C'est non sans un certain
dégoût mêlé d'enthousiasme, s'il est bien entendu possible de
concilier les deux, que j'ai choisi en cet après-midi de canicule de
prendre le temps de m'infliger le dernier long-métrage du
réalisateur, scénariste et producteur californien Joe Carnahan.
Avec sa bonne bouille de bouffeur de hamburgers, on pourrait presque
d'avance tout lui pardonner. Même (et surtout) d'avoir retenu dans
son sillage, l'acteur français Omar Sy. À ce sujet, si d'autres que
Joe Carnahan pouvaient d'ailleurs le retenir sur le territoire
américain avant qu'il ne vienne faire des ravages dans notre pays,
ils sont les bienvenus. Après avoir participé à The Killer
de John Woo version 2.0 qui selon de très nombreux échos serait une
purge (affirmation qu'il va me falloir vérifier très prochainement)
et après être (heureusement) apparu timidement dans le thriller
d'Anne Le Ny l'année dernière avec Dis-moi
juste que tu m'aimes,
voici qu'Omar Sy revient dans ce qui semble être un film de ''pure''
Blaxploitation.
Genre prolifique et essentiel dans les années soixante-dix et
portant sur la revalorisation de l'image des Afro-Américains dans la
culture, aujourd'hui, le genre s'est paré d'un discours Woke
que l'on peut raisonnablement considérer de faisandé ! Alors
que l'acteur français vit désormais retranché aux États-Unis afin
d'y tenir le rôle principal d’œuvres dont on considérera
qu'elles peuvent être charitables envers lui au vu du pedigree du
bonhomme, en France, celui-ci jouit d'une bien mauvaise réputation,
crachant sur son pays d'origine et, par delà l'Atlantique,
considérant qu'en terme de racisme, ''il reste du travail à
faire''... Et l'on comprend tout à fait de quel sujet précis Omar
Sy veut parler ! Alors que Shadow Force
s'est pris un four aux États-Unis, sachant que le pays concentre
environ trois-cent quarante millions d'habitants et que le
long-métrage n'a engrangé qu'un dixième de son budget, dans
l'hexagone l'on n'a pas pris les mêmes risques puisqu'il est
directement sorti sur la plateforme Amazon
Prime jeudi
dernier. Pas de sortie en salle, et c'est tant mieux.
Après,
qu'il mérite ou non toutes les critiques qu'il s'est prise dans la
tête, le film n'est pas absolument impossible à supporter jusqu'à
son terme. Tout au plus doit-on l'envisager comme un film d'action du
pauvre. Si Omar Sy trône parmi les principaux interprètes, il faut
savoir que c'est par défaut. Alors que sa compagne à l'écran Kerry
Washington avait dès le départ été envisagée, avant que le
français ne débarque sur le tournage, les producteurs avaient
imaginé l'acteur américain Sterling K. Brown dans le rôle d'Isaac
Sarr. Principalement incarné par des interprètes d'origine
afro-américaines en dehors d'Omar Sy, le grand méchant du récit
est interprété par l'acteur blanc Mark Strong. Celui-ci incarne le
rôle de Jack Cinder, ancien directeur de la Shadow
Force,
une organisation multinationale formée autour d'hommes et de femmes
surarmés chargés d'attaquer terroristes, dictateurs et autres
joyeusetés. Mais depuis cinq ans, l'organisation a été défaite
depuis le départ d'Isaac et de Kyrah Owens (qui est donc interprétée
par Kderry Washington). Tombés amoureux l'un de l'autre, ils sont
désormais les parents du petit Ky (Jahleel Kamara) qui vit
aujourd'hui avec son père tandis que sa mère semble avoir
totalement disparu de la circulation... Mais alors qu'un jour Isaac
se rend à la banque, des braqueurs débarquent et mettent en jeu les
clients et le personnel. Par un subterfuge dont le spectateur ne
parviendra pas à s'expliquer la méthode employée par l'ancien
mercenaire, Isaac parvient à mettre les braqueurs hors service.
Malheureusement, la scène à été filmée par les caméras de
surveillance et par des smartphones et dès lors, Jack Cinder va
reformer le groupe de la Shadow
Force
afin de retrouver et se venger de Kyrah et d'Isaac qu'il considère
comme des traîtres... Avec un tel script, on s'attend à de l'action
pure et dure. Ce qu'offrent effectivement quelques séquences pas
désagréables à regarder.
Mais
sorti de ces quelques poursuites, bagarres et fusillades, le film
s'enfonce dans des lignes de dialogues interminables. Le réalisateur
et ses interprètes tentant ainsi d'apporter un peu de profondeur à
un long-métrage qui en manque pourtant cruellement. Impossible
ensuite d'identifier Omar Sy comme le héros idéal alors qu'un
Denzel Washington, un Laurence Fishburne ou un Samuel L. Jackson
auraient parfaitement fait le taf. Peut-être et même sans doute
trop âgés pour assumer désormais ce type de rôle, c'est donc bien
au français que le rôle a été confié. Bourré d'invraisemblances
telles que l'on se demande dans quelles mesures le film ne se
parodierait pas lui-même, la séquence située à l'intérieur de la
banque est emblématique du soucis rencontré avec l’écriture.
Imaginez : des hommes surarmés, au nombre de quatre ou cinq,
face à un homme seul, sans possession du moindre objet qui lui
permettrait de prendre le dessus sur ces criminels. Et pourtant,
Isaac y parvient. La séquence est filmée à l'arrache et de telle
manière qu'elle permet de conclure la scène sans avoir eu à
justifier telle ou telle méthode employée par notre héros ! Du
gros foutage de gueule mais en fin de compte, un grand moment de
poilade ! S'ensuivent donc les retrouvailles entre Isaac et
Kyrah. Des séquences on ne peut plus chiantes, entrecoupées de
rares scènes d'action dont une course-poursuite sur une route
embrumée. Pas mal, pas mal, mais lorsque l'on vous fait croire que
le bolide que vous avez entre les mains est capable de résister à
n'importe quel impact ou contact et que dès les premiers tirs une
vitre latérale explose, là encore, on croit comprendre que les
auteurs se fichent de nous ! Avec son final long et amusant, le
film essaie de rectifier le tir mais il est déjà trop tard...
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