Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


Affichage des articles dont le libellé est Dario Argento. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Dario Argento. Afficher tous les articles

mardi 3 septembre 2024

La Chiesa de Michele Soavi (1989) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Michele Soavi est et restera sans doute à jamais pour les fans de cinéma d'épouvante le réalisateur du slasher Deliria (plus connu sous le titre Bloody Bird) en 1987 ou de la comédie horrifico-fantastique Dellamorte Dellamore en 1994. Pourtant, entre les deux, l'homme réalisa deux longs-métrages sur lesquels il demeure intéressant de se pencher. La Chiesa en 1989 ainsi que La Setta en 1991 et sur lequel je reviendra sans doute très prochainement... Sorti sur le territoire français sous le titre Sanctuaire, le premier des deux s'ouvre sur une séquence situant son action au Moyen Âge. L'on y découvre des chevaliers teutoniques éradiquer jusqu'au dernier les habitants d'un village soupçonné de pratiquer la sorcellerie. Les cadavres sont ensuite réunis dans une fosse, puis recouverts de terre. Une fois le charnier entièrement comblé et afin de protéger le site et de faire barrage à tout retour éventuel à la vie de ses habitants massacrés, une immense croix est construite au dessus. Puis c'est au tour d'une cathédrale de voir ensuite le jour. Lieu dans lequel vont se dérouler la majorité des événements qui par la suite se situeront à notre époque. Enfin, surtout à la toute fin des années quatre-vingt, à une période où le cinéma fantastique et d'horreur transalpin semble devoir se déliter après avoir connu une riche amplitude s'inscrivant entre les années soixante et cette décennie qui verra donc le genre péricliter. Michele Soavi est à cette époque et aux côtés de Dario Argento, un cas relativement isolé. Si ce dernier continue d'attirer les foules à l'époque avec Opera ou sa participation aux côtés de l'américain George Romero au projet Due Occhi Diabolici en réalisant le segment Il Gatto Nero, d'autres ont fait tomber le genre dans la disgrâce. Sans être d'une maîtrise totale dans tous ses compartiments, La Chiesa n'en demeure pas moins un exercice de style plutôt intéressant. Du moins sur certains points. Un soubresaut artistique qui tente de maintenir l'horreur et le fantastique italiens sur des rails solides. Réalisateur, scénariste et interprète (on le voit, tout comme dans Bloody Bird, incarner le rôle d'un policier), Michele Soavi a le soucis du travail bien fait. Il demeure cependant dans La Chiesa comme dans bon nombre d’œuvres originaires de la Botte une tendance à l'accumulation de situations dont l'invraisemblance est renforcée par un montage qui semble être propre au cinéma italien !


Une étrange approche de la mise en scène que l'on pouvait déjà remarquer chez Lucio Fulci et qui ici paraît se démultiplier à l'envi... Rien de préjudiciable pour quiconque est un habitué mais le profane, lui, risque parfois de n'y rien comprendre. S'il est un événement qui par contre est parfaitement identifiable, c'est cette malédiction qui semble devoir toucher la cathédrale et ses ''usagers''. Un superbe édifice du nom d'Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár, laquelle est toujours située à Budapest mais qui fut cependant reconstruite à plusieurs occasions (un incendie la ravagera notamment en 1526 après une attaque ottomane à l'issue de quoi elle sera transformée en Mosquée !!!). La Chiesa est incarné par des interprètes d'horizons diverses, comme le britannique Hugh Quarshie qui joue le rôle du père Gus, l'américain Tomas Arana qui lui, interprète celui d'Evan, l'évêque étant quant à lui incarné par l'acteur italo-américain d'origine russe Fiodor Fiodorovitch Chaliapine (Michele Soavi le sélectionnant sans doute après l'avoir découvert dans le chef-d’œuvre du réalisateur français Jean-Jacques Annaud, Le nom de la rose). Quant à l'italienne Barbara Cupisti, elle interprète le rôle la restauratrice Lisa. Notons la présence d'Asia Argento alors âgée de seulement quatorze ans dans le rôle de Lotte et dont le père, Dario Argento, a produit le film. Ou celle de l'acteur Giovanni Lombardo Radice que les amateurs de cinéma d'horreur connaissent alors très bien puisqu'il apparu notamment dans Pulsions cannibales d'Antonio Margheriti en 1980, Frayeurs de Lucio Fulci l'année suivante (dans lequel il connu une mort atroce) ou dans le tout aussi gore Cannibal Ferox d'Umberto Lenzi la même année et dans lequel il incarna l'ignoble Mike Logan... La Chiesa est bourré de bonnes idées pourtant parfois si mal agencées que l'on se perd un peu dans le récit. Approchant les cent minutes, le film aurait mérité d'être un peu dégraissé car il a tendance à tourner en rond dans sa dernière partie. Le film de Michele Soavi n'en demeure pourtant pas moins un très bon divertissement pour amateur d'horreur et de fantastique à l'italienne. Quelques effets gore, une Asia Argento toute mimi, un cadre religieux relativement saisissant, bref, l'on passera outre l'interprétation sinon calamiteuse, du moins perfectible d'une partie de ses interprètes pour se laisser porter par ce récit entre religieux, horreur et fantastique...

 

mercredi 27 mars 2024

Occhiali neri de Dario Argento (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 

 


 

