Trauma est
une œuvre à part dans la carrière du réalisateur italien Dario
Argento puisqu'il s'agit de l'unique long-métrage qu'il tourna aux
États-Unis à part sa collaboration avec George A. Romero trois ans
auparavant avec Deux Yeux maléfiques
(Due occhi diabolici).
Dario Argento quittait donc pour la seconde fois son Italie natale
pour se rendre après Pittsburgh, ville de Pennsylvanie chère à
l'auteur de Zombie
et de Creepshow,
à Minneapolis où a donc eu lieu le tournage de son onzième
long-métrage en solitaire. Le spécialiste du Giallo
offre ainsi à sa propre fille Asia (qu'il a eu en 1975 avec
l'actrice Daria Nicolodi) l'occasion d'interpréter le rôle
principal. Une première pour la jeune actrice alors âgée de
dix-huit ans seulement qui retrouvera par la suite et à plusieurs
occasions son père ainsi que des cinéastes aussi remarquables que
Patrice Chéreau (La reine Margot),
Abel Ferrara (New Rose Hotel,
Go Go Tales),
Gus Van Sant (Last Days)
ou encore... Arielle Dombasle (Alien Crystal
Palace...
tout un programme). La touche américaine de Trauma
est si présente que l'on a parfois du mal à imaginer que Dario
Argento puisse être derrière ce projet. Si ce n'étaient la
présence de sa fille dans le rôle de l'anorexique Aura Petrescu et
le scénario que le réalisateur a écrit aux côtés de Franco
Ferrini, Gianni Romoli et T.E.D. Klein, lequel fait une fois de plus
appel au traumatisme de l'enfance, le long-métrage aurait pu être
envisagé comme l’œuvre d'un sous-Brian De Palma...
La
mise en scène elle-même se différencie de ce que l'on a l'habitude
de voir chez Dario Argento. Surtout à travers ces personnages
secondaires d'agents du FBI ici sommairement caractérisés. Le film
a alors l'allure d'un thriller de facture très moyenne qui n'attache
que peu d'importance à la plupart de ces derniers. Autre aspect qui
différencie Trauma
des autres productions signées du réalisateur italien : la
bande musicale. Ici, point d'Ennio Morricone, de Giorgio Gaslini ou
de Claudio Simonetti et son groupe culte Goblin !
En lieu et place de ces fidèles collaborateurs du cinéaste ayant
chacun à leur tour participé à l'aventure ''giallesque'',
un autre compositeur italien. Le célèbre Pino Donaggio, connu pour
avoir composé d'innombrables bandes originales dont la superbe
partition de l'un des chefs-d’œuvre de Brian De Palma, Body
Double
en 1984. Déjà en charge de celle de Deux Yeux
maléfiques
trois ans plus tôt, il signe avec la bande originale de Trauma
une musique qui dénote totalement avec ce que l'on a l'habitude
d'entendre chez le réalisateur italien. Dario Argento reprend le
concept du tableau/miroir de son immense chefs-d’œuvre Profondo
Rosso
et en propose une alternative si tant est qu'elle soit plus ou moins
crédible, du moins s’avérera-t-elle relativement originale. Asia
Argento est accompagnée durant une grande partie de l'aventure par
l'acteur américain Christopher Rydell qui dans le rôle de David
Parsons tentera tout au long du récit de lui venir en aide.
Poursuivie par le docteur Judd (l'acteur Frederic Forrest) et par un
tueur insaisissable qui manie une arme des plus originale puisqu'il
s'agit d'une sorte de boîtier relié à un collet métallique qui
une fois passé autour du cou décapite sa victime !
La
promesse de scènes gores qui finalement s'avèrent bien moins
fréquentes que dans nombres de longs-métrages réalisés par Dario
Argento. Sans être mauvais, Trauma
se traîne en longueur sur un peu plus de cent-dix minutes et offre
finalement assez peu de séquences mémorables. Le film mêle tout et
n'importe quoi : entre jeune fille à problème que cherchent à
faire interner ses parents, eux-même reconnus comme deux grands
voyants (en témoigne une scène qui partira en eau de boudin), un
psychiatre assez louche qui parfois paraît vouloir rivaliser avec le
Docteur Samuel Loomis (Donald Pleasence) du Halloween
de
John Carpenter, tueur mystérieux, enfant témoin des drôles
d'agissements de sa voisine...le film étant en outre incarné par
des vedettes américaines carrément sous-exploitées. À l'image de
Brad Dourif dans le rôle du Docteur Lloyd qui ne fait qu'apparaître
en coup de vent où l'inoubliable Piper Laurie qui dans Carrie
au bal du Diable
interprétait dix-sept ans auparavant la mère bigote de l'héroïne
du même nom. L'une des meilleures idées qu'eut à l'époque Dario
Argento ne fut non pas de tourner ce Trauma
mais d'avoir préféré retourner ensuite dans son pays d'origine
afin d'y tourner quelques sympathiques bandes horrifiques au titre
desquelles, Le Syndrome de Stendhal et
Le Sang des innocents...
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