Il est des filmographies
qu'il est urgent de redécouvrir. Surtout lorsque tout comme le
réalisateur italien Dario Argento s'apprête à le faire avec son
prochain film, un auteur est décidé à revenir au premier plan.
Diffusé lors de la soixante-douzième édition de la Berlinade
il y a deux jours et tout d'abord prévu pour une sortie italienne le
24 de ce mois-ci, Occhiali neri est
le dernier film en date de plus célèbre auteur de Gialli.
Et comme citer n'importe lequel de ses nombreux classiques comme
exemple pourrait passer pour un affront (qui ne connaît pas en effet
Dario Argento, même de nom?), nous n'évoquerons ici que son
treizième long-métrage intitulé Le Syndrome de
Stendhal
(La sindrome di Stendhal).
S'il s'avère une certitude que celui-ci n'est pas de ceux qui l'on
énumère en priorité lorsqu'il s'agit de faire l'état des lieux
d'une filmographie non dénuée d'erreurs de parcours, il faut
reconnaître qu'il ne fait pas partie des quelques purges que le
réalisateur et scénariste italien a commis dans sa longue carrière
vieille aujourd'hui de plus de cinq décennies. Drôle de titre pour
une œuvre qui dénote quelque peu avec ce que l'on a l'habitude de
voir chez ce cinéaste qui outre quelques incartades dans des univers
différents s'est majoritairement appliqué à donner sa version du
Giallo.
Et ce, souvent d'une main (et d'un œil) de maître. Mais en 1996,
trois ans après avoir tourné Trauma
auprès de sa fille Asia (laquelle était tout d'abord apparue dans
Démons 2
de Lamberto Bava en 1986 ou Le amiche del cuore
de Michele Placido six ans plus tard), Dario Argento fait à nouveau
appel à sa progéniture et lui offre un rôle à la mesure de son
talent et sans doute l'un des plus marquants de sa jeune carrière...
En
effet, Asia Argento incarne dans Le Syndrome de
Stendhal le
personnage d'Anna Manni, jeune inspectrice de la police turinoise à
laquelle est confiée la difficile tâche de retrouver la trace d'un
tueur et violeur en série qui jusqu'à maintenant à fait dix
victimes à Turin et à déjà commencé une nouvelle série de
meurtres à Florence où est envoyée Anna auprès des services
compétents. Elle-même confrontée au tueur (l'acteur allemand
Thomas Kretschmann dans le rôle d'Alfredo Grossi, ce qui n'est pas
un spoil que de révéler son identité puisqu'on la découvre assez
rapidement), elle va être traquée, violée et blessée avant de
prendre le dessus sur son tortionnaire. Une expérience traumatisante
qui poussera la jeune femme à consulter un psychiatre du nom de
Cavanna (l'acteur Paolo Bonacelli, tortionnaire dans le film culte de
Pier Paolo Pasolini, Salò ou les 120 Journées
de Sodome)
qui parviendra à la convaincre de retourner vivre un temps chez son
père... Sans atteindre les cimes de la carrière de son auteur, Le
Syndrome de Stendhal
n'en est pas moins une œuvre remarquable qui laisse une empreinte
peut-être pas aussi durable que des œuvres passées mais dont
l'incarnation de sa principale interprète pourra laisser quelques
traces dans l'inconscient. Asia Argento y est superbe, envoûtante et
désirable. Fragile et victime d'un mal étrange connu sous le nom de
''Syndrome de Stendhal''
(maladie authentique qui doit son nom au célèbre écrivain français
du même nom qui lors d'un voyage en Italie en 1817 fut pris d'une
sentiment de vertige lors de la visite de la fresques ''Les
Sibylles de Volterranode''
située sous la coupole de la Chapelle Niccolini)...
Œuvre
à part qui ne constitue plus vraiment un Giallo
puisque le tueur est connu d'emblée, Le Syndrome
de Stendhal
est pourtant typique du cinéma de Dario Argento qui dans ses
derniers retranchements finit parfois par devenir d'une noirceur
insondable. Ici, pas de charnier putride où pataugent des cadavres
pourrissants (Phenomena)
mais la folie dans tous ses états. À ce titre, Asia Argento campe
une jeune flic non dénuée d'une certaine sensibilité et dont la
perruque blonde trahit presque avant l'heure une intrigue portant sur
un tueur prétendument mort mais dont le cadavre reste encore à être
découvert. Se pose alors la question : Alfredo Grossi est-il
réellement mort ? Et si oui, qui a pris sa relève ? À
noter que parmi les interprètes l'on retrouve également l'acteur et
scénariste français Julien Lambroschini dans le rôle du futur
petit ami de notre héroïne, Marco Leonardi dans celui de Marco
Longhi ou encore Luigi Diberti dans la peau de l'inspecteur Manetti.
Sans être un chef-d’œuvre, Le Syndrome de
Stendhal
envoûte littéralement le cadre et le récit, ainsi que les
spectateurs et gagne en puissance et en intensité au rythme des
voyages entrepris par la jeune et belle Anna. Un long-métrage qui
mérite amplement d'être redécouvert. Sans doute moins connu que la
plupart des films qui furent jusque là réalisés par le maître du
Giallo,
mais une œuvre qui n'a certainement pas à rougir de la
comparaison...
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