La sortie d'un nouveau long-métrage signé du réalisateur italien Dario Argento est toujours un événement. Même lorsqu'il s'inscrit dix ans après le médiocre Dracula 3D sorti en 2012. L'auteur de la plupart des plus grands gialli des années soixante-dix et quatre-vingt revenait donc il y a deux ans avec Occhiali neri, œuvre qui signe également le retour de l'auteur de Suspiria, de Profondo Rosso ou de Tenebrae dans un genre qui le rendit célèbre et auquel il donna ses lettres de noblesse. Il y a, dans ce retour au cinéma de Dario Argento, une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que le cinéaste ne signe là, pas son plus mauvais film. La mauvaise, c'est qu'il ne s'agit pas non plus d'une œuvre qui marquera les esprits des fans de la première heure ni même ceux qui découvrirent la filmographie de l'italien sur le tard ! Pourtant, en dépit d'un nombre relativement important de critiques négatives, Occhiali neri est loin d'être l'infamie à laquelle nous aurions pu nous attendre. Surtout si l'on prend en considération les dernières productions du réalisateur et scénariste transalpin qui au sein d'une filmographie jusque là, plutôt brillante, avaient terminé de ternir une réputation et une carrière auxquelles il aurait sans doute dû mettre un terme il y a environ un quart de siècle. C'est donc à l'âge de quatre-vingt deux ans que Dario Argento est revenu hanter l'esprit des amateurs de gialli en proposant le dernier opus d'une série de longs-métrages presque tous remarquables. Le rôle principal, le réalisateur l'a offert à la splendide actrice italienne Ilenia Pastorelli dont la carrière débuta à l'âge de vingt ans avec On l'appelle Jeeg Robot de Gabriele Mainetti et qui jusqu'à maintenant s'est montrée plutôt éparse. Dans Occhiali neri, elle incarne le rôle de Diana, jeune et jolie call-girl qui perd la vue après avoir été poursuivie en voiture par un tueur en série. Une agression à l'issue de laquelle la jeune femme a causé un grave accident ayant causé la mort d'un couple d'asiatiques dont le fils fut le seul rescapé. Pour ne rien arranger, Diana a perdu la vue. Une cécité causée par une hémorragie.


Ne sachant comment se faire pardonner la mort de ses deux parents, elle rend visite à Chin (Andrea Zhang) et lui offre un jouet avant de laisser sa carte à la directrice de l'orphelinat en cas de besoin. Le garçon s'empare alors de la dite carte et rend visite à Diana qu'il supplie de l'héberger. La jeune aveugle accepte au risque d'avoir des problèmes avec la justice ainsi qu'avec les inspecteurs sociaux Bajani et Baldacci. Contre toute attente, Chin et Diana vont s'épauler et s'entraider afin de mettre un terme aux agissements du tueur en série qui jusqu'à maintenant à fait huit victimes... Si dans le genre Giallo la découverte de l'identité du tueur est l'un des intérêt essentiels de ce genre de production, celle du tueur en question risque de décevoir les amateurs de ''Whodunit''. En effet, ce qui semble au demeurant évident l'est effectivement en définitive. Rien de surprenant donc de ce côté là de l'intrigue. L'atout principal tient donc moins dans l'identité de l'assassin que dans le portrait de la victime qu'il traque tout au long du récit. Et ce, même si la présence d'un protagoniste aveugle n'est pas toute neuve au cinéma (Seule dans la nuit de Terence Young en 1967, Terreur aveugle de Richard Fleischer en 1971 ou encore Don't Breathe de Fede Álvarez en 2016). Plus qu'un simple thriller horrifique, le dernier long-métrage de Dario Argento met en scène un personnage central relativement touchant. À ce titre, Ilenia Pastorelli est particulièrement convaincante et accompagnée par un jeune Andrea Zhang lui-même attachant. Le problème de Occhiali neri demeure dans son approche quelque peu passéiste qui ne lui octroie malgré tout pas le même charme que les premiers gialli signés par l'italien au début de sa carrière. Il va donc falloir se montrer particulièrement indulgent et faire la part des choses. Car si le plaisir de retrouver Dario Argento reste intacte, son dernier film se montre franchement peu encourageant quand à l'éventuelle suite de sa carrière. Nous accorderons malgré tout à Occhiali neri une ambiance parfois intimidante due à la troublante et minimale partition musicale du compositeur Arnaud Rebotini, laquelle accentue une œuvre qui sans elle n'aurait sans doute pas dépassé le stade de l'acceptable. Au final, avec ses quelques meurtres sanglants, sa principale interprètes et quelques idées visuellement intéressantes, Occhiali neri échappe au pire mais ne restera de mémoire que comme l'une des œuvres les plus faibles de leur auteur...

 

dimanche 24 juillet 2022

Due Occhi Diabolici (Deux yeux maléfiques) de George Romero et Dario Argento (1990) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque sort sur les écrans le film à sketchs Due Occhi Diabolici en 1990 (connu à l'internationale sous le titre Two Evil Eyes et en France sous celui de Deux yeux maléfiques), la collaboration entre le réalisateur américain George Romero et l'italien Dario Argento n'en est pas à ses premiers balbutiements. En effet, les deux hommes se rencontrèrent tout d'abord en 1978, à l'époque de la sortie de Dawn of the Dead, second volet d'une franchise dévolue aux zombies et autres morts-vivants chers à l'américain. Long-métrage dont George Romero assura la réalisation ainsi que le montage américain tandis que Dario Argento offrit au film l'opportunité d'un montage européen plus court mais nettement plus vif. Autre point important, le réalisateur italien changea complètement la bande musicale en faisant appel au génial groupe de rock progressif Goblin ! Plus de dix ans plus tard, les deux cinéastes se retrouvèrent donc au générique d'un film d'horreur à sketch dont l'une des particularités est de n'être constitué que de deux moyen-métrages intitulés La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar et Le Chat noir. Deux adaptations de nouvelles signées du romancier américain Edgar Allan Poe. Pour George Romero, le concept n'est pas tout neuf puisque lui seul réalisa la totalité des segments de la géniale anthologie Creepshow en 1982, collaborant ainsi avec l'écrivain Stephen King. Quant à Dario Argento, outre les dix longs-métrages qu'il réalisa jusque là, on le vit tourner un épisode de la série La Porta sul Bio en 1973 ainsi que ceux de Gli Incubi di Dario Argento, autre série qui verra le jour en Italie en 1987. Le compositeur italien Pino Donnagio dont la sublime partition musicale de Body Double de Brian De Palma est notamment demeurée dans les mémoires est ainsi convié à l'écriture de la bande-son de cette nouvelle participation entre les deux réalisateurs...


