La carrière de Gaspar
Noé pourrait se résumer en une ligne partant d'un point A et se
dirigeant vers un point...X. De Enter the Void
à Love.
Du meilleur au pire et, en chemin, disséminé par ordre de
croissance selon les goûts de chacun, le reste de sa filmographie.
Ces deux là, chacun à leur façon, sont éreintants. Le premier
pour ses immenses qualités visuelles et narratives mais surtout,
pour son expérience sensitive hors du commun. Comme si son auteur
nous conviait alors à nous replonger une nouvelle fois dans le
ventre de notre génitrice, baignant dans le liquide amniotique tout
en nous nourrissant de son placenta. Le second, pour cette autre
forme de sidération qui n'a cette fois-ci plus rien de commun avec
celle de Enter the Void
duquel il aura fallut prendre du temps pour s'extraire de son univers
bien après que la projection fut achevée. Non, celle de Love
fut du genre désagréable. Film de cul concernant (consternant?) des
actes de pénétration non simulés, si l'on ne pouvait pas reprocher
au quatrième long-métrage de l'auteur de Irréversible
(et de sa récente Inversion
Intégrale)
d'être aussi minable que la purge signée de Virginie Despentes et
Coralie Trinh Thi et intitulée Baise-moi,
dans la catégorie porno-grand public, Love se
posait comme une œuvre moins excitante que n'importe quel film
érotique du dimanche soir sur M6,
n'importe quel porno des rayons X de nos feux vidéoclubs ou
n'importe quel cours d'éducation sexuelle. Pas aussi froid que la
mort mais dénué de toute émotion, ébranlant ainsi le fan du
réalisateur qui pour la première fois ratait le coche. Alors, finis
les Seul contre tous ?
Les Irréversible ?
Les Enter the Void ?
C'est à se demander si Gaspar Noé n'avait pas atteint là les
limites de son cinéma. Une œuvre qui eu tendance à évoluer avec
une telle fulgurance en matière de mise en scène qu'il n'a
peut-être désormais plus rien à nous dire...
Ce
que laissera d'ailleurs supposer plus tard le moyen (dans tous les
sens du terme) métrage Lux Æterna
dont les fondations ne tiennent que sur son aspect visuel et
certainement pas sur son écriture et sur l'interprétation de ses
deux principales interprètes (Béatrice Dalle et Charlotte
Gainsbourg). Climax,
ce fut un rêve. Celui d'un Enter the Void
en mode 2.0. une expérience forcément sensorielle elle aussi. Ce
qu'il fut d'ailleurs. Une heure et trente-cinq minutes environ
situant l'action dans un établissement, entre piste de danse,
couloirs glauques baignés d'une lumière verte, salles de bain,
chambres à coucher et local électrique ! Des danseurs réunis
pour une ultime répétition et dont les membres, qui après avoir
absorbé de la sangria à laquelle fut ajoutée une drogue (que l'on
suppose être du LSD),
vont littéralement péter les plombs. Techniquement, rien à redire.
Gaspar Noé fait le taff et offre entre une succession de
mini-séquences en forme d'entretiens, quelques plans-séquence qui
ont de la gueule. Une fois encore, le film souffre ici d'un manque
flagrant d'écriture. Mais ce qui pouvait être encore envisageable
par le passé (sauf concernant Love,
je le répète) finit de nous dérouter. Qui donc professait que l'on
sortait de l'expérience essorés fut un menteur. Tout au plus
avons-nous suivi jusqu'à leur triste sort, cette bande de danseurs
constituée d'homme et de femmes, de blancs et de noirs, d'hétéros,
d'homos et de bisexuels...
Au
départ, franchement, ça le fait. Non pas ces interviews qui servent
à peine à présenter des personnages qui de toute manière
demeureront insuffisamment caractérisés, mais plutôt
lorsqu'ensuite, Gaspar Noé ''se lance'' sur la piste, armé de sa
caméra, au dessus des danseurs qui s'agitent pour commencer sur le
titre culte du compositeur et musicien français Marc Cerrone,
Supernature.
Osez dire que vous n'avez pas immédiatement tapé du pied lorsque a
retentit le beat de ce fameux track disco ! L'une des richesses
de Climax,
c'est sa bande originale. Encore faut-il aimer la house, la techno ou
l'electro. Petite entorse à la règle, les Rolling Stones viendront
faire le ménage en fin de métrage avec leur très belle chanson
Angie. Mais d'ici là, on aura tout d'abord droit à tout un tas de
discussions sur le sexe, avec en toile de fond, tout de même, un
brin de religion et l'évocation de ce drapeau français dont la
présence dérangera très rapidement quelques danseurs avec ce que
cela peut supposer de discours. Puis tout dégénère finalement
assez vite. Chacun y va de son verre de sangria
''augmentée''.
On appréciera Gaspar Noé qui promène sa caméra dans tous les
recoins, jusqu'aux plus glauques, suivant tour à tour une partie des
personnages. Et le spectateur assiste alors à un déluge de cruauté.
De celles qui naissent notament de la meute. Tabassage en règle,
visage enflammé sous les rires d'une ''spectatrice'' en délire.
Soumission, viol... Si l'on est loin de la terrible séquence du
tunnel de Irréversible,
Gaspar Noé reprend certains principes comme lors de l'ouverture de
ce même film dans sa version d'origine de 2002 où sa caméra
tanguait alors qu'elle nous proposait une petite visite d'un club gay
particulièrement sordide ! Si Gaspar Noé s'impose une fois de
plus en virtuose de la caméra, on sort pourtant de l'expérience
avec une certaine indifférence. Du moins, l'expérience n'a
absolument rien de comparable avec celles des œuvres citées au
dessus (excepté pour.... enfin, vous avez compris). Un son énorme,
des teintes qui marquent des secteurs plus ou moins risqués
(excellente idée au demeurant) des beaux gosses et de jolies filles
mais au final, une grosse déception. Et même pas droit à un petit
verre de sangria durant la projection...
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