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lundi 17 février 2025

Bride of Chucky (La fiancée de Chucky) de Ronny yu (1998) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Véritable passe de relais entre divers cinéastes, le quatrième volet de la franchise Child's Play intitulé Bride of Chucky (ou La fiancée de Chucky chez nous) n'échappe donc pas à la règle et après que le trois premiers longs-métrages aient été confiés à autant de cinéaste d'origine américaine, la troisième séquelle de la saga a quant à elle été remise entre les mains du réalisateur, scénariste et producteur hongkongais Ronny Yu. Futur auteur de polars et de films d'action, il part faire des études universitaires aux États-Unis avant de revenir au pays pour assister Philip Chan sur le tournage de The Servants en 1979. Ce n'est que près de deux décennies plus tard qu'il réalisera son tout premier film américain, Magic Warriors avant d'enchaîner avec différents longs-métrages dont celui qui justement nous intéresse ici. Se débarrassant de la totalité des personnages ayant évolué tout au long des trois précédents récits, Ronny Yu et l'éternel scénariste de la franchise Don Mancini créent un personnage spécifiquement attaché au mythe entourant le personnage de Charles Lee Ray. En effet, le script envisage l'existence d'une ancienne petite amie de celui que tout le monde connaissait à l'époque de ses méfaits sous le nom d'étrangleur de Lakeshore et dont l'âme s'est depuis fondue dans le corps en plastique et en tissus d'un exemplaire de Brave Gars. Une poupée que tous les gosses d'Amérique s'arrachaient voilà dix ans en arrière et qui dans ce quatrième volet semble avoir été détrônée par la version féminin du célèbre jouet. Retrouvé par Tiffany, la petite amie en question qu'interprète la bombe sexuelle Jennifer Tilly (sœur aînée de l'actrice Meg Tilly) qui deux ans plus tôt était apparue aux côtés de Gina Gershon dans l'excellent polar des frères Wachowski (la saga Matrix) intitulé Bound, la jeune femme commence par recoudre Chucky qui abordera ainsi en outre durant toute l'intrigue un visage affreusement défiguré. La jeune femme le rapporte chez elle et le garde prisonnier dans un parc pour enfants fermé à l'aide d'un cadenas. Pour tenir compagnon à Chucky/Charles, elle lui achète une version féminine de la poupée Brave Gars, laquelle deviendra bientôt la fiancée de Chucky après que celui-ci ait réussi à s'échapper, à tuer Tiffany dans son bain et à réitérer le rite vaudou permettant ainsi de transférer l'âme de la jeune femme dans le corps de la nouvelle poupée.


À partir de là, et en réalité bien avant, Bride of Chucky ne fait qu'insister sur le lourd héritage de La fiancée de Frankenstein de James Whale. Ronny Yu intégrant même un extrait du classique en noir et blanc au cas où certains spectateurs n'auraient pas saisi de quelle référence il pouvait s'agir. Le film tourne autour du couple de marionnettes et autour de celui qu'incarnent à leurs côtés Katherine Heigl et Nick Stabile. En fuite puisque le tuteur de Jade refuse que la jeune femme fréquente Jesse, ils acceptent un contrat qui leur rapportera une somme d'argent qui leur permettra de tenir pendant un temps. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que l'un et l'autre sont tombés dans un piège tendu par Tiffany, version poupée. Le but est pour cette dernière et Chucky d'être transportés jusqu'au New Jersey où repose un corps qui fut enterré avec une amulette. L'objet en question devant permettre aux deux poupées de transférer leur âme dans n'importe quel corps. Une idée qui avait déjà jaillit dans Child's Play 3 alors que dans les deux premiers volets il fallait absolument que Chucky se serve du corps d'Andy. Bien que la poupée de Chucky aborde désormais un visage bourré de cicatrices qui devrait le rendre plus inquiétant qu'il ne le fut par le passé, la mise en scène de Ronny Yu et le scénario de Don Mancini auront bizarrement l'effet inverse. En effet, le traitement y est ici radicalement différent. Terminée l'angoisse de l'original et qui lors des second et troisième opus était déjà amoindrie. Non, ce qui semble désormais intéresser le scénariste ainsi que le réalisateur chinois, c'est l'humour noir. Mais si les tentatives sont nombreuses, il est rare, voire même impossible, de rire ou même de sourire devant cette quasi affligeante comédie horrifique qui ne fait absolument pas honneur au long-métrage de Tom Holland. Graeme Revell, l'auteur de la partition musicale de Child's Play 2 revient sur le devant de la scène mais plutôt que de se contenter d'une bande-son symphonique comme il en produisit par le passé, le musicien compose en partie avec une playlist tournée vers le hard-rock FM. Une bande musicale au fond assez assommante qui n'arrange rien au désordre qui règne au sein du récit. Et ne parlons même pas de la ridicule conclusion en forme de porte ouverte à celui qui allait devenir le cinquième volet de la franchise en 2004, Seed of Chucky de Don Mancini... Un quatrième volet qui finalement ne repose pas sur grand chose en dehors des effets prosthétiques toujours menés de main de maître par Kevin Yagher et son équipe...