Adaptée en 1936 sous le titre Il Caso Valdemar, en 1943 sous celui de The Weird Circle ou dans l'anthologie argentine Masterpieces of terror en 1960, la nouvelle La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar sera donc ensuite très librement réactualisée par George Romero trente ans plus tard. Si ce n'était le personnage de Valdemar et si le sujet de l'hypnose n'évoquait pas les séances de sommeil que subissait le personnage à l'origine lors d'expériences menées par des médecins, on pourrait trouver étonnante la relation entre la nouvelle et le moyen-métrage du réalisateur américain qui nous livre l'une de ses sempiternelles variations sur le thème du zombie. Sauf qu'ici, la thématique se confond étrangement avec ces thrillers anglo-saxons ou du sud de l'Europe des années soixante et soixante-dix dans lesquels des individus étaient les victimes d'odieuses machinations orchestrées par leur entourage. On pense notamment au cinéma italien et au Giallo en particulier. Sauf que George Romero y intègre un élément fantastique dont il est coutumier depuis le début de sa carrière de cinéaste. Afin de donner vie à ce récit mêlant donc épouvante, fantastique et thriller, George Romero convie l'actrice Adrienne Barbeau, véritable égérie du fantastique des années quatre-vingt. En effet, afin d'offrir ses traits à l'épouse de Valdemar (Bingo O'Malley) et à la maîtresse du docteur Robert Hoffman (Ramy Zada), celle qui deviendra en 1979 l'épouse de John Carpenter tournera auprès de son futur mari dans les classiques The Fog et New York 1997, dans La créature du marais de Wes Craven, mais donc aussi sous la direction de George Romero qui l'engagera sur le tournage de Creepshow en 1982 dans le segment intitulé La caisse dans lequel elle faisait vivre un véritable enfer à son mari avant de finir entre les griffes et les dents d'une créature enfermée dans une boite ! L'occasion donc pour le réalisateur et l'actrice de se retrouver et de collaborer pour la seconde et dernière fois en 1990. Si La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar a peu de rapports avec la nouvelle d'Edgar Allan Poe, le moyen-métrage n'en est pas moins relativement plaisant à regarder même s'il a davantage les allures d'un court-métrage fantastique de série télévisée que d'un segment d'une anthologie prévue pour une sortie en salle. George Romero bénéficie en outre des excellents effets-spéciaux créés par Tom Savini qui en comparaison de son travail sur Maniac, Zombie ou Le jour des morts-vivants demeure ici plutôt sobre. Si le récit de cette machination vue et revue fonctionne, c'est sans doute tout d'abord grâce à l'aspect surnaturel de l'intrigue plus que pour son scénario d'un effarant classicisme. Les meilleurs observateurs y noteront en outre quelques références cinématographiques propres au cinéma de Romero. Un peu d'aide ? Remémorez-vous donc la séquence d'introduction de La nuit des morts-vivants ou le sketch Un truc pour se marrer (Something To Tide You Over) de Creepshow...


Concernant Le chat noir, il s'agit de l'une des nouvelles les plus connues du romancier américain. Adaptée à plusieurs reprises, certains se souviennent surtout du long-métrage que réalisa en 1983 le réalisateur italien Lucio Fulci (Gatto Nero). Pas le meilleur film du roi du gore malsain dans les années soixante-dix/quatre-vingt, mais une bonne cuvée tout de même. Sept ans plus tard, c'est donc son homologue Dario Argento de se réapproprier le mythe de ce chat particulièrement récalcitrant à travers le moyen-métrage sobrement intitulé Le Chat noir ! Là encore, Tom Savini nous gratifie de quelques plans gore du plus bel effet comme en ouverture du moyen-métrage, le corps d'une femme coupé en deux. Annabel et Roderick Usher forment un couple mal assorti. Elle est mal dans sa peau, fragile et lui est violent et alcoolique. La jeune femme reporte toute sa tendresse sur le chat noir qu'elle vient tout juste d'adopter. Son mari de photographe, agacé par la situation, se met à boire de plus en plus, victime de ce qui s'apparente alors à des hallucinations. Dario Argento pénètre dans la psyché du personnage incarné par l'acteur américain Harvey Keitel et s'intéresse donc davantage à l'homme qu'à l'animal qui ne sert en réalité que de catalyseur. Tout comme pour le moyen-métrage de George Romero, la nouvelle dont s'inspire le réalisateur italien est triturée dans tous les sens et réinterprétée à la manière d'un drame étrange se confondant avec un conte macabre comme en témoignent les séquences se déroulant lors des cauchemars du héros. On notera, outre la présence de Harvey Keitel et de Madeleine Potter dans le rôle de l'épouse de John Amos, acteur noir à l'impressionnante carrure que l'on découvrit à l'époque dans Haute sécurité de John Flynn ou 58 minutes pour vivre de Renny Harlin. Dario Argento rend hommage au spécialiste des effets-spéciaux gore Tom Savini en lui offrant le tout petit rôle d'un dingue surprit en très mauvaise posture dans un cimetière (son personnage s'amuse en effet à arracher les dents des corps récemment enterrés ! L'occasion de découvrir un nouveau maquillage du plus bel effet ! L'occasion également d'entendre une composition de Pino Donnagio du plus mauvais effet à base de violons synthétiques absolument ringards. Si le concept du photographe se perdant dans les limbes de la folie en prenant des clichés de plus en plus sinistres est intéressant, Le Chat noir ! est malheureusement parasité par un score épouvantable et une interprétation navrante sans doute en partie due à l'absence d'intérêt du réalisateur pour ses interprètes. Comme tout bon cinéaste italien du fantastique qui se respecte, Dario Argento dévoile un univers tantôt crépusculaire, tantôt surréaliste et d'une manière générale, relativement décousu. Là encore, le moyen-métrage est sauvé de l'indifférence grâce aux très efficaces effets-spéciaux de Tom Savini, lequel observe encore et toujours la dégradation des corps avec réalisme. Pour le reste, Le chat noir n'est ni plus ni moins qu'une honnête petite série B horrifique...

