Une fois le générique
de fin de La Noche de los Mil Gatos arrivé à son
terme, une certitude s'impose : le mexicain René Cardona Jr.
fut atteint de son vivant du fameux syndrome marseillais. Cette tare
génétique qui pousse à aller vers la démesure lorsqu'il s'agit de
chiffrer, au hasard, le nombre de participants à une manifestation.
Genre : ''Putaing, les gars. Hier après-midi en allant au
boulodrome, j'ai croisé dix-mille manifestants''.......... alors
qu'ils devaient être tout au plus une trentaine, tondus et pelés
compris. À ne pas confondre avec le mythomane qui assure avoir
touché le gros lot au millionnaire en s'affichant au volant d'une
Dacia Sandero dont le prix de départ est évalué à un peu moins de
neuf mille euros! (après recherche sur le net des modèles de
voitures les moins chers puisque bien entendu, je n'y entends
goutte...). Merde, me dis-je. Je suis tombé sur la rediffusion d'un
porno-soft du dimanche soir sur M6. C'est ce que semblent me dire les
premières images et cette soupe auditive façon The Shadows
du pauvre signée de Raul Lavista. Avec La Noche de los
Mil Gatos,
René Cardona Jr. Érige le nanar au rang de chef-d’œuvre du
cinéma d'art et d'essai. Le concept est simple : après un
cahier des charges établi et distribué aux divers techniciens du
film, le réalisateur semble leur avoir autorisé à prendre les plus
grandes libertés. L’œuvre est un monumental délire psychédélique
où l'orgue hammond vrille les tympans de la première à la dernière
seconde, où le montage est l’œuvre d'un maniaco-dépressif sous
l'influence d'un organigramme établi par un schizophrène en manque
de neuroleptiques. La redondance y est obsessionnelle, comme si sur
le mode de l'image, René Cardona Jr. donnait le change aux maîtres
de la musique répétitive Terry Riley, Philip Glass et Steve
Reich...
Pour
la quatrième fois de sa carrière, l'acteur mexicain Hugo Stiglitz
exhibe sa trogne dans un long-métrage réalisé par René Cardona
Jr. mais cette fois-ci en ayant l'apparence du millionnaire séducteur
qui aux commandes d'un hélicoptère charme de jolies jeunes femmes
afin de les inviter jusque dans sa très lugubre maison aux mille
chats... qui ne seront en fait qu'une centaine, voire, au mieux, le
double, mais certainement pas le millier promis par le titre. D'une
durée inhabituelle de soixante-trois minutes, La
Noche de los Mil Gatos
est
une anomalie du septième art. Du genre dont les amateurs de nanars
sont friands. À voir sans doute dans sa version originale pour
confirmer ou, au contraire, infirmer ce que laissent entendre les
doublages approximatifs dont est nantie la version française. Si le
bruiteur oublie parfois de travailler sur certains sons (comme celui
des piscines qui, au mieux font le bruit d'un saut d'eau remué avec
le plat de la main et au pire, n'en produisent aucun), d'autres en
revanche retiennent toute son attention. Comme ces portes qui
grincent sur un même ton que la voix de Dorgo, ce ''Quasimodo del
païs'', pas bossu pour un sou mais claudiquant comme personne
d'autre avant et après lui. C'est à l'acteur Gerardo Zepeda que
revient de mettre en confiance les invitées de son maître Hugo
(Hugo Stiglitz, donc) dont le sinistre logis ferait fuir Dracula et
la créature de Frankenstein réunis. Côté incohérences, il y a de
quoi discuter tard dans la nuit. De quoi rire également. Comme
lorsque la première victime de ce tueur en série hors norme dit à
son hôte : ''Tu
avais raison. Ton valet est vraiment de première classe''.
C'est vrai quoi, on va pas chipoter pour un boitement trèèèès
prononcé, une voix de cancéreux en phase terminale et une cicatrice
qui barre le visage de ce pauvre Dorgo...
Le
concept de La Noche de los Mil Gatos est
simple : un tueur, un domestique, des ''centaines'' de chats
affamés, une demeure lugubre où sont affichés les trophées de
chasse et les animaux empaillés d'un ancêtre de Hugo et puis des
victimes. Fort jolies d'ailleurs. La superbe américaine Anjanette
Comer et la non moins superbe argentine Zulma Faiad. Car le but de ce
tueur dont on ne doute pas du sadisme vu ce que cet enc[CENSURÉ]
fait aux pauvres chats qui osent quitter le cage est de nourrir ses
petites bêtes. D'ailleurs, là encore, une incohérence plus grosse
encore que la réplique de la blonde Christa vient s'intercaler entre
le repas des fauves et la séquence lors de laquelle Dorgo se
débarrasse des cadavres encombrants. Vue la quantité de viande
humaine que balancent aux chats Hugo et son domestique chaque fois
qu'une représentante de la gente féminine passe de vie à trépas,
on s'étonne de voir ce dernier traîner jusqu'à un four le corps
des victimes dont il ne devrait rester que le squelette. Mais bon, on
n'est pas à un délire près. Comme cette flemmardise qui aurait
tendance à être contagieuse lors de ces interminables tours en
hélicoptère. De longues, très longues minutes qui ne servent en
fait qu'à remplir le vide immense d'un scénario qui ne tient que
sur la tranche d'un faritas ! Pour le commun des mortels, La
Noche de los Mil Gatos
demeurera sans doute sans aucun intérêt. Mais pour l'amateur de
nanars, ce n'est que du bonheur. À vos magnétoscopes...
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