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dimanche 24 juillet 2022

Due Occhi Diabolici (Deux yeux maléfiques) de George Romero et Dario Argento (1990) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque sort sur les écrans le film à sketchs Due Occhi Diabolici en 1990 (connu à l'internationale sous le titre Two Evil Eyes et en France sous celui de Deux yeux maléfiques), la collaboration entre le réalisateur américain George Romero et l'italien Dario Argento n'en est pas à ses premiers balbutiements. En effet, les deux hommes se rencontrèrent tout d'abord en 1978, à l'époque de la sortie de Dawn of the Dead, second volet d'une franchise dévolue aux zombies et autres morts-vivants chers à l'américain. Long-métrage dont George Romero assura la réalisation ainsi que le montage américain tandis que Dario Argento offrit au film l'opportunité d'un montage européen plus court mais nettement plus vif. Autre point important, le réalisateur italien changea complètement la bande musicale en faisant appel au génial groupe de rock progressif Goblin ! Plus de dix ans plus tard, les deux cinéastes se retrouvèrent donc au générique d'un film d'horreur à sketch dont l'une des particularités est de n'être constitué que de deux moyen-métrages intitulés La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar et Le Chat noir. Deux adaptations de nouvelles signées du romancier américain Edgar Allan Poe. Pour George Romero, le concept n'est pas tout neuf puisque lui seul réalisa la totalité des segments de la géniale anthologie Creepshow en 1982, collaborant ainsi avec l'écrivain Stephen King. Quant à Dario Argento, outre les dix longs-métrages qu'il réalisa jusque là, on le vit tourner un épisode de la série La Porta sul Bio en 1973 ainsi que ceux de Gli Incubi di Dario Argento, autre série qui verra le jour en Italie en 1987. Le compositeur italien Pino Donnagio dont la sublime partition musicale de Body Double de Brian De Palma est notamment demeurée dans les mémoires est ainsi convié à l'écriture de la bande-son de cette nouvelle participation entre les deux réalisateurs...


Adaptée en 1936 sous le titre Il Caso Valdemar, en 1943 sous celui de The Weird Circle ou dans l'anthologie argentine Masterpieces of terror en 1960, la nouvelle La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar sera donc ensuite très librement réactualisée par George Romero trente ans plus tard. Si ce n'était le personnage de Valdemar et si le sujet de l'hypnose n'évoquait pas les séances de sommeil que subissait le personnage à l'origine lors d'expériences menées par des médecins, on pourrait trouver étonnante la relation entre la nouvelle et le moyen-métrage du réalisateur américain qui nous livre l'une de ses sempiternelles variations sur le thème du zombie. Sauf qu'ici, la thématique se confond étrangement avec ces thrillers anglo-saxons ou du sud de l'Europe des années soixante et soixante-dix dans lesquels des individus étaient les victimes d'odieuses machinations orchestrées par leur entourage. On pense notamment au cinéma italien et au Giallo en particulier. Sauf que George Romero y intègre un élément fantastique dont il est coutumier depuis le début de sa carrière de cinéaste. Afin de donner vie à ce récit mêlant donc épouvante, fantastique et thriller, George Romero convie l'actrice Adrienne Barbeau, véritable égérie du fantastique des années quatre-vingt. En effet, afin d'offrir ses traits à l'épouse de Valdemar (Bingo O'Malley) et à la maîtresse du docteur Robert Hoffman (Ramy Zada), celle qui deviendra en 1979 l'épouse de John Carpenter tournera auprès de son futur mari dans les classiques The Fog et New York 1997, dans La créature du marais de Wes Craven, mais donc aussi sous la direction de George Romero qui l'engagera sur le tournage de Creepshow en 1982 dans le segment intitulé La caisse dans lequel elle faisait vivre un véritable enfer à son mari avant de finir entre les griffes et les dents d'une créature enfermée dans une boite ! L'occasion donc pour le réalisateur et l'actrice de se retrouver et de collaborer pour la seconde et dernière fois en 1990. Si La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar a peu de rapports avec la nouvelle d'Edgar Allan Poe, le moyen-métrage n'en est pas moins relativement plaisant à regarder même s'il a davantage les allures d'un court-métrage fantastique de série télévisée que d'un segment d'une anthologie prévue pour une sortie en salle. George Romero bénéficie en outre des excellents effets-spéciaux créés par Tom Savini qui en comparaison de son travail sur Maniac, Zombie ou Le jour des morts-vivants demeure ici plutôt sobre. Si le récit de cette machination vue et revue fonctionne, c'est sans doute tout d'abord grâce à l'aspect surnaturel de l'intrigue plus que pour son scénario d'un effarant classicisme. Les meilleurs observateurs y noteront en outre quelques références cinématographiques propres au cinéma de Romero. Un peu d'aide ? Remémorez-vous donc la séquence d'introduction de La nuit des morts-vivants ou le sketch Un truc pour se marrer (Something To Tide You Over) de Creepshow...


