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mercredi 15 décembre 2021

The Spore de D.M. Cunningham (2021) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Encore un film d'infectés qui courent dans tous les sens en jouant au jeu du chat et de la souris pour mordre leurs congénères ? Oui.... et non. Car s'il s'agit bien ici d'une œuvre tournant autour d'une épidémie s'attaquant aux femmes et aux hommes au moyen d'un spore, aucun d'eux ne se relèvera d'une mort apparente pour aller dévorer le premier venu qui croisera leur chemin. À ce titre, The Spore de D.M. Cunningham dont il s'agissait là du premier long-métrage après une série de courts réalisés entre 2016 et 2018 ressemble en fait davantage au très épidermique Cabin Fever réalisé par Eli Roth en 2002. Film d'horreur démarrant sous les meilleurs augures, The Spore porte on ne peut mieux son nom puisqu'il fait l'effet d'un concept qui se propagerait si bien qu'il se multiplierait durant une heure et trente minutes tout en oubliant de nous raconter une histoire. En effet, tout commence dans une forêt investie par un type en combinaison de protection anti-bactériologique qui recherche et examine des cadavres d'hommes et de femmes en très piteux état. Morts après être entrés en contact avec un mystérieux champignon qui décime peu à peu le comté de Gornick où dix cas ont déjà été recensés, le décompte et les faits sont relatés par une voix off diffusée par une radio digne de celle que l'on entendait plus de quarante-cinq ans en arrière dans le chef-d’œuvre de Tobe Hooper, Massacre à la tronçonneuse. Même ambiance lourde. Même timbre de voix. Même fond sonore. On s'attendrait presque à voir débarquer à l'écran le mythique Leatherface. Mais non, rien de tout cela, mais une œuvre qui pourrait s'envisager comme une préquelle à toutes celles qui ont mis avant elle en scène des infectés avides de mordre dans les chairs. Si dans le fond The Spore évoque effectivement nombre de celles-ci, la forme est différente...


Le long-métrage de D.M. Cunningham agit comme un soufflé qui supporterait mal la cuisson. D'abord intriguant, avec son envahissante musique d'arrière-plan signée du groupe électroniqueDreaming in Neon qui offre à tout l'ensemble son ambiance éthérée et hypnotique et sa quasi absence de dialogue en dehors des quelques voix off, The Spore étend son concept jusqu'à l'infini. Un modèle de narration en forme de ''course de relais'' dans laquelle un protagoniste en chasse un autre avant d'être lui-même remplacé par le suivant. Si le principe fonctionne un temps, disons durant les vingt ou trente premières minutes, tout devient très rapidement lassant. L'un des grands défauts du long-métrage, c'est le scénario qu'a rédigé lui même D.M. Cunningham. Pas d'histoire. Pas de cohésion réelle entre chaque événement en dehors de ce curieux virus qui en revanche cause des désastres biologiques parfois saisissants. Non seulement The Spore emprunte au long-métrage d'Eli Roth, mais il a parfois la prétention de vouloir plagier l'un des grands monuments de la science-fiction signé de John Carpenter en 1982, The Thing. Au point même de reprendre l'une des séquences iconiques dans laquelle une cage où se retrouvent enfermés des chiens voyait l'un d'entre eux se transformer en une monstrueuse créature. Ici, l'utilisation de la grille de protection est reprise ainsi que celle d'une seconde séquence très marquante du long-métrage de John Carpenter mais cette fois-ci filmée de dos histoire de faire quelques économies en terme d'effets-spéciaux...


Non seulement, la répétition du concept gâte l'intérêt du film, mais celui-ci devient curieusement encore moins intéressant dès lors qu'il donne la parole à ses personnages. Le problème de The Spore réside également dans l'évidente volonté d'échapper aux contingences d'un budget maigrichon. Pour cela, D.M. Cunningham use de ficelles grossières comme l'emploi outrancier de l'obscurité afin de cacher les défauts de son œuvre. Le film renverrait presque à cette vague de nanars produits ou réalisés dans le courant des années quatre-vingt pas un certain Charles Band. Ne manque plus qu'une ou deux scream queens et l'illusion serait parfaite. The Spore est davantage une succession de courts-métrages (spécialité du réalisateur) reprenant Ad Nauseam le même principe sans vraiment le faire évoluer. Reste que le réalisateur parvient à créer grâce à l'univers sonore, un véritable climat, parfois anxiogène, malheureusement ruiné par l'absence de toute réelle écriture. Une démarche narrative dont les ambitions ne sont malheureusement pas menées à terme en raison de trop lourds défauts. En reprenant un concept mainte fois rabattu et en le marginalisant, D.M. Cunningham a peut-être vu trop grand. Ou bien au contraire ne s'est-il pas donné les moyens d'y parvenir...

 

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