 

jeudi 23 janvier 2025

Child's Play (Jeu d'enfant) de Tom Holland (1988) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Tout comme d'autres figures emblématiques du cinéma fantastique et d'horreur tels que Dracula, Frankenstein, Leatherface (Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper en 1974), Michael Myers (Halloween de John Carpenter en 1978), Jason Voorhees (Vendredi 13 en 1980), Freddy Krueger (Les griffes de la nuit en 1984), Sadaka (Ring en 1997) ou plus récemment, Art (Terrifier en 2016), Chucky est entré dans la légende en passant par la grande lucarne et ce, dès 1988, date où sortait dans les salles de cinéma le premier volet de la franchise Child's Play. Lequel sortira alors chez nous sous le titre Jeu d'enfant. Un petit film d'horreur qui se transforme très rapidement en classique et qui dans le futur, sera à l'origine de plusieurs séquelles ainsi que d'un certain nombre d'émules. On pense bien entendu tout d'abord au premier volet de la saga Annabelle signé de John R. Leonetti qui malgré tous les efforts de son auteur ne parviendra jamais à faire oublier les premières aventures de ce croquemitaine en culotte courte. Ou plutôt, en salopette de jean décoré de dessins enfantins sur un pull mêlant des bandes de couleurs pseudo arc-en-ciel. Resserrant l'intrigue en moins de quatre-vingt dix minutes, le réalisateur et scénariste Tom Holland qui en 1985 avait déjà mis en scène les créatures à dents longues de l'excellent Vampire, vous avez dit vampire ? et trois ans plus tôt avait écrit le scénario du film culte de Mark L. Lester, Class 1984, signe une œuvre efficace dont le souvenir n'a depuis, pas quitté l'esprit de celles et ceux qui eurent le privilège de le découvrir dans les salles obscures à sa sortie le 5 avril 1989, soit six mois après être sorti sur le territoire américain, le 9 novembre 1988 ! Child's Play démarre sur les chapeaux de roues avec un Brad Dourif en mode psychopathe. Dans le rôle de Charles Lee Ray, surnommé ''Chucky'' par ses proches, l'acteur endosse le court rôle d'un criminel poursuivi par l'inspecteur Mike Norris. Celui que tout le monde surnomme ''l'étrangleur de Lakeshore'' se réfugie dans un magasin de jouets où trônent des étagères remplies d'exemplaires de Brave Gars, une poupée que tous les gamins s'arrachent. Lorsque l'inspecteur le retrouve, il lui tire dessus. Mais avant de mourir, Charles Lee Ray invoque un rituel vaudou qui lui permet de transférer son âme dans l'une des poupées en question juste avant de mourir. Une fois la séquence d'introduction arrivée à son terme l'on fait connaissance avec Andy Barclay (le jeune Alex Vincent, alors âgé de seulement sept ans) ainsi qu'avec sa mère Karen (l'actrice Catherine Hicks qui notamment apparu deux ans auparavant dans Star Trek 4 : retour sur Terre de Leonard Nimoy dans lequel elle incarnait le personnage de Gillian).


Vivant tout deux dans un appartement, Karen offre à son fils une poupée Brave Gars achetée in-extremis à un clochard. Un soir, la sœur de Karen qui s'occupe de son neveu pendant que la mère est au travail traverse la fenêtre de la cuisine pour se retrouver morte, écrasée au sol, plusieurs étages plus bas. Au beau milieu d'une myriade d'agents, Karen fait alors connaissance avec l'inspecteur Mike Norris qui enquête sur cet étrange accident. En outre, Andy apprend à sa mère qu'il communique avec sa poupée qu'il a décidé de surnommer Chucky. En habillant son jeune protagoniste comme la poupée qu'il vient de se faire offrir par sa mère, le réalisateur Tom Holland aurait très bien pu cultiver le doute, du moins un certain temps, quant à l'hypothèse d'un gamin atteint de schizophrénie. Un pronostic qui devient très rapidement inenvisageable. Et ce, en raison de la séquence d'ouverture, justement, et qui laisse clairement entendre que la poupée est effectivement investie par l'âme vengeresse de Charles Lee Ray et que donc, le jeune Andy n'est pas en proie à un délire d'ordre psychiatrique ! Ça ne fut pas la première fois que Tom Holland dirigeait Chris Sarandon qui dans le cas présent incarne le flic puisque ce dernier interpréta le vampire Jerry Dandrige trois ans auparavant dans Vampire, vous avez dit vampire ? Et ça ne fut pas non plus la première fois que l'acteur joua dans un film d'horreur puisqu'il fut engagé sur le tournage de l'excellent La Sentinelle des maudits de Michael Winner en 1977. Il incarne donc ici le sympathique inspecteur chargé de l'enquête, d'abord sceptique (comme le sera d'ailleurs elle aussi durant un temps la mère de l'enfant) avant d'être lui-même confronté à ce qui s'avérera effectivement être une poupée possédée par l'esprit de ''l'étrangleur de Lakeshore''. Accompagné par l'anxiogène et minimaliste partition du compositeur américain Joe Renzetti (lequel aura à son actif les bandes originales du Roman d'Elvis de John Carpenter, de Dead & Buried, Mort ou vif et Poltergeist 3 tous trois signés de Gary Sherman ou encore des second et troisième volets de la franchise Basket Case signée de Frank Henenlotter). Bien rythmé et très bien exécuté par le réalisateur, le monteur et les interprètes, les effets-spéciaux ne sont pas en reste puisque Kevin Yagher a créé pour l'occasion une poupée en animatronique plutôt convaincante et dotée d'un faciès tantôt souriant, tantôt grimaçant et de répliques cinglantes (dues à Brad Dourif lui-même) relativement jouissives. Bref, Child's Play est une petite pépite qui aura droit deux ans plus tard à une première séquelle sous le titre Chucky, la poupée de sang. Une suite qui sera cette fois-ci réalisée par John Lafia...

 

lundi 14 février 2022

Trauma de Dario Argento (1993) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Trauma est une œuvre à part dans la carrière du réalisateur italien Dario Argento puisqu'il s'agit de l'unique long-métrage qu'il tourna aux États-Unis à part sa collaboration avec George A. Romero trois ans auparavant avec Deux Yeux maléfiques (Due occhi diabolici). Dario Argento quittait donc pour la seconde fois son Italie natale pour se rendre après Pittsburgh, ville de Pennsylvanie chère à l'auteur de Zombie et de Creepshow, à Minneapolis où a donc eu lieu le tournage de son onzième long-métrage en solitaire. Le spécialiste du Giallo offre ainsi à sa propre fille Asia (qu'il a eu en 1975 avec l'actrice Daria Nicolodi) l'occasion d'interpréter le rôle principal. Une première pour la jeune actrice alors âgée de dix-huit ans seulement qui retrouvera par la suite et à plusieurs occasions son père ainsi que des cinéastes aussi remarquables que Patrice Chéreau (La reine Margot), Abel Ferrara (New Rose Hotel, Go Go Tales), Gus Van Sant (Last Days) ou encore... Arielle Dombasle (Alien Crystal Palace... tout un programme). La touche américaine de Trauma est si présente que l'on a parfois du mal à imaginer que Dario Argento puisse être derrière ce projet. Si ce n'étaient la présence de sa fille dans le rôle de l'anorexique Aura Petrescu et le scénario que le réalisateur a écrit aux côtés de Franco Ferrini, Gianni Romoli et T.E.D. Klein, lequel fait une fois de plus appel au traumatisme de l'enfance, le long-métrage aurait pu être envisagé comme l’œuvre d'un sous-Brian De Palma...


