Pour commencer, revenons
sur la signification du terme Matango. Après moult recherches
ne m'ayant pas pris plus d'une poignée de secondes, j'ai mis la main
sur deux définitions. La première se réfère à un vin
traditionnel originaire du Cameroun réputé pour ses bienfaits !
Rien à voir donc avec le sujet de cet article. La seconde provient
quant à elle d'une phrase espagnole (Matango Designa a Alguien que
ha Perdido su Humanidad) indiquant un fois traduite dans notre langue
que le Matango désigne quelqu'un qui a perdu son humanité.
Et là, l'on sait déjà mieux où se situe le récit du long-métrage
réalisé par le cinéaste japonais Ishirō Honda qui jusque là nous
avait surtout habitués à des œuvres mettant en scène des
créatures de type Kaijū provenant typiquement du Pays du Soleil
levant. Pour autant, l'île où se retrouveront les sept naufragés
d'un plaisancier partiellement détruit après avoir essuyé une
tempête n'abritera aucune des célèbres et gigantesques créatures
de la maison de production du cinéma japonais, Toho. Alors
que certains en sont sans doute encore à se demander si les étranges
humanoïdes vivant à la surface de l'île de Matango ont inspiré
Neil Druckmann et Craig Mazin pour leur série télévisée The
Last of Us (elle-même inspirée par le jeu éponyme sorti
sur Playstation 3 et conçu par les créateurs de la société
de développement de jeux vidéo de Naughty Dog), la principale
question est de savoir ce qui a pu passer par la tête du scénariste
Takeshi Kimura d'adapter pour le grand écran la nouvelle du
romancier britannique William Hope Hodgson, The Voice in the
Night. Au cœur du sujet de celle-ci, un homme et une femme se
retrouvaient exilés sur un lagon, y découvraient un navire échoué
envahi par des champignons. L'auteur de la nouvelle accordait alors
un triste sort à ses deux personnages qui avaient eu le malheur de
goûter aux champignons en question. Dans Matango,
les protagonistes sont donc au nombre de sept. Et si la séquence
d'ouverture présentant celui qui demeurera comme le seul survivant
de cette stupéfiante et effroyable aventure est différente, les
points communs entre la nouvelle et son adaptation au cinéma sont
multiples. Yoshio Tsuchiya incarne le rôle de Masafumi Kasai, le
propriétaire de l'embarcation et donc, son commandant. Ce dernier
est également le patron de Senzō Koyama qu'interprète de son côté
Kenji Sahara. À bord du plaisancier l'on trouve également la
chanteuse Mami Sekiguchi (Kumi Mizuno), fiancée du commandant de
bord, Kenji Murai (Akira Kubo), professeur au laboratoire de
psychologie situé à l'université de Joto, Naoyuki Sakuda (Hiroshi
Kozumi), lequel est à la barre de l'embarcation, ainsi que
l'écrivain Etsurō Yoshida (Hiroshi Tachikawa) et la fiancée de
Kenjo Murai, Akiko Sōma (Miki Yashiro).
Parmi ce petit monde,
certaines personnalités vont se révéler. Déchu de son titre de
commandant par certains depuis que son embarcation est devenue
inutilisable, Masafumi Kasai doit faire face à un semblant de
mutinerie parmi les passagers qui pour certains ont déjà des vues
sur sa superbe partenaire Mami quant il ne s'agit pas plus simplement
d'avoir des réserves quant au comportement à avoir vis à vis des
rations (miraculeusement) découvertes sur place, à bord d'un
navire. Lieu parfaitement stratégique du récit qui concentre toutes
les rancœurs des personnages alors même qu'il s'agit sans doute du
seul lieu capable de véritablement protéger le groupe. En effet,
lors de leurs diverses explorations de l'île, les uns et les autres
auront le loisir de découvrir que contrairement à leur première
impression, ils ne sont pas seuls... Comme cela était très courant
à l'époque dans le cinéma japonais, le sujet du nucléaire et donc
de la responsabilités des États-Unis est très clairement établi.
Une fois dépassée la critique, le film plonge ses protagonistes
dans un lieu exotique prenant pour cadre l'île volcanique d'Izu
ō-shima située dans l'archipel d'Izu lui-même positionné à
environ cent-vingt kilomètres de Tokyo ainsi que celle
d'Hachijō-jima qui elle est distante de la capitale japonaise de
deux-cent quatre-vingt six kilomètres. Le film de Ishirō Honda
bénéficie de décors et d'effets-spéciaux particulièrement
remarquables. À commencer par l'île, perpétuellement plongée sous
la brume et sous une flore luxuriante. Mais aussi et surtout le
navire échoué sur la plage. Une impressionnante ''carcasse''
investie par la rouille et où prolifèrent les champignons. Ceux qui
donnent justement le titre au film et que les personnages découvrent
à travers le livre de bord de l'ancien capitaine du navire qu'il
s'agirait d'une espèce nouvelle et endémique propre à l'ïle. Des
champignons qui une fois consommés modifient le comportement de ceux
qui se sont risqués à les déguster. Un moindre mal en comparaison
des effets secondaires physiologiques imputés à leur consommation.
Bien que Matango a parfois l'inconvénient de tourner
en rond, surtout lors des échanges entre les divers protagonistes,
leur rencontre avec la flore et la faune de l’île a quelque chose
de merveilleusement angoissant. Une pérégrinations en terre
inconnue où le moindre contact avec les différents types
d'eumycètes présents sur l'île peut être synonyme de mort.
Mention spéciale pour les créatures du film, qui évoquent plus ou
moins les fameux ophiocordyceps qui attaquent et parasitent
notamment les insectes mais présentés ici dans des proportions bien
plus alarmantes...
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