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mercredi 13 septembre 2023

Sentinelle de Hugo Benamozig et David Caviglioli (2023) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Il y a des mystères insondables qui ne s'expliquent que par une forte fièvre due au paludisme ou par une ironie si profondément enfouie en soit que l'on pourrait la croire être le fruit d'un propos au premier degré. D'où la question : doit-on remercier notre vénérable Otto pour sa critique de Sentinelle ou mérite-t-il l'échafaud en nous ayant fait croire que le dernier long-métrage de Hugo Benamozig et David Caviglioli était ''La meilleure comédie française depuis un bail'' ? En même temps, les fidèles adorateurs du géniteur des remarquables anthologies Videothon n'ont aucune bonne raison de lui reprocher d'avoir aimé le film puisqu'il n'est en rien responsable du naufrage que représente le cinéma comique français de ces deux dernières décennies. Jonathan Cohen tient le rôle principal de Sentinelle. Un type plus préoccupé par sa carrière de chanteur que par son emploi de flic. Un type sympa que ce Jonathan Cohen... Plutôt amusant au demeurant... Du moins, jusqu'à un certain point. Car à trop vouloir tirer sur l’élastique, celui-ci pète pour vous revenir en plein visage. En effet, y'en a marre de voir l'acteur répéter sans cesse et sans la moindre variante le même personnage. Au point qu'il finit par réussir à dégoûter les plus courageux d'entre nous. Le contraste entre l'objet que nous avons entre les mains et le ressenti d'une partie de la presse dont certains critiques du Figaro, du Parisien, de Elle ou des Inrockuptibles qui entreprirent de mettre d'excellentes notes au long-métrage me font me demander dans quelles mesures il s'agissait là du même film. Car à moins d'être totalement décérébré, de n'avoir en matière de comédie que des goûts de chioXXX, d'avoir misé des milliers de dollars dans cette affaire ou d'être un proche des auteurs ou de leur interprète principal, il n'y a très honnêtement pas là, de quoi frémir de plaisir devant ce qui demeure, selon moi (désolé Otto), l'une des pires choses à avoir vu le jour non pas sur grand écran mais directement sur la plate-forme Amazon Prime ! Sentinelle est d'une lourdeur abyssale.


Une décalcomanie de Brice de Nice qui pourtant semblait à son époque avoir volontairement choisi de faire dans le beauf. Pire que le cinéma de Michèle Laroque (la réalisatrice, pas la comédienne) mais bien au niveau du désastreux Brutus VS César de Kheiron, le long-métrage de Hugo Benamozig et David Caviglioli se veut un savant mélange de comédie et de film policier. Une très pâle parodie de références américaines au cœur desquelles les cinéphages puiseront leurs propres modèles. Plus grave : Sentinelle a tendance à démontrer sinon les faibles capacités d'évolution en matière d'interprétation de la part de son acteur principal, du moins sont incapacité à faire autre chose que ce pour quoi il est devenu célèbre. Jonathan Cohen a beau faire le pitre en usant de gimmicks usés jusqu'à la corde, il ne fait plus rire personne en dehors de ses fans hardcore (s'il en reste encore). Bien que n'étant pas non plus extraordinaire quoique tout à fait envisageable lors d'une soirée sans projet particulier, Terrible Jungle, le premier long-métrage de Hugo Benamozig et David Caviglioli était plutôt sympa. Mais le retour du duo à la mise en scène est malheureusement totalement raté. On ne parle bien évidemment pas des seconds rôles qui dans Sentinelle sont complètement éclipsés à cause de la trop grande monopolisation de Jonathan Cohen, lequel envahi totalement l'espace vital de ses partenaires. Celui de Raphaël Quenard, d'Emmanuelle Bercot, de Gustave Kervern ou même celui de Ramzy Bedia qui, la même année que Astérix et Obélix : L'Empire du milieu de Guillaume Canet (autre purge de haute volée), se voit une fois encore affublé d'une perruque ! Seule bonne nouvelle pour les producteurs, le film n'a coûté que cinq millions d'euros environ. Il est à supposer que le film attirera suffisamment de monde devant son petit écran pour rembourser ceux qui le financèrent. Pour celles et ceux qui auraient malgré tout l'intention de voir Sentinelle, prévoyez tout de même une boite entière de Primperan en cas de nausées... !

 

samedi 24 septembre 2022

Hommes au bord de la crise de nerfs d'Audrey Dana (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

La France... Ce si beau pays qui dégringole, qui fuit de partout, aux frontières poreuses, à l'éducation brinquebalante, aux mœurs de plus en plus délétères, future idiocratie qui n'en doutons pas, sera un jour dirigée par une ''intelligentsia'' décérébrée. Il n'y a pas si longtemps pouvions-nous encore nous changer les idées en nous enfermant dans les salles obscures, à rêver devant ces utopies où tout va bien et où le mauvais est invariablement balayé au détour d'un bon mot. Ces comédies écrites avec soin, par et pour des femmes et des hommes de bon goût ! Aujourd'hui, la comédie française est tel que nous est représenté notre pays. Désargentée, piteuse et artistiquement régressive. De la mal-bouffe numérique ou plus rarement imprimée sur pellicule. Il en est, mais si rares, qui heureusement sauvent les meubles chaque année. Mais combien d'entre eux ? Michel Hazanavicius et Coupez ! ? Oui, sans doute, mais à quel prix ? Celui de devoir aller chercher l'inspiration jusqu'en Asie et découvrir que sans l'habituel ''couplet/refrain'' (!?!), certains ne s'y retrouvent pas ? Hommes au bord de la crise de nerfs d'Audrey Dana, laquelle n'en est pourtant pas à sa première comédie signe avec celle-ci, un pur produit de consommation qui ne demande pas la moindre réflexion. Tout juste que l'on plonge la main dans son porte-monnaie pour y dénicher la poignée d'euros qui ouvriront les portes des salles obscures. C'est donc aujourd'hui que sort en dvd le nouveau long-métrage de la réalisatrice française. Et autant dire que portes-feuilles, portes-monnaie, comptes en banque et cartes bleues sont aux abois, suppliant que leur propriétaire n'aura pas la mauvaise idée d'acheter au format physique ce qu'ils avaient déjà enduré quatre mois en arrière au cinéma...


