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mercredi 9 juin 2021

Adieu les cons d'Albert Dupontel (2020) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Le retour dans les salles obscures s'est faite en douceur... et en couple... accompagné de ma chère et tendre, ensemble nous nous sommes rendus en salle 8 du Mega CGR de Narbonne pour y découvrir le dernier long-métrage du français Albert Dupontel. Dont le passage en salle fut aussi peu anecdotique que la misère culturelle qui nous a accompagné durant plus d'un. Parmi les dix-sept longs-métrages à l'affiche cette semaine, il ne nous a pas fallut réfléchir bien longtemps avant d'opter pour le dernier bébé de l'un des réalisateurs français les plus remarquables de son époque. Albert Dupontel qui depuis le début de sa carrière au cinéma en tant qu'auteur et interprète n'a jamais cessé d'évoluer sans pour autant renier son style. Alors, bien sûr, Adieu les cons n'est pas aussi trash que son Bernie de 1996 même s'il perdure ça et là quelques bribes de visions bien dans l'esprit de cet humoriste, acteur, réalisateur et scénariste qui n'a jamais mâché ses mots. Avec Au revoir là-haut sorti en 2017, Albert Dupontel mettait un sacré coup d’accélérateur en tant que metteur en images et conteur avec ce que l'on pouvait (ou pas d'ailleurs) considérer comme sa meilleure réussite. Un avis que peuvent toujours partager certains d'entre nous mais qui de mon opinion personnelle n'est plus tout à fait vrai depuis la découverte du dernier film d'Albert Dupontel. Si Adieu les cons n'est peut-être pas d'une recherche esthétique aussi bluffante que celle de son précédent film, l'acteur-réalisateur y met tellement d'amour pour ses personnages et ses interprètes qu'en matière d'émotion, c'est peut-être bien avec ce dernier long-métrage qu'Albert Dupontel atteint la quintessence d'un projet qui n'a semble-t-il pas débuté en cette année 2020 mais bien en 1993 lorsqu'il réalisa le court-métrage Désiré.


Il y a dans l’œuvre d'Albert Dupontel une unité de ton qui a su progresser en même temps que l'artiste lui-même. Car si au moins ses deux derniers longs-métrages paraissent avoir objectivement atteint une certaine maturité, il n'en demeure pas moins que le cinéma d'Albert Dupontel a su conserver une certaine naïveté, quel que soient les messages ou l'enrobage avec lesquels ils furent mis en scène et interprétés. D'ailleurs, l'héroïne Suze Trappet qu'interprète l'excellente Virginie Efira avec beaucoup de justesse et d'émotion n'est-elle pas le pendant féminin de Bernie Noël, le héros éponyme du premier long-métrage d'Albert Dupontel... ? Ce dernier nous raconte une histoire simple, avec des mots simples et universels. Tout cruel qu'il puisse être parfois fasse à certaines injustices dont on pouvait craindre qu'il n'insiste un peu trop en ''tapant'' systématiquement sur notre police nationale (formidable séquence d'ouverture entre Virginie Efira et Bouli Lanners), Albert Dupontel nous parle d'amour et avant tout de cela. Quelle que soit sa forme d'ailleurs. Le titre lui-même cache beaucoup de significations, lesquelles sont décrites tout au long des rencontres que font notre héroïne et le réalisateur lui-même qui s'offre ici le rôle de Jean-Baptiste Cuchas.


Adieu les cons a tout pour plaire et plaira donc forcément à tout le monde. À celles et ceux qui vénèrent tout d'abord le Albert Dupontel culte de Bernie et son versant trash (le réalisateur saupoudre en effet son dernier long-métrage de quelques sages irrévérences) ainsi que le public des familles qui part au cinéma non pas seul ni en couple mais avec la marmaille. Car il y a de quoi rire mais aussi surtout, de quoi pleurer. Cette émotion vivace et... tenace qui persiste juste à l'évocation de certaines séquences. L'occasion d'évoquer la très belle partition musicale de Christophe Julien qui adhère parfaitement aux séquences les plus drôles ou les plus tragiques. Débordant de génie et d'un savoir-faire qui transpire à chaque plan, Albert Dupontel intègre certains de ses sujets en prenant comme option une méthode de filmage tout à fait originale. On pense notamment à cette magnifique et bouleversante séquence, pleine d'une tragique poésie, lors de laquelle l'héroïne est en voiture, accompagnée d'un archiviste aveugle (tout l'humour noir d'Albert Dupontel étant concentré dans cette seule évocation), lequel se souvient d'un quartier qu'il a bien connu en son temps et qui reflété sur le pare-brise, témoigne du changement et de l'écoulement du temps. Imparable ! À noter, d'ailleurs, l'excellente performance de l'acteur Nicolas Marié, aussi drôle, tendre et touchant dans le dit rôle de l'archiviste traumatisé par la police, Serge Blin. Tout comme celle de Jackie Berroyer auquel Albert Dupontel offre sans doute le rôle de sa carrière dans celui du Docteur Lint, un homme atteint de la maladie d'Alzheimer. Adieu les cons dresse le portrait de personnages parfois pittoresques et cependant si proches de nous. Plein de fantaisie, de répliques amusantes et de séquences réellement poignantes, Albert Dupontel, ses interprètes et Adieu les cons prouvent que le cinéma français n'a absolument pas perdu de son prestige. Loin de là....

