Lorsque débute
l'intrigue du quatorzième long-métrage du cinéaste italien Dario
Argento (le quinzième si l'on prend en compte celui qu'il réalisa
en collaboration avec George A. Romero en 1990, Deux yeux
maléfiques),
cela fait vingt ans que les agissements d'un tueur en série connu
sous le nom de ''nain'' ont cessé. Aujourd'hui, à Turin, un homme
tue de jeunes femmes dans des conditions similaires. Le commissaire
Ulysse Moretti qui dans le passé s'occupa de traquer le tueur en
série reprend du service. Des voix se font entendre et affirment que
le ''Nain'' est de retour alors qu'il est censé être mort. Durant
son enquête, le commissaire retrouve Giacomo Gallo dont la mère fut
vingt ans auparavant, l'une des victimes du célèbre assassin...
Dario Argento n'a jamais vraiment cessé de tourner depuis ses débuts
de carrière au cinéma avec L'oiseau au plumage
de cristal
en 1970. Irrégulier mais toujours présent sur le devant de la scène
du giallo, il revenait donc en 2001 avec Le Sang
des innocents
(Non ho sonno)
trois ans après avoir adapté à son tour le roman de l'écrivain
français Gaston Leroux, Le
fantôme de l'Opéra.
Son goût pour les tueurs mystérieux étant demeuré intact, le
réalisateur et scénariste (ici aux côtés de Carlo Lucarelli)
ouvre les hostilités à bord d'un train. Enfin presque puisque le
film démarre en réalité dans la chambre de celui qui s'avérera
être le tueur du film qui quelques instants plus tard poursuivra la
prostituée qu'il avait tout d'abord conviée à venir chez lui avant
de la chasser. Si la séquence dans le train laisse entrevoir que
Dario Argento n'a absolument pas perdu de son sens de la mise en
scène, un détail gros comme une verrue sur l'arête d'un nez vient
gripper la bonne marche de cette scène...
En
effet, au téléphone avec le tueur, la jeune femme qui par accident
s'est saisie chez lui d'un document compromettant se retrouve très
rapidement traquée par l'homme en question. Problème : sachant
qu'il était au lit lorsqu'elle a pris la fuite et qu'au téléphone
l'homme confirme son ignorance quant au lieu où se trouve la jeune
femme, comment le tueur peut-il subitement se trouver à bord d'un
train qui roule à toute berzingue depuis que sa proie est montée à
bord ? Téléportation ou incohérence du scénario ? Je
vous laisse tout loisir de juger de la réponse à apporter... Mais
connaissant Dario Argento, la réponse semble plus qu'évidente.
Passé ce ''détail'', Le Sang des innocents
fait partie de cette vague de longs-métrages du réalisateur italien
parmi les moins populaires. Du moins, l'un de ceux que l'on ne nomme
pas immédiatement lorsque l'on cite l'auteur des Frissons
de l'angoisse,
Suspiria
ou Tenebre...
Pourtant, et malgré le rejet que certains peuvent éprouver à sa
vision, le quinzième long-métrage de Dario Argento s'avère plutôt
convenable. Le réalisateur n'accorde en tout cas pas encore à sa
filmographie le triste sort consenti par un certain Lucio Fulci à sa
fin de carrière. En vedette de ce Sang des
innocents,
l'acteur suédois Max von Sydow dont le décès dans le chef-d’œuvre
de William Friedkin L'exorciste
semble avoir motivé la présence ici comme le constateront plus tard
les spectateurs.
C'est
lui que l'on retrouve dans le rôle du commissaire. Un emploi pas
tout à fait ''fictif'' mais l'on aurait tout de même préféré que
Dario Argento l'exploite davantage et que sa présence ne nous donne
pas simplement l'impression qu'il s'agit d'une caution ! À ses
côtés, l'acteur Stefano Dionisi incarne le rôle de Giacomo et
Chiara Caselli, celui de Gloria, une vieille connaissance avec
laquelle le jeune homme renouera. La mise en scène de Dario Argento
est propre et le scénario finalement plus cohérent qu'à son
habitude même si ponctuellement, des erreurs grossières d'écriture
viennent miner le sujet comme on a pu le voir plus tôt. Pour un
confort idéal, on préférera une fois encore découvrir le film en
version originale italienne. Voire dans sa version anglaise, mais
surtout pas en français. Le fidèle groupe de rock progressif
italien Goblin
est une nouvelle fois aux commandes de la bande originale. Une fois
encore, le réalisateur italien se penche sur une histoire mêlant
crimes en série et passé traumatique. Ce qui à l'écran donne lieu
à quelques meurtres plutôt gratinés. En effet, Dario Argento ne
lésine pas sur les effets gore et nous offre quelques plans
particulièrement saisissants à l'image d'un visage écrasé contre
un mur ou la décapitation d'une danseuse de ballet. Du sang, une
pointe d'érotisme, une enquête policière.... si l'on est bien au
début des années 2000, Le Sang des innocents
est
cependant dans la droite lignée des films que réalisa Dario Argento
au moins deux décennies auparavant...
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