Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des
étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous
nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos
pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en
abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à
surveiller le train de vie de son voisin. Je m'étais promis de ne
surtout pas me laisser attirer par L'histoire de Souleymane.
Cristallisant comme je le pensais tout d'abord mes crispations en
terme de ''boboïsme''
et d'idéologie gauchisante. La bonne parole contre laquelle on ne
peut rien dire sans être taxé de fascisme et de xénophobie. Le
cinéphile qui est en moi s'efforce de toujours demeurer objectif
même si des a priori viennent souvent m’interdire de m'imposer des
œuvres à l'opportunisme crasse. Ce dont fait peut-être ou sûrement
partie L'histoire de Souleymane,
justement. Avec ironie, j'évoquais la vision prochaine du nouveau
long-métrage du réalisateur et scénariste français Boris Lojkine.
Imaginant une œuvre traînant derrière elle son contingent de
clichés sur la population française. La blanche, celle qui est
raciste et vote Marine Le Pen à chaque élection ! Et d'une
certaine manière, le long-métrage diffuse parfois le message d'une
France rance qui oublie le passé et se concentre sur sa propre
existence sans jamais se soucier de ce que vivent d'autres, loin
d'ici et loin de nos frontières. Un restaurateur xénophobe, une
cliente d'un service Uber méprisante et une poignée de flics
moqueurs, voire... chafouins ! L'aide, elle, est du côté des
minorités, originaires de l'Afrique du Nord, du Maghreb, ainsi
semblons-nous devoir concevoir ces quelques personnages très
secondaires qui généreusement offrent un thé ou tout autre
réconfort à notre héros. Pourtant, le cinéaste semble vouloir
rester dans les clous de la vraisemblance. Pas ceux de l'ultra-gauche
mais plutôt des faits authentiques qui touchent les premières
victimes des vagues migratoires : les clandestins eux-mêmes.
Une vision qui dans la balance entre ceux qui jugent d'emblée le
long-métrage de message pro-migrants et ceux qui factuellement
combattent à leurs côtés sans jamais les avoir côtoyé, demeure
au final plutôt équilibré. En ce sens, L'histoire
de Souleymane s'adresse
donc à tout le monde et pas seulement à celles et ceux qui
applaudissent à tout rompre tout ce qui leur permet de justifier
l'unilatéralité de leur discours et le rejet de l'Opposition !
Chassant la perspective de suivre les aventures d'un personnage
incarné par un ancien OQTP
qui n'avait pas droit de résider sur notre territoire, c'est donc
l'esprit vide de toute tentative d'amorcer toute critique négative
vis à vis de L'histoire de Souleymane
que je me suis lancé dans sa projection.
Dans
le rôle de Souleymane, le guinéen Abou Sangaré, désormais
propulsé au rang d'acteur alors même qu'il s'agit là de sa toute
première apparition sur grand écran. Mécanicien de métier, il
arrive illégalement dans notre pays en 2017 alors qu'il n'a que 16
ans. Longtemps visé par une Obligation
de Quitter le Territoire Français,
Abou Sangaré obtient finalement et après le tournage du film, un
titre de séjour le 8 janvier 2025. Affichant son portrait à
l'écran, le réalisateur concentrera la totalité des images autour
de Souleymane durant les quarante-huit heures précédant l'entrevue
que lui accordera un employé de l'Office
français de protection des réfugiés et apatrides
également connu sous l'acronyme d'OFPRA.
Calmant les éventuelles ardeurs de ceux qui pourraient juger le film
comme étant parfois à charge contre le peuple français, Boris
Lojkine n'est pas tendre avec certains individus eux-mêmes
originaires d'Afrique et qui depuis se sont légalement implantés
sur notre territoire. L'on découvre notamment que l'entraide entre
personnes de même origine a un coût. Rien n'est gratuit et si
Souleymane peut compter sur le ''soutien'' de Barry (Alpha Oumar
Sow), l'un des responsables d'une association d'aide aux réfugiés,
il va falloir que notre héros mette la main à la patte en
travaillant illégalement et en lui reversant une partie importante
de son maigre salaire. Filmé caméra à l'épaule, L'histoire
de Souleymane évite
toute forme de misérabilisme et de moralisation. Le réalisateur ne
juge personne et fait le constat d'une situation qui tend à se
répéter chez nous même si parfois les images reléguées dans les
médias prophétisent l'anéantissement de notre culture par une
succession de vagues migratoires. Très vite l'on est happé par le
ton du film, entre drame et thriller social dans lequel, quoi qu'on
en pense, quoi qu'on en dise, Abou Sangaré est impérial !
Touchant, et même parfois bouleversant, L'histoire
de Souleymane
est une entrée en matière dans le sujet à polémique tournant
autour de l'immigration qui parvient à faire réfléchir plutôt
qu'à faire bondir sur nos chaises à force d'être encensé par des
bobos qui voient moins l’œuvre à travers ses qualités narratives
que pour l'intérêt (politique) qu'ils pourraient personnellement en
tirer. Bref, si l'on peut tout de même conserver des a priori
concernant le Prix
d'interprétation masculine
offert à l'acteur principal au dernier festival de Cannes,
L'histoire de Souleymane
est une brillante réussite...
Abstraction faite de la critique positive que vous faites de ce film, je m'interroge à propos de ces premières phrases:
RépondreSupprimer"Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à surveiller le train de vie de son voisin. "
Si je souscris à la suite de "si seulement..." parce que cela soulagerait beaucoup de tensions sociales, la phrase précédente me laisse songeur: les difficultés surgissant de l'arrivée durant de nombreuses années de plusieurs centaines de milliers d'individus de faible qualification professionnelle et de culture étrangère dont les divergences sont majeures avec les moeurs et repères culturels d'arrivée provoquera de multiples déportements intérieurs du fait des dissonances et difficultés vécues. Les individus les vivront comme un déracinement humain (et c'est bien compréhensible!) et comme autant de rappels à s'accrocher à leurs racines anthropologiques et aux structures englobantes (tribales/communautaires) qui leur sont familières. Alors si l'évolution des choses est cohérente, ce ne sont pas quelques politiques sociales (notamment en faveur de tous ces nouveaux petits esclaves de boulots de services) qui changeraient la donne face au levier de la masse: "en important l'Afrique, on devient l'Afrique".
"Dans un monde idyllique, dans une France idéale, l'accueil des étrangers ne serait en soit, pas un problème. Si seulement nous nous étions tout d'abord donné la peine de nous occuper de nos pauvres et si les structures et l'argent étaient suffisamment en abondance pour que tout le monde vive librement sans avoir à surveiller le train de vie de son voisin. "
RépondreSupprimerSi je souscris à la suite de "si seulement..." parce que cela soulagerait beaucoup de tensions sociales, la phrase précédente me laisse songeur: les difficultés surgissant de l'arrivée durant de nombreuses années de plusieurs centaines de milliers d'individus de faible qualification professionnelle et de culture étrangère dont les divergences sont majeures avec les moeurs et repères culturels d'arrivée provoquera de multiples déportements intérieurs du fait des dissonances et difficultés vécues. Les individus les vivront comme un déracinement humain (et c'est bien compréhensible!) et comme autant de rappels à s'accrocher à leurs racines anthropologiques et aux structures englobantes (tribales/communautaires) qui leur sont familières. Alors si l'évolution des choses est cohérente, ce ne sont pas quelques politiques sociales (notamment en faveur de tous ces nouveaux petits esclaves de boulots de services) qui changeraient la donne face au levier de la masse: "en important l'Afrique, on devient l'Afrique".