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jeudi 26 juillet 2018

Podium de Yann Moix (2004) - ★★★★★★★☆☆☆



Prix Goncourt du premier roman pour Jubilations vers le Ciel en 1996, critique littéraire pour le magazine Marianne entre 1998 et 2002, chroniqueur dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas Couché à partir de 2015 et ce jusqu'en 2018. Multipliant les casquettes, on ne peut pas dire que l'écrivain et réalisateur français Yann Moix ait chômé depuis ses débuts. En parallèle à ses différentes carrières de critique, d'écrivain et de chroniqueur, le bonhomme a eu le temps de réaliser deux longs-métrages qui ont tout deux obtenus des résultats auprès du public et de la presse diamétralement opposés. Le deuxième, pour commencer, qui fut un échec commercial et critique total et qu'il serait tant de réévaluer à sa juste valeur (Cineman, 2009). Quant au premier, Podium, que Yann Moix tourna cinq ans auparavant en 2004, il ne s'agit pas du biopic auquel certains s'attendaient sûrement (et en premier lieu, les fans du chanteur Claude François), mais d'une comédie, légère, décrivant avec beaucoup d'humour et de talent de la part de ses interprètes, les dérives consécutives à la passion dévorante pour une idole de la chanson française.

Ici, c'est l'acteur belge Benoît Poelvoorde qui s'y colle. Loin d’appesantir le récit sur l'aspect particulièrement sinistre de l'engouement pathologique pour une vedette de la chanson française ayant compté parmi les plus populaires de son époque, Yann Moix joue avec certains codes de la profession de sosie et délecte le spectateur en lui offrant en pâture toute une galerie de personnages aussi grotesques que pathétiques. Au centre desquels, donc, nous retrouvons Bernard Frédéric, vedette de sa propre existence. Petit employé dans une banque, il y a bien longtemps (cinq ans) que son épouse Véro (excellente Julie Depardieu) lui a imposé de stopper toute activité relative à sa passion dévorante. Le couple vit en compagnie de leur jeune fils dans une maison-témoin dont le sous-sol renferme les vestiges de l'ancienne passion de Bernard. Après avoir retrouvé son ancien compagnon de route Jean-Baptiste Coussaud dit « Couscous », sosie de Michel Polnareff sous le nom de Michel Polnar G, Bernard reçoit un coup de fil de Claude François lui-même sur le fameux téléphone rouge de la chanson Le téléphone pleure qu'il s'offrit cinq ans auparavant pour plusieurs milliers d'euros.
Bernard Frédéric décide alors de retourner à sa passion malgré l'avis de Véro, mais soutenu par Couscou. Le sosie de Claude François et son ami vont faire passer un casting à de jeunes danseuses afin de reformer les 'Bernadettes' et espèrent bien participer prochainement au concourt de sosie qu'animera la présentatrice Évelyne Thomas qui à cette occasion jouera son propre rôle...

Yann Moix décrit la passion de son héros comme un subterfuge lui permettant d'oublier sa morne existence. Car bien que père d'un jeune Sébastien (Nicolas Jouxtel) et époux amoureux de Véro, on ne peut pas dire que Bernard soit particulièrement conquis par son mode de vie. Se fondre dans la peau de son idole est une manière pour lui de quitter l'obscurité pour la lumière. Mais le risque ici, est de se perdre définitivement comme semble être perdu son ami Couscous, talentueusement incarné par l'excellent Jean-Paul Rouve. Le cinéaste, qui s'inspire ici de son propre roman éponyme, se réapproprie les codes vestimentaires de l'époque tout en ringardisant le propos à travers le souvenir de galas effectués dans des parkings de supermarchés Podium aura sans doute inspiré sa descendance car comment ne pas voir la moindre trace d'opportunisme dans le peu convaincant Stars 80 que Frédéric Forestier et Thomas Langmann réalisèrent huit ans plus tard ?

On pourra regretter que Yann Moix n'exploite pas davantage la psychologie d'un personnage 'borderline', se contentant finalement de jouer avec le grotesque du propos, bien qu'il ne se moque jamais véritablement de son héros. Les fans de Claude François ont là, matière à se réjouir d'une bande-son faisant la part belle à leur idole tandis que d'autres pourront y déceler une certaine forme de cynisme. Mieux vaut choisir son camp avant de porter un jugement définitif. Et quoi de mieux que l'émouvant duo entre la star et son sosie ? Podium mérite d'être redécouvert... A noter qu'une suite est prévue depuis quelques années avec dans les deux principaux rôles, Benoît Poelvoorde et Jean-Paul Rouve. Bien que les rapports entre le cinéaste et l'acteur belge se soient ternis à la suite du premier Podium, les deux acteurs y devraient être présents. En outre, Yann Moix a promis que le personnage de Couscous y aurait un rôle plus important que dans Podium. Affaire à suivre...

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