Au beau milieu du mois de
juillet, enfermé derrière des volets protégeant à peine de la
canicule, sans le moindre souffle d'air, ni climatisation, et tout
juste à peine aidé d'un vieux ventilateur ayant autant d'efficacité
qu'une stère de bois détrempée posée dans le foyer d'une cheminée
en hiver, quoi de mieux qu'une comédie française mettant en vedette
notre plus grande star dans le domaine ? Qui n'évoquera pas
notre Louis de Funès national est sans doute trop jeune pour l'avoir
connu au temps où l'on célébrait chaque diffusion le dimanche soir
de l'un des innombrables classiques dans lesquels il joua. Afin de
coller à cette période caniculaire qui fera regretter à ceux qui
les préfèrent, les climats plus tempérés offerts par le printemps ou
l'automne, j'ai choisi à cette occasion de revenir sur Les
Grandes Vacances
de Jean Girault. Celui-là même qui offrit à Louis de Funès
l'opportunité d'endosser le costume de gendarme à six reprises, ou
qui lui consacra plusieurs long-métrages de qualité. Tels
Pouic-Pouic,
Faites Sauter la Banque (tout
deux réalisés en 1963), l'excellentissime Jo
en 1971, ou encore le pathétique La Soupe aux
Choux
en 1982.
Les Grandes
Vacances,
c'est tout d'abord une équipe rompue à la comédie. Car ceux qui
entourent Louis de Funès à l'écran, ne le sont pas ici pour la
première fois. On a pu en effet découvrir Maurice Risch dans Le
Grand Restaurant
de Jacques Besnard l'année précédente en 1966, Guy Grosso faisait,
lui, déjà partie de la section de gendarme sous les ordres du
Maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot, et l'on peut même remonter
bien plus loin encore puisqu'il apparut notamment dans La
Belle Américaine
en 1961 et Des Pissenlits par la Racine
en 1964. Mario David débutera lui sa carrière 'auprès'
de
Louis de Funès puisqu'on le découvrira au cinéma dès 1952 dans
La Tournée des Grand Ducs
d'André Pellenc, L'Amour n'est pas un Péché de
Claude Cariven, ainsi qu'en 1954 dans Ah !
Les belles Bacchantes
de Jean Loubignac. Olivier de Funès ne tournera qu'une poignée de
long-métrages, tous interprétés par son père, de 1965 avec
Fantômas se Déchaîne
d'Andre Hunebelle, jusqu'en 1971 avec Sur un
Arbre Perché de
Serge Korber. Quant à Claude Gensac, inutile de la présenter
puisqu'elle fut très souvent 'l'épouse'
du comique au cinéma. A tel point qu'il n'est pas rare que l'on
imagine que les deux acteurs ont joué ensemble des dizaines de fois
alors qu'il partagèrent la vedette sur grand écran à dix reprises
seulement. D'autres interprètes réapparaîtront plus rarement
puisque l'acteur allemand Ferdy Lane qui incarne ici le personnage de
Mac Farrell n'apparaîtra qu'une seconde fois auprès de Louis de
Funès dans Jo,
alors que l'actrice française Martine Kelly donnera la réplique au
comique à deux nouvelles reprises à l'occasion des tournages de
Hibernatus
d’Édouard Molinaro en 1969 et L'Homme
Orchestre
de Serge Korber en 1970.
L'un
des points fort de ces Grandes Vacances,
c'est sa musique, et surtout son thème principal qui parmi les airs
les plus connus de la filmographie de Louis de Funès fait partie des
plus reconnaissables. Dès le début, le spectateur apprend que le
film est dédié au cascadeur Jean Falloux qui lors du tournage d'une
scène aérienne a perdu la vie. L'une des particularités du film de
Jean Girault est de partager son intrigue entre la France et
l'Angleterre. Pourtant aucun plan n'a été tourné en
Grande-Bretagne, le film ayant été intégralement réalisé sur le
sol français. Louis de Funès fait preuve, comme à son habitude,
d'une énergie débordante qui lui vaudra le Prix
Courteline
en 1967. Les Grandes Vacances
est une très sympathique comédie qui nous fait donc voir du pays,
entre le pensionnat dirigé par Charles Bosquet (Louis de Funès), un
simulacre d'Angleterre donc, et le port du Havre. Une douzaine de
lieux de tournage pour un film qui donne parfois le tournis. Entre
amourettes, mariage à l'écossaise, dîner britannique,
course-poursuite vers le Havre à bord d'une bateau,
d'une voiture, ou d'un camion chargé à bloc de sacs de charbon, bagarre entre marins
et touristes dans un bar du port du Havre, rencontre plurielle avec
un Mario David drôlissime, Louis de Funès se donne à fond et
régale les spectateurs qui n'en manquent pas une miette. Loin
d'atteindre les sommets du genre, le film de Jean Girault est
cependant une très bonne comédie que l'on prend toujours autant de
plaisir à redécouvrir...
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