Si
l'on fait l'impasse sur '' The Frighteners '' et que l'on retient tout
d'abord la trilogie du '' Seigneur des anneaux '', on pourrait comparer
le nouveau cinéma du britannique Edgar Wright à celui du néo-zélandais
Peter Jackson, attirés l'un et l'autre par les sirènes hollywoodiennes
et qui l'un après l'autre ont donc quitté pour un temps plus ou moins
long le confort et la sûreté de leur pays d'origine pour aller s'essayer
à de plus grandes ambitions, outre-Atlantique. Débutant à quelques
décennies d'intervalles leur carrière de cinéastes en œuvrant dans de
jouissives séries B horrifiques (l'un flirtant avec le Z et le gore les
plus enthousiasmants et le second avec la plus décomplexée des
parodies), les deux réalisateurs sont semble-t-il, parvenus à garder
leur âme d'enfants. Voire d'adolescents. Peter Jackson est allé rendre
hommage à deux reprises à Tolkien et à l'univers merveilleux des
Hobbits, des nains et des elfes. Concernant le réalisateur britannique,
la comparaison peut sembler des plus ténue. Si l'intrigue (cet impératif
qui ne tient ici que sur une simple feuille A4) et la violence qui en
découlent paraissent rejeter tout lien avec ces spectacles grands
publics qui n'imposent aucune mise en garde, '' Baby Driver '' est
pourtant effectivement le genre de long-métrage que l'on confiera au
regard de n'importe quel public, quel que soit son âge. Car si les
cadavres s'empilent dans ce jeu de massacre voué aux braquages et au
courses-poursuites automobiles, aucune crainte à avoir : l'avant-dernier
film d'Edgar Wright a beau être un thriller, sa multitude de punchlines
et la posture de ses interprètes/personnages sont relativement
innocents. Ici, pas de réflexion. Ou si peu...
Aux fraises, la
caractérisation du héros prénommé Baby ! Le britannique retient moins le
passif du personnage ainsi que ses blessures que l'amour naissant et
ses prédispositions en matière de conduite. Même si Edgar Wright ne le
signifie pas vraiment, l'acouphène dont il est affligé semble en réalité
dissimuler un autisme lui octroyant un talent rare. Observant son
environnement comme personne et offrant une musicalité et une rythmique à
chacun des actes les plus communs, Baby est à lui seul le symbole du
projet que semble revêtir le long-métrage. Unir le son et l'image de
telle sorte qu'ils s'accouplent et finissent par ne faire plus qu'un.
Entre les plans-séquences figurant des chorégraphies de comédies
musicales post-modernes lors desquelles le jeune Ansel Elgort se met en
mode Gene Kelly (Chantons sous la pluie) sans parapluie et sans la
moindre flaque d'eau et des dialogues rugueux auxquels s'affronte en
toute discrétion ce même interprète, '' Baby Driver '' prend une
tournure inquiétante avec sa trinité de psychopathes dont Jamie Foxx se
fait l'étendard le plus convaincant. On passera sur l'incarnation
toujours impeccable de Kevin Spacey, sur l'idylle (relativement
superficielle) entre le héros et la jeune Debora (Lily James) qui un peu
tardivement se prendront pour Bonnie Parker et Clyde Barrow, sur les
caricatures débordant du cadre ou un final grandiloquent pour retenir en
priorité la formidable mise en scène et l'énergie déployée par Edgar
Wright, son équipe technique et ses interprètes. Deux heures (ou presque
d'un spectacle non-stop. Certes plutôt léger en terme de scénario et de
psychologie, mais le spectacle est bien là...
Quatre
an après la purge signée Shane Black, Dan Trachtenberg (auteur de ''
10 Cloverfield Lane '') propose un 5ème opus de la franchise '' Predator
'' intitulé '' Prey ''. Le changement d'époque nous plonge en 1715 dans
une tribu comanche et le héros de ce nouveau récit n'est plus le
bodybuildé Arnold Schwarzenegger mais la jeune Amber Midthunder qui dans
la peau de Naru combattra à son tour l'une des plus célèbres et plus
hostiles créatures du bestiaire fantastique. Ouais, je sais, ça n'a pas
l'air très crédible tout ça mais le film est si bien pensé que ça passe
crème. Les décors et la bande son sont magnifiques, les combats sont
épiques et parfaitement chorégraphiés. L'héroïne est attachante et les
colons en seconde partie, bien méchants quoique très caricaturaux (Les
visages pâles dénués de neurones, vêtus de peaux de bisons, les dents
pourries et le cheveux gras m'ont parfois bien fait rire !). Le film se
la joue un brin '' Apocalypto '' de Mel Gibson et le récit se permet
quelques clins d'œil à l'œuvre originale de John McTiernan. '' Prey est
une excellente surprise et sans doute la meilleure séquelle de la
franchise. Reste que la créature est franchement laide comparée à
l'originale. Soit elle est venue chasser sur Terre au terme de son
existence, soit elle est victime d'un virus zombie. Non mais, z'avez vu
sa tronche ??? Un sans faute... Ou presque...
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