Andy Milligan fut entre
la fin des années soixante et la décennie suivante un grand
pourvoyeur en matière de petits films d'horreur aux titres
évocateurs. Torture Dungeon, Bloodthirsty
Butchers, Blood
ou encore Carnage.
Ainsi que d'un certain nombres d’œuvres dramatiques aux titres qui
laissent songeurs et trompent sur la marchandise tandis que l'on
s'attendrait à voir évoluer leur personnages dans le monde de la
pornographie ou du moins, dans celui de l'érotisme : Depraved!,
The Promiscuous Sex
ou The Degenerates.
Quant à The Ghastly Ones,
lui, Andy Milligan le réalise en 1968, à la fin de la décennie qui
vit la naissance du gore, ces films d'horreur outrancièrement
sanglants que réalisa avant tout le monde un certain Herschell
Gordon Lewis. Sans jamais aller aussi loin dans l'hémoglobine tout
en amenant des séquences de meurtres plus ''réalistes'', le
long-métrage d'Andy Milligan est typique de ces œuvres obscures et
fauchées qui gagnent à être découvertes ne serait-ce que pour
leur ambiance quelque peu morbide. La promiscuité entre trois
couples apparemment aisés (le film se situe à une époque pas
vraiment déterminée mais les interprètes portent des costumes qui
les ramènent au moins à la première moitié du vingtième siècle)
et des domestiques on ne peut plus étranges (deux femmes à l'allure
inquiétante accompagnées par un dément) forment un tout qui aurait
pu ou dû être anxiogène mais la maîtrise assez peu délicate de
son sujet force le réalisateur à assommer le spectateur à grands
coups de lignes de dialogues interminables...
Entre
slasher, Giallo et Whodunit du pauvre, The
Ghastly Ones tente
de noyer le poisson dès le départ avec son double meurtre perpétré
par l'espèce de dégénéré à l'improbable mâchoire de
carnassier. Un débile joyeusement atteint qui tue un homme et son
épouse à grands coups de couteau. S'ensuivent une éventration et
une main coupée. De quoi motiver le spectateur à demeurer devant
son écran dans l'attente d'une succession de meurtres plus barbares
les uns que les autres. Débarquent alors à l'écran les trois sœurs
Victoria, Elizabeth et Veronica (Anne Linden, Carol Vogel et Eileen
Haves) et leurs époux respectifs (interprétés par Fib La Blaque,
Richard Romanus et Don Williams). Les trois femmes sont convoquées
par un certain Dobbs (sous l'épais maquillage duquel se cache
l'acteur Neil Flanagan), un très vieil avocat qui leur indique que
tous devront s'installer pour les trois prochains jours dans la
demeure de leurs parents décédés avant de pouvoir prendre acte du
testament qu'ils ont confié à l'avocat avant leur mort. Avec ses
gros sabots, Andy Milligan laisse supposer que les meurtres qui vont
logiquement être perpétrés par la suite pourraient être l’œuvre
de la sœur aînée pour laquelle éliminer ses deux cadettes
pourrait être un bon moyen de récupérer à elle seule l'héritage.
Comme dès l'introduction le réalisateur envisageait déjà de faire
du dément de service, celui qui plus tard allait tuer plusieurs des
membres des trois couples...
Mais
en planquant son (ou sa) criminel sous une capuche sombre, Andy
Milligan précise au spectateur qu'il va lui falloir deviner lui-même
qui se cache en dessous. Le réalisateur et son scénariste Hal
Sherwood n'ayant pas le talent d'Agatha Christie pour l'écriture ni
celui d'Alfred Hitchcock pour le suspens (sans citer les maîtres des
futurs slashers ou du giallo), les fondations de The
Ghastly Ones
tiennent moins sur la découverte de l'identité du tueur que sur les
quelques rares meurtres qui sont exécutés devant la caméra. Sans
avoir le talent d'un Tom Savini pour la boucherie réaliste, le
spécialiste des effets-spéciaux Jerry Rome inflige à ses
''victimes'' des blessures profondes parfaitement visibles à
l'écran. Une maigre consolation face à des lignes de dialogues
beaucoup trop importantes. Le film est effectivement extrêmement
bavard. Du remplissage qui dessert totalement l’œuvre du
réalisateur, d'autant plus qu'il est parcouru d'une galerie de
personnages très étranges (Veronica Radburn, Maggie Rogers et Hal
Borske dans les rôles respectifs de Martha, Hattie et Colin). Si
Andy Milligan semble parfois vouloir faire les choses en grand, les
costumes qui sont de sa propre création laissent à désirer. On a
un peu de mal à adhérer à cette fausse bourgeoisie qui transpire
des robes affreuses que portent les trois sœurs tandis qu'elles
vivent en réalité dans des appartements on ne peut plus
insignifiants. De plus, si certains propos laissent entendre que The
Ghastly Ones
va plonger ses personnages dans un monde de luxure à leur arrivée
dans la dite demeure, inutile d'espérer y voir des couples se
fourvoyer dans le sexe et la dépravation. Le film n'en est cependant
pas moins une curiosité. Ennuyeux, mais qui pourra apparaître comme
dérangeant, la pellicule n'ayant pas résisté aux outrages du temps
et insistant donc sur l'aspect crapoteux de l'ouvrage...
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