Cinq ans après
l'hilarant L'Enlèvement de Michel Houellebecq,
le cinéaste français Guillaume Nicloux s'offre une nouvelle fois la
présence du célèbre écrivain français avec cette suite
inattendue sobrement, mais logiquement, intitulée Thalasso.
Cinq ans après avoir été enlevé par un triplé de bras cassés
savoureusement interprétés par Maxime Lefrancois, Mathieu Nicourt
et surtout, Luc Schwarz, Michel Houellebcq passe la porte d'une
établissement de thalassothérapie où durant une semaine, il doit
subir divers traitements curatifs à base d'eau, de boue, d'azote ou
de légumes. Contraint de se passer d'alcool et de cigarettes, son
intégration au sein des patients et des employés ne se fait pas
dans les meilleures conditions. Concilient, mais perturbé par
l'interdiction de donner cours à ses addictions, l'écrivain
rencontre au détour d'une cigarette fumée en cachette l'immense
Gérard Depardieu, lui-même en cure. S'enfermant régulièrement
dans la suite de l'acteur, Michel et lui boivent du rouge, mangent
des rillettes et échafaudent notamment des théories sur la vie et
la mort. En parallèle, Mathieu, l'un des trois kidnappeurs d'antan,
resurgit avec la ferme intention de contraindre Michel de lui dire où
est sa mère, qui après avoir quitté son compagnon a disparue.
Alors que Michel nie savoir quoi que ce soit au sujet de cette
dernière, Daria, fiancée de Mathieu et voyante, affirme que
l'écrivain ne dit pas toute la vérité et lui cache quelque chose.
C'est aidé de ses deux anciens compagnons Maxime et Luc que Mathieu
décide alors de retourner voir Michel afin de le faire parler...
''Stallone
à Cabourg, sur la plage, à poil... à poil en plus. Mais c'est des
conneries. Qu'est-ce tu veux qui vienne foutre, il a aut' chose à
foutre que d'aller à Cabourg...''
… citation
de Gérard Depardieu qui dans son propre rôle évoque ici une
situation ubuesque tout à fait représentative de l'ensemble du
long-métrage. C'était déjà le cas cinq ans en arrière et ça
l'est probablement encore davantage aujourd'hui. Sans doute avec ce
qui demeure actuellement un diptyque mais que l'on rêve déjà de
voir prendre le plus vite possible la forme d'une trilogie, Guillaume
Nicloux est aussi prompt qu'un Quentin Dupieux (Rubber),
un Thierry Jousse (Je suis un No Man's Land),
un Serge Bozon (Madame Hyde),
un Benoît Forgeard (Yves)
ou des Gustave Kervern et Benoît Delépine (I
Feel Good)
à se fourvoyer dans la comédie la plus débridée, branque,
allumée, et surtout abstractive qui soit. Et ici, sous une forme peu
commune puisque mélangeant docu et fiction. Une frontière que l'on
aura tout d'abord du mal à définir, Michel Houellebecq bouleversant
son public en versant de véritables larmes à l'évocation de sa
grand-mère. Du cinéma-vérité ''parasité'' par une accumulation
de séquences aussi absurdes que réjouissantes. Derrière le sérieux
apparent des événements, Guillaume Nicloux déroule le fil d'un
récit fuyant peu à peu le réalisme des débuts pour ne plus
accorder à ses personnages que des échanges métaphysiques loin
d'être puérils, mais abordés sur un ton infantile...
Tout
ceci a parfois l'air très bête... Certains pourraient y voir un
délirant débat entre poivrots et individus incultes. Mais réduire
Thalasso à
cette impression un peut trop confortable que l'on est devant un film
aussi rapidement écrit qu'interprété serait faire fausse route.
Car tout y est au contraire prodigieusement calculé. Et même si
l'on sent bien que certains improvisent parfois avec difficulté
(Gérard Depardieu n'a jamais été célébré pour avoir jamais
appris son texte), l’œuvre de Guillaume Nicloux est cohérente et
avance dans la bonne direction. Sans doute naïf, se cherchant
parfois, visionnaire crédule ou humaniste étourdi, le réalisateur
et scénariste signe une séquelle au moins aussi importante que sa
première réelle tentative de comédie tournée cinq ans en arrière.
Les fans de L'Enlèvement de Michel Houellebecq
retrouveront avec un bonheur sans réserve les interprètes de ce
dernier dans une suite qui leur fait autant honneur qu'aux vedettes
Michel Houellebecq et Gérard Depardieu. Il faut absolument que
Guillaume Nicloux pense à un troisième long-métrage mettant en
scène ce groupe d'acteurs fort sympathiques. Car avec autant
d'inspiration concentrée en un tout petit peu plus d'une heure
trente, ce réalisateur décidément pas comme les autres mérite
d'étendre davantage encore son univers fait de grands moments de
fous-rires et de petites émotions...
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