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mardi 25 mars 2025

Matango de Ishirō Honda (1963) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Pour commencer, revenons sur la signification du terme Matango. Après moult recherches ne m'ayant pas pris plus d'une poignée de secondes, j'ai mis la main sur deux définitions. La première se réfère à un vin traditionnel originaire du Cameroun réputé pour ses bienfaits ! Rien à voir donc avec le sujet de cet article. La seconde provient quant à elle d'une phrase espagnole (Matango Designa a Alguien que ha Perdido su Humanidad) indiquant un fois traduite dans notre langue que le Matango désigne quelqu'un qui a perdu son humanité. Et là, l'on sait déjà mieux où se situe le récit du long-métrage réalisé par le cinéaste japonais Ishirō Honda qui jusque là nous avait surtout habitués à des œuvres mettant en scène des créatures de type Kaijū provenant typiquement du Pays du Soleil levant. Pour autant, l'île où se retrouveront les sept naufragés d'un plaisancier partiellement détruit après avoir essuyé une tempête n'abritera aucune des célèbres et gigantesques créatures de la maison de production du cinéma japonais, Toho. Alors que certains en sont sans doute encore à se demander si les étranges humanoïdes vivant à la surface de l'île de Matango ont inspiré Neil Druckmann et Craig Mazin pour leur série télévisée The Last of Us (elle-même inspirée par le jeu éponyme sorti sur Playstation 3 et conçu par les créateurs de la société de développement de jeux vidéo de Naughty Dog), la principale question est de savoir ce qui a pu passer par la tête du scénariste Takeshi Kimura d'adapter pour le grand écran la nouvelle du romancier britannique William Hope Hodgson, The Voice in the Night. Au cœur du sujet de celle-ci, un homme et une femme se retrouvaient exilés sur un lagon, y découvraient un navire échoué envahi par des champignons. L'auteur de la nouvelle accordait alors un triste sort à ses deux personnages qui avaient eu le malheur de goûter aux champignons en question. Dans Matango, les protagonistes sont donc au nombre de sept. Et si la séquence d'ouverture présentant celui qui demeurera comme le seul survivant de cette stupéfiante et effroyable aventure est différente, les points communs entre la nouvelle et son adaptation au cinéma sont multiples. Yoshio Tsuchiya incarne le rôle de Masafumi Kasai, le propriétaire de l'embarcation et donc, son commandant. Ce dernier est également le patron de Senzō Koyama qu'interprète de son côté Kenji Sahara. À bord du plaisancier l'on trouve également la chanteuse Mami Sekiguchi (Kumi Mizuno), fiancée du commandant de bord, Kenji Murai (Akira Kubo), professeur au laboratoire de psychologie situé à l'université de Joto, Naoyuki Sakuda (Hiroshi Kozumi), lequel est à la barre de l'embarcation, ainsi que l'écrivain Etsurō Yoshida (Hiroshi Tachikawa) et la fiancée de Kenjo Murai, Akiko Sōma (Miki Yashiro).


Parmi ce petit monde, certaines personnalités vont se révéler. Déchu de son titre de commandant par certains depuis que son embarcation est devenue inutilisable, Masafumi Kasai doit faire face à un semblant de mutinerie parmi les passagers qui pour certains ont déjà des vues sur sa superbe partenaire Mami quant il ne s'agit pas plus simplement d'avoir des réserves quant au comportement à avoir vis à vis des rations (miraculeusement) découvertes sur place, à bord d'un navire. Lieu parfaitement stratégique du récit qui concentre toutes les rancœurs des personnages alors même qu'il s'agit sans doute du seul lieu capable de véritablement protéger le groupe. En effet, lors de leurs diverses explorations de l'île, les uns et les autres auront le loisir de découvrir que contrairement à leur première impression, ils ne sont pas seuls... Comme cela était très courant à l'époque dans le cinéma japonais, le sujet du nucléaire et donc de la responsabilités des États-Unis est très clairement établi. Une fois dépassée la critique, le film plonge ses protagonistes dans un lieu exotique prenant pour cadre l'île volcanique d'Izu ō-shima située dans l'archipel d'Izu lui-même positionné à environ cent-vingt kilomètres de Tokyo ainsi que celle d'Hachijō-jima qui elle est distante de la capitale japonaise de deux-cent quatre-vingt six kilomètres. Le film de Ishirō Honda bénéficie de décors et d'effets-spéciaux particulièrement remarquables. À commencer par l'île, perpétuellement plongée sous la brume et sous une flore luxuriante. Mais aussi et surtout le navire échoué sur la plage. Une impressionnante ''carcasse'' investie par la rouille et où prolifèrent les champignons. Ceux qui donnent justement le titre au film et que les personnages découvrent à travers le livre de bord de l'ancien capitaine du navire qu'il s'agirait d'une espèce nouvelle et endémique propre à l'ïle. Des champignons qui une fois consommés modifient le comportement de ceux qui se sont risqués à les déguster. Un moindre mal en comparaison des effets secondaires physiologiques imputés à leur consommation. Bien que Matango a parfois l'inconvénient de tourner en rond, surtout lors des échanges entre les divers protagonistes, leur rencontre avec la flore et la faune de l’île a quelque chose de merveilleusement angoissant. Une pérégrinations en terre inconnue où le moindre contact avec les différents types d'eumycètes présents sur l'île peut être synonyme de mort. Mention spéciale pour les créatures du film, qui évoquent plus ou moins les fameux ophiocordyceps qui attaquent et parasitent notamment les insectes mais présentés ici dans des proportions bien plus alarmantes...

 

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