La mise en scène elle-même se différencie de ce que l'on a l'habitude de voir chez Dario Argento. Surtout à travers ces personnages secondaires d'agents du FBI ici sommairement caractérisés. Le film a alors l'allure d'un thriller de facture très moyenne qui n'attache que peu d'importance à la plupart de ces derniers. Autre aspect qui différencie Trauma des autres productions signées du réalisateur italien : la bande musicale. Ici, point d'Ennio Morricone, de Giorgio Gaslini ou de Claudio Simonetti et son groupe culte Goblin ! En lieu et place de ces fidèles collaborateurs du cinéaste ayant chacun à leur tour participé à l'aventure ''giallesque'', un autre compositeur italien. Le célèbre Pino Donaggio, connu pour avoir composé d'innombrables bandes originales dont la superbe partition de l'un des chefs-d’œuvre de Brian De Palma, Body Double en 1984. Déjà en charge de celle de Deux Yeux maléfiques trois ans plus tôt, il signe avec la bande originale de Trauma une musique qui dénote totalement avec ce que l'on a l'habitude d'entendre chez le réalisateur italien. Dario Argento reprend le concept du tableau/miroir de son immense chefs-d’œuvre Profondo Rosso et en propose une alternative si tant est qu'elle soit plus ou moins crédible, du moins s’avérera-t-elle relativement originale. Asia Argento est accompagnée durant une grande partie de l'aventure par l'acteur américain Christopher Rydell qui dans le rôle de David Parsons tentera tout au long du récit de lui venir en aide. Poursuivie par le docteur Judd (l'acteur Frederic Forrest) et par un tueur insaisissable qui manie une arme des plus originale puisqu'il s'agit d'une sorte de boîtier relié à un collet métallique qui une fois passé autour du cou décapite sa victime !


La promesse de scènes gores qui finalement s'avèrent bien moins fréquentes que dans nombres de longs-métrages réalisés par Dario Argento. Sans être mauvais, Trauma se traîne en longueur sur un peu plus de cent-dix minutes et offre finalement assez peu de séquences mémorables. Le film mêle tout et n'importe quoi : entre jeune fille à problème que cherchent à faire interner ses parents, eux-même reconnus comme deux grands voyants (en témoigne une scène qui partira en eau de boudin), un psychiatre assez louche qui parfois paraît vouloir rivaliser avec le Docteur Samuel Loomis (Donald Pleasence) du Halloween de John Carpenter, tueur mystérieux, enfant témoin des drôles d'agissements de sa voisine...le film étant en outre incarné par des vedettes américaines carrément sous-exploitées. À l'image de Brad Dourif dans le rôle du Docteur Lloyd qui ne fait qu'apparaître en coup de vent où l'inoubliable Piper Laurie qui dans Carrie au bal du Diable interprétait dix-sept ans auparavant la mère bigote de l'héroïne du même nom. L'une des meilleures idées qu'eut à l'époque Dario Argento ne fut non pas de tourner ce Trauma mais d'avoir préféré retourner ensuite dans son pays d'origine afin d'y tourner quelques sympathiques bandes horrifiques au titre desquelles, Le Syndrome de Stendhal et Le Sang des innocents...

 

samedi 3 avril 2021

Spontaneous Combustion de Tobe Hooper (1989) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Fantasme d'adolescent (seize ans, à l'époque !) voilà enfin une chance pour moi de rattraper mon retard et de le découvrir à l'aube d'un demi-siècle d'existence. Il était temps que soit ressorti de son emplacement, que soit dépoussiéré et que chauffe le lecteur de DVD dans lequel j'introduis alors une galette argentée dénichée pour une poignée d'euros sur la toile. Un éditeur dont l'origine demeure incertaine mais qu'importe... L'essentiel est là ! Ou presque puisqu'il va me falloir compter sans la version originale et ne me reposer que sur l'hypothétique talent des doubleurs français. Si j'évoque la chose de manière incertaine, c'est parce qu'il faut le savoir, mais le film se traîne une réputation déplorable. Mais à l'époque, Spontaneous Combustion n' était pas seulement le fantasme d'un gamin boutonneux qui rêvait de découvrir tout ce qui reliait l'auteur du chef-d’œuvre Massacre à la Tronçonneuse. Non, c'était surtout la curiosité de découvrir à quoi pouvait ressembler un film d'horreur traitant de combustion humaine spontanée. Ici, une jaquette relativement désagréable à soutenir du regard tant dans le choix esthétique que dans l'observation du contenu de la galette qu'il renferme. Dans le cas présent, pas de bonus, et donc, pas de bande-annonce ni de Making of ou de pistes audios de commentaires. La chose sent le piratage à plein nez, mais peut-être me fais-je des idées. Et vu que le contenant et son contenu m'ont tout de même coûté la bagatelle de 4euros50, j'vais tout de même pas m'arrêter à deux mètres du bol de sangria...