 

vendredi 4 décembre 2020

Irréversible : Inversion Intégrale de Gaspar Noé (2020) - ★★★★★★★★★★

 


 

Dix-huit ans après le choc Irréversible, le réalisateur Gaspar Noé remonte son film dans une ''Inversion intégrale'', son œuvre la plus connue se déroulant désormais dans l'ordre chronologique. Dix-huit ans... le temps de la maturité pour un long-métrage qui en proposant un montage ''classique'' prend le risque de perdre un peu et même beaucoup de sa saveur et de son intérêt. Hué, sifflé, insulté lors de son passage au festival de Cannes en 2002, Irréversible a fait l'objet de polémiques et surtout d'une incompréhension de la part de certains critiques comme d'un certain public qui n'y voyaient qu'ultra violence, ce que le film proposait tout de même objectivement d'ailleurs, mais pas seulement. En remontant le récit à l'envers, il poussait à l'examen de chaque séquence faisant suite à la précédente. Une réflexion qui prend bien évidemment avec Irréversible : Inversion Intégrale, un sens bien différent. À titre d'exemple, il suffit seulement de reprendre la ''fameuse'' scène de viol qui suivait pratiquement une scène de meurtre déjà bien gratinée. Pas simplement pour sa violence et son réalisme mais parce qu'elle regroupait déjà l'essence même du concept, cette séquence demeure sans doute la pièce maîtresse du long-métrage. Non seulement parce qu'en 2002, elle nous présentait une Alex/Monica Bellucci que le montage à rebours avait empêché de caractériser (d'où une vision très légèrement moins abrupte voire choquante du viol que dans le nouveau montage), mais aussi parce que la dite séquence évoquait au beau milieu du film l'absurdité du meurtre vécu comme sur un bateau ivre en début de récit...


Découvrir désormais Monica Bellucci de face sur la nouvelle affiche n'est pas anodin


On ne reviendra évidemment pas sur l'exceptionnelle interprétation de Vincent Cassel/Marcus, représentation de la fougue et de la jeunesse à portée de main, d'Albert Dupontel/Pierre et ''la raison qui vacille'', mais sans doute plus encore de Monica Bellucci/Alex, la beauté faite femme, humiliée, déchirée, dans son corps et dans son âme. De ce point de vue là, le montage de Irréversible : Inversion Intégrale ne change en réalité pas grand chose. Mais en replaçant cette ''petite chose'', ce ''petit détail'' qui fit toute la différence et donna à certains l'envie de quitter les salles avant la fin de la projection, dans l'ordre chronologique, Irréversible perd de son originalité mais gagne par contre en puissance. Cette puissance que l'on pensait inégalable après la version 2002 et les années suivantes mais qui sur l'échelle de l'indicible parvient à gravir quelques marches supplémentaires. Irréversible : Inversion Intégrale ressemble moins à un divertissement qu'il n'en avait l'air dix-huit ans en arrière.

 

Jo Prestia/ le Ténia: l'un des monstres ''ordinaires'' les plus saisissants


Désormais, le curseur du réalisme est arrivé à son comble. Désormais, on comprend tout de suite mieux le désir de vengeance de Marcus tandis que l'on mettra davantage de temps à comprendre la futilité/absurdité de l'acte meurtrier (ceux qui ont déjà vu le film, quelle que soit sa version, comprendront ce que je veux dire). Surtout, désormais la séquence du viol n'aura jamais paru aussi longue et pénible à regarder que dans cette version. Au point que si cela n'avait pas été le cas jusqu'à présent, désormais il n'est pas idiot d'évoquer la possibilité de détourner le regard. Si la caractérisation n'est ici pas un aboutissement, ouvrir sur une Alex allongée dans l'herbe plutôt que de faire connaissance avec elle dans un tunnel éclairé couleur rouge sang n'a plus le même effet. Alors qu'un étrange sentiment d'espoir naissait de ce voyage des Enfers jusqu'au Paradis, celui que nous propose désormais l'immense Gaspar Noé est une inévitable et définitive plongée dans les entrailles de l'Enfer. On aurait pu penser qu'en 2020, dans un contexte où la violence s'exprime si profondément sur les réseaux sociaux, Irréversible n'aurait plus l'occasion de nous troubler aussi radicalement. Qu'il laisserait ''presque'' indifférent. Ç’aurait été une erreur. Car de ce montage ''à l'endroit'' éclot une œuvre sans doute encore plus grande. Un chef-d’œuvre...

 

samedi 5 septembre 2020

Serial Lover de James Huth (1998) - ★★★★★★☆☆☆☆



Premier long-métrage du réalisateur et scénariste français James Huth, Serial Lover est un ovni cinématographique qui vit le jour sur grand écran en 1998. L'auteur de Brice de Nice (et de sa séquelle Brice 3 ''parce que le 2, je l'ai cassé !'') ou de Rendez-vous chez les Malawas l'an passé nous offrait il y a plus de vingt ans un spectacle hors du commun, parfois cadré comme du Jean-Pierre Jeunet/Marc Caro période Delicatessen, à l'humour noir et grinçant comme du Gustave Kervern/Benoît Delépine et à l'enrobage ultra coloré et donc tout aussi cheap qu'une vieille affiche publicitaire américaine des années cinquante nous vantant les mérites d'une bouteille de lait ou d'une cuisine. C'est dans ce contexte où passent de vieux standards surannés à l'image du Only You des Platters que l'actrice Michèle Laroque, ancienne transfuge de l'émission La Classe présentée par Fabrice sur FR3 dans les années quatre-vingt et qui fit ses tout premiers pas au cinéma quinze ans plus tôt, interprète le rôle de Claire Doste, éditrice de romans policier pour les Éditions Dangereuses qu'elle convie sur une idée de sa sœur Alice ses quatre anciens petits amis afin de choisir lequel parmi eux, elle prendra pour futur époux. Mais alors que la soirée débute à peu près normalement entre la jeune femme, Charles, Hakim, Sacha et Chichi, un terrible accident va tout remettre en question. Alors qu'elle prépare la suite du dîner dans la cuisine, Claire plante malencontreusement le couteau qu'elle a dans les mains entre les omoplates de Sacha qui meurt quelques instants plus tard...

