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mercredi 15 décembre 2021

The Ghastly Ones d'Andy Milligan (1968) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Andy Milligan fut entre la fin des années soixante et la décennie suivante un grand pourvoyeur en matière de petits films d'horreur aux titres évocateurs. Torture Dungeon, Bloodthirsty Butchers, Blood ou encore Carnage. Ainsi que d'un certain nombres d’œuvres dramatiques aux titres qui laissent songeurs et trompent sur la marchandise tandis que l'on s'attendrait à voir évoluer leur personnages dans le monde de la pornographie ou du moins, dans celui de l'érotisme : Depraved!, The Promiscuous Sex ou The Degenerates. Quant à The Ghastly Ones, lui, Andy Milligan le réalise en 1968, à la fin de la décennie qui vit la naissance du gore, ces films d'horreur outrancièrement sanglants que réalisa avant tout le monde un certain Herschell Gordon Lewis. Sans jamais aller aussi loin dans l'hémoglobine tout en amenant des séquences de meurtres plus ''réalistes'', le long-métrage d'Andy Milligan est typique de ces œuvres obscures et fauchées qui gagnent à être découvertes ne serait-ce que pour leur ambiance quelque peu morbide. La promiscuité entre trois couples apparemment aisés (le film se situe à une époque pas vraiment déterminée mais les interprètes portent des costumes qui les ramènent au moins à la première moitié du vingtième siècle) et des domestiques on ne peut plus étranges (deux femmes à l'allure inquiétante accompagnées par un dément) forment un tout qui aurait pu ou dû être anxiogène mais la maîtrise assez peu délicate de son sujet force le réalisateur à assommer le spectateur à grands coups de lignes de dialogues interminables...


Entre slasher, Giallo et Whodunit du pauvre, The Ghastly Ones tente de noyer le poisson dès le départ avec son double meurtre perpétré par l'espèce de dégénéré à l'improbable mâchoire de carnassier. Un débile joyeusement atteint qui tue un homme et son épouse à grands coups de couteau. S'ensuivent une éventration et une main coupée. De quoi motiver le spectateur à demeurer devant son écran dans l'attente d'une succession de meurtres plus barbares les uns que les autres. Débarquent alors à l'écran les trois sœurs Victoria, Elizabeth et Veronica (Anne Linden, Carol Vogel et Eileen Haves) et leurs époux respectifs (interprétés par Fib La Blaque, Richard Romanus et Don Williams). Les trois femmes sont convoquées par un certain Dobbs (sous l'épais maquillage duquel se cache l'acteur Neil Flanagan), un très vieil avocat qui leur indique que tous devront s'installer pour les trois prochains jours dans la demeure de leurs parents décédés avant de pouvoir prendre acte du testament qu'ils ont confié à l'avocat avant leur mort. Avec ses gros sabots, Andy Milligan laisse supposer que les meurtres qui vont logiquement être perpétrés par la suite pourraient être l’œuvre de la sœur aînée pour laquelle éliminer ses deux cadettes pourrait être un bon moyen de récupérer à elle seule l'héritage. Comme dès l'introduction le réalisateur envisageait déjà de faire du dément de service, celui qui plus tard allait tuer plusieurs des membres des trois couples...


Mais en planquant son (ou sa) criminel sous une capuche sombre, Andy Milligan précise au spectateur qu'il va lui falloir deviner lui-même qui se cache en dessous. Le réalisateur et son scénariste Hal Sherwood n'ayant pas le talent d'Agatha Christie pour l'écriture ni celui d'Alfred Hitchcock pour le suspens (sans citer les maîtres des futurs slashers ou du giallo), les fondations de The Ghastly Ones tiennent moins sur la découverte de l'identité du tueur que sur les quelques rares meurtres qui sont exécutés devant la caméra. Sans avoir le talent d'un Tom Savini pour la boucherie réaliste, le spécialiste des effets-spéciaux Jerry Rome inflige à ses ''victimes'' des blessures profondes parfaitement visibles à l'écran. Une maigre consolation face à des lignes de dialogues beaucoup trop importantes. Le film est effectivement extrêmement bavard. Du remplissage qui dessert totalement l’œuvre du réalisateur, d'autant plus qu'il est parcouru d'une galerie de personnages très étranges (Veronica Radburn, Maggie Rogers et Hal Borske dans les rôles respectifs de Martha, Hattie et Colin). Si Andy Milligan semble parfois vouloir faire les choses en grand, les costumes qui sont de sa propre création laissent à désirer. On a un peu de mal à adhérer à cette fausse bourgeoisie qui transpire des robes affreuses que portent les trois sœurs tandis qu'elles vivent en réalité dans des appartements on ne peut plus insignifiants. De plus, si certains propos laissent entendre que The Ghastly Ones va plonger ses personnages dans un monde de luxure à leur arrivée dans la dite demeure, inutile d'espérer y voir des couples se fourvoyer dans le sexe et la dépravation. Le film n'en est cependant pas moins une curiosité. Ennuyeux, mais qui pourra apparaître comme dérangeant, la pellicule n'ayant pas résisté aux outrages du temps et insistant donc sur l'aspect crapoteux de l'ouvrage...

 

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