C'est que l'on finirait par oublier que Thierry Lhermitte fit partie de la troupe du Splendid, que Ramzy Bédia fut l'acolyte d'Eric Judor, que François-Xavier Demaison incarna au cinéma un Coluche convainquant ou que Laurent Stocker... Hein ! Quoi ? Ouais, non, pas lui ! Pour être tout à fait honnête, j'exagère peut-être un peu. Car entre le mauvais souvenir de sa vision en salle et sa redécouverte en DVD par l'entremise d'un ami achetant en magasin tout et n'importe quoi de manière compulsive, force est de reconnaître que Hommes au bord de la crise de nerfs n'est pas si mauvais qu'il n'y paraît. Au contraire même, ce bol d'air frais tant rêvé que promet la situation géographique du récit réussira le temps de sa projection à faire oublier presque n'importe lequel de vos tracas. Projet réunissant la vieille et la nouvelle garde de la comédie française (du quasi septuagénaire Thierry Lhermitte au jeune Max Baissette de Malglaive du haut de ses vingt-deux ans), le nouveau long-métrage d'Audrey Dana se montre en réalité fort généreux. Écrit par ses soins ainsi que ceux de Claire Barré, le scénario plonge ses protagonistes en pleine nature avec à leur disposition, un service minimum : une yourte et des produits locaux poussant ou gambadant à portée de main. Sans oublier Marina Hands qui dans le rôle légèrement perché d'Omega va tenter de leur faire oublier tous leurs tracas. Si le film commence sous les meilleurs augures avec sa brochette de personnages tantôt dépressifs, tantôt râleurs, contraints d'obéir à un concept de thérapie de groupe plutôt original, au fil de récit l'on finit par s'attacher aux personnages. Une thérapie exclusivement réservées aux hommes mais coachée par une femme ! Malgré les divers désagréments et les personnalités différentes de ces sept adultes se comportant parfois comme des enfants, la bonne humeur va lentement mais sûrement s'installer. Une bonne humeur communicative qui parviendra d'ailleurs à se transmettre jusque chez le spectateur. Si Hommes au bord de la crise de nerfs n'est clairement pas la comédie de l'année (laquelle l'est-elle d'ailleurs?), les personnages sont attachants, suffisamment différents les uns des autres pour s'y retrouver ici ou là et l'environnement ''aéré'' particulièrement séduisant. De la tendresse et de l'humour, quoi demander de plus... ?

 

jeudi 16 juin 2022

Kung-Fu Zohra de Mabrouk El Mechri (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Drôle de thérapie que le dernier long-métrage du réalisateur et scénariste français Mabrouk El Mechri qui quatorze ans après l'original JCVD qui à l'époque mettait en vedette l'acteur belge Jean-Claude Van Damme signe une comédie qui de son propre aveu est basé sur son histoire personnelle. Ou plutôt celle de sa mère, qui comme l'héroïne de Kung-Fu Zohra fut elle aussi battue par son mari. On peut donc supposer que d'expérience, le versaillais, ancien assistant-réalisateur Mathieu Kassovitz, est le mieux placé pour parler de ce difficile sujet. Mais sa mère, justement, savait-elle que son fils allait le traiter sous l'angle de l'humour ? Il est relativement jouissif d'imaginer celles et ceux qui d'emblée se sont sans doute mis à grincer des dents et à ronger leur frein jusqu'à découvrir sur le terrain, l'angle choisi pour un sujet si délicat. Ça commence par un coup de foudre au bled et se termine par un coup de pied dans sa face. Mais d'ici à ce que Zohra parvienne à faire entendre sa voix et ses poings, la jeune et jolie maghrébine use de tous les subterfuges pour cacher ce que lui fait subir son conjoint. Si elle porte des lunettes de soleil, c'est parce qu'elle a une cataracte ou une dégénérescence maculaire ! Face à Zohra, il y a Omar, robuste, gentil comme tout sous le soleil du Maghreb mais révélant une toute autre facette de sa personnalité lors de son retour en France, à Pecq dans les Yvelines où fut tourné une partie non négligeable du long-métrage. Avec son look d'immigré des années soixante-dix, le cheveu crépu et épais, Ramzy Bédia n'a pas trop à forcer le trait pour apparaître crédible dans le rôle du méchant Omar qui soupçonne sa femme chaque fois qu'elle est au téléphone ou qu'elle parle à un autre homme. L'enfer dans lequel le réalisateur enferme le personnage qu'interprète l'actrice et réalisatrice française Sabrina Ouazani ne va pas s'arranger, bien au contraire. Si l'on a tout d'abord un peu de mal à comprendre où veut vraiment en venir Mabrouk El Mechri vue la difficulté avec laquelle il est demandé à certains cinéastes de s'interroger sur les violences conjugales, la bande-annonce avait à l'époque de quoi rassurer le public avide de comédies. Sans prendre conscience des enjeux d'une telle thématique, on pouvait sans mal cocher le film dans la colonne des projets cinématographiques à venir qu'il ne faudrait peut-être pas manquer...