Blah, blah, blah, allez, passons aux choses sérieuses. Un petit coup d’œil à l'arrière de la jaquette permet de constater avec plaisir la présence de l'acteur Brad Dourif. Plus amusant demeure celle de John Dykstra, le fondateur de la société d'effets spéciaux Industrial Light & Magic, célèbre boîte ayant notamment conçu ceux de la trilogie originale Star Wars, de E.T. L'extraterrestre ou de Star Trek : la colère de Khan durant ses premières années d'existence. Autant le nom du bonhomme devrait laisser augurer de bonnes choses à venir lors de la projection de Spontaneous Combustion, autant faut-il ce méfier de ce genre de ''détails'' qui pour ces petites maisons de distribution en rajoutent des caisses pour vendre leurs produits. Petit jeu auquel s'adonne visiblement le distributeur du DVD concerné. Le point le plus important demeurant bien évidemment la présence au générique de Tobe Hooper, le réalisateur. Un gage de réussite ? Ne nous pressons pas pour répondre car...


(une heure et trente-trois minutes plus tard) après avoir assisté au spectacle, il s'avère difficile d'être élogieux devant ce Spontaneous Combustion indigne de l'auteur de Massacre à la Tronçonneuse, mais peut-être quelque part, digne de l'auteur d'un certains nombre de longs-métrages il faut le dire, de piètre qualité. Si l'on met de côté les quelques épisodes de séries que Tobe Hooper réalisa entre la séquelle de son chef-d’œuvre (sobrement intitulée Massacre à la Tronçonneuse 2) et Spontaneous Combustion, il n'est pas anodin de préciser ce petit détail qui consiste à mettre en parallèle ces deux longs-métrages qui furent réalisés à la suite. Tout le monde ne le sait peut-être pas, et encore moins ceux qui ne l'ont jamais vu, mais le réalisateur opta pour un ton beaucoup plus léger pour Massacre à la Tronçonneuse 2 que cela ne fut le cas pour le premier volet. Beaucoup d'humour, souvent grotesque, une œuvre parcourue par des anti-héros cabotinant plus souvent qu'à leur tour. En somme, une version gore de Tex Avery ! Si Spontaneous Combustion ne va pas toujours aussi loin, le film part dans un délire scénaristique relativement imbuvable après une première demi-heure acceptable. Visuellement, on est plus proche du téléfilm que du long-métrage cinéma. Le film reprend le thème de la combustion humaine spontanée adaptée à la sauce fantastique. Histoire de vengeance mâtinée de plusieurs séquences mettant en scène des protagonistes mourant sous les flammes, Tobe Hooper ne lésine pas sur ces scènes et les multiplie de manière croissante jusqu'au final apocalyptico-grand-guignolesque !!! Pas aussi minable que certains le prétendent, Spontaneous Combustion n'en est pas pour autant un très bon film. Brad Dourif fait le taf, quant à Jon Cypher, il incarne un Docteur Marsh bien pourri et Cynthia Bain, la jolie fiancée du héros... à réserver d'abord aux fans purs et durs de Tobe Hooper. Les autres passeront allégrement leur chemin...

 

mardi 12 mai 2020

Alien, la Résurrection de Jean-Pierre Jeunet (1997) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alien, le Huitième Passager de Ridley Scott en 1979. Aliens de James Cameron en 1986. Alien 3 de David Fincher en 1992. Et puis... cinq ans plus tard, Alien, la Résurrection de Jean-Pierre Jeunet... Avant que la 20th Century Fox ait le malheur de proposer les crossover Aliens VS Predator et Aliens vs. Predator: Requiem respectivement réalisés par Paul W. S. Anderson et Greg et Colin Strause en 2004 et 2006 et que Ridley Scott ne reprenne le flambeau de la saga avec les préquelles Prometheus en 2012 et Alien : Covenant en 2017, c'est donc à un français que fut confié le tournage du quatrième opus. Une tâche complexe si l'on tient compte du fait que jusqu'à ce jour là, Ridley Scott, James Cameron et David Fincher avaient chacun à leur manière, proposé un segment qui différait presque totalement les uns des autres. Et pourtant, du second, on retrouvait l'univers extrêmement sombre du premier tout en le situant cette fois-ci non plus à bord d'un vaisseau mais sur la planète LV-426 colonisée depuis vingt années.

Après avoir passé cinquante-sept ans en état de biostase à bord de la navette de sauvetage du Nostromo, Ellen Ripley était à nouveau de l'aventure au milieu d'une bande de marines coloniaux plutôt primitifs et indisciplinés. La suite, on la connaît, l'héroïne des deux premiers opus parvenait une fois encore à échapper aux aliens en prenant la fuite à bord du vaisseau USS Sulaco en compagnie de la jeune Newt, de l'androïde Bishop et du seul soldat rescapé, le caporal Hicks. Mais alors qu'un Facehugger était parvenu à s'introduire dans le vaisseau, provoquant un incendie et l’éjection d'une capsule EEV, celle-ci vint s'écraser à la surface de Fiorina « Fury » 161, une planète-prison n'abritant que des condamnés de sexe masculin. Après le Nostromo, la planète LV-426, David Fincher jetait son héroïne au beau milieu de criminels particulièrement agressifs, et dans un contexte particulièrement étouffant... L'issue de ce troisième opus aurait pu ou dû signer la mort de la saga puisque Ripley y perdait la vie...