 

 

mercredi 20 juillet 2022

J'aurai leur peau (Pelts) de Dario Argento (2006) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Vu que l'anthologie Masters of Gialli est un concept qui ne semble pas avoir encore inspiré un quelconque créateur de séries télévisées, inclure l'immense réalisateur italien Dario Argento dans la série américano-canadienne Masters of Horror s'avérait une nécessité. Après avoir offert durant presque trois décennies nombres de formidables longs-métrages horrifiques, il était temps d'honorer de sa présence l'anthologie créée en 2005 par le cinéaste et producteur américain Mick Garris. Le réalisateur derrière lequel se cachent notamment plusieurs adaptations télévisuelles de l'écrivain Stephen King et parmi lesquelles on compte Le fléau en 1994 ou Shining en 1997. Une mini-série plus proche des visions du plus prolifique auteur de romans d'épouvante américain que l'adaptation de l'ouvrage éponyme réalisé en 1980 par Stanley Kubrick ! Deux saisons de Masters of Horror verront le jour entre 2005 et 2007, une troisième ayant été diffusée en 2008 cette fois-ci sous le titre Fear Itlself. Nous ne retiendrons donc que les deux premières, constituant un groupe de vingt-six épisodes qui virent les plus grands noms du cinéma d'horreur et d'épouvante participer au projet. S'il en manque évidemment beaucoup (George Romero ne participera notamment pas à l'aventure), les amateurs du genre auront le plaisir et l'occasion de retrouver Don ''Phantasm'' Coscarelli, lequel ouvrira le bal en tournant le tout premier épisode La Survivante (Incident On and Off A Mountain Road), Stuart ''Re-Animator'' Gordon, Tobe ''Texas Chainsaw Massacre'' Hooper, Joe ''Piranhas''Dante ou encore John ''The Thing'' Carpenter. Mick Garris lui-même réalisera le cinquième épisode de la première saison et le huitième de la suivante. Après avoir mis en scène Jenifer, quatrième épisode sur les vingt-six, Dario Argento sera à nouveau de la partie lors de la seconde saison puisqu'il réalisera l'épisode J'aurai leur peau (Pelts) dans lequel interviennent John Saxon dans le rôle d'un ''redneck'' du plus bel effet dont le métier de braconnier va lui coûter très cher ainsi qu'à son fils Larry qu'interprète Michal Suchaneck. Mais la vedette de J'aurai leur peau, c'est tout d'abord l'acteur Meat Loaf, célèbre chanteur américain qui dans le cas présent incarne un épouvantable bonhomme. Jake Feldman est en effet un directeur de manufacture de fourrures ventripotent et totalement obnubilé par une jolie strip-teaseuse. Rêvant de gagner beaucoup d'argent grâce à la confection et à la vente d'un manteau à base de fourrures de ratons-laveurs, il ne se doute pas que les peaux qu'il vient d'acquérir de bien malhonnête façon sont maudites et sèment la mort autour d'elles...


Avec J'aurai leur peau, Dario Argento abandonne son genre de prédilection (ce qui est d'ailleurs le cas depuis quelques années et notamment avec sa vision personnelle et ratée du Fantôme de l'Opéra (Il Fantasma dell'opera)) et réalise ici un moyen-métrage que ses fans ainsi que les autres retiendront sans aucun doute d'abord pour ses excès gore. Il faut dire que le maquilleur Greg Nicotero et ses collaborateurs n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Le futur producteur de la série télévisée The Walking Dead semble avoir les mêmes prédispositions qu'un certain Tom Savini pour les maquillages gore les plus démonstratifs. Le moyen-métrage de Dario Argento repose donc moins sur ses qualités narratives ou scénaristiques que sur la débauche d'effets sanglants, laquelle participe de l'intérêt d'un épisode qui sinon aurait sans doute possible été assez peu remarquable dans la carrière de son auteur. On notera la présence au générique de Claudio Simonetti, l'un des fondateurs du groupe de rock progressif culte Goblin qui offre à l’œuvre de Dario Argento son ambiance parfois envoûtante avec son piano et ses nappes arabisantes. Le réalisateur en profite pour y injecter quelques petites touche d'érotisme à travers le personnage de Shanna qu'interprète l'actrice Ellen Ewusie. La strip-teaseuse en question, au corps superbe, véritable objet de fantasme de la part d'un Jack/Meat Loaf que l'on pourrait comparer au méprisable détective privé Loren Visser (l'acteur M. Emmet Walsh) du tout premier long-métrage des frères Joel et Ethan Coen, Blood Simple en 1984. Récit creux, mise en scène réduite au minimum (pas d'effet de caméra spectaculaires), dans la carrière de Dario Argento J'aurai leur peau se montre étonnamment gore (Même si à l'époque de sa sortie, Tenebre était déjà relativement sanglant). Un visage défoncé à l'aide d'une batte de base-ball, une autre coupée en deux par un piège à loups, un troisième homme qui s'ouvre le ventre à l'aide d'une paire de ciseaux avant d'en extraire ses intestins, etc... De ce côté là, Dario Argento se montre particulièrement généreux. Au final, le moyen-métrage du réalisateur italien n'est ni le meilleur ni le pire de ce qui fut produit pour l'anthologie Masters of Horror. Crade, parfois glauque (la vision des mouches se repaissant du visage défoncé de John Saxon), voilà ce que l'on retiendra tout d'abord du moyen-métrage...

 

mercredi 20 avril 2022

The Card Player de Dario Argento (2004) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Pour commencer, je voudrais tout d'abord préciser que la version que j'ai eue entre les mains est l'édition ''Morpheus'' de The Card Player. Soit une durée de cinq heures. Une version qui de part chez nous est aussi connue sous le nom de ''Space-Time Loop Edition''................................................
Meuh non, je rigooOoole. Pour être plus sérieux, et sur une échelle qui n'a pas de nom me semble-t-il, il doit bien exister un barème prenant en compte le nombre de fois que l'on s'endort devant un film. Dans le cas présent, j'ai arrêté de compter après la quatrième. D'où les concepts vaguement drôles, je le concède, évoquant boucle spatio-temporelle et Morphée, divinité dont Dario Argento semble avoir involontairement adopté le mode de fonctionnement en cette année 2004. Car comme le signifiait très justement Jonathan Charpigny dans son excellent article consacré au seizième long-métrage du cinéaste italien, on pourra comparer la chose à un téléfilm allemand, ou même l'une des plus célèbres séries de chez nos voisins germaniques parmi lesquelles, sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, je citerai Derrick. Mais de mon côté, je n'irai pas jusqu'à passer la frontière allemande mais évoquerai plutôt deux exemples bien de chez nous. Non, sérieux, on a du mal à croire que le film a été tourné à Rome, la ''Ville éternelle'', la ''Sérénissime'', tant les locaux de la police où fut tournée la majorité des séquences ressemblent à ceux qui servirent de décors au séries françaises Navarro (situés à Bezons dans le Val-d'Oise) ou Julie Lescaut (localisés quant à eux à Vanves dans les Hauts-de-Seine). On s'attendrait presque à voir débarquer le premier, suivi de ses ''Mulets'', ou la seconde, précédée des officiers du Commissariat des Clairières...


