Encore un film d'infectés
qui courent dans tous les sens en jouant au jeu du chat et de la
souris pour mordre leurs congénères ? Oui.... et non. Car s'il
s'agit bien ici d'une œuvre tournant autour d'une épidémie
s'attaquant aux femmes et aux hommes au moyen d'un spore, aucun d'eux
ne se relèvera d'une mort apparente pour aller dévorer le premier
venu qui croisera leur chemin. À ce titre, The Spore
de D.M. Cunningham dont il s'agissait là du premier long-métrage
après une série de courts réalisés entre 2016 et 2018 ressemble
en fait davantage au très épidermique Cabin
Fever
réalisé par Eli Roth en 2002. Film d'horreur démarrant sous les
meilleurs augures, The Spore porte
on ne peut mieux son nom puisqu'il fait l'effet d'un concept qui se
propagerait si bien qu'il se multiplierait durant une heure et trente
minutes tout en oubliant de nous raconter une histoire. En effet,
tout commence dans une forêt investie par un type en combinaison de
protection anti-bactériologique qui recherche et examine des
cadavres d'hommes et de femmes en très piteux état. Morts après
être entrés en contact avec un mystérieux champignon qui décime
peu à peu le comté de Gornick où dix cas ont déjà été
recensés, le décompte et les faits sont relatés par une voix off
diffusée par une radio digne de celle que l'on entendait plus de
quarante-cinq ans en arrière dans le chef-d’œuvre de Tobe Hooper,
Massacre à la tronçonneuse.
Même ambiance lourde. Même timbre de voix. Même fond sonore. On
s'attendrait presque à voir débarquer à l'écran le mythique
Leatherface. Mais non, rien de tout cela, mais une œuvre qui
pourrait s'envisager comme une préquelle à toutes celles qui ont
mis avant elle en scène des infectés avides de mordre dans les
chairs. Si dans le fond The Spore
évoque effectivement nombre de celles-ci, la forme est différente...
Le
long-métrage de D.M. Cunningham agit comme un soufflé qui
supporterait mal la cuisson. D'abord intriguant, avec son
envahissante musique d'arrière-plan signée du groupe électroniqueDreaming in Neon
qui offre à tout l'ensemble son ambiance éthérée et hypnotique et
sa quasi absence de dialogue en dehors des quelques voix off, The
Spore
étend son concept jusqu'à l'infini. Un modèle de narration en
forme de ''course de relais'' dans laquelle un protagoniste en chasse
un autre avant d'être lui-même remplacé par le suivant. Si le
principe fonctionne un temps, disons durant les vingt ou trente
premières minutes, tout devient très rapidement lassant. L'un des
grands défauts du long-métrage, c'est le scénario qu'a rédigé
lui même D.M. Cunningham. Pas d'histoire. Pas de cohésion réelle
entre chaque événement en dehors de ce curieux virus qui en
revanche cause des désastres biologiques parfois saisissants. Non
seulement The Spore
emprunte au long-métrage d'Eli Roth, mais il a parfois la prétention
de vouloir plagier l'un des grands monuments de la science-fiction
signé de John Carpenter en 1982, The Thing.
Au point même de reprendre l'une des séquences iconiques dans
laquelle une cage où se retrouvent enfermés des chiens voyait l'un
d'entre eux se transformer en une monstrueuse créature. Ici,
l'utilisation de la grille de protection est reprise ainsi que celle
d'une seconde séquence très marquante du long-métrage de John
Carpenter mais cette fois-ci filmée de dos histoire de faire
quelques économies en terme d'effets-spéciaux...
Non
seulement, la répétition du concept gâte l'intérêt du film, mais
celui-ci devient curieusement encore moins intéressant dès lors
qu'il donne la parole à ses personnages. Le problème de The
Spore
réside également dans l'évidente volonté d'échapper aux
contingences d'un budget maigrichon. Pour cela, D.M. Cunningham use
de ficelles grossières comme l'emploi outrancier de l'obscurité
afin de cacher les défauts de son œuvre. Le film renverrait presque
à cette vague de nanars produits ou réalisés dans le courant des
années quatre-vingt pas un certain Charles Band. Ne manque plus
qu'une ou deux scream
queens
et l'illusion serait parfaite. The Spore est
davantage une succession de courts-métrages (spécialité du
réalisateur) reprenant Ad
Nauseam le
même principe sans vraiment le faire évoluer. Reste que le
réalisateur parvient à créer grâce à l'univers sonore, un
véritable climat, parfois anxiogène, malheureusement ruiné par
l'absence de toute réelle écriture. Une démarche narrative dont
les ambitions ne sont malheureusement pas menées à terme en raison
de trop lourds défauts. En reprenant un concept mainte fois rabattu
et en le marginalisant, D.M. Cunningham a peut-être vu trop grand.
Ou bien au contraire ne s'est-il pas donné les moyens d'y
parvenir...
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