La première partie laisse au spectateur l'étrange sensation d'avoir été trompé. En effet, il semble que le sujet des violences conjugales ait été traité sous un angle plus sérieux qu'il n'y paraissait dans la bande-annonce et où l'humour semble avoir été pratiquement banni. Rassurant peut-être ainsi celles et ceux qui estiment qu'on ne badine par avec un sujet aussi important. En même temps, à moins d'être entré dans la salle obscure en regardant par terre, difficile d'imaginer que le film puisse être autre chose que ce que prétendait la bande-annonce... ou son affiche, laquelle fait très clairement référence au roi du kung-fu, Bruce Lee, qui trônait en bonne place sur les affiches de ses films. Une similitude forcément sans équivoques. Notons d'ailleurs un détail relativement amusant puisque en 2001, Ramzy Bédia incarnait dans La tour Montparnasse infernale de Charles Nemes, un laveur de carreau complètement débile qui à un moment donné était provoqué en duel par un certain Ming (surnommé Mireille Mathieu à cause de sa coupe au bol), la séquence prenant ainsi l'allure de celle qui opposa longtemps auparavant dans Le jeu de la mort le gigantesque basketteur Kareem Abdul-Jabbar et l'immense Bruce Lee ! Souvent, lorsque est évoqué le film, celui-ci se prend une volée de bois vert. On ne cause pas dans les salons privilégiés de ses qualités de mise en scène ou de son interprétation mais du choix délicat d'avoir traité le sujet sous l'angle de l'humour. C'est à se demander si ceux qui crachent sur le long-métrage de Mabrouk El Mechri ont fait l'effort de se rendre en salle obscure lors de sa sortie sur grand écran ou si leur jugement ne reposerait pas en fait que sur de simples on-dit...


Une comédie, Kung-Fu Zohra ? Certainement pas. Ou du moins l'est-elle, mais dramatique. Durant plus de cinquante minutes, on assiste aussi désœuvrés que la victime des violences conjugales au quotidien d'Omar, fan de foot un brin alcoolique et violent mais plus encore de Zohra, la compagne au visage témoignant des blessures qu'il lui inflige hors champ de la caméra. Quitte à décrire les violences dont est victime la jeune femme, pourquoi le réalisateur ne s'est-il pas montré plus radical en filmant les supplices de son héroïne ? Par respect pour sa mère ? Pour celui des femmes en général ? Ramzy Bédia est convainquant et même parfois, effrayant tant il paraît ici parfaitement naturel, monstrueux, utilisant l'enfant qu'Omar et Zohra ont eu pour tenir cette dernière sous son emprise. Le scénario de Mabrouk El Mechri introduit alors un concept assez curieux reprenant celui du film culte de John G. Avildsen sorti en 1984, Karaté Kid. Œuvre dans laquelle un adolescent martyrisé par des camarades d'université (l'acteur Ralph Macchio dans le rôle de Daniel Russo) s'entraînait au karaté auprès d'un professeur rompu aux arts martiaux (Noriyuki « Pat » Morita dans le rôle de Kesuke Miyagi). Malheureusement, de ce point de vue, la comparaison s'arrête là. L'entraînement de Zohra s'offre la partie congrue et se résume au fond à surtout brasser de l'air. Kung-Fu Zohra possède néanmoins de nombreuses qualités, comme la sobriété de la mise en scène ou celle des interprètes. Sabrina Ouazani est touchante (férue d'arts martiaux, l'actrice s'est intensément entraînée pour le rôle) et le ''blédard originaire de Pékin'' qu'interprète l'acteur Tien Shue, comment dire... exotique. Le film retranscrit très bien l'emprise du conjoint violent sur son épouse ainsi contrainte de rester vivre auprès de son bourreau si elle veut pouvoir toujours voir sa fille (la jeune Lina Hachani dans le rôle de Zina). C'est peine perdue pour ceux qui espéraient rire aux éclats (en dehors d'une séquence finale libératrice) car malgré l'irruption de quelques séquences saugrenues (introduites dans une bande-annonce mensongère) Kung-Fu Zohra revêt d'abord les atours du drame social... Quant aux amateurs exclusifs de films d'arts-martiaux, certains préféreront sans doute le générique de fin à tout ce qui aura précédé... Convainquant !

 

