Disponible depuis le 15
novembre sur Netflix, le
dernier long-métrage du cinéaste indonésien Timo Tjahjanto Sebelum
Iblis Menjemput
est le second qu'il réalise en solo après le très sanglant ersatz
de The Raid,
The Night Comes for Us
signé l'année passée et trois longs-métrages réalisés en
collaboration avec son compatriote Kimo Stamboel. Une fois encore,
Timo Tjahjanto signe avec Sebelum Iblis
Menjemput,
un film de genre. Cette fois-ci, le cinéaste abandonne le thriller
pour se pencher sur l'horreur, un peu à la manière de son Rumah
Dara
(Macabre) de 2009, mais surtout proche du classique de Sam Raimi Evil
Dead.
Tout rappelle indéniablement la pellicule ultra inventive et gore du
cinéaste américain. L’œuvre de l'indonésien s'ouvre sur un
pré-générique évoquant un pacte passé entre un certain Lesmana
et une prêtresse, concubine du Diable. Le générique quant à lui
détaille l'existence de ce même Lesmana qui après avoir offert son
âme au Diable est devenu immensément riche, a été marié à deux
reprises, à créé des entreprises florissantes, avant de connaître
la déchéance.
Lorsque
le générique prend fin, nous découvrons les personnages centraux
du récit. Tout d'abord, Alfie, incarnée par l'actrice Chelsea
Islan. Une entrée en matière poisseuse, dans un métro bondé, les
visages luisants d'indonésiens « zombifiés »,
écrasés par une pesante canicule faisant perdre la tête à
certains (l'un d'entre eux ne profite-t-il pas en effet de l’exiguïté
des lieux pour tripoter l'héroïne?). Puis Alfie apprend que son
père (qu'elle déteste pour les avoir abandonnées, elle et sa mère)
est à l’hôpital, atteint d'un mal obscure. C'est là qu'elle
retrouve sa belle-sœur Maya (les deux femmes se détestent
copieusement), ainsi que son beau-frère Ruben (Samo Rafael) avec
lequel elle entretenait jusque là des rapports à peu près
corrects. Dix ans après avoir disparu, Elfie apprend que son
horrible belle-mère Laksmi veut vendre la demeure familiale
appartenant au père d'Elfie, Lesmana. Se rendant sur les lieux
délabrés de son enfance, elle est bientôt rejointe par la
belle-famille (à laquelle nous pouvons ajouter la jeune Nara, fille
de Maya). La demeure familiale sera le théâtre d'événements
terrifiants ayant un proche rapport avec le pacte que passa longtemps
auparavant le père d'Elfie...
Si
l'on veut demeurer très objectif, il faut reconnaître à Sebelum
Iblis Menjemput
une volonté de réussir là où beaucoup de longs-métrage actuels
manquent le coche. Renouveler l'horreur et l'épouvante tout en
s'inspirant d'oeuvre passées. Et dans le genre, le film de
l'indonésien y parvient. Partiellement... l'une des différences
fondamentales entre le long-métrage de Timo Tjahjanto et celui de
Sam Raimi se situe dans leur durée respective. Alors que Evil
Dead
faisait preuve d'un rythme donnant un très bénéfique tournis,
certaines séquences de Sebelum Iblis Menjemput
ont parfois tendance à durer des plombes. Une heure et cinquante
minutes sont sans doute un peu trop pour que le film dégage
une énergie aussi salvatrice que le film dont il s'inspire très
clairement. Ce qui ne l'empêche pas d'offrir quelques moments
d'anthologie graphiquement superbes. Et l'on ne parle pas uniquement
des quelques effets gore réussis (Lesmana tentant d'arracher les
cheveux qui l'étouffent sur son lit d’hôpital, ou Maya
s'arrachant littéralement le visage pour exposer celui de la
prêtresse) mais de l'esthétique générale du long-métrage. De
bien belles couleurs et des tableaux parfois saisissants se mêlant à
des séquences crépusculaires plutôt bien fichues. Il n'empêche
que parfois il arrive que l'on baille devant l'attentisme de certains
passages abordés de manière peut-être un peu trop théâtrale.
Comme l'interprétation de karina Suwandhi qui incarne Laksmi. Un
film qui fait parfois davantage sourire que frémir. La tentative de
l'indonésien n'est cependant pas dénuée d'intérêt et demeure une
excellente alternative au cinéma d'outre-atlantique...
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