Cachant le corps dans le réfrigérateur, la jeune femme tente de sauver les apparences auprès de ses trois autres convives. Malheureusement pour elle, la suite des événements vont confirmer que, décidément, ça n'est pas sa soirée. Alors qu'elle pensait pouvoir tranquillement fêter ses trente-cinq avec ses anciens compagnons, Claire va passer les pires heures de son existence : non seulement les morts vont s'enchaîner, mais de plus, elle recevra à plusieurs reprises la visite des inspecteurs Eric Cellier et Bruno Helgen qui enquêtent sur une série de cambriolages ainsi que celle des cambrioleurs en questions Giuseppe et Pino. Et pour corser le tout, des dizaines de personnes vont s'inviter à la fête, n'arrangeant pas les affaires de Claire qui cherche à faire disparaître le corps de ses amants... Sur un scénario écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Romain Berthomieu (K-Roof en 2002), Serial Lover est donc une comédie noire qui malgré les apparences n'est pas tirée d'une pièce de théâtre ou d'une bande-dessinée. Et pourtant, le lieu quasi-unique (outre la cage d'escalier de l'immeuble) demeurant l'appartement de l'héroïne et l'esthétique ultra coloré des décors et de certains personnages font du premier long-métrage de James Huth une sorte de BD live totalement déjantée qui ne se retient absolument pas lorsqu'il s'agit notamment d'évoquer la mort des divers amants de l'héroïne interprétés par les savoureux Michel Vuillermoz, Zinedine Soualem, Gilles Privat et Antoine Basler...

Avec une énergie folle que n'épargnent malheureusement pas quelques micro ventres mous durant la première moitié du long-métrage, James Huth s'amuse à mélanger comédie noire et enquête policière dans un contexte de fête pré-apocalyptique qui à la fin fera de l'appartement de Claire Doste, le décor idéal d'une œuvre sur la fin du monde. Car le réalisateur ne ménage ni ses personnages, ni les décors éminemment kitsch qui participent à l'étrangeté de l’œuvre. Si dans un premier temps Serial Lover s'avère parfois vidé de toute substance, le film trouve heureusement son rythme de croisière durant la seconde moitié. Et si Michel Vuillermoz et les autres finissent malheureusement par disparaître du récit, d'autres viennent prendre la relève. En effet, parmi les fêtards venus s'amuser à la fête organisée par la sœur de l'héroïne interprétée par Élise Tielrooy, on retrouve notamment Isabelle Nanty, Philippe Vieux et Patrick Ligardes dans le rôles des cambrioleurs mais aussi et surtout, une grande partie des Robins des Bois en les personnes de Jean-Paul Rouve, Pierre-François Martin-Laval, Marina Foïs et Maurice Barthelemy, Élise Larnicol et Pascal Vincent manquant à l'appel. Quant aux deux inspecteurs chargés de mettre la main sur les cambrioleurs qui sévissent actuellement dans le quartier, ils sont interprétés par les excellents Albert Dupontel et Didier Bénureau. À vrai dire, c'est en réfléchissant sur l'humour de chacun des interprètes conviés à la fête que l'on peu même sans avoir encore découvert Serial Lover se faire une petite idée de son contenu...

Le long-métrage de James Huth n'est certes, pas inoubliable. Il n'y a même aucune raison de lui octroyer un quelconque statut d’œuvre culte. Seulement voilà, malgré des défauts d'écriture qui parfois se révèlent gênants, on passe un moment plutôt agréable. Entre le charme de Michèle Laroque et d'Elise Tielrooy, le cynisme d'Albert Dupontel, la présence des Robins des Bois, des cadrages parfois très originaux (certaines contre plongées donnent le vertige) et quelques idées de scénario franchement revigorantes à l'image du cadavre jeté par la fenêtre atterrissant dans une benne à ordures ou Philippe Vieux et Patrick Ligardes réinterprétant a cappella le célèbre standard des Platters ''Only You'', Serial Lover est une comédie noire originale, visuellement soignée accompagnée par la musique de Bruno Coulais, entre rêveries et Cha-cha-cha...

lundi 14 janvier 2019

Avida de Benoît Delépine et Gustave Kervern (2005)



Avida, c'est l'histoire de... ben en fait, j'en sais rien. Sans trop savoir ce qui est passé par la tête de ces suicidaires de Benoît Delépine et Gustave Kervern qui en réalisant cette chose on pris le risque insensé de se voir fermer ensuite toutes les portes des maisons de production (chose qui, heureusement, n'a pas eu lieu puisqu'ils n'ont pas cessé de tourner jusqu'à leur dernier, et très réussi Saint Amour), les quatre vingt-deux minutes de leur second métrage m'ont laissé presque totalement indifférent. Il n'est pas impossible qu'à une époque lointaine j’eusse été séduit par cette œuvre ô combien barrée, surréaliste et indépendante, mais après avoir pénétré l'univers d'artistes tels que Jodorowski ou Lynch ou qui sais-je encore, je me dis que cette tentative honorant certainement le cinéma du père Alessandro demeure un peu pathétique.

On y retrouve un peu de l'esprit du cinéaste chilien : quelques trisomiques (et donc d'une manière générale, des êtres atteints de handicaps lourds), une bonne femme pantagruélique, une montagne, ça ne vous rappelle rien ? A part cela, sans l'aide de sites consacrés au cinéma, j'aurais bien été incapable de dire de quoi il s'agit ici. Le surréalisme est ici si mal exploité, que même l'excellente trouvaille des pseudos n'est pas très clair. Imaginez : vous vous apprêtez à pénétrer un univers dans lequel vont se croiser (attention, la liste est longue) : un sourd-muet, un homme à la tête de scotch, un picador suicidaire, un riche paranoïaque, un chef de village d'armoires, un garde du corps maladroit, une femme à bonbonne d'eau, un captif chantant, un taxidermiste incompris, un zoophile débonnaire, et j'en passe...

Rien qu'en énumérant la longue liste de ces personnages aux noms hauts en couleur, on se dit que forcément, ça va envoyer du lourd. Sauf qu'en fait, ça n'envoie rien d'autre qu'une succession de scènes qui n'ont pas grand chose d'autre à offrir en terme d’homogénéité que leur similitude en matière d'absurde (terme qui n'est, ici, pas à prendre au sens péjoratif). Il n'y a aucune cohérence entre elles. Tout juste peut-on y voir une accumulation de sketchs, rarement drôles, et même si l'on comprend que l'humour n'y est pas toujours le but recherché, on s'ennuie de toute façon.