Concernant Le chat noir, il s'agit de l'une des nouvelles les plus connues du romancier américain. Adaptée à plusieurs reprises, certains se souviennent surtout du long-métrage que réalisa en 1983 le réalisateur italien Lucio Fulci (Gatto Nero). Pas le meilleur film du roi du gore malsain dans les années soixante-dix/quatre-vingt, mais une bonne cuvée tout de même. Sept ans plus tard, c'est donc son homologue Dario Argento de se réapproprier le mythe de ce chat particulièrement récalcitrant à travers le moyen-métrage sobrement intitulé Le Chat noir ! Là encore, Tom Savini nous gratifie de quelques plans gore du plus bel effet comme en ouverture du moyen-métrage, le corps d'une femme coupé en deux. Annabel et Roderick Usher forment un couple mal assorti. Elle est mal dans sa peau, fragile et lui est violent et alcoolique. La jeune femme reporte toute sa tendresse sur le chat noir qu'elle vient tout juste d'adopter. Son mari de photographe, agacé par la situation, se met à boire de plus en plus, victime de ce qui s'apparente alors à des hallucinations. Dario Argento pénètre dans la psyché du personnage incarné par l'acteur américain Harvey Keitel et s'intéresse donc davantage à l'homme qu'à l'animal qui ne sert en réalité que de catalyseur. Tout comme pour le moyen-métrage de George Romero, la nouvelle dont s'inspire le réalisateur italien est triturée dans tous les sens et réinterprétée à la manière d'un drame étrange se confondant avec un conte macabre comme en témoignent les séquences se déroulant lors des cauchemars du héros. On notera, outre la présence de Harvey Keitel et de Madeleine Potter dans le rôle de l'épouse de John Amos, acteur noir à l'impressionnante carrure que l'on découvrit à l'époque dans Haute sécurité de John Flynn ou 58 minutes pour vivre de Renny Harlin. Dario Argento rend hommage au spécialiste des effets-spéciaux gore Tom Savini en lui offrant le tout petit rôle d'un dingue surprit en très mauvaise posture dans un cimetière (son personnage s'amuse en effet à arracher les dents des corps récemment enterrés ! L'occasion de découvrir un nouveau maquillage du plus bel effet ! L'occasion également d'entendre une composition de Pino Donnagio du plus mauvais effet à base de violons synthétiques absolument ringards. Si le concept du photographe se perdant dans les limbes de la folie en prenant des clichés de plus en plus sinistres est intéressant, Le Chat noir ! est malheureusement parasité par un score épouvantable et une interprétation navrante sans doute en partie due à l'absence d'intérêt du réalisateur pour ses interprètes. Comme tout bon cinéaste italien du fantastique qui se respecte, Dario Argento dévoile un univers tantôt crépusculaire, tantôt surréaliste et d'une manière générale, relativement décousu. Là encore, le moyen-métrage est sauvé de l'indifférence grâce aux très efficaces effets-spéciaux de Tom Savini, lequel observe encore et toujours la dégradation des corps avec réalisme. Pour le reste, Le chat noir n'est ni plus ni moins qu'une honnête petite série B horrifique...

 

 

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