mardi 14 décembre 2021

Cette musique ne joue pour personne de Samuel Benchetrit (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Poussin ouvre ses chakras à travers des ouvrages de méditation. Bouli Lanners qui l'interprète s'y connaît en mantra, lequel témoignait il y a quelques années en arrière que ''Vivre, ça n'est pas simplement respirer''. Jeff de Claerke n'est pas simplement que le chef d'une équipe de dockers. L'homme travaille sa prose sous la forme de poèmes. Et comme ils ne lui suffisent plus pour attirer l'attention de celle qu'il aime (la jolie caissière Roxane qu'interprète Constance Rousseau), son professeur lui conseille d'essayer l'alexandrin. Au risque lui-même de finir dans un trou si jamais l'idée ne donne aucun résultat : ''Je-vais-e-ssa-yer-d'é-crire-un-a-le-xan-drin..... Pour-me-faire-com-pren-dre-de-cette-cai-ssière-jo-lie..... Et-si-ça-ne-mar-che-pas-cette-fois-en-co-re..... Je-tue-rai-mon-pro-fe-sseur de po-é-sie.... ça fait onze. Ça marche pas''. Et le dit professeur de répliquer ''Je-DE-SCEN-DRAI-mon-pro-fe-sseur de po-é-sie....''. Ça n'a l'air de rien mais ces quelques alexandrins figurent à eux seul l'esprit tout entier de Cette musique ne joue pour personne, le dernier long-métrage de Samuel Benchetrit. Où l'amour, la poésie et la violence communiquent dans une camaraderie incisive. Tourné dans le Nord de la France, le film exploite l'image pas toujours très joyeuse et reluisante d'une jeunesse désargentée, avec son accent Ch'timi à couper au couteau et ses prolétaires qui passent leur temps devant la télé à regarder des émissions insipides. Provenant sans doute moins d'une planète très éloignée de celle où vivent ceux du centre ou du sud de l'hexagone que les héros de Bruno Dumont (Coin Coin et les Z'inhumains), nos personnages, si tant est que le réalisateur les ait caricaturé à l'excès, sont d'abord touchants et non pas effrayants comme peut l'être un fait dont on ne comprend ni l'origine ni les intentions...


En cela, l'univers de Samuel Benchetrit se rapproche sensiblement de celui du duo formé par Benoît Delépine et Gustave Kervern qui eux-mêmes investissent souvent de mystérieuses contrées où naviguent l'étrange et l'absurde. Le second rejoint d'ailleurs l'équipe formée autour de François Damiens, le poète transi d'amour pour sa caissière en blouse rose. L’œuvre nous impose un casting en or. Complété par Ramzy Bédia dans le rôle de Neptune et JoeyStarr dans celui de Jésus. Une équipe brinquebalante qui oscille entre pureté et ''congestion'' et à laquelle sont également greffés Vanessa Paradis, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Podalydès ou Vincent Macaigne pour les plus connus d'entre eux. Malgré son attitude posée, le scénario semble n'avoir rien à nous raconter. Tout y transpire la banalité. Mais dans ce quotidien auquel nous n'aimerions sans doute surtout pas nous référer, le réalisateur français et son scénariste Gabor Rassov ont la générosité de ceux qui partent d'une histoire simple pour nous conter le récit d'individus à l'existence apparemment sage et sans aspérités mais à laquelle viennent pourtant se greffer des ''détails'' comportementaux savoureusement transgressifs.


Le récit intéressant peut-être un peu moins Samuel Benchetrit que ses personnages, on se penchera plus sur leurs différents traits de caractère que sur leurs actes. Quoique, quoique... Le réalisateur n'oublie pas ces petits détails qui font la différence. Des personnages parfois, et même très souvent, maladroits, appliquant des méthodes inédites pour convaincre par exemple un garçon de participer à la fête organisée par la fille de l'un d'entre eux ou pour contraindre l'une de ses camarades, au contraire, à ne pas y assister. Si vous voulez découvrir une Valeria Bruni Tedeschi triste à mourir, vautrée dans son canapé devant des émissions débiles et vêtue de son éternel pantalon de survêtement, ou Vanessa en actrice de théâtre bègue, Gustave Kervern endossant le costume de Jean-Paul Sartre, Bouli Lanners menaçant des adolescent(e)s à l'aide de sacs-plastique ou de sa ceinture ou encore François Damiens et Ramzy Bédia dans une belle complicité, ruez-vous sur Cette musique ne joue pour personne. Simple, poétique, caustique, séduisant. Une jolie surprise...

 

mardi 28 avril 2020

Rendez-vous chez les Malawas de James Huth (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Contre la sinistrose, rien de mieux qu'une comédie. Bonne ou mauvaise, qu'importe. L'essentiel est de se vider la tête, rire un bon coup et pourquoi pas, en conserver un bon souvenir. On évitera donc d'avoir la dent trop dure contre le dernier long-métrage de James Huth, auteur auparavant de Brice de Nice, de Lucky Luke ou d'Un Bonheur n'arrive jamais Seul. Rien de transcendant, donc à part pour celles et ceux qui édifièrent une stèle autour du personnage incarné par Jean Dujardin, le fameux Brice en question. Si Rendez-vous chez les Malawas se digère relativement bien, cette petite comédie dans l'air du temps, avec ses gags grabataires et son contexte voilant à peine ses références télévisuelles, déroule son récit sans qu'aucune aspérité ne vienne gripper le train-train d'un cinéma français humoristique qui se mord la queue à force de toujours copier/coller le même concept. Il sera facile pour certains d'évoquer l'image d'une Afrique primitive comme élément de caricature. Mais ne l'oublions pas, si l’œuvre de James Huth évoque forcément la remarquable émission présentée par Frédéric Lopez (puis plus tard par Raphaël de Casabianca) Rendez-vous en terre inconnue, il n'y a aucune raison valable de n'y voir que le côté sombre des éternels clichés dont se font les pourfendeurs les marchands de la bien-pensance. Car qui oserait critiquer la dite émission ? Certainement pas ceux qui pourraient par contre éventuellement s'acharner sur l’œuvre de James Huth...