Quand aux acteurs. Réunir Jean-Claude Carrière (Le Retour de Martin Guerre), Bouli Lanners (encore et toujours), Albert Dupontel, le chanteur Sanseverino, le dessinateur Philippe Vuillemin, et même Fernando Arrabal (encore une référence)... le casting lui-même est barré... ! Avida aurait peut-être mérité d'être un peu moins hermétique et mieux scénarisé. Son principal défaut est de ne jamais vraiment être ludique. Il demeure sans doute l'oeuvre la moins aboutie du duo formé par Benoît Delépine et Gustave de Kervern qui heureusement, nous prouvera plus tard qu'ils ont autant de talent dans la mise en scène que dans l'écriture. Peut-être avaient-ils simplement besoin d'abandonner l'interprétation pour la confier à d'autres et s'attarder sur ce qu'ils savent faire le mieux : écrire...

vendredi 14 septembre 2018

La Proie d'Eric Valette (2011) - ★★★★★★★☆☆☆



C'est lors du cycle que j'ai décidé de consacrer à l'acteur américano-français originaire de New York Christophe(r) Lambert que je suis tombé par erreur sur cette Proie homonyme au long-métrage de J.F. Lawton sorti en salle en 1995, mais cette fois-ci réalisée par Eric Valette en 2011. Les deux œuvres n'entretiennent aucun rapport puisque le film met en scène un Christophe Lambert témoin du meurtre d'une japonaise et enseignant l'art des arts martiaux afin de combattre les assassins de la jeune femme, tandis que La Proie d'Eric Valette situe son intrigue en France, avec pour point de départ une prison dans laquelle est incarcéré Franck Adrien, un braqueur de banque reconnu coupable d'avoir dérobé la modique somme de deux millions d'euros. Dire que le scénario de Laurent Turner et Luc Bossi fourmille d'idées est un euphémisme. Car outre le personnage de braqueur incarné par l'excellent Albert Dupontel, La Proie n'est pas avare en matière de personnages et d'intrigues secondaires. Mais l'un des aspects les plus édifiants du long-métrage d'Eric Valette, ce sont les points communs volontaires ou non que son œuvre entretient avec l'une des affaires criminelles françaises les plus sordides qu'ait connu l'hexagone. En effet, outre le personnage incarné par Albert Dupontel, le récit est en partie étoffé par la présence d'un violeur-tueur d'enfants du nom de Jean-Louis Maurel (incarné par le glaçant Stéphane Debac et par sa compagne à l'écran Natacha Régnier), lequel renvoie irrémédiablement à l'affaire de L'Ogre des Ardennes surnom sous lequel était connu dans la presse le tueur et violeur pédophile en série Michel Fourniret, aidé dans ses immondes exactions par sa compagne Monique Olivier.

La Proie prend alors diverses directions. Avant d'échapper à sa condition de taulard, Franck est sujet à diverses menaces proférées à son encontre par plusieurs co-détenus, dont l'un d'eux n'est rien moins que l'un de ses complices lors du braquage. Enfermé dans la même cellule que Jean-Louis Maurel, c'est en apprenant à faire confiance à cet individu plus intelligent et moins innocent qu'il n'y paraît que le film va prendre une toute autre direction par la suite. Car alors que Franck a réussi à s'échapper de prison, l'intrigue de La Proie ne devient pas que la simple course-poursuite menée par une équipe de policiers menée par l'inspecteur Claire Linné (excellente Alice Taglioni) face à un fugitif cherchant à retrouver sa petite fille supposément kidnappée par son ancien co-détenu, mais décrit ponctuellement l'histoire tournant autour du tueur et violeur pédophile, le film décrivant la technique imparable qu'il a mise au point en compagnie de son épouse, Christine. Détail fort amusant : la gamine incarnant la fille de Franck à l'écran ressemble furieusement à la petite Anaïs Bret qui incarnait Jeanne Pignon, dans la comédie de Francis Veber, Les Fugitifs en 1986...

Le film est l'occasion pour Eric Valette de décrire une police intègre, même si pour le coup, elle a bien du mal à mettre la main sur le fugitif (incarné par un Albert Dupontel exécutant lui-même, et sans doublure, ses propres cascades), un milieu carcéral aseptisé, mais violent, des gardiens de prison corruptibles, et malgré son apparente quiétude, un tueur en série capable d'une grande ingéniosité pour faire accuser à sa place, un simple braqueur de banques. Le cinéaste démontre également à quel point notre cinéma est capable de rivaliser avec celui d'Outre-Atlantique. Albert Dupontel, Alice Taglioni, Stéphane Debac, Natacha Régnier, mais également Sergi Lopez (dont le personnage de gendarme Manuel Carrega travaille sur l'affaire des jeunes filles assassinées depuis des années), Serge Hazanavicius, ou encore Zinedine Soualem (dans le rôle du commandant Lucciani) excellent tous d'une manière ou d'une autre en apportant tout leur savoir-faire en matière d'interprétation. Tout juste la partition musicale du compositeur Noko souffre-t-elle parfois d'être un peu trop cheap et quelques petites invraisemblances viennent-elle noircir le tableau. Mais au delà de ces infimes considérations, La Proie est un excellent thriller à la française...

mercredi 21 mars 2018

Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (8)

