songeur: les difficultés surgissant de l'arrivée durant de nombreuses années de plusieurs centaines de milliers d'individus de faible qualification professionnelle et de culture étrangère dont les divergences sont majeures avec les moeurs et repères culturels d'arrivée provoquera de multiples déportements intérieurs du fait des dissonances et difficultés vécues. Les individus les vivront comme un déracinement humain (et c'est bien compréhensible!) et comme autant de rappels à s'accrocher à leurs racines anthropologiques et aux structures englobantes (tribales/communautaires) qui leur sont familières. Alors si l'évolution des choses est cohérente, ce ne sont pas quelques politiques sociales (notamment en faveur de tous ces nouveaux petits esclaves de boulots de services) qui changeraient la donne face au levier de la masse: "en important l'Afrique, on devient l'Afrique".

    RépondreSupprimer
  2. "Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à surveiller le train de vie de son voisin. "
    Si je souscris à la suite de "si seulement..." parce que cela soulagerait beaucoup de tensions sociales, la phrase précédente me laisse songeur: les difficultés surgissant de l'arrivée durant de nombreuses années de plusieurs centaines de milliers d'individus de faible qualification professionnelle et de culture étrangère dont les divergences sont majeures avec les moeurs et repères culturels d'arrivée provoquera de multiples déportements intérieurs du fait des dissonances et difficultés vécues. Les individus les vivront comme un déracinement humain (et c'est bien compréhensible!) et comme autant de rappels à s'accrocher à leurs racines anthropologiques et aux structures englobantes (tribales/communautaires) qui leur sont familières. Alors si l'évolution des choses est cohérente, ce ne sont pas quelques politiques sociales (notamment en faveur de tous ces nouveaux petits esclaves de boulots de services) qui changeraient la donne face au levier de la masse: "en important l'Afrique, on devient l'Afrique".

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...