N'ayant jamais été fan
du premier Halloween
pour lequel la plupart de ceux qui l'ont découvert à l'époque ou
bien plus tard s'accordent à dire qu'il s'agit d'un classique du
slasher et du film d'horreur tout court, j'ai bien failli passer à
côté de ce qui désormais semble être la suite officielle du film
sorti en 1978 sur les écrans. Intouchable, intemporel, culte. Mais
combien pour dire que l'original est ennuyeux ? Dénué de
scénario ? Et au final, tout sauf effrayant ? Pas grand
monde, hein ? Parce qu'il faut être culotté pour oser
s'attaquer à l'un des premiers films du genre, même s'il n'a pas
été le tout premier à voir le jour. Même si l'immense cinéaste
qui est derrière la chose se nomme John Carpenter. Et puis, Rob
Zombie est tombé dans la marmite en 2007 et deux ans plus tard en
signant un excellent remake (Halloween)
et une séquelle profondément navrante. Mais c'est bien l’œuvre
signée par le leader du groupe White
Zombie
et non pas celle de John Carpenter qui m'a donné envie de voir la
suite désormais officielle du Halloween
de 1978. Et pour le coup, la surprise fut plutôt bonne.
2018
signe le grand retour de Jamie Lee Curtis dans le rôle de Laurie
Strode. Quarante ans après les événements de 1978, la star a bien
vieilli. Le visage marqué par ce que son personnage a enduré quatre
décennies plus tôt, Laurie est désormais prête à en finir avec
celui qui la hante depuis toujours. Mère et grand-mère, alcoolique
notoire, divorcée et vivant en un lieu isolé bâtit pour se
préserver du retour éventuel de l'un des plus célèbres boogeymen
de l'histoire du cinéma, Laurie est donc bien l'héroïne de cet
ultime (?) épisode produit par Malek Akkad, Jason Blum et Bill Block
ainsi que par John Carpenter et Jamie Lee Curtis eux-mêmes.
Tout
commence pourtant assez mal. Deux journalistes enquêtant sur la
personnalité de Michael Myers se voient offrir l'opportunité de le
rencontrer. Mais alors, on croit rêver devant une séquence absurde,
mélange de cirque Barnum et de la série de 1967, Le
Prisonnier,
de George Markstein et Patrick McGoohan. Une vision un peu décadente
du milieu psychiatrique où les fous sont enchaînés à même le
sol, dans une pièce ouverte sur le ciel, et dans une posture
abracadabrantesque ! Une ouverture un peu foireuse du mythe que
la suite parviendra à rattraper à travers ce qui demeure,
reconnaissons-le, comme l'un des slashers les plus réjouissants de
la décennie. Entre le charme des années soixante-dix et le
caractère brutal des années 2000. Beaucoup plus convainquant que
l'original, le Halloween signé
par David Gordon Green ménage d’excellentes séquences de
terreur, filmant de plain-pied le tueur masqué et ses victimes.
Michael Myers au grand jour, puis dans l'angoissante obscurité d'une
demeure dont l'éclairage est activé grâce à un détecteur de
mouvements. 1...2...3... soleil ! Le jeu est macabre, mais les
meurtres jouissifs. Bien moins crapoteux que chez certains de ses
confrères, mais leur nombre suffit à contenter l'amateur d'horreur
et d'épouvante.
Jamie
Lee Curtis y est brillante, psychologiquement fragile, physiquement
résistante, mais aussi émouvante (ses pleurs lors du dîner de
retrouvailles au restaurant sont véritablement convaincants). Le
cinéaste crée un réel climat d'angoisse. Les ombres et lumières
sont utilisées à juste titre et il n'est pas rare d'y éprouver une
certaine tension même lorsque les crimes tardent à être exécutés
par un Michael Myers charismatique (bravo pour la patine du masque le
rendant toujours plus vivant). Si David Gordon Green nous accorde
tout d'abord la vision d'un Michael Myers sans son masque, on aurait
sans doute aimé, tout comme ce psychopathe de docteur Ranbir
Sartain, l'entendre enfin ouvrir la bouche pour s'adresser à son
éternelle proie Laurie Strode. Maintenant que la boucle est bouclée,
reste à espérer que cette cuvée 2018 sera la dernière. Autant
rester sur cette excellente conclusion. A noter la présence au
générique de Nick Castle qui fut rien moins que la silhouette de
Michael Myers dans l’œuvre originale. J'en vois déjà certains
verser une larme d'émotion...
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