A dire vrai, ceux que le réalisateur/scénariste moque réellement dans ce long-métrage qui confronte quatre ''célébrités'' à un peuple d'Afrique, ce ne sont pas ces malawas que l'on aurait aimé voir réellement exister mais bien ce journaliste en perte de vitesse, animateur d'un ''télé-achat'' et leader autoproclamé. Cette actrice de sitcom dont aucun film n'a vu le jour sur grand écran. Cet humoriste qui parvient péniblement à remplir les salle de spectacle. Ou bien ce footballeur professionnel pas vraiment finaud. On le comprends assez rapidement : le réalisateur n'a pas choisi de faire dans la finesse et semble n'avoir pas la moindre tendresse pour ses ''héros''. Ici, le message tiendra dans quelques toutes petites phrases laissées derrière eux par celle et ceux qui par la force des choses sont devenus les vedettes préférées des français. James Huth a beau tourner son film sur des terres africaines absolument magnifiques, il n'en exploite malheureusement le potentiel que très superficiellement. Ou comment gâcher une opportunité en ne concentrant son intrigue qu'autour de son quatuor de pantins.

Sylvie Testud, Michaël Youn, Ramzy Bédia et Christian Clavier font ce qu'on leur demande et ils le font bien. Pascal Elbé incarne quant à lui l'alter ego de Frédéric Lopez en la personne de Léo Poli tandis que François Levantal interprète le cameraman Géronimo. La plus grosse déception de Rendez-vous chez les Malawas se situe dans son manque flagrant de profondeur. Ça n'est pas parce que le réalisateur a voulu une fois encore emprunter le terrain de la comédie que cela doit forcément l'empêcher à chaque fois d'y imposer une certaine dimension. D'autant plus qu'avec la référence télévisuelle que se traîne derrière lui son dernier long-métrage, le script co-écrit par James Huth, Michaël Youn et Sonja Shillito possédait des bases solides qui ne manquaient plus qu'un tout petit effort d'imagination de la part de ses auteurs. En l'état, Rendez-vous chez les Malawas est une comédie sympathique, drôle à certaines occasions si rares soient-elles, mais manquant, je le répète d'une certaine profondeur. Si son peuple imaginaire ne laisse pas indifférent, James Huth semble très rapidement s'en désintéresser pour ne concentrer son récit que sur son carré de vedettes. Un choix malheureux pour une comédie qui une fois encore, ne parvient pas à s'extraire du lot...

dimanche 2 décembre 2018

Hibou de Ramzy bédia (2015) - ★★★★★★☆☆☆☆



Ramzy Bédia, la moitié du duo Eric et Ramzy que l'acteur humoriste et réalisateur formait aux côtés d'Eric Judor aura attendu bien des années avant de s'affranchir totalement de son binôme avec Hibou, son second long-métrage après Seuls Two qu'ils réalisèrent ensemble mais dont il est désormais l'auteur unique. Un investissement de quatre millions d'euros pour un résultat avoisinant les quatre-vingt mille entrées sur le seul territoire français. On pourrait, oui, appeler ça un bide. Le public n'a pas suivi sans doute à cause d'un manque de promotion mais aussi parce que la sortie fut contrecarrée par des événements parallèles qui l'ont alors passé sous silence. Et puis, il y a cette affiche, significative, mais laissant le public dans l'interrogation. Ce qui saute très rapidement aux yeux, c'est la grande ressemblance entre l'univers ici construit par Ramzy Bédia, Fadette Drouard et François Reczulski avec celui qu'à bâtit, brique après brique, le cinéaste et compositeur Quentin Dupieux auprès duquel Ramzy Bédia a justement collaboré sur le très curieux Steak. Culte pour certains, véritable daube pour d'autres, le film ne laissait en tout cas pas indifférent. Entre fascination et rejet. Pas sûr que Ramzy parvienne au même résultat avec Hibou, et pourtant, dans la peau du cinéaste se mettant lui-même en scène, il a réussi l'exploit d'aller jusqu'au bout de son idée même si au final, son film n'a pas tout à fait la même saveur que ceux du cinéaste auquel il est impossible de ne pas faire la comparaison.

Ramzy Bédia incarne le personnage de Rocky, un employé de bureau que tout le monde ignore, à tel point que l'on se demande dans quelle mesure il ne serait pas transparent. Un soir, à l'issue de sa journée de travail, il tombe chez lui nez à nez avec un Hibou Grand-Duc qui ne décollera plus de son salon. Il en parle à ses collègues, ainsi qu'au propriétaire d'une animalerie qui lui conseille de le nourrir à l'aide de souris mortes. La présence de l'animal lui donne une idée. Dès le lendemain, Rocky se présente au travail vêtu d'un déguisement de hibou. Mais là encore, le monde qui l'entoure continue de l'ignorer. Personne ne semble s'être aperçu du changement. Desespéré, il va pourtant faire la connaissance d'une jeune femme vêtue d'un déguisement de panda avec laquelle il va sympathiser et surtout, s'affirmer auprès des autres...