Comme promis, je vous propose un article (pas tout à fait) entièrement consacré à la lycanthropie. Aux Loups-garous. A ces grosses bêtes à poils qui lors des nuits de pleine Lune hurlent et dévorent ceux qui ont le malheur de croiser leur route. Le premier long-métrage dont j'aimerais parler est Le Loup-garou de Londres. L'un des meilleurs dans sa catégorie et sans aucun doute, l'un des plus célèbres également. Réalisé par le cinéaste américain John Landis, réalisateur éclectique, auteur de The Blues Brothers, Un Fauteuil pour Deux, Série Noire pour une Nuit Blanche ou encore Cheeseburger Film Sandwich. Si An American Werewolf in London est si réputé, c'est avant tout parce qu'il eut l'insigne honneur de présenter ce qui allait demeurer jusqu'à présent, comme la plus belle transformation d'un homme en loup-garou. Un travail remarquable que l'on doit à l'un des plus grands spécialistes en matière d'effets-spéciaux de maquillage, le new-yorkais Rick Baker. Une scène de quelques minutes seulement mais qui fait définitivement partie de la légende. Une épreuve physique que le spectateur pourra tout autant que la victime de cette malédiction, ressentir dans sa propre chair. Mains, pieds, torse, oreilles, visages, le corps tout entier de l'acteur David Naughton sera recouvert de latex pour les besoins de cette impressionnante transformation. L'ouvrage de Rick Baker marquera tellement les esprits qu'il recevra l'Oscar des meilleurs maquillages en 1982 ainsi qu'un prix similaire à l''Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur la même année. Anecdote intéressante : c'est en découvrant le film et la fameuse scène de transformation que le chanteur pop Michael Jackson eut l'idée d'engager John Landis à la réalisation de son clip Thriller. On ne sera d'ailleurs pas étonnés d'apprendre que le maquilleur participa lui-même à la conception des nombreux maquillages parsemant ce clip vidéo anthologique.
Outre l'excellent casting, Le Loup-garou de Londres propose une intrigue simple, ponctuée de moments horrifiques très marquants (le passage dans les landes ou celui situé dans le métro londonien) à d'autres davantage versés dans l'humour. A ce titre, le film peut se targuer d'accumuler des ruptures de ton étonnants et dont l'un des points culminants demeure lorsqu'àprès avoir massacré six personnes au hasard sous sa forme monstrueuse, David fuit le zoo où il s'est réveillé entièrement nu. On passe donc de l'angoisse au rire et ce, grâce à la mise en scène intelligente de John Landis qui ne sacrifie jamais un courant au profit d'un autre. Malgré la différence séparant ces deux genres, il demeure une certaine homogénéité dans la succession de scènes. Outre la transformation, il demeure un autre effet redoutablement efficace se situant dans le personnage incarné par l'acteur Griffin Dunne ( le galérien noctambule de After Hours de Martin Scorsese, c'est lui), lequel, zombifié après avoir perdu la vie au début du film, erre tel un mort-vivant se décomposant à mesure que son personnage apparaît à l'écran. Le Loup-garou de Londres est une excellente réussie qui malgré ses trente-sept ans n'accuse pas son âge. Tout au plus pourrons-nous lui reprocher un manque de rythme lors du passage un 'poil' trop long se déroulant au chevet de David mais à part cela, le film de John Landis est parmi les deux ou trois meilleurs films de loups-garous de toute l'histoire du cinéma fantastique. A découvrir donc pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore. A noter qu'une suite infâme fut réalisée longtemps après par le cinéaste britannique Anthony Waller. Une production franco-britannico-américano-néerlando-luxembourgoise, rien que cela, ce qui n'empêcha pas Le Loup-garou de Paris d'être incroyablement mauvais. A croire que les loups-garous n'étaient pas encore en mesure de s'adapter au climat parisien... ❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔

Wolfen quant à lui est un long-métrage un peu à part dans la filmographie consacrée à la lycanthropie puisque davantage que des loups-garous, le récit tourne autour d'une bande de loups s'attaquant aux habitants de New-York, de jour, comme de nuit. À la différence du mythique individu se transformant en animal lors des nuits de pleine Lune, le film propose une relecture laissant supposer que l'on est face à un ou plusieurs individus atteints d'une malédiction proche de celle du Loup-garou de Londres ou de Hurlements. Si dans la forme, Wolfen mêle policier, horreur et fantastique, dans le fond, il s'agit surtout pour le cinéaste Michael Wadleigh de dresser le portrait d'une Amérique colonisée par l'homme blanc. Une terre appartenant autrefois aux amérindiens, lesquels sont désormais symbolisés à travers les créatures qui hantent la ville et vengent l'extermination de leur ancêtres par le sang. Celui de l'homme blanc. L'acte d'expropriation est ici matérialisé à travers des immeubles effondrés, détruits pour qu'y surgisse à la place, de nouveaux ensembles au profit de l'unique homme blanc. Les indiens d'Amérique ayant été déchus de leur biens n'ont plus désormais que leurs coutumes et l'alcool auxquels se raccrocher. Ridiculisé, l'homme blanc génère finalement à lui seul les soupçons tournant autour de l'identité du ou des tueurs. Dewey Wilson (l'acteur Albert Finney) enquête auprès de de la psychologue Rebecca Neff (Diane Venora) sur une série de meurtres dont furent les premières victimes un promoteur immobilier et son épouse. Entre rationalisation des événements et coutumes indiennes ancestrales, Wolfen hésite jusqu'au bout à livrer les clés du mystère. Filmé à la première personne, l'agresseur qui devient par la même occasion invisible aux yeux du spectateur est hypothétiquement décrit comme un loup lors de l'autopsie de l'une des victimes sur laquelle ont été retrouvés des poils. Adapté du roman de Whitley Strieber, The Wolfen, le film de Michael Wadleigh est une intéressante parabole sur le sort accordé aux indiens d'Amérique mais n'oublie pas d'y injecter dans son intrigue, une bonne dose de séquences horrifiques particulièrement convaincantes.
En effet, les scènes gore ne manquent pas, entre membres arrachés et décapitations. En grande partie tourné dans des lieux sinistrés de la ville de New York, une partie de celle-ci a de plus été fermée au public durant le tournage lorsque pour les besoins de l'intrigue, plusieurs loups y ont été lâchés. Parfois mystique, souvent angoissant, jamais ennuyeux, Wolfen livre un message d'humanité sur l'identité et le déracinement. Un classique du genre à redécouvrir d'urgence...❤❤❤❤❤❤❤💔💔💔