Mais c'était sans compter sur la 20th Century Fox qui fit appel au réalisateur et scénariste Josh Whedon pour imaginer le scénario d'un quatrième épisode qui au départ devait tourner autour du personnage de Newt rencontré dans le second opus Aliens avant que la société de production ne lui demande d'envisager une autre alternative : celle, non plus d'une histoire tournant autour d'un clone de la gamine mais plutôt de celui de Ripley, suicidée depuis Alien 3. Craignant que la saga vire à l'aigre et au ridicule, l'actrice Sigourney Weaver qui depuis 1979 avait jusque là toujours assuré le rôle d'Ellen Ripley, hésite. Puis accepte finalement après avoir attentivement lu le scénario de Josh Whedon. Concernant la mise en scène, la production pense tout d'abord au réalisateur britannique Danny Boyle qui auparavant avait déjà réalisé les œuvres cultes Petits Meurtres entre Amis en 1994 et Trainspotting deux ans plus tard. Mais devant l'abandon du cinéaste, la production fait ensuite appel au néo-zélandais Peter Jackson qui refuse de participer au projet. Proposé ensuite au réalisateur américain Bryan Singer, c'est finalement entre les mains du français Jean-Pierre Jeunet que tombe le script après qu'ait été évoqué Jan Kounen. Alors qu'il travaille déjà de son côté sur son futur long-métrage Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (qui ne sortira en France qu'en avril 2001) et qu'il trouve hors de propos l'idée de réaliser un quatrième épisode de la saga Alien, Jean-Pierre Jeunet se laisse finalement tenter et accepte de prendre en main le nouvel opus, Alien, la Résurrection.

Après un premier film dont le budget tourna autour des onze millions de dollars, un second qui bénéficia d'un peu plus de dix-huit millions de ces mêmes dollars et un troisième qui fut carrément financé à hauteur de cinquante, pour ce quatrième opus, Jean-Pierre Jeunet bénéficie d'un budget à la hauteur de ses ambitions puisque la production le dote de soixante-quinze millions de dollars. Le projet de Alien, la Résurrection ne peut qu’intriguer les fans de la saga Alien, autant qu'il peut les inquiéter. Comment relancer une franchise qui voyait son héroïne mourir à la fin du troisième volet et que pouvait apporter de plus le style visuel très particulier de l'auteur des sublimes Delicatessen en 1991 et La Cité des Enfants Perdus en 1995 ? Bien que divers noms d'interprètes furent tout d'abord évoqués, au final, le casting autour de l'actrice principale Sigourney Weaver se constitua ainsi : Winona Ryder dans le rôle de Call, Ron Perlman dans celui de Johner, Michael Wincott dans la peau de Frank Elgyn, mais également Kim Flowers en Sabra Hillard, l'excellent Dan Hedaya dans le rôle du Général Martin Perez, ou encore Brad Dourif dans la peau du docteur Jonathan Gediman, ainsi que l'acteur français Dominique Pinon, fidèle interprète de Jean-Pierre Jeunet depuis les débuts cinématographique de ce dernier, dans le rôle de Vriess. Le réalisateur réussi à imposer sur le tournage deux ''techniciens'' ayant déjà fait montre de leur talent sur Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus.

D'abord, le directeur de la photographie franco-iranien Darius Khondji dont l’extraordinaire travail accompli sur les deux premiers longs-métrages de Jean-Pierre Jeunet (tout deux réalisés en collaboration avec Marc Caro) se retrouve une fois de plus sur le plateau de Alien, la Résurrection. Visuellement, ce quatrième volet est impeccable même s'il s'éloigne parfois du style visuel propre à l’œuvre originale (mais qu'elle autre séquelle ne s'est-elle pas affranchie des codes visuels imposés par Ridley Scott et l'artiste suisse Hans Ruedi Giger?). Entre décors sombres et suintants et tableaux morbides de créatures hybrides enfermées dans un laboratoire de recherche, difficile de faire le.... difficile, justement. Beau à mourir, Alien, la Résurrection bénéficie en outre d'effets-spéciaux remarquables intégrés aux décors conçus par Nigel Phelps. Spécialiste français des effets spéciaux, Pitof y a notamment conçu les aliens du film. Entre images de synthèse et animatronique, ce quatrième épisode expose notamment une Reine xénomorphe gigantesque. Tout au plus les fans pourront faire la moue devant l'apparition d'un hybride, croisement d'une humaine et alien, fils de Ripley, et dont le funeste destin pourra déchirer le cœur des plus sensibles...

Deux siècles ont passé depuis la mort de Ripley et pourtant, rien ne semble avoir vraiment évolué autrement qu'en terme de recherches scientifiques. Quoique... en ce qui concerne le clonage, le film tente à prouver que ces dernières sont encore loin d'être abouties. Opposant des scientifiques et des pirates de l'espace les fournissant en matière première à des aliens toujours aussi belliqueux, tous pourront compter sur une Ripley aux performances physiques hors du commun. Le contexte a beau se situer en 2379, les vaisseaux donnent toujours le sentiments d'avoir été fabriqués avec des pièces de rechange et les personnages s'expriment dans un langage de charretier. Parfois vulgaire et gratuit (Ripley demandant notamment ''avec qui il faut que je baise si je veux partir d'ici' ?'), l'un des principaux défauts de Alien, la Résurrection est l'absence totale d’empathie pour les personnage généralisée par des comportements primaires et brutaux. Ripley n'est plus que la caricature d'elle-même, les pirates de l'air plus primitifs et arbitraires que ne l'étaient les soldats du second volet, quant aux scientifiques, leurs actes étant des plus monstrueux, il devient impossible pour le spectateur de prendre fait et cause pour les uns ou les autres, l'androïde Call étant encore la seule qui fasse preuve d'un semblant d'humanité.

À trop vouloir donner dans la ''punchline'' ou dans la ''pose'', Alien, la Résurrection se soustrait au mode de fonctionnement des précédents épisodes qui, même en prenant des distances avec l'original, avaient cependant conservé une certaine part d'effroi. Ici, on suit les personnages sans jamais vraiment s'inquiéter de ce qui pourrait leur arriver. Tout juste la séquence située dans les cuisines inondées parviendra-t-elle à en émouvoir certains en maintenant un état de stress plutôt satisfaisant. Trop propre malgré la rouille, la bave, les tripes et le sang, ce ne sont pas non plus les grossièretés qui éviteront à Alien, la Résurrection de n'être autre chose qu'une grosse machine hollywoodienne bien huilée et suintant le pognon à chaque plan. Pourtant, indépendamment du fait qu'il s'agisse du quatrième volet d'une prestigieuse saga, pris à part, Alien, la Résurrection est un film de science-fiction plutôt convaincant. Mais encore faut-il être en mesure de l'appréhender sans avoir à l'esprit ceux qui l'on précédé...