Œuvre particulièrement atypique, Hibou offre l'occasion à Ramzy Bédia de composer aux côtés d'une Élodie Bouchez planquée sous le costume du panda. Si l'on ne rit pas aux éclats, ce qui, je pense, ne faisait de toute manière pas partie des attentes de l'acteur-réalisateur, il arrive cependant que l'on sourit, charmés par cette tentative qui ne ressemble pas vraiment au cinéma pépère et souvent indigent, que le cinéma français, en terme de comédies, nous sert un peu trop régulièrement. L’œuvre de Razmy est touchante, poétique, et principalement axée sur son personnage principal. Un individu naïf dont l'attitude est en total décalage avec le monde qui l'entoure. Presque une œuvre « féminine » qui s'offre parfois des décors rose-bonbon plutôt jolis et des situation parfois cocasses. Des idées, c'est sûr, Ramzy en a beaucoup. Si certaines parviennent à faire mouche, ce n'est pas le cas de l'ensemble dont plusieurs évoquent encore l'immaturité d'un cinéaste, espérons-le, en devenir. Razmy Bédia s'offre de sympathiques seconds rôles à l'image d’Étienne Chicot dans le rôle du propriétaire totalement barré de l'animalerie, Philippe Katerine dans le rôle du voisin et ancienne gloire de la chanson française selon Rocky, Francis Banane, ainsi que Guy Marchand dans le tout petit rôle du père de Rocky.
L'air de rien, sous ses airs charmeurs et bucoliques, Hibou réussit à mettre en évidence le statut des individus effacés et physiquement marginaux face à l'impérialisme du paraître où l'apparence et le bagou sont des armes contre lesquelles l'homme discret l'est tant qu'il en devient invisible. Une jolie surprise qui manque cependant d'ampleur pour convaincre tout à fait...Qui sait, peut-être la prochaine fois ?

dimanche 11 février 2018

Coexister de Fabrice Eboué (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Si vous survivez à la vague de gags qui submergent les vingts premières minutes de Coexister, vous êtes en bonne voie. Mais tout d'abord, quelques petits conseils : asthmatiques, veillez à vous munir de votre ventoline, quitte à prévoir une recharge supplémentaire. Quant aux cardiaques, inutile de préciser qu'une révision du moteur me semble plus qu'appropriée avant de vous lancer dans cette folle aventure qui, contrairement à ces quelques comédies faussement polémiques qui ont provoqué quelques dégâts collatéraux chez certains critiques, évite toute forme d'hypocrisie et de sous-entendus raciaux et religieux. Vingt minutes donc, et pour être plus précis, dix-neuf plus une poignée de seconde à tenter de reprendre une respiration normale. Des rires en cascade, s'enchaînant à une allure si vive que la sur-ventilation nous guette. Fabrice Eboué signe rien que moins que l'une (ou la) des comédies les plus efficaces de ce début d'année. Dans le genre, il relève le défit haut la main, dépassant de loin, et même de très loin les champions de la catégorie. Acteur, réalisateur et scénariste de son propre long-métrage Coexister (le troisième après Case Départ et Le Crocodile du Botswanga), l'humoriste y jette une idée toute bête mais qui, bizarrement, n'a pourtant jamais semblé traversé l'esprit de quiconque. EA notre époque, évoquer le rassemblement des trois principales communautés religieuses de France pouvait prêter à polémique. Et pourtant, si même cette pensée peut traverser l'esprit durant les premières minutes, elle s'efface au profit de l'humour d'un artiste qui ose parler de tout, sans langue de bois ni pincettes.

Fabrice Eboué débute l'écriture du scénario à partir de l'histoire véridique de Joseph Dinh Nguyen Nguyen, ancien séminariste et chanteur vietnamien du groupe Les Prêtres (aux côtés de Jean-Michel Bardet et Charles Troesch) ayant SEVÎT en France entre 2010 et 2014 (trois albums au total ), lequel abandonna sa vocation de religieux. Fabrice Eboué se questionne sur le choix de l'ancien prêtre puis attaque l'écriture de ce qui deviendra au cinéma Coexister. Soit, non plus la réunion de trois prêtres, mais d'un seul, aux côtés d'un imam et d'un rabbin. Je sais, ça a tout l'air d'une blague mais c'est bien de cette coexistence dont il est question ici. Tout la force du nouveau long-métrage réside sur plusieurs points : l'acteur-réalisateur évite tout manichéisme. Il ne s'érige également pas en grand ordonnateur d'une certaine morale et s'autorise même à rajouter quelques couches de douce provocation à un sujet qui, c'est certain, en fera dès le départ rugir certains. Dans le rôle de Nicolas Lejeune (directeur de la section musicale des entreprises Demanche, dont la présidente n'est autre que l'excellente (et ici, détestable) Mathilde Seigner), Fabrice Eboué est épaulé par un trio (et même un quatuor) d'interprètes totalement acquis à la cause d'un scénario dont l'idée, n'est pas si stupide qu'elle en a l'air.

Ramzy Bédia, Guillaume de Tonquédec et Jonathan Cohen, l'arabe, le français et le juif. Sans oublier l'excellente Audrey Lamy, dans le rôle de la blonde nymphomane. Fabrice Eboué, tout en passant en douce un message à l'attention des plus réfractaires à la fraternisation entre les peuples et les religions, injecte le même humour qu'on lui connaît sur scène. Pourtant, son film et ses personnages n'ont rien de la beauf-attitude que certains dialogues pourraient leur prêter. C'est là, toute l'intelligence de son écriture. Faire grincer les dents des moins ouverts d'esprit à dose si peu thérapeutique que l'on n'a pas vraiment le temps de réfléchir à telle ou telle réplique. Son quatuor d'interprètes fait des étincelles. L'amitié et la bonne humeur qui les lie sur le tournage sont véritablement communicatifs. L'humour, toujours l'humour. Si le message est clair, Fabrice Eboué s'attaque à certaines convenances sans jamais être choquant. Le sourire n'est jamais jaune, lorsque le réalisateur évoque par exemple le faux imam consommant de l'alcool et du saucisson à base de porc, le prêtre se laissant aller au plaisir de la chair, ou encore le rabbin « sniffant » de la cocaïne avant chaque entrée en scène.Il est fort à parier que Coexister demeurera comme l'une des quelques comédies de l'année dont on se souviendra encore longtemps. N'écoutez pas ce qui affirment que "Coexister" se montre timide dans sa critique du monde de la musique, et très insuffisant dans son approche des tensions religieuses, le propos n'est pas là. Regardez-le, tout simplement...