Pour terminer, on passe à tout à fait autre chose avec Serial Lover du cinéaste français James Huth. Rien qu'à l’énoncé du titre, on se doute déjà du contenu de ce qui se révèle être une comédie à la tête de laquelle on retrouve l'humoriste et actrice Michèle Laroque. Entourée d'une belle brochette d'acteurs français, elle incarne le rôle de Claire Doste, Directrice des Editions Dangereuses, un peu triste à l'idée de fêter ses trente-cinq ans alors qu'elle n'a pas encore choisi celui de ses ex amants qui partagera sa vie. C'est pour quoi un soir, la jeune femme invite à dîner Charles, Chichi, Hakim et Sacha, les anciens amants en question parmi lesquels se trouve sûrement le futur homme de sa vie. Mais alors que la soirée a débuté depuis un moment, l'un des convives meurt, tué accidentellement par Claire dans la cuisine. Après avoir caché le corps dans le réfrigérateur, Claire doit non seulement composer avec les trois autres mais doit se montrer méfiante car les inspecteurs Cellier et Helgen fouillent au même moment tous les appartements de l'immeuble à la recherche de deux cambrioleurs...
Serial Lover laisse une très étrange impression. Entre le sentiment de s'être fait arnaquer et celui d'avoir passé un moment totalement déjanté en compagnie d'une horde de seconds rôles sympathique, le spectateur a le choix de classer le film James Huth dans le registre du nanar ou de la comédie macabre assumant sa 'Zéditude'. Décors typiques des années quatre-vingt à base de néons et de meubles façon 'Ikea' et comportements étranges de la part de certains interprètes, nul doute que l'on est en présence d'un Objet Filmique Non Identifié. Si la première partie est poussive et donne envie de fuir une œuvre que l'on aura un peu trop tôt fait de considérer comme une niaiserie mal scénarisée, mal dirigée, mais aussi, mal interprétée et lorsque les morts commencent à s'enchaîner et que Michèle Laroque se doit d'assurer malgré la présence inattendue de dizaines d'invités surprises et des très collants inspecteurs incarnés par Albert Dupontel et Didier Bénureau, le film prend une tournure plus sympathique. Au hasard, on retrouve les acteurs Michel Vuillermoz, Zinedine Soualmen, Isabelle Nanty (totalement barrée), ou encore les membres de la troupe des Robins des Bois au complet. Au final, une comédie très, très, très légère mais qui met de bonne humeur. Toutefois, mieux vaut ne pas en abuser...❤❤❤❤❤💔💔💔💔💔

lundi 26 février 2018

Au Revoir Là-Haut d'Albert Dupontel (2017) - ★★★★★★★★★☆



Albert Dupontel aura mis un quart de siècle pour s'éloigner du difficile cap de l'adolescence. On parle ici, du Dupontel cinéaste car l'acteur, lui, a déjà abordé des rôles plus durs, moins enfantins, que lors de ses premiers émois cinématographiques. On l'a vu donc passer du trashy Bernie au bouleversant Deux Jours à Tuer avec un naturel qui n'appartient qu'aux plus grands. Aujourd'hui, Albert Dupontel joue dans la cours des plus grands cinéastes avec, sans doute, le point culminant de sa filmographie. Qui aurait pu croire qu'un jour ce français originaire de Saint-Germain-en-Laye, dont le prénom plutôt casse-gueule d'Albert n'est qu'un pseudonyme dont le choix s'explique par sa volonté de préserver ses proches, allait s'offrir une carrière aussi brillante ? Sans doute moins délirant que par le passé, l'acteur-réalisateur-scénariste adapte pour la première fois un roman. L’éponyme Au Revoir Là-Haut de Pierre Lemaire.

Albert Dupontel a toujours été un créatif à l'imagination débordante et un brin... bordélique. Alors qu'il avait prévu à l'origine d'offrir le rôle qu'il incarne dans le film à l'acteur belge Bouli Lanners, il offre celui d’Édouard Péricourt à l'acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart. Originaire de Buenos Aires, le jeune homme y explose littéralement. Son personnage gravement blessé durant la première guerre mondiale alors qu'il tentait de sauver son camarade de tranchée Albert Maillard a perdu l'usage de la parole. L'acteur s'y exprime donc tel un mime affublé de masques remarquables qu'il fabrique lui-même avec les moyens du bord (du papier mâché). Dessinateur hors-pair, c'est après la guerre qu'Albert et Édouard, sans le sou, décident de monter une arnaque en proposant un catalogue de monuments aux morts constitués de dessins. Une fois l'argent des commandes passées par les municipalités, les deux hommes prendront la fuite sans envisager le moins du monde de fabriquer le moindre monument. Malheureusement pour Albert et Édouard, l'une de leurs victimes ne sera autre que Marcel Péricourt, le père du second (l'extraordinaire Niels Arelstrup).

Ce résumé, je l'accorde, fort succinct, n'est le reflet que d'une part infime d'un scénario foisonnant d'idées. Au Revoir Là-Haut fourmille de séquences, nous proposant en préambule une vision de la guerre particulièrement dure, et développant par la suite un retour à la vie civile ne fêtant ses héros qu'à travers d'immenses symboles de bronze (les dits monuments aux morts). Nos deux soldats retournent ainsi à la vie normale sans un sou ou presque en poche. Au Revoir Là-Haut ressemble à un immense chapiteau sous lequel vont se succéder autant d'histoires personnelles que le long-métrage compte d'interprètes. A ce titre, Albert Dupontel s'est offert un casting en or. Car outre la participation de Nahuel Pérez Biscayart, l'acteur-réalisateur-scénariste nous offre une vision plurielle de la cruauté morale. Entre un Laurent Laffite monstrueux jusqu'au bout, et un Niels Arestrup en père froid, insensible PRESQUE jusque dans ses derniers retranchements, Albert Dupontel apporte à son fond de commerce situé entre provocation et analyse du comportement humain, la poésie d'un conte pour adultes aussi cruel que majestueux. Aussi surréaliste que le cinéma de l'ancien binôme constitué en son temps par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. On retrouve d'ailleurs ce même amour pour l'histoire de France et ce besoin irrépressible de faire revivre le passé mais avec en plus, la puissance et la passion de la Magie qui faisaient défaut dans l'ennuyeux Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet en solo.