samedi 17 novembre 2018

Halloween 2 de Rob Zombie (2009) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Alors que la suite de son propre remake a faillit lui échapper, le chanteur et cinéaste Rob Zombie remet le couvert après le succès de son Halloween version 2007. Bien qu'il avait su apporter suffisamment de nouveauté pour que l’œuvre ne transpire par la redite, sa vision se raccordait malgré tout sensiblement à celle de John Carpenter. Ce qui n'est plus le cas dans cet Halloween 2 sortit deux ans plus tard en 2009. N'étant à l'origine pas du tout fan de la franchise mais ayant apprécié le remake de Rob Zombie, c'est avec un certain empressement, comme une grosse envie d'aller me vider la vessie de son trop plein de bière, que j'ai voulu voir à quoi ressemblait sa séquelle et si elle avait un tant soit peu de légitimité. Une chose est certaine : Rob Zombie a décidé de remettre les pendules à l'heure. Ou plutôt, le compteur à zéro. Car même si la suite prend directement effet après les événements du premier épisode, le cinéaste a donné un grand coup de balai (de pied?) au mythe afin de le dépoussiérer une fois encore. Ce qui en définitive, n'est pas forcément une bonne chose car à trop vouloir bousculer les conventions, l'auteur de The Devil's Reject a enfanté d'une œuvre bâtarde qui ne conserve en fait que l’icône monstrueuse et sa célèbre proie.

Au casting, on retrouve les mêmes principaux interprètes. Brad Dourif dans le rôle du shérif Leigh Brackett, Tyler Mane dans celui de Michael Myers, mais aussi et surtout Scout Taylor-Compton dans la peau de Laurie Strode et bien entendu, Malcom McDowell en Dr Sam Loomis préoccupé cette fois-ci par sa nouvelle renommée due à l'ouvrage qu'il a écrit sur son expérience de psychiatre avec son plus célèbre patient. Rob Zombie assombrit l'image. Au point de n'en faire plus qu'une œuvre abusivement crépusculaire parcourue par une grande majorité de chevelus. Un long-métrage gothique. Rock dans l'esprit, incarné par une tripotée de « métalleux».

Le chemin emprunté par cet Halloween 2 est incompréhensible. A croire que Rob Zombie avait déjà en tête son long-métrage suivant, The Lords of Salem. Halloween 2, c'est surtout une bouillie informe (infâme?) qui ressemble à tout sauf au film auquel cette séquelle semble avoir été mise en chantier afin de lui rendre hommage. Michael Myers n'y sert la soupe qu'à une multitude d'homicides dont le nombre finit par épuiser le spectateur même le plus avide de meurtres en série. Tout juste le cinéaste retient-il l'attention dès lors qu'il critique l'aspect médiatique concentrant l'intérêt du public pour un ouvrage évoquant le cas d'un véritable dément alors même que son auteur ne tient pas compte de la réaction des parents des victimes. Le Docteur Sam Loomis y est cette fois-ci décrit comme un individu ayant mis entre parenthèses sa carrière de psychiatre pour sa nouvelle passion, l'écriture : et surtout, la célébrité. Il incarne ainsi l'immonde messager à la morale douteuse mais dont se repaissent ses semblables, avides de récits macabres.

Heureusement, encore, que Malcom McDowell ait accepté une nouvelle fois de prêter ses traits au fameux psychiatre car à par ses diverses apparitions, Halloween 2 n'est qu'une œuvre horrifique qui se cherche sans véritablement parvenir à mettre la main sur un fil d’Ariane tangible. Rob Zombie oppose au récit linéaire original, des fantasmes personnels qui débouchent sur des personnages peu crédibles (à croire que le pays n'est habité que par des enfants, des adolescents et des adultes chevelus et amateurs de métal), un univers gothique graphiquement très réussi mais au final, assez pesant, et des dizaines de situations s'enchaînant sans réelle cohérence ni la moindre cohésion (les passages avec la mère de Michael, sorte de Dame Banche accompagnée d'un cheval tout aussi immaculé sont simplement... ridicules). A croire que le cinéaste n'a fait que remplir les blancs d'un film de commande qu'il s'est pourtant refusé de laisser à un autre... Décevant !

vendredi 16 novembre 2018

Halloween de Rob Zombie (2007) - ★★★★★★★☆☆☆



Qu'il soit réussi ou non, qu'il surpasse son illustre source d'inspiration ou qu'il ne lui arrive pas même à la cheville, s'il y a bien un point qu'il sera difficile de contredire, c'est le culot avec lequel le cinéaste Rob Zombie se sera approprié le mythe de Michael Myers pour en proposer une relecture faisant table rase sur l'iconographie de l'un des plus célèbres tueurs masqués du septième art, et même s'il aura dû pour cela, lâcher un peu de leste. Trente ans... Il aura fallut trente ans pour que quelqu'un se décide enfin à revenir aux sources. A ne plus simplement continuer à nourrir une légende qui avait finit (paraît-il) par s'étioler à force de vouloir l'exploiter. Né le 12 janvier 1965, chanteur et musicien du groupe de métal White Zombie, Rob se lance dans le septième art en 2003 avec The House of 1000 Corpses, œuvre remarquée, mais sans doute pas autant que le second long-métrage d'un artiste qui aura, au moins, su se reconvertir de la plus belle des manières. The Devil's Rejects, deuxième film et premier véritable choc. Un road-trip d'une violence inouïe qui renoue avec un certain cinéma transgressif des années soixante-dix. On pense notamment au Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hooper, ou à The Hills Have Eyes de Wes Craven. Après avoir réalisé une fausse bande-annonce (Werewolf Women of the SS) pour le diptyque Grindhouse, Rob Zombie s'attèle donc à la réalisation de son troisième long-métrage sobrement intitulé Halloween
 