samedi 25 juin 2016

La Tour 2 Contrôle Infernale de Eric Judor (2016)



Quinze ans après les aventures rocambolesques d'Eric et Ramzy, La Tour 2 Contrôle Infernale revient sur les origines des défaillances intellectuelles des deux zigotos. Mais contrairement au premier volet, cette fois-ci, les deux personnages principaux ne sont plus les laveurs de carreaux mais leurs géniteurs, pilotes pour l'aviation française, et qui lors d'un test de centrifugeuse à l’École de l'Air de Salon de Provence, vont perdre totalement la boule. Alors qu'ils étaient pressentis pour faire partie d'une mission de la plus haute importance, les voici désormais relégués comme bagagistes à l'aéroport d'Aurly-Ouest.

Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk, c'est leur nom, vont être les témoins d'un bien curieux événement. En effet, alors que les départs d'avions sont tous retardés ou supprimés, ils constatent avec effroi qu'un groupe de terroristes menés par un certain colonel Janouniou, qui n'est autre qu'un ancien militaire ayant officié sur la base aérienne de Salon de Provence, se sont emparés des commandes de la tour de contrôle de Aurly-Ouest. Alors que le groupe, nommé Moustachious, tente de négocier avec le ministre de l'intérieur, Ernest et Bachir mettent tout en œuvre pour reprendre le contrôle de l'aéroport. Ils pourront compter pour cela, sur l'aide de Jean-Peter McCalloway, qui n'est autre que le futur géniteur de John MacCalloway dont le fils de Bachir, Ramzy, tombera amoureux lors des aventures se déroulant dans La Tour Montparnasse Infernale...

Le cinéaste Charles Nemes, auteur du premier volet, n'étant plus de la partie, c'est cette fois-ci Eric Judor qui est aux commandes de La Tour 2 Contrôle Infernale. Endossant donc en compagnie de Ramzy Bédia les costumes des père respectifs des deux héros du premier volet, les deux acteurs retrouvent pour cette suite quelques-uns des interprètes de La Tour Montparnasse Infernale. Serge Riaboukine, dans le rôle de l'un des hommes de main du chef du gang Moustachious et jumeau de De Fursac, le méchant du premier volet, ainsi que l'actrice Marina Foïs dans celui de la conseillère du Ministre, enceinte et future mère d'un bébé qui sera donc la fille de celle-ci dans le premier volet.


Autant le dire tout de suite, La Tour 2 Contrôle Infernale est bien moins amusant que La Tour Montparnasse Infernale. C'est toujours aussi lourd, mais alors qu'auparavant les gags demeuraient malgré tout plutôt drôles, désormais, on sourit sans jamais vraiment rire aux éclats. Et c'est bien dommage car aux commandes du scénario, les auteurs Éric Judor, Ramzy Bédia et Nicolas Orzeckowski font preuve d'une grande imagination en terme de situations comiques. Sauf que la sauce ne prend pas vraiment. Ça se regarde sans trop d'ennui, mais on assiste plus au spectacle comme à une succession de gags plus ou moins inégaux qu'à un récit. Ce qui dénote le peu d'intérêt qu'offre le film. Plus encore qu'Eric Judor et Ramzy Bédia, c'est surtout le musicien/chanteur et désormais acteur Philippe Katerine qui sort du lot. A tel point que l'on a l'impression que le film a été essentiellement conçu autour de son personnage. En dehors de son personnage, La Tour 2 Contrôle Infernale demeure malheureusement assez plat...

dimanche 22 mai 2016

Seuls Two de Éric Judor et Ramzy Bédia (2007)



Gervais est la risée de son service. Petit policier maladroit et incompétent, il n'a de cesse de traquer Curtis, un cambrioleur plein de malice qui en fait voir de toutes les couleurs à Gervais. Un jour, une fois de plus, Gervais croise la route de son pire ennemi. Cette fois-ci, la course-poursuite semble bien engagée, mais dès que le policier met les pieds sur les Champs-Élysées, il se retrouve tout seul. Il n'y a plus âme qui vive dans les rues de la capitale. Enfin, pas tout à fait puisqu'en dehors de Gervais, il demeure également la présence de Curtis qui une fois de plus a fait des siennes en s'emparant d'un véhicule de formule 1. Malgré l'incongruité de la situation, Gervais garde à l'esprit qu'il lui faut à tout pris mettre la main sur Curtis afin de l'enfermer derrière les barreaux d'une prison alors que celui-là même profite justement des circonstances pour se jouer du policier lancé à ses trousses dans un Paris qui leur appartient désormais totalement...

Éric et Ramzy plongés tout deux dans une comédie pseudo-fantastique, cela a de quoi éveiller les sens. On imagine bien évidemment pas les deux hommes changer de registre, d'autant plus qu'ils sont eux-mêmes les réalisateurs ainsi que les scénaristes auprès de Philippe Lefebvre et Lionel Dutemple. De l'incongruité, on en trouve déjà dans le titre : Seuls Two !!! allez savoir ce qu'il a pu leur passer par la tête ce jour-là. Afin d'obtenir un résultat consistant à promener leur personnage respectif dans un Paris totalement vidé de ses habitants, la ville a bloqué durant le tournage, les automobilistes ainsi que les piétons.

