Premier long-métrage du
réalisateur et scénariste français James Huth, Serial Lover
est un ovni cinématographique qui vit le jour sur grand écran en
1998. L'auteur de Brice de Nice
(et de sa séquelle Brice 3 ''parce
que le 2, je l'ai cassé !'')
ou de Rendez-vous chez les Malawas
l'an passé nous offrait il y a plus de vingt ans un spectacle hors
du commun, parfois cadré comme du Jean-Pierre Jeunet/Marc Caro
période Delicatessen,
à l'humour noir et grinçant comme du Gustave Kervern/Benoît
Delépine et à l'enrobage ultra coloré et donc tout aussi cheap
qu'une vieille affiche publicitaire américaine des années cinquante
nous vantant les mérites d'une bouteille de lait ou d'une cuisine.
C'est dans ce contexte où passent de vieux standards surannés à
l'image du Only
You
des Platters que l'actrice Michèle Laroque, ancienne transfuge de
l'émission La
Classe
présentée par Fabrice sur FR3
dans les années quatre-vingt et qui fit ses tout premiers pas au
cinéma quinze ans plus tôt, interprète le rôle de Claire Doste,
éditrice de romans policier pour les Éditions
Dangereuses
qu'elle convie sur une idée de sa sœur Alice ses quatre anciens
petits amis afin de choisir lequel parmi eux, elle prendra pour futur
époux. Mais alors que la soirée débute à peu près normalement
entre la jeune femme, Charles, Hakim, Sacha et Chichi, un terrible
accident va tout remettre en question. Alors qu'elle prépare la
suite du dîner dans la cuisine, Claire plante malencontreusement le
couteau qu'elle a dans les mains entre les omoplates de Sacha qui
meurt quelques instants plus tard...
Cachant
le corps dans le réfrigérateur, la jeune femme tente de sauver les
apparences auprès de ses trois autres convives. Malheureusement pour
elle, la suite des événements vont confirmer que, décidément, ça
n'est pas sa soirée. Alors qu'elle pensait pouvoir tranquillement
fêter ses trente-cinq avec ses anciens compagnons, Claire va passer
les pires heures de son existence : non seulement les morts vont
s'enchaîner, mais de plus, elle recevra à plusieurs reprises la
visite des inspecteurs Eric Cellier et Bruno Helgen qui enquêtent
sur une série de cambriolages ainsi que celle des cambrioleurs en
questions Giuseppe et Pino. Et pour corser le tout, des dizaines de
personnes vont s'inviter à la fête, n'arrangeant pas les affaires
de Claire qui cherche à faire disparaître le corps de ses amants...
Sur un scénario écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par
Romain Berthomieu (K-Roof
en 2002), Serial Lover
est donc une comédie noire qui malgré les apparences n'est pas
tirée d'une pièce de théâtre ou d'une bande-dessinée. Et
pourtant, le lieu quasi-unique (outre la cage d'escalier de
l'immeuble) demeurant l'appartement de l'héroïne et l'esthétique
ultra coloré des décors et de certains personnages font du premier
long-métrage de James Huth une sorte de BD live totalement déjantée
qui ne se retient absolument pas lorsqu'il s'agit notamment d'évoquer
la mort des divers amants de l'héroïne interprétés par les
savoureux Michel Vuillermoz, Zinedine Soualem, Gilles Privat et
Antoine Basler...
Avec
une énergie folle que n'épargnent malheureusement pas quelques
micro ventres mous durant la première moitié du long-métrage,
James Huth s'amuse à mélanger comédie noire et enquête policière
dans un contexte de fête pré-apocalyptique qui à la fin fera de
l'appartement de Claire Doste, le décor idéal d'une œuvre sur la
fin du monde. Car le réalisateur ne ménage ni ses personnages, ni
les décors éminemment kitsch qui participent à l'étrangeté de
l’œuvre. Si dans un premier temps Serial Lover
s'avère parfois vidé de toute substance, le film trouve
heureusement son rythme de croisière durant la seconde moitié. Et
si Michel Vuillermoz et les autres finissent malheureusement par
disparaître du récit, d'autres viennent prendre la relève. En
effet, parmi les fêtards venus s'amuser à la fête organisée par
la sœur de l'héroïne interprétée par Élise Tielrooy, on
retrouve notamment Isabelle Nanty, Philippe Vieux et Patrick Ligardes
dans le rôles des cambrioleurs mais aussi et surtout, une grande
partie des Robins
des Bois
en les personnes de Jean-Paul Rouve, Pierre-François Martin-Laval,
Marina Foïs et Maurice Barthelemy, Élise Larnicol et Pascal Vincent
manquant à l'appel. Quant aux deux inspecteurs chargés de mettre la
main sur les cambrioleurs qui sévissent actuellement dans le
quartier, ils sont interprétés par les excellents Albert Dupontel
et Didier Bénureau. À vrai dire, c'est en réfléchissant sur
l'humour de chacun des interprètes conviés à la fête que l'on peu
même sans avoir encore découvert Serial Lover
se faire une petite idée de son contenu...
Le
long-métrage de James Huth n'est certes, pas inoubliable. Il n'y a
même aucune raison de lui octroyer un quelconque statut d’œuvre
culte. Seulement voilà, malgré des défauts d'écriture qui parfois
se révèlent gênants, on passe un moment plutôt agréable. Entre
le charme de Michèle Laroque et d'Elise Tielrooy, le cynisme
d'Albert Dupontel, la présence des Robins
des Bois,
des cadrages parfois très originaux (certaines contre plongées
donnent le vertige) et quelques idées de scénario franchement
revigorantes à l'image du cadavre jeté par la fenêtre atterrissant
dans une benne à ordures ou Philippe Vieux et Patrick Ligardes
réinterprétant a cappella le célèbre standard des Platters ''Only
You'',
Serial Lover est
une comédie noire originale, visuellement soignée accompagnée par
la musique de Bruno Coulais, entre rêveries et Cha-cha-cha...
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