Émilie Dequenne, Mélanie Thierry, Heloïse Balster (Louise, l'enfant qui accompagne durant toute leur histoire, Albert et Édouard), Michel Vuillermoz (énormissime!!!), et bien d'autres encore constituent le ciment d'une cathédrale bâtie sur les sentiments. Les émotions s'enchaînent avec un naturel qui frise le génie. A l'horreur succède le rire, lequel est chassé pour un court instant par l'émotion palpable née du simple regard d'un père pour son fils. Nous pourrions évoquer la superbe photographie de Vincent Mathias, la musique de Christophe Julien ou les costumes de Mimi Lempicka et bien d'autres choses encore. Mais le mieux reste encore de découvrir Au Revoir Là-Haut par soit-même. Le digne successeur de... Santa Sangre d'Alejandro Jodorowsky, rien de moins...

dimanche 29 janvier 2017

Irréversible de Gaspard Noé (2002) - ★★★★★★★★☆☆




Long plan séquence dans une boite de nuit homosexuelle. Proche de la caricature que se font certains des ces lieux de débauche. De celles dans lesquelles la sueur et le foutre coulent à flots et où cuir, chaînes et sadisme règnent en maîtres. Dans un univers aux teintes rouge sang et à l'atmosphère étouffante voire suffocante, un homme plein de haine et de fureur en cherche un autre. Marcus (interprété par Vincent Cassel), accompagné de son ami Pierre (Albert Dupontel),a semble-t-il une dent contre un troisième homme, le Ténia, dont nous ne tarderons pas à faire connaissance. La première question qui se pose est qu'à donc à bien pu faire cet homme pour que nos deux amis aient pris le risque insensé de pénétrer ce lieu de perdition ou le danger rode dans chaque couloir?
Pour comprendre et accepter la scène qui va suivre, particulièrement abjecte, celle ou l'homme reconnu comme étant celui recherché par nos deux hommes va mourir dans des conditions abominables et devant les yeux émerveillés d'une bande de malades avides de sueur et de sang, il va falloir patienter.
Car le génie de Gaspard Noé, s'il s'agit bien de cela, est d'avoir choisi de nous montrer la conclusion d'un drame qui s'est déroulé quelques temps auparavant et de remonter le fil du temps durant quatre vingt dix minutes. Un acte incompréhensible qui prendra tout son sens lorsque le sus-dit drame arrivera jusqu'à nos pupilles écarquillées par tant de violence. Et ce drame, c'est un viol, une longue agonie vécue par la femme de Marcus et que la caméra n'a même pas la générosité de nous voiler. Dix longues minutes, en plan-séquence, pas une de moins pendant lesquelles ont suit, presque en apnée, le long calvaire d'Alex (Monica Belluci).Une scène d'une crudité rarement atteinte au cinéma.

Gaspard Noé Choque, révulse, écœure, et fascine, posant sa caméra au sol, la laissant tourner sans rien nous épargner. Et c'est alors que de spectateurs, nous voici rendu à l'état de voyeurs. Comment parvenir à garder les yeux ouverts devant cette image terrible d'une femme écrasée au sol, humiliée, seule face à son bourreau qui n'a de cesse de la briser dans son corps et dans son âme? Alors on comprends, on adopte le point de vue de Noé (de Marcus?). On applaudit des deux mains le meurtre que l'on rejetait au départ et qui ouvrait presque le film après un long travelling bancal qu'une musique signée Thomas Bangalter finissait de rendre insupportablement long......jusqu'à la nausée. 

Le film commence donc par la fin et se termine par le prologue.C'est tout bête et pourtant ce détail qui pourrait sembler insignifiant rends la scène finale un brin, si ce n'est, terriblement dramatique. En effet, vu du ciel, notre couple, allongé sur l'herbe, semble couler des jours heureux, il savent leur bonheur total puisqu'Alex attends un enfant de Marcus. L'accomplissement sûrement d'une vie de couple bien "réglée" qu'un traumatisme bientôt va détruire. Et c'est là que Gaspard Noé montre l'étendue de son talent. Plus qu'un vulgaire film basé sur une vengeance, même légitime, il pousse le spectateur à participer à l'histoire, comme un énième personnage et lorsque le générique de fin arrive "enfin", le sentiment qui devrait nous envahir, celui du bonheur, représenté par cette herbe verte et ce couple heureux, est totalement faussé. Car oui, à ce moment là, Marcus et Alex sont seuls au monde et ne vivent que pour eux. Mais nous spectateurs, savons déjà que ce bonheur est éphémère...

Un film "hardcore" dont beaucoup n'ont pas compris le message et c'est bien dommage car il est à mille lieues de l'image du film totalement gratuit qu'il traîne derriere lui...

vendredi 19 février 2016

Le Bruit des Glaçons de Bertrand Blier (2010)



Écrivain, alcoolique, divorcé et père d'un enfant, Charles Faulque noie sa solitude et son chagrin dans l'alcool. Son quotidien, il le vit dans une immense bastide, entouré de Louisa, sa gouvernante, et d'une jeune prostituée rencontrée à Paris, Evguenia. Matin, midi et soir, Charles boit. Principalement du blanc, mais parfois, aussi, du rouge. Il traîne sa carcasse en robe de chambre entre terrasse et piscine.
Un jour, il reçoit la visite d'un étrange personnage qui se présente comme étant son cancer. Imposant sa présence à l'écrivain, ce dernier lui colle aux basques, jusque dans son intimité. Les deux hommes vont converser, et c'est aux côtés de son cancer qui lui annonce sa mort prochaine que Charles Faulque prend conscience de l'importance de vivre.

Bientôt apparaît Carole, l'ex-épouse de Charles, et leur fils Stanislas. Mais aussi la silhouette beaucoup plus inquiétante du cancer de Louisa qui annonce à cette dernière qu'au mieux, elle perdra un sein, et qu'au pire, elle mourra...

Dernier film à ce jour du cinéaste Bertrand Blier, fils du célèbre acteur Bernard Blier, avant le prochain prévu pour cette année, Le Bruit des Glaçons est celui que l'on n'espérait peut-être plus. Après deux ou trois films mineurs dans la carrière d'un cinéaste qui nous a tout de même offert des œuvres monumentales (Buffet Froid pour ne citer que l'une d'entre elles), revenait donc en 2010 avec un film aux dialogues ciselés et écrits sur mesure pour les acteurs Jean Dujardin et Albert Dupontel. Un homme et son cancer. Un duo pour un dialogue d'un peu moins d'une heure trente. Mais pas seulement. Autour d'eux, Anne Alvaro, Audrey Dana pour la touche féminine, qu'autour de l'une l'une d'entre elles gravite l'inquiétante Myriam Boyer en cancer.

