Écrivain, alcoolique,
divorcé et père d'un enfant, Charles Faulque noie sa solitude et
son chagrin dans l'alcool. Son quotidien, il le vit dans une immense
bastide, entouré de Louisa, sa gouvernante, et d'une jeune
prostituée rencontrée à Paris, Evguenia. Matin, midi et soir,
Charles boit. Principalement du blanc, mais parfois, aussi, du rouge.
Il traîne sa carcasse en robe de chambre entre terrasse et piscine.
Un jour, il reçoit la
visite d'un étrange personnage qui se présente comme étant son
cancer. Imposant sa présence à l'écrivain, ce dernier lui colle
aux basques, jusque dans son intimité. Les deux hommes vont
converser, et c'est aux côtés de son cancer qui lui annonce sa mort
prochaine que Charles Faulque prend conscience de l'importance de
vivre.
Bientôt apparaît
Carole, l'ex-épouse de Charles, et leur fils Stanislas. Mais aussi
la silhouette beaucoup plus inquiétante du cancer de Louisa qui
annonce à cette dernière qu'au mieux, elle perdra un sein, et qu'au
pire, elle mourra...
Dernier film à ce jour
du cinéaste Bertrand Blier, fils du célèbre acteur Bernard
Blier, avant le prochain prévu pour cette année, Le Bruit des
Glaçons est celui que l'on n'espérait peut-être plus.
Après deux ou trois films mineurs dans la carrière d'un cinéaste
qui nous a tout de même offert des œuvres monumentales (Buffet
Froid pour ne citer que l'une d'entre elles), revenait donc
en 2010 avec un film aux dialogues ciselés et écrits sur mesure
pour les acteurs Jean Dujardin et Albert Dupontel. Un homme et son
cancer. Un duo pour un dialogue d'un peu moins d'une heure trente.
Mais pas seulement. Autour d'eux, Anne Alvaro, Audrey Dana pour la
touche féminine, qu'autour de l'une l'une d'entre elles gravite
l'inquiétante Myriam Boyer en cancer.
Ce qui prévaut avant
tout, c'est l'excellence de l'interprétation. Sans elle, l’œuvre
n'est rien. Un scénario et un dialogue écrits de mains de maître
par le cinéaste lui-même, coutumier du fait depuis des lustres. Le
Bruit des Glaçons aurait
pu se contenter de n'être qu'un exercice de style barbant mais se
révèle bien plus que cela.
Derrière
le cynisme bien connu de Bertrand Blier se cache un hommage émouvant
au Patriarche
Bernard, le grand, l'immense acteur mort lui-même d'un cancer de la
prostate que ses proches préférèrent lui cacher. Et pour ceux qui
en douteraient encore, il suffit simplement de se remémorer la
dernière scène précédent le générique de fin.
Le Bruit des
Glaçons
est aussi une manière d'aborder un sujet délicat sans passer par
les sempiternels gimmicks larmoyants. Blier fait de son œuvre un
spectacle drôle et sombre à la fois. Une vision peu commune d'une
maladie considérée comme une compagne qui suit sa proie jusque dans
sa tombe. Le Bruit des Glaçons
est parfois désespéré, mais jamais désespérant. Toutefois, il
faudra adhérer au style si particulier de l'auteur de Préparez
vos Mouchoirs,
Tenue de Soirée
ou Merci la Vie
qui propose ici une œuvre tout à la fois complexe et épurée. Une
pièce de théâtre à ciel ouvert dans un décor unique et
splendide, admirablement interprétée par les solides Jean Dujardin et Albert Dupontel, et par la touchante Anne Alvaro.
Loin
du réalisme un peu trop systématique du cinéma d'aujourd'hui dans
lequel le social se veut de plus en plus présent, Bertrand Blier
pond un ovni surréaliste mêlant drame et fantastique. Poésie,
désenchantement et sursaut d’orgueil. Un hymne à la Vie, à
l'Amour, et un majeur pointé en direction de la Mort...
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