Passé ce drôle de sentiment que The Card Player a dormi dans des cartons durant vingt ans après avoir été tourné dans le courant des années quatre-vingt, l'ensemble s'avère plutôt digeste pour celui qui parvient à faire abstraction des chefs-d’œuvre accumulés dans le passé par Dario Argento. Car s'il est vrai que le film fait partie de ce que l'italien a engendré de moins bon, on connaît parmi nombre de réalisateurs de la Botte, certains dont les fins de carrière furent terriblement plus rudes. L'héroïne de ce film plus policier que ''giallesque'', c'est Anna Mari qu'interprète la délicieuse Stefania Rocca. Et non, pas d'Asia Argento à l'horizon, laquelle réalisait la même année le surestimé Le livre de Jérémie et qui sans doute, devait se préparer psychologiquement à entrer dans la légende du cycle des zombies de l'immense George Romero en intégrant le casting du Territoire des morts l'année suivante. D'emblée, The Card Player évoque que l'on veuille ou non, un certain Silence des agneaux visible sur grand écran treize ans auparavant. Malheureusement, et malgré tout le bien que l'on peut penser de l'actrice originaire de Turin, Stefania Rocca n'est pas Jodie Foster, Dario Argento (dans le cas présent, du moins) n'est pas Jonathan Demme, Claudio Simonetti (l'un des fondateurs de l'immense groupe de rock progressif italien Goblin) n'est pas Howard Shore, tout comme le réalisateur et son scénariste Franco Ferrini ne sont ni Ted Tally, ni l'auteur du roman original The Silence of the Lambs, Thomas harris...


Effectivement, The Card Player évoque tout d'abord le classique de Jonathan Demme. Ses cadavres repêchés dont les corps conçus à l'ancienne, au latex, laissent envisager leur état de décomposition et dont l'une des autopsies renvoie directement à celle effectuée par Clarice Starling dans Le Silence des agneaux. Jusqu'à même évoquer un objet obstruant les voies respiratoires de la victime (une graine retrouvée dans une narine remplaçant cette fois-ci un cocon d'insecte prélevée à l'époque dans la gorge). Assez répétitif, le film oppose Anna Mari et toute son équipe de policier à un dingue qui menace de démembrer des jeunes femmes qu'il kidnappe au cours de parties de poker en réseau. Mission difficile confiée au flic qui aura la lourde responsabilité de le confronter puisque à chaque défaite, c'est un bras ou une jambe que la victime se verra prélever ! Inutile d'espérer voir des hectolitres de sang. Car si le commissariat se retrouve face à un serial killer d'abord nettement supérieur à ses adversaires, c'est pour mieux évoquer ses horribles agissements dont nous ne verrons rien de plus que les pleurs et les cris de ses victimes. Il est d'ailleurs amusant de noter que les technologies informatiques de l'époque ne permettaient pas encore d'afficher de belles images au format HD sur de beaux moniteurs incurvés de 27 pouces ! D'où une architecture bien laide (fenêtres et couleurs façon Windows95) ! Accompagnant l'héroïne dans son aventure, l'acteur Liam Cunningham incarne John Brennan, un flic alcoolique assez peu crédible. Nous noterons la présence de l'acteur Luis Molteni dans le rôle du pathologiste/ténor, sosie presque parfait du dingue bien glauque et craspec de The Human Centipede II (Fulls Sequence) qu'interprétera sept ans plus tard l'acteur anglais Laurence R. Harvey. Claudio Simonetti compose une bande originaire loin d'atteindre les chefs-d’œuvre du temps passé (On est loin, très loin des Goblin de l'époque Zombie, Profondo Rosso ou Buio Omega...). En fait, The Card Player semble curieusement daté. Bien davantage que son année de sortie. Au final, sans être une purge, le film se conçoit comme une déception de la part du maître du Giallo, mais qui en terme de somnifère s'avère plutôt efficace...

 

lundi 14 février 2022

Trauma de Dario Argento (1993) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Trauma est une œuvre à part dans la carrière du réalisateur italien Dario Argento puisqu'il s'agit de l'unique long-métrage qu'il tourna aux États-Unis à part sa collaboration avec George A. Romero trois ans auparavant avec Deux Yeux maléfiques (Due occhi diabolici). Dario Argento quittait donc pour la seconde fois son Italie natale pour se rendre après Pittsburgh, ville de Pennsylvanie chère à l'auteur de Zombie et de Creepshow, à Minneapolis où a donc eu lieu le tournage de son onzième long-métrage en solitaire. Le spécialiste du Giallo offre ainsi à sa propre fille Asia (qu'il a eu en 1975 avec l'actrice Daria Nicolodi) l'occasion d'interpréter le rôle principal. Une première pour la jeune actrice alors âgée de dix-huit ans seulement qui retrouvera par la suite et à plusieurs occasions son père ainsi que des cinéastes aussi remarquables que Patrice Chéreau (La reine Margot), Abel Ferrara (New Rose Hotel, Go Go Tales), Gus Van Sant (Last Days) ou encore... Arielle Dombasle (Alien Crystal Palace... tout un programme). La touche américaine de Trauma est si présente que l'on a parfois du mal à imaginer que Dario Argento puisse être derrière ce projet. Si ce n'étaient la présence de sa fille dans le rôle de l'anorexique Aura Petrescu et le scénario que le réalisateur a écrit aux côtés de Franco Ferrini, Gianni Romoli et T.E.D. Klein, lequel fait une fois de plus appel au traumatisme de l'enfance, le long-métrage aurait pu être envisagé comme l’œuvre d'un sous-Brian De Palma...