Ça n'est plus un secret pour les rares badauds qui ont osé franchir les portes de Cinémart ces dernier jours mais je n'ai que très moyennement apprécié l’œuvre séminale du pourtant génial John Carpenter. Presque aussi chiant que de rester planté devant une pendule pendant quatre-vingt dix minutes à voir s'égrainer les secondes, puis les minutes, Halloween cuvée 1978 fut une énorme déception (d'ailleurs, à ce propos, n'ayant pas envie de me faire taper sur les doigts, je ne ferai pas la critique de Suspiria version Dario Argento que j'ai, « grave » détestée). Aussi creux qu'improbable, le film usurpe totalement son statut d’œuvre culte (pour les coups de fouet, je suis dispo ce soir de 22h à 3h du matin) , ce qui ne m'a pourtant pas empêché de vouloir persévérer afin de trouver, peut-être, la perle rare. Sur laquelle il me semble par ailleurs avoir déjà mis la main il y a quelques années à travers l'excellent Halloween 3. Mais celui-ci n'ayant aucun rapport avec l’œuvre de John Carpenter, et ne voulant surtout pas subir les suites consécutives, j'ai donc porté mon choix sur la vision toute personnelle de Rob Zombie.

La phase narcissique étant arrivée à son terme, entrons désormais dans le vif du sujet. Première différence entre l’œuvre originale et son remake, le choix appliqué par Rob Zombie de revenir en profondeur sur l'enfance de Michael Myers et ne pas se contenter simplement de le montrer en train de tuer sa grande sœur. Le cinéaste décrit l'univers néfaste dans lequel baigne l'enfant. Une histoire personnelle qui fait écho aux faits-divers macabres qui parfois ressurgissent dans les médias lorsque l'on apprend qu'un gamin a pénétré l'enceinte de l’établissement scolaire où il étudie afin d'y dessouder un maximum de ses camarades. Le petit Michael est le souffre-douleur de son beau-père, un alcoolique notoire passant son temps calé dans un fauteuil à regarder des émissions débiles et à boire la bière. Aimante, la mère de l'enfant danse nue dans une boite de strip-tease afin de subvenir aux besoins de sa petite famille également constituée d'une fille plus âgée que Michael et d'une seconde beaucoup plus jeune. Harcelé par deux de ses camarades, le futur tueur en série d'Haddonfield (dont l'un des passes-temps favoris et de torturer les animaux), passe à l'acte sur l'un deux et sur plusieurs membres de sa famille avant d'être jugé et interné dans un hôpital psychiatrique. Rob Zombie dresse un vrai portrait de psychopathe et clôt ainsi une première partie passionnante et idéalement incarnée par l'acteur Daeg Faerch qui dans la peau de Michael Myers enfant est assez stupéfiant.

Cette première partie est également l'occasion de faire connaissance avec le fameux Docteur Sam Loomis de l’œuvre originale, cette fois-ci incarné par le génial Malcom McDowell dont le look tranche avec sa profession. Un individu pas vraiment net qui pourtant laisse envisager sa volonté d'aider le jeune adolescent en perdition. C'est également l'occasion d'assister à la lente séparation entre le corps et l'esprit d'un Michael Myers plongeant dans le mutisme le plus total durant les quinze années précédent sa fuite de l'établissement. Rob Zombie convoque une armada de « guests » mémorables. Au hasard : Danny Trejo dans le rôle du gardien Ismael Cruz, ou Richard Lynch dans celui de Chambers, le principal de l'établissement scolaire. Plus tard, d'autres rejoindront les festivités : Brad Dourif dans le rôle du Shérif Leight Bracket, Dee Wallace Stone dans celui de Cynthia Strode, la mère de l'héroïne Laurie incarnée par Scout Taylor-Compton après Jamie Lee-Curtis, ou encore Ken Foree, le « black » du Zombie de George Romero, Sybil Danning, Bill Moseley, ou enfin Udo Kier. Une belle brochette d'acteurs pour un film qui contrairement à l'oeuvre de John Carpenter ne fait jamais dans l'attentisme et accumule les cadavres. Des meurtres violents, mais pas forcément outranciers en matière d'horreur. Si Scout Taylor-Compton assure son emploi d'héroïne, elle a cependant bien du mal à nous faire oublier l'interprétation de Jamie Lee-Curtis dans la version de 1978.

La partition musicale a quant à elle été confiée à Tyler Bates, ce qui n'empêche pas Rob Zombie de réemployer les plus fameux thèmes composés à l'époque par John Carpenter lui-même. Accompagné par le souffle inquiétant du boogeyman Halloween version 2007 est beaucoup plus nerveux que son ancêtre. Incarné par Tyler Mane, le Michael Myers de cette cuvée est un colosse de plus de deux mètres qui en impose à l'écran. L’œuvre de Rob Zombie s'inscrit également dans un contexte beaucoup plus réaliste en apportant à l’esthétique générale un grain particulier grâce à l'emploi du format 16mm. Le film n'évite pas les sempiternelles scènes de cul, beaucoup plus explicites dans l'acte et dans le verbe que par le passé. Rob Zombie a gagné le pari de dépoussiérer une légende en l'améliorant sous tous ses aspects. Il part ainsi rejoindre les quelques remakes de classiques de l'épouvante ayant eu avant lui l'occasion de faire mieux que les œuvres originales (La Colline a des Yeux de Alexandre Aja l'année précédente). Un excellent slasher...

