Quel rapport entre
Vincent Dawn, Pierre Le Blanc, David Hunt, William Snyder, Jordan B.
Matthews, Jimmy Matheus, ou bien Michael Cardoso ? Tous ne sont
que des pseudonymes empruntés par le cinéaste italien Bruno Mattei.
Tout comme celui dont il a usé dans le cas présent pour le tournage
de L'Altro Inferno.
C'est bien donc le fameux réalisateur de Virus
Cannibale,
Robowar
et Zombi 3
qui nous revenait en cette année 1981 sous le nom de Stefan Oblowsky
pour une œuvre plutôt réussie au regard de certaines de ses plus
fumeuses productions considérées à tort ou à raison comme de
vulgaires séries Z (Cruel Jaws).
Si ça n'est certes pas avec L'Altro Inferno
que Bruno Mattei allait enfin pouvoir être redirigé vers le
panthéon des cinéastes spécialisés dans le film d'horreur de
classe A, c'est toujours avec un certain émoi que l'on découvre
l'une des ces innombrables pièces rares mises à disposition par de
généreux éditeurs. Dans le cas présent, c'est la défunte Néo
Publishing
qui nous offrit l'occasion de voir ou revoir l'un des long-métrages
ayant objectivement le mieux vieilli dans la carrière du cinéaste
italien. Du moins, pourra-t-on accorder à son auteur une certaine
aisance dans la mise en œuvre d'un récit particulièrement
bordélique. C'est d'ailleurs à travers cette perpétuelle approche
renonçant à toute forme de logique scénaristique (que l'on
reconnaît d'ailleurs dans de nombreuses production horrifiques
italiennes de l'époque) que le film gagne en intérêt.
Un
couvent, des nonnes hystériques, des phénomènes étranges évoquant
le Malin, un exorciste, et puis, des meurtres, rituels et sanglants.
Un programme alléchant pour un résultat parfois théâtral que le
doublage dans la langue de Molière accentue. On pompe allégrement
William Friedkin et son Exorciste
(référence à la vision spectrale), Ken Russel et ses Diables
(l'hystérie
des nonnes), et même l'excellente bande-son du glauquissime Buio
Omega
de Joe D'Amato signée par le groupe de rock progressif italien
Goblin.
L'un
des atouts de L'Altro Inferno
est sa recherche constante d'exacerbation dans le domaine de
l'hystérie. Les croyance sont ici vécues comme une névrose,
rendant ainsi le sujet quelque peu dérangeant. Sans doute pas
étrangère à la chose, c'est là aussi avec une certaine émotion
que l'on retrouve l'actrice italienne Franca Stoppi dont la carrière
ne semble pas avoir dépassé la quinzaine de long-métrages (je
connais le créateur d'un fanzine qui risque de grincer des dents si
jamais je me trompe) et dont le point culminant fut le rôle qu'elle
incarna dans Buio Omega deux
ans auparavant. Le visage émacié, un regard... fou, et l'air de
trimballer en tête des idées malfaisantes, l'actrice n'a jamais
besoin d'en faire des caisses pour générer un certain malaise. A
ses côtés, l'acteur Carlo de Mejo que les amateurs d'épouvante à
l'italienne reconnaîtront forcément puisqu'après l'avoir notamment
découvert dans le Théorème
de Pier Paolo Pasolini, ou Le Pont de Cassandra
de George Pan Cosmatos, il enchaîna les rôles de personnages dans
plusieurs films d'horreur, tels le Contamination
de Luigi Cozzi, et surtout plusieurs Lucio Fulci dont
Frayeurs
et La Maison près du Cimetière.
Dans
l'immense vivier des film horrifiques, L'Altro
Inferno ne
demeurera malheureusement pas parmi les plus mémorables. Pourtant,
au regard de la longue filmographie d'un cinéaste qui, avouons-le
même s'il on est fan, n'a que très rarement fait des prodiges en la
matière, ce film demeure comme une assez bonne surprise. Certes pas
aussi jouissif que le Virus Cannibale
qu'il réalisa l'année précédente ou l'autre grand classique que
le maître de la série Z tourna en 1984 (Les
rats de Manhattan),
mais tout à fait envisageable lors d'une soirée ciné entre potes...
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