En arrivant sur le marché
en juin 2020 et directement en VOD, soit deux ans après sa
réalisation, le premier long-métrage de Jérémie Guez souffre tout
d'abord de la comparaison avec Léon
de Luc Besson. A Bluebird in My Heart arrive
donc avec vingt-six ans de retard mais ne souffre pas simplement des
similitudes qu'il partage avec l’œuvre du français mais aussi de
certains choix entrepris par son auteur qui privilégie le réalisme
dont s'abreuve très souvent le festival de Sundance
mais qui dans le cas de ce drame mâtiné de thriller tarde à
s'imposer lorsqu'il s'agit pour son ancien taulard de passer à
l'action. D'autant plus que des films comme celui-ci, le cinéma en a
pondu à la chaîne depuis ces vingt ou trente dernières années.
Chacun proposant des alternatives plus ou moins subtiles mais en
général, nettement plus réjouissantes que l'approche léthargique
et attentiste de Jérémie Guez. Au cœur de ce récit, Danny
qu'interprète l'acteur danois Roland Møller. Un ancien taulard tout
en muscles, en barbe, en tatouages et en mutisme qui s'installe dans
une chambre d’hôtel louée par la propriétaire Laurence
(l'actrice et chanteuse belge Veerle Baetens). Elle-même épouse
d'un prisonnier qui a sa sortie de prison ira refaire sa vie avec une
autre et mère de Clara (la française Lola Le Lann) qu'elle élève
seule, la jeune femme accepte de louer gracieusement une chambre à
Danny en échange de quoi il accepte de faire quelques travaux dans
ce même établissement. Clara, elle, aime provoquer son entourage.
Elle ''fréquente'' notamment
un jeune dealer qui après lui avoir fait sniffer une ligne de
cocaïne la viole un soir dans sa voiture avant de la poursuivre dans
une ruelle. Heureusement pour l'adolescente, Danny l'entend hurler et
intervient avant que son agresseur ne prenne la fuite. Dès lors,
l'ancien taulard qui n'est pour l'instant qu'en liberté
conditionnelle (il porte un boîtier traceur à la cheville) prend
la décision de venger Clara au risque de repartir directement par la
case prison...
Et
pour en arriver là, il va falloir patienter durant quarante bonnes
minutes. Un passage imposé par un Jérémie Guez qui foire à peu
près tout ce qu'il entreprend. Et à commencer par la
caractérisation du héros qui bien qu'il arbore des tatouages
appliqués sur d'épais biceps n'a pas le charisme tant attendu.
Concernant le doublage de l'acteur danois, là encore, choisir
systématiquement un timbre de voix typique des films d'action où
tout pète de partout ne semble pas forcément judicieux. À moins
que certains tombent sous le charme de cet ours mal léché
ressemblant vaguement à un Hipster
passé derrière les verrous, difficile de s'attacher au personnage.
Là encore, Danny renvoie au Léon du film éponyme de Luc Besson
mais n'obtient pas la même estampille de sympathie que notre star
Jean Reno. La jeune Lola Le Lann endosse le même type de costume que
celui que portait Natalie Portman dans Léon
mais dans une version nettement plus
low Cost.
Mais surtout, cette coproduction franco-belge est chiante, mais
chiante... En observant un milieu vaguement hostile et sombre, voire
désespéré (jamais vu une cuisine de restaurant aussi crade!) tout
en imprimant un rythme à la limite de la stase, il n'est pas
impossible, et même certain, qu'une partie des spectateurs s'endorme
ou fuit le spectacle avant sa conclusion. À choisir, l'on préférera
se refaire une séance Nobody,
l'excellent film d'action réalisé par Derek Kolstad et interprété
par le charismatique Bob Odenkirk ! Bon, tout n'est heureusement
pas bon à jeter à la poubelle. Le dernier tiers propose enfin une
avancée dans le récit et les personnages qui jusque là n'étaient
pas particulièrement attachants finissent par avoir un semblant
d'intérêt. Rien d'extraordinaire mais ça pourra faire illusion
auprès de certains...
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