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lundi 26 février 2018

Au Revoir Là-Haut d'Albert Dupontel (2017) - ★★★★★★★★★☆



Albert Dupontel aura mis un quart de siècle pour s'éloigner du difficile cap de l'adolescence. On parle ici, du Dupontel cinéaste car l'acteur, lui, a déjà abordé des rôles plus durs, moins enfantins, que lors de ses premiers émois cinématographiques. On l'a vu donc passer du trashy Bernie au bouleversant Deux Jours à Tuer avec un naturel qui n'appartient qu'aux plus grands. Aujourd'hui, Albert Dupontel joue dans la cours des plus grands cinéastes avec, sans doute, le point culminant de sa filmographie. Qui aurait pu croire qu'un jour ce français originaire de Saint-Germain-en-Laye, dont le prénom plutôt casse-gueule d'Albert n'est qu'un pseudonyme dont le choix s'explique par sa volonté de préserver ses proches, allait s'offrir une carrière aussi brillante ? Sans doute moins délirant que par le passé, l'acteur-réalisateur-scénariste adapte pour la première fois un roman. L’éponyme Au Revoir Là-Haut de Pierre Lemaire.

Albert Dupontel a toujours été un créatif à l'imagination débordante et un brin... bordélique. Alors qu'il avait prévu à l'origine d'offrir le rôle qu'il incarne dans le film à l'acteur belge Bouli Lanners, il offre celui d’Édouard Péricourt à l'acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart. Originaire de Buenos Aires, le jeune homme y explose littéralement. Son personnage gravement blessé durant la première guerre mondiale alors qu'il tentait de sauver son camarade de tranchée Albert Maillard a perdu l'usage de la parole. L'acteur s'y exprime donc tel un mime affublé de masques remarquables qu'il fabrique lui-même avec les moyens du bord (du papier mâché). Dessinateur hors-pair, c'est après la guerre qu'Albert et Édouard, sans le sou, décident de monter une arnaque en proposant un catalogue de monuments aux morts constitués de dessins. Une fois l'argent des commandes passées par les municipalités, les deux hommes prendront la fuite sans envisager le moins du monde de fabriquer le moindre monument. Malheureusement pour Albert et Édouard, l'une de leurs victimes ne sera autre que Marcel Péricourt, le père du second (l'extraordinaire Niels Arelstrup).

Ce résumé, je l'accorde, fort succinct, n'est le reflet que d'une part infime d'un scénario foisonnant d'idées. Au Revoir Là-Haut fourmille de séquences, nous proposant en préambule une vision de la guerre particulièrement dure, et développant par la suite un retour à la vie civile ne fêtant ses héros qu'à travers d'immenses symboles de bronze (les dits monuments aux morts). Nos deux soldats retournent ainsi à la vie normale sans un sou ou presque en poche. Au Revoir Là-Haut ressemble à un immense chapiteau sous lequel vont se succéder autant d'histoires personnelles que le long-métrage compte d'interprètes. A ce titre, Albert Dupontel s'est offert un casting en or. Car outre la participation de Nahuel Pérez Biscayart, l'acteur-réalisateur-scénariste nous offre une vision plurielle de la cruauté morale. Entre un Laurent Laffite monstrueux jusqu'au bout, et un Niels Arestrup en père froid, insensible PRESQUE jusque dans ses derniers retranchements, Albert Dupontel apporte à son fond de commerce situé entre provocation et analyse du comportement humain, la poésie d'un conte pour adultes aussi cruel que majestueux. Aussi surréaliste que le cinéma de l'ancien binôme constitué en son temps par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. On retrouve d'ailleurs ce même amour pour l'histoire de France et ce besoin irrépressible de faire revivre le passé mais avec en plus, la puissance et la passion de la Magie qui faisaient défaut dans l'ennuyeux Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet en solo.

Émilie Dequenne, Mélanie Thierry, Heloïse Balster (Louise, l'enfant qui accompagne durant toute leur histoire, Albert et Édouard), Michel Vuillermoz (énormissime!!!), et bien d'autres encore constituent le ciment d'une cathédrale bâtie sur les sentiments. Les émotions s'enchaînent avec un naturel qui frise le génie. A l'horreur succède le rire, lequel est chassé pour un court instant par l'émotion palpable née du simple regard d'un père pour son fils. Nous pourrions évoquer la superbe photographie de Vincent Mathias, la musique de Christophe Julien ou les costumes de Mimi Lempicka et bien d'autres choses encore. Mais le mieux reste encore de découvrir Au Revoir Là-Haut par soit-même. Le digne successeur de... Santa Sangre d'Alejandro Jodorowsky, rien de moins...

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