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mardi 14 décembre 2021

Cette musique ne joue pour personne de Samuel Benchetrit (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Poussin ouvre ses chakras à travers des ouvrages de méditation. Bouli Lanners qui l'interprète s'y connaît en mantra, lequel témoignait il y a quelques années en arrière que ''Vivre, ça n'est pas simplement respirer''. Jeff de Claerke n'est pas simplement que le chef d'une équipe de dockers. L'homme travaille sa prose sous la forme de poèmes. Et comme ils ne lui suffisent plus pour attirer l'attention de celle qu'il aime (la jolie caissière Roxane qu'interprète Constance Rousseau), son professeur lui conseille d'essayer l'alexandrin. Au risque lui-même de finir dans un trou si jamais l'idée ne donne aucun résultat : ''Je-vais-e-ssa-yer-d'é-crire-un-a-le-xan-drin..... Pour-me-faire-com-pren-dre-de-cette-cai-ssière-jo-lie..... Et-si-ça-ne-mar-che-pas-cette-fois-en-co-re..... Je-tue-rai-mon-pro-fe-sseur de po-é-sie.... ça fait onze. Ça marche pas''. Et le dit professeur de répliquer ''Je-DE-SCEN-DRAI-mon-pro-fe-sseur de po-é-sie....''. Ça n'a l'air de rien mais ces quelques alexandrins figurent à eux seul l'esprit tout entier de Cette musique ne joue pour personne, le dernier long-métrage de Samuel Benchetrit. Où l'amour, la poésie et la violence communiquent dans une camaraderie incisive. Tourné dans le Nord de la France, le film exploite l'image pas toujours très joyeuse et reluisante d'une jeunesse désargentée, avec son accent Ch'timi à couper au couteau et ses prolétaires qui passent leur temps devant la télé à regarder des émissions insipides. Provenant sans doute moins d'une planète très éloignée de celle où vivent ceux du centre ou du sud de l'hexagone que les héros de Bruno Dumont (Coin Coin et les Z'inhumains), nos personnages, si tant est que le réalisateur les ait caricaturé à l'excès, sont d'abord touchants et non pas effrayants comme peut l'être un fait dont on ne comprend ni l'origine ni les intentions...


En cela, l'univers de Samuel Benchetrit se rapproche sensiblement de celui du duo formé par Benoît Delépine et Gustave Kervern qui eux-mêmes investissent souvent de mystérieuses contrées où naviguent l'étrange et l'absurde. Le second rejoint d'ailleurs l'équipe formée autour de François Damiens, le poète transi d'amour pour sa caissière en blouse rose. L’œuvre nous impose un casting en or. Complété par Ramzy Bédia dans le rôle de Neptune et JoeyStarr dans celui de Jésus. Une équipe brinquebalante qui oscille entre pureté et ''congestion'' et à laquelle sont également greffés Vanessa Paradis, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Podalydès ou Vincent Macaigne pour les plus connus d'entre eux. Malgré son attitude posée, le scénario semble n'avoir rien à nous raconter. Tout y transpire la banalité. Mais dans ce quotidien auquel nous n'aimerions sans doute surtout pas nous référer, le réalisateur français et son scénariste Gabor Rassov ont la générosité de ceux qui partent d'une histoire simple pour nous conter le récit d'individus à l'existence apparemment sage et sans aspérités mais à laquelle viennent pourtant se greffer des ''détails'' comportementaux savoureusement transgressifs.


Le récit intéressant peut-être un peu moins Samuel Benchetrit que ses personnages, on se penchera plus sur leurs différents traits de caractère que sur leurs actes. Quoique, quoique... Le réalisateur n'oublie pas ces petits détails qui font la différence. Des personnages parfois, et même très souvent, maladroits, appliquant des méthodes inédites pour convaincre par exemple un garçon de participer à la fête organisée par la fille de l'un d'entre eux ou pour contraindre l'une de ses camarades, au contraire, à ne pas y assister. Si vous voulez découvrir une Valeria Bruni Tedeschi triste à mourir, vautrée dans son canapé devant des émissions débiles et vêtue de son éternel pantalon de survêtement, ou Vanessa en actrice de théâtre bègue, Gustave Kervern endossant le costume de Jean-Paul Sartre, Bouli Lanners menaçant des adolescent(e)s à l'aide de sacs-plastique ou de sa ceinture ou encore François Damiens et Ramzy Bédia dans une belle complicité, ruez-vous sur Cette musique ne joue pour personne. Simple, poétique, caustique, séduisant. Une jolie surprise...

 

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