La mise en scène elle-même se différencie de ce que l'on a l'habitude de voir chez Dario Argento. Surtout à travers ces personnages secondaires d'agents du FBI ici sommairement caractérisés. Le film a alors l'allure d'un thriller de facture très moyenne qui n'attache que peu d'importance à la plupart de ces derniers. Autre aspect qui différencie Trauma des autres productions signées du réalisateur italien : la bande musicale. Ici, point d'Ennio Morricone, de Giorgio Gaslini ou de Claudio Simonetti et son groupe culte Goblin ! En lieu et place de ces fidèles collaborateurs du cinéaste ayant chacun à leur tour participé à l'aventure ''giallesque'', un autre compositeur italien. Le célèbre Pino Donaggio, connu pour avoir composé d'innombrables bandes originales dont la superbe partition de l'un des chefs-d’œuvre de Brian De Palma, Body Double en 1984. Déjà en charge de celle de Deux Yeux maléfiques trois ans plus tôt, il signe avec la bande originale de Trauma une musique qui dénote totalement avec ce que l'on a l'habitude d'entendre chez le réalisateur italien. Dario Argento reprend le concept du tableau/miroir de son immense chefs-d’œuvre Profondo Rosso et en propose une alternative si tant est qu'elle soit plus ou moins crédible, du moins s’avérera-t-elle relativement originale. Asia Argento est accompagnée durant une grande partie de l'aventure par l'acteur américain Christopher Rydell qui dans le rôle de David Parsons tentera tout au long du récit de lui venir en aide. Poursuivie par le docteur Judd (l'acteur Frederic Forrest) et par un tueur insaisissable qui manie une arme des plus originale puisqu'il s'agit d'une sorte de boîtier relié à un collet métallique qui une fois passé autour du cou décapite sa victime !


La promesse de scènes gores qui finalement s'avèrent bien moins fréquentes que dans nombres de longs-métrages réalisés par Dario Argento. Sans être mauvais, Trauma se traîne en longueur sur un peu plus de cent-dix minutes et offre finalement assez peu de séquences mémorables. Le film mêle tout et n'importe quoi : entre jeune fille à problème que cherchent à faire interner ses parents, eux-même reconnus comme deux grands voyants (en témoigne une scène qui partira en eau de boudin), un psychiatre assez louche qui parfois paraît vouloir rivaliser avec le Docteur Samuel Loomis (Donald Pleasence) du Halloween de John Carpenter, tueur mystérieux, enfant témoin des drôles d'agissements de sa voisine...le film étant en outre incarné par des vedettes américaines carrément sous-exploitées. À l'image de Brad Dourif dans le rôle du Docteur Lloyd qui ne fait qu'apparaître en coup de vent où l'inoubliable Piper Laurie qui dans Carrie au bal du Diable interprétait dix-sept ans auparavant la mère bigote de l'héroïne du même nom. L'une des meilleures idées qu'eut à l'époque Dario Argento ne fut non pas de tourner ce Trauma mais d'avoir préféré retourner ensuite dans son pays d'origine afin d'y tourner quelques sympathiques bandes horrifiques au titre desquelles, Le Syndrome de Stendhal et Le Sang des innocents...

 

Le Syndrome de Stendhal (La sindrome di Stendhal) de Dario Argento (1996) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il est des filmographies qu'il est urgent de redécouvrir. Surtout lorsque tout comme le réalisateur italien Dario Argento s'apprête à le faire avec son prochain film, un auteur est décidé à revenir au premier plan. Diffusé lors de la soixante-douzième édition de la Berlinade il y a deux jours et tout d'abord prévu pour une sortie italienne le 24 de ce mois-ci, Occhiali neri est le dernier film en date de plus célèbre auteur de Gialli. Et comme citer n'importe lequel de ses nombreux classiques comme exemple pourrait passer pour un affront (qui ne connaît pas en effet Dario Argento, même de nom?), nous n'évoquerons ici que son treizième long-métrage intitulé Le Syndrome de Stendhal (La sindrome di Stendhal). S'il s'avère une certitude que celui-ci n'est pas de ceux qui l'on énumère en priorité lorsqu'il s'agit de faire l'état des lieux d'une filmographie non dénuée d'erreurs de parcours, il faut reconnaître qu'il ne fait pas partie des quelques purges que le réalisateur et scénariste italien a commis dans sa longue carrière vieille aujourd'hui de plus de cinq décennies. Drôle de titre pour une œuvre qui dénote quelque peu avec ce que l'on a l'habitude de voir chez ce cinéaste qui outre quelques incartades dans des univers différents s'est majoritairement appliqué à donner sa version du Giallo. Et ce, souvent d'une main (et d'un œil) de maître. Mais en 1996, trois ans après avoir tourné Trauma auprès de sa fille Asia (laquelle était tout d'abord apparue dans Démons 2 de Lamberto Bava en 1986 ou Le amiche del cuore de Michele Placido six ans plus tard), Dario Argento fait à nouveau appel à sa progéniture et lui offre un rôle à la mesure de son talent et sans doute l'un des plus marquants de sa jeune carrière...


En effet, Asia Argento incarne dans Le Syndrome de Stendhal le personnage d'Anna Manni, jeune inspectrice de la police turinoise à laquelle est confiée la difficile tâche de retrouver la trace d'un tueur et violeur en série qui jusqu'à maintenant à fait dix victimes à Turin et à déjà commencé une nouvelle série de meurtres à Florence où est envoyée Anna auprès des services compétents. Elle-même confrontée au tueur (l'acteur allemand Thomas Kretschmann dans le rôle d'Alfredo Grossi, ce qui n'est pas un spoil que de révéler son identité puisqu'on la découvre assez rapidement), elle va être traquée, violée et blessée avant de prendre le dessus sur son tortionnaire. Une expérience traumatisante qui poussera la jeune femme à consulter un psychiatre du nom de Cavanna (l'acteur Paolo Bonacelli, tortionnaire dans le film culte de Pier Paolo Pasolini, Salò ou les 120 Journées de Sodome) qui parviendra à la convaincre de retourner vivre un temps chez son père... Sans atteindre les cimes de la carrière de son auteur, Le Syndrome de Stendhal n'en est pas moins une œuvre remarquable qui laisse une empreinte peut-être pas aussi durable que des œuvres passées mais dont l'incarnation de sa principale interprète pourra laisser quelques traces dans l'inconscient. Asia Argento y est superbe, envoûtante et désirable. Fragile et victime d'un mal étrange connu sous le nom de ''Syndrome de Stendhal'' (maladie authentique qui doit son nom au célèbre écrivain français du même nom qui lors d'un voyage en Italie en 1817 fut pris d'une sentiment de vertige lors de la visite de la fresques ''Les Sibylles de Volterranode'' située sous la coupole de la Chapelle Niccolini)...