Ce qui prévaut avant tout, c'est l'excellence de l'interprétation. Sans elle, l’œuvre n'est rien. Un scénario et un dialogue écrits de mains de maître par le cinéaste lui-même, coutumier du fait depuis des lustres. Le Bruit des Glaçons aurait pu se contenter de n'être qu'un exercice de style barbant mais se révèle bien plus que cela.
Derrière le cynisme bien connu de Bertrand Blier se cache un hommage émouvant au Patriarche Bernard, le grand, l'immense acteur mort lui-même d'un cancer de la prostate que ses proches préférèrent lui cacher. Et pour ceux qui en douteraient encore, il suffit simplement de se remémorer la dernière scène précédent le générique de fin.
Le Bruit des Glaçons est aussi une manière d'aborder un sujet délicat sans passer par les sempiternels gimmicks larmoyants. Blier fait de son œuvre un spectacle drôle et sombre à la fois. Une vision peu commune d'une maladie considérée comme une compagne qui suit sa proie jusque dans sa tombe. Le Bruit des Glaçons est parfois désespéré, mais jamais désespérant. Toutefois, il faudra adhérer au style si particulier de l'auteur de Préparez vos Mouchoirs, Tenue de Soirée ou Merci la Vie qui propose ici une œuvre tout à la fois complexe et épurée. Une pièce de théâtre à ciel ouvert dans un décor unique et splendide, admirablement interprétée par les solides Jean Dujardin et Albert Dupontel, et par la touchante Anne Alvaro.

Loin du réalisme un peu trop systématique du cinéma d'aujourd'hui dans lequel le social se veut de plus en plus présent, Bertrand Blier pond un ovni surréaliste mêlant drame et fantastique. Poésie, désenchantement et sursaut d’orgueil. Un hymne à la Vie, à l'Amour, et un majeur pointé en direction de la Mort...



mardi 29 octobre 2013

9 Mois Ferme de Albert Dupontel



Le juge d'instruction Ariane Felder est en plein travail lorsque ses collègues débarquent dans son bureau. Fêtant la nouvelle année, ils lui proposent de les rejoindre dans la salle des festivités. L'un des convives lui tend un verre. Ariane, qui n'a pas l'habitude de boire, l'avale. Puis elle en boit un second. Puis un troisième. Lorsqu'elle quitte le palais de justice, elle est ivre. En témoignent les caméras de sécurité installées à peu près partout dans le quartier. Environ six mois plus tard, Ariane ressent des douleurs au ventre. Elle se rend donc chez son gynécologue qui lui fait une échographie. Ô surprise, Ariane est enceinte! De six mois et deux semaines selon son médecin. C'est impossible crie-t-elle. En effet, la jeune femme est célibataire, vit seule et n'a pas de petit ami. Mais la juge doit se rendre à l'évidence : elle attend un bébé. Elle demande à un ami, le docteur Toulate, médecin légiste, de pratiquer des tests de paternité à partir d'un prélèvement effectué (violemment) sur son confrère, le juge de Bernard, un homme collant qui l'avait faite boire durant la fête du nouvel an.

Mais les résultats sont négatifs. En revanche, le docteur Toulate trouve une corrélation entre l'ADN d'Ariane et celui de Bob Nolan. Un cambrioleur, assassin d'un vieil homme auquel il aurait arraché les yeux avant de les manger. Le père du bébé, c'est lui. Lors d'une confrontation entre Ariane et Bob, ce dernier reconnaît sur un portrait de la juge accroché au mur, celle avec laquelle il a fait l'amour un soir très tard, dans un local à poubelles. Bob, spécialiste du crochetage de serrure arrive sans mal à s'introduire chez Ariane un soir. Une chance pour le bébé dont la future maman s'apprête à avorter de manière peu habituelle. Bob affirme être innocent du meurtre horrible dont on l'accuse. Et comme Ariane et connue pour être une brillante juge d'instruction, il compte sur elle pour revoir le dossier du cambrioleur et enfin l'innocenter. En échange, il lui promet de ne rien divulguer à personne de la nuit très spéciale qu'ils ont partagée en tout début d'année...

9 Mois Ferme est le cinquième long-métrage d'Albert Dupontel. L'ancien humoriste continue son grand œuvre cinématographique, jalonné de quelques perles particulièrement noires (Bernie). Son dernier film ne déroge pas à la règle malgré la présence d'une Sandrine Kimberlain que l'on aurait été loin d'imaginer dans un tel film avant de l'y voir laisser éclater tout son talent. 9 Mois Ferme est un vrai retour aux sources. En réalité, depuis son tout premier film, il n'avait pas réussi à faire mieux. Ni aussi bien. Et même si son dernier bébé n'est pas aussi sulfureux, il contient assez de bonnes idées pour en faire une œuvre terriblement attachante. Et dire que le film a faillit ne pas se faire. Dupontel voulait une petite brune dans le rôle d'Ariane. Il a trouvé en Sandrine Kimberlain l’interprète idéale, à contre-courant du cinéma dans lequel elle baigne habituellement. 
 

Toute la folie du propos repose sur l'antinomie qui oppose des personnages qui n'ont vraiment rien de semblable. Et pourtant, un événement va les réunir. Quelques passages à vide ne parviennent cependant pas à noyer l'intérêt grandissant. Quelques idées absolument géniales nées de l'esprit fertile de Dupontel jaillissent comme un bonheur dont le spectateur savoure chaque apparition. Voir Jean Dujardin (qui rappelons-le interpréta le rôle principal du film MUET The Artist) traduire pour les spectateurs sourds et muets les informations est à mourir de rire. Tout comme les sous-titres relatant des événements extérieurs ou bien les témoignages concernant l'affaire du globophage (le serial killer Charles Meatson, référence évidente au célèbre gourou et meurtrier Charles Manson). L'acteur-cinéaste en fait des tonnes et on aime ça. Dupontel fait du Dupontel et c'est tout ce qu'on lui demande. C'est un peu trash mais jamais vulgaire. Le duo fonctionne à merveille (tout comme la présence du génial Nicolas Marié) et l'on espère très vite revoir Albert Dupontel devant et derrière la caméra.

Le titre de son prochain film ? Adieu Les Cons. Tout un programme...
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