Le cadre de jeu de Seuls Two est un immense bac à sable, un terrain de jeu extraordinairement élargi qui a permis à Éric et Ramzy de s'éclater à loisirs, et le film a tout de même coûté quant à lui la modique somme de dix-huit millions d'euros.

Il m'aura fallut tout de même le voir trois fois dont une seule, intégralement. Pourquoi ? Parce qu'à la toute première vision, l'ennui a été tel qu'au bout d'une demi-heure, et ne supportant pas le vide scénaristique de ce long-métrage, j'ai dû, avec un certain mépris, arrêter le film, remettant ainsi à plus tard le projet d'écrire un article dessus. La seconde fois, m'étant endormi approximativement au même moment, je n'ai pu assister aux élucubrations du duo de comiques. Ça n'est donc qu'après quelques années de patience que j'ai enfin décidé d'y revenir et de le visionner, cette fois-ci, jusqu'au bout. Deux comprimés de vitamine C et une heure trente-quatre après le démarrage de Seuls Two, le constat est là : le film n'est pas si mauvais qu'on le dit. Du moins, qu'une partie du public l'affirme en l'assassinant sans autre forme de procès. Forcément, les personnages incarnés par le duo ne transpirent jamais l'intelligence. En même temps, ça n'est pas ce qu'on leur demande.

Le principal soucis de Seuls Two tient dans sa première demi-heure. Un calvaire. D'un ennui rarement égalé, cette première partie a sans doute fait fuir une partie de ceux qui désormais considèrent le film comme un pur navet. Si l'on s'en tient à cette partie uniquement, effectivement, Seuls Two est triste à mourir. Il y a pourtant dans ce cinéma, quelque chose qui rapproche ce film d'un auteur génial qui lui aussi, malheureusement, rencontre parfois des difficultés avec un public pas forcément rallié à sa cause : Quentin Dupieux. Car Seuls Two est absurde, oui. Surréaliste, bien évidemment. Mais s'il est terriblement inefficace dans sa première partie, le film gagne curieusement en intérêt par la suite et se révèle en réalité un très bon divertissement. Comme quoi, il faut savoir parfois se faire violence et aller jusqu'au bout. Les gags sont en nombre et quelques scènes sont irrésistiblement drôles (la scène du commissariat lorsque Gervais demande à son supérieur (l'acteur Benoît Magimel) de lui laisser une dernière chance). A voir donc...


samedi 21 mai 2016

Double Zéro de Gérard Pirès (2003)



Alors que les russes ont dérobé un missile M51, la Direction générale de la Sécurité extérieure, ou DGSE, va se servir de deux pions afin de couvrir les agissements de deux véritables espions. Les pions en personnes sont Benoît Rivière et William le Sauvage. Ben et Will filent jusqu'en Jamaïque afin de mettre la main sur le fameux missile. Ils font là-bas connaissance avec le Mâle, un milliardaire excentrique secondé par une certaine Natty Dreads et par une légion de mannequins toutes vouées à sa causes. Car si le Mâle s'est emparé du M51, c'est principalement pour y introduire et disséminé sur la planète un virus concocté par les sœur Alexandrie et Alexandra, et provoquant la stérilité chez l'homme.

Afin d'être parés à toute éventualité, Ben et Will se rendent dans les locaux où sont fabriqués des gadgets par les soins des collaborateurs d'un dénommé Système D. A la Jamaïque, Will tombe amoureux de la belle Miss Dan qui malheureusement pour elle, va être enlevée par le Mâle. Pour Will, la mission prend donc davantage d'ampleur puisqu'il ne s'agit plus uniquement pour lui de retrouver le missile mais de libérer sa belle des griffes du Mâle. Aidé de son compagnon Ben, les deux hommes vont avoir fort à faire...


Surtout connu pour avoir été l'auteur du premier volet de la saga Taxi, le cinéaste Gérard Pirès profite à son tour lui aussi (après Charles Nemes trois ans plus tôt avec sa Tour Montparnasse Infernale) de l'engouement du public pour le duo de comiques Eric et Ramzy pour en faire les héros de son long-métrage Double Zéro. Une référence évidente aux films d'espionnage et remake du film américain de John Landis Drôles d'Espions avec avec Chevy Chase et Dan Aykroyd.

Aux côtés de Ramzy Bédia et Eric Judor dans le rôle de ces espions amateurs au Q.I finalement très proche de celui qu'avaient leurs personnages de laveurs de carreaux dans l’œuvre de Charles Nemes (Double Zéro aurait pu d'ailleurs s'envisager comme une suite de ce dernier), on retrouve l'animateur télé et radio, le réalisateur, producteur et scénariste, et l'auteur de pièces de théâtre Edouard Baer dans celui du Mâle. Un look kitch pour cet artiste profondément barré. Autour de lui, une tripotée de jolies femmes à la plastique irréprochable dont la mannequin et actrice jamaïcaine Georgianna Robertson dans le rôle de Natty Dreads.

Si Double Zéro est plus proche de la comédie franchouillarde, de la série Z ou du nanar que des classiques du genre Comédie, il risque bien d'être populaire auprès des fans d'Eric et Razmy tant l'on retrouve le côté absurde de ces deux personnages attachants. On n'en sortira sans doute pas plus intelligent et culturellement satisfaits qu'avant de l'avoir vu mais le contrat est rempli. Le rythme est enlevé et les gags (quoi que parfois très lourds) sont nombreux. Maintenant, fallait-il nécessairement investir un tel budget (19 000 000) dans une œuvre qui n'en méritait pas tant ? La question reste en suspens...
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