Œuvre à part qui ne constitue plus vraiment un Giallo puisque le tueur est connu d'emblée, Le Syndrome de Stendhal est pourtant typique du cinéma de Dario Argento qui dans ses derniers retranchements finit parfois par devenir d'une noirceur insondable. Ici, pas de charnier putride où pataugent des cadavres pourrissants (Phenomena) mais la folie dans tous ses états. À ce titre, Asia Argento campe une jeune flic non dénuée d'une certaine sensibilité et dont la perruque blonde trahit presque avant l'heure une intrigue portant sur un tueur prétendument mort mais dont le cadavre reste encore à être découvert. Se pose alors la question : Alfredo Grossi est-il réellement mort ? Et si oui, qui a pris sa relève ? À noter que parmi les interprètes l'on retrouve également l'acteur et scénariste français Julien Lambroschini dans le rôle du futur petit ami de notre héroïne, Marco Leonardi dans celui de Marco Longhi ou encore Luigi Diberti dans la peau de l'inspecteur Manetti. Sans être un chef-d’œuvre, Le Syndrome de Stendhal envoûte littéralement le cadre et le récit, ainsi que les spectateurs et gagne en puissance et en intensité au rythme des voyages entrepris par la jeune et belle Anna. Un long-métrage qui mérite amplement d'être redécouvert. Sans doute moins connu que la plupart des films qui furent jusque là réalisés par le maître du Giallo, mais une œuvre qui n'a certainement pas à rougir de la comparaison...

 

dimanche 13 février 2022

Le Sang des innocents (Non ho sonno) de Dario Argento (2001) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Lorsque débute l'intrigue du quatorzième long-métrage du cinéaste italien Dario Argento (le quinzième si l'on prend en compte celui qu'il réalisa en collaboration avec George A. Romero en 1990, Deux yeux maléfiques), cela fait vingt ans que les agissements d'un tueur en série connu sous le nom de ''nain'' ont cessé. Aujourd'hui, à Turin, un homme tue de jeunes femmes dans des conditions similaires. Le commissaire Ulysse Moretti qui dans le passé s'occupa de traquer le tueur en série reprend du service. Des voix se font entendre et affirment que le ''Nain'' est de retour alors qu'il est censé être mort. Durant son enquête, le commissaire retrouve Giacomo Gallo dont la mère fut vingt ans auparavant, l'une des victimes du célèbre assassin... Dario Argento n'a jamais vraiment cessé de tourner depuis ses débuts de carrière au cinéma avec L'oiseau au plumage de cristal en 1970. Irrégulier mais toujours présent sur le devant de la scène du giallo, il revenait donc en 2001 avec Le Sang des innocents (Non ho sonno) trois ans après avoir adapté à son tour le roman de l'écrivain français Gaston Leroux, Le fantôme de l'Opéra. Son goût pour les tueurs mystérieux étant demeuré intact, le réalisateur et scénariste (ici aux côtés de Carlo Lucarelli) ouvre les hostilités à bord d'un train. Enfin presque puisque le film démarre en réalité dans la chambre de celui qui s'avérera être le tueur du film qui quelques instants plus tard poursuivra la prostituée qu'il avait tout d'abord conviée à venir chez lui avant de la chasser. Si la séquence dans le train laisse entrevoir que Dario Argento n'a absolument pas perdu de son sens de la mise en scène, un détail gros comme une verrue sur l'arête d'un nez vient gripper la bonne marche de cette scène...


En effet, au téléphone avec le tueur, la jeune femme qui par accident s'est saisie chez lui d'un document compromettant se retrouve très rapidement traquée par l'homme en question. Problème : sachant qu'il était au lit lorsqu'elle a pris la fuite et qu'au téléphone l'homme confirme son ignorance quant au lieu où se trouve la jeune femme, comment le tueur peut-il subitement se trouver à bord d'un train qui roule à toute berzingue depuis que sa proie est montée à bord ? Téléportation ou incohérence du scénario ? Je vous laisse tout loisir de juger de la réponse à apporter... Mais connaissant Dario Argento, la réponse semble plus qu'évidente. Passé ce ''détail'', Le Sang des innocents fait partie de cette vague de longs-métrages du réalisateur italien parmi les moins populaires. Du moins, l'un de ceux que l'on ne nomme pas immédiatement lorsque l'on cite l'auteur des Frissons de l'angoisse, Suspiria ou Tenebre... Pourtant, et malgré le rejet que certains peuvent éprouver à sa vision, le quinzième long-métrage de Dario Argento s'avère plutôt convenable. Le réalisateur n'accorde en tout cas pas encore à sa filmographie le triste sort consenti par un certain Lucio Fulci à sa fin de carrière. En vedette de ce Sang des innocents, l'acteur suédois Max von Sydow dont le décès dans le chef-d’œuvre de William Friedkin L'exorciste semble avoir motivé la présence ici comme le constateront plus tard les spectateurs.


C'est lui que l'on retrouve dans le rôle du commissaire. Un emploi pas tout à fait ''fictif'' mais l'on aurait tout de même préféré que Dario Argento l'exploite davantage et que sa présence ne nous donne pas simplement l'impression qu'il s'agit d'une caution ! À ses côtés, l'acteur Stefano Dionisi incarne le rôle de Giacomo et Chiara Caselli, celui de Gloria, une vieille connaissance avec laquelle le jeune homme renouera. La mise en scène de Dario Argento est propre et le scénario finalement plus cohérent qu'à son habitude même si ponctuellement, des erreurs grossières d'écriture viennent miner le sujet comme on a pu le voir plus tôt. Pour un confort idéal, on préférera une fois encore découvrir le film en version originale italienne. Voire dans sa version anglaise, mais surtout pas en français. Le fidèle groupe de rock progressif italien Goblin est une nouvelle fois aux commandes de la bande originale. Une fois encore, le réalisateur italien se penche sur une histoire mêlant crimes en série et passé traumatique. Ce qui à l'écran donne lieu à quelques meurtres plutôt gratinés. En effet, Dario Argento ne lésine pas sur les effets gore et nous offre quelques plans particulièrement saisissants à l'image d'un visage écrasé contre un mur ou la décapitation d'une danseuse de ballet. Du sang, une pointe d'érotisme, une enquête policière.... si l'on est bien au début des années 2000, Le Sang des innocents est cependant dans la droite lignée des films que réalisa Dario Argento au moins deux décennies auparavant...

 

samedi 12 février 2022

Phenomena de Dario Argento (1985) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Maître incontesté et incontestable du giallo depuis ses débuts de carrière de cinéaste, Dario Argento a fait prendre au genre qui le rendit célèbre un virage très étonnant dans le courant des années soixante-dix en lui accordant une part de fantastique et en renforçant son aspect horrifique avec des séquences particulièrement ''saignantes''. Si sa trilogie animale formée autour de L'oiseau au plumage de cristal, Le chat à neuf queues et 4 mouches de velours gris est en grande majorité exemplaire ou que certains considèrent Les frisson de l'angoisse et Suspiria comme étant l'apogée de sa carrière, le réalisateur italien réalisait en 1985 comme l'un de ses meilleurs longs-métrages avec Phenomena. Mix entre giallo et fantastique. Le récit d'une adolescente somnambule envoyée par son acteur de père dans une pension suisse où sont perpétués des meurtres particulièrement horribles par un insaisissable tueur. C'est là qu'elle va y faire la connaissance du professeur John Mc Gregor, célèbre entomologiste interprété par l'acteur britannique Donald Pleasence (New York 1997 et Halloween de John Carpenter, Cul de sac de Roman Polanski) ainsi que celle de Frau Brückner, employée de l'académie Richard Wagner pour filles qui la chaperonnera et qu'incarne l'actrice italienne Daria Nicolodi alors compagne du réalisateur avec lequel elle tournera à six occasions et dont l'union donnera naissance à une certaine Asia le 20 septembre 1975. Quant à Jennifer Corvino, l'héroïne de ce conte horrifico-fantastique dans lequel l'adolescente et dotée d'un pouvoir consistant à prendre le contrôle des insectes, c'est l'actrice Jennifer Connelly qui l'interprète. Elle qui quinze ans plus tard apparaîtra notamment dans le cauchemardesque Requiem for a Dream de Darren Aronofsky aux côtés de l’époustouflante Ellen Burstyn et de Jared Leto...


Il est à noter que pour découvrir Phenomena dans des conditions optimales, il est fortement conseillé d'assister à la projection du neuvième long-métrage de Dario Argento dans sa langue d'origine. Ou plutôt SES langues d'origine puisque le film mélange anglais, italien et allemand. Mais surtout pas doublé en français puisque comme la plupart des films d'horreur italien des années quatre-vingt (et auquel n'échappe malheureusement pas le cinéma de Dario Argento) le résultat est catastrophique. À tel point qu'ici, tout le travail d'interprétation des actrices et acteurs s'en voit totalement ruiné et ''offre'' à l'ensemble un style interprétatif proche de l'univers d'un certain Lamberto Bava. Autant dire qu'entre le confort d'une écoute paresseuse et passive mais néanmoins affligeante et l'effort contraint lors de la lecture de sous-titres pour une expérience réellement prégnante, le choix sera vite fait. On retrouve rapidement le style si particulier de Dario Argento et qui fait autant de fans que de spectateurs qui rejettent son univers. Il faut accepter que d'un côté son œuvre soit parcourue de visions étonnantes quoique parfois ringardes et de l'autre, qu'une musique assourdissante et pas toujours judicieusement intégrée vienne miner la poésie de l'ensemble. Phenomena n'échappe pas à cette règle immuable et c'est en cela que le film s'intègre parfaitement dans une filmographie qui cependant, a eu le bonheur d'offrir à ses fans, d'authentiques tableaux de maîtres. On pense notamment à la séquence du puits de Inferno, modèle du genre et dont l'une des séquences finales de Phenomena reprend le principe pour le plaisir des yeux. Tout un art que Dario Argento sait prendre à son compte en jouant avec l'élément eau et des sources de lumière différentes. On en prend ici plein les yeux...


Mais avant cela, la jeune Jennifer se lance à la poursuite du tueur qui sème la terreur autour de la pension. Du moins est-ce le sentiment que procure l'effroi de l'adolescente car autour d'elle, la vie et les habitudes des pensionnaires reprennent très rapidement leur cours. On prend un immense plaisir à retrouver l'acteur Donald Pleasence ici dans le rôle de l'entomologiste cloué dans un fauteuil roulant et aidé par un chimpanzé nettement plus efficace et pacifique que l'effrayante guenon que George A. Romero mettra en scène trois ans plus tard dans Incident de parcours. Jennifer Connely est délicieuse et Daria Nicolodi particulièrement effrayante. Si le déroulement de l'intrigue paraît comme souvent chez Dario Argento, parfaitement absurde ou confuse, le film gagne peu à peu en intensité et donc en intérêt. Et même si le réalisateur italien ne retrouve pas vraiment la verve de son immense Les frissons de l'angoisse, son neuvième long-métrage n'en est pas moins parcouru de séquences horrifiques dont on ne soupçonne pas qu'elles puissent aller aussi loin dans l'épouvante. Allant même jusqu'à proposer une vision morbide digne de la scène de la piscine de Poltergeist de Tobe Hooper réalisé trois ans auparavant, le giallo fantastique se mue en un film d'épouvante particulièrement glauque lors d'une séquence de charnier absolument macabre. Si durant plus d'une heure les plans gore s'avèrent quasiment invisibles, la fin rattrape quelque peu ce retard et offre un petit festival fort réjouissant en la matière. Nanti d'une bande son hétéroclite, les amateurs de métal reconnaîtront notamment les groupes Iron Maiden et Motorhead. La bande originale est quant à elle l’œuvre du groupe de rock progressif italien culte Goblin. Alors que Dario Argento est de retour cette année avec son dernier long-métrage, il serait bon de redécouvrir ses meilleurs films dont fait indéniablement partie Phenomena...

 

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...