jeudi 18 octobre 2018

Cycle Stephen King : Graveyard Shift de Ralph S. Singleton - (1990) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Graveyard Shift est typiquement le genre de film qui me démotive généralement lorsqu'il s'agit d'entreprendre un cycle non exhaustif sur un acteur, un cinéaste, ou bien même un écrivain comme c'est le cas ici. Si de temps en temps, certains cinéastes ne se démenaient pas pour donner leurs lettres de noblesses à quelques-uns des grands ouvrages de ce maître de l'épouvante en l'adaptant de la plus belle des manières sur grand écran, on pourrait croire que l'auteur de Carrie, The Green Mile ou bien encore de The Dark Tower n'est qu'un pourvoyeur de nanars mal fagotés. Pour lui avoir été fidèle durant une bonne vingtaine d'années, soit depuis la sortie de l'énorme pavé The Stand et jusqu'à la séquelle de The Talisman écrite aux côtés de Peter Straub et publiée sous le titre Black House, en passant par six des sept ouvrages qu'il écrivit sous le pseudonyme de Richard Bachman, je peux affirmer que Stephen King est un grand auteur même si le genre qui lui appartient a toujours eu beaucoup de mal à se faire une place parmi les grands de la littérature américaine. Malheureusement, lorsqu'est adapté un roman, ou plus simplement comme ici, une nouvelle, il arrive parfois que le résultat ne soit pas à la hauteur. Dire que Graveyard Shift est un navet revient à affirmer que The Dead Zone de David Cronenberg est un chef-d’œuvre.

Né à l'origine de l'esprit de Stephen King et de sa nouvelle homonyme éditée dans l'excellent recueil de nouvelles Night Shift, puis adapté au cinéma par le scénariste John Esposito, et par le réalisateur Ralph S. Singleton, Graveyard Shift est une engeance également née des entrailles d'une usine de textiles située dans la petite localité du nom de Gate Falls. L'histoire est on ne peut plus simple et tourne autour d'une équipe de nettoyage chargée de débarrasser le sous-sol de l'usine des objets qui l'encombrent, et accessoirement de trouver le repaire des centaines de rats qui pullulent dans les locaux. Alors que tout le monde s'active avec plus ou moins d'ardeur, un à un les hommes sont attaqués par une créature monstrueuse qui ne leur laisse aucun répit. Chacun tente à sa façon de survivre, chaque pas pouvant se transformer en un piège mortel...

Voilà pour l'histoire. Concernant la mise en scène, Ralph S. Singleton nous impose un rythme confinant à l'ennui. Rien n'attire véritablement le regard ou l'intérêt du spectateur. Aucun personnage attachant. Un univers déprimant. Des dialogues en deçà de toute logique. Une photographie épouvantable doublée d'un éclairage plongeant perpétuellement les personnages dans une semi-obscurité. Et je ne vous parle pas des décors... Mais surtout, une structure narrative en roue libre. Apparemment, Ralph S. Singleton n'ayant aucune exigence en la matière, les scènes s'enchaînent comme si un obsédé du ciseau s'était acharné à faire des coupes franches dans la pellicule avant de recoller aléatoirement chaque morceau sans l'ombre d'une logique.

Graveyard Shift n'évoque rien de bon. A part peut-être l'insistance quasi obsessionnelle du cinéaste à vouloir décrire un univers sordide, morbide, suintant de toutes parts. En somme, déliquescent. Son eau croupie, ses planches pourries, ses personnages parfaitement et systématiquement haïssables. Pour le coup, là, Ralph S. Singleton a tapé dans le mille. Malheureusement, tout manque affreusement d'authenticité. Les personnages sonnent creux à force de se mouvoir dans un contexte de duels machistes. Quant aux décors, ils piquent les yeux. Au final, Graveyard Shift n'est qu'un pâle exemple d'une longue série d'adaptations qui a connu autant de hauts que de bas...

vendredi 22 juin 2018

Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou de Miloš Forman (1975) - ★★★★★★★★★★



Après avoir réalisé ses trois premiers longs-métrages dans son propre pays, le réalisateur américain d'origine tchécoslovaque Miloš Forman débute une nouvelle carrière aux États-Unis en 1971 avec son premier long-métrage américain, Taking Off que l'on a cru longtemps perdu, et qui n'est sorti sous nos latitudes que trente-neuf ans après sa sortie dans son pays. Entre ce premier essai sur le territoire américain et son deuxième en 1975, quatre années ont passé. Projet datant du milieu des années soixante et initié par Kirk Douglas (repris par la suite par son propre fils Michael), c'est pourtant sur les conseils du producteur Saul Zaentz que Michael Douglas propose à Miloš Forman de lire le roman dont s'inspire le film éponyme One Flew Over the Cuckoo's Nest avant d'en accepter l'adaptation cinématographique. Très enthousiaste, le cinéaste accepte volontiers de réaliser ce qui deviendra chez nous Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou, peut-être le plus grand film de son auteur. Une œuvre d'une puissance émotionnelle rare, interprétée par un casting en béton mené par un Jack Nicholson au sommet de son art.
Épaulé par des stars en devenir, l'acteur est entouré d'un Brad Dourif prodigieux dans le rôle du jeune Billy, de Will Sampson dans celui du 'chef' Bromden, de Danny DeVito incarnant Martini, de Christopher Lloyd (futur Dr Emmett « Doc » Brown de la saga Retour vers le Futur) dans la peau de Taber, ou encore de Louise Fletcher dans celui de la froide et intransigeante infirmière Mildred Ratched. Les plus attentifs reconnaîtront également l'acteur noir Scatman Crothers qui cinq ans plus tard donnera une nouvelle fois la réplique à Jack Nicholson dans l'excellent Shining de Stanley Kubrick ou bien Michael Berryman, fameux acteur victime à la naissance du Syndrome de Christ-Siemens-Touraine, connu pour avoir incarné Pluto dans le film culte de Wes Craven, La Colline a des Yeux en 1977.

Décrire Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou en quelques mots est un projet ambitieux bien que difficilement soutenable. L’œuvre de Miloš Forman véhicule de nombreuses thématiques dont l’enfermement, l'amitié et le traitement infligé aux malades mentaux ne sont pas des moindres. Le cas qui nous est présenté ici est celui de Randall Patrick McMurphy, qui pour éviter certaines contraintes liées à son incarcération pour viol, accepte d'être le sujet d'une étude visant à déceler chez lui un hypothétique dysfonctionnement cérébral. Loin d'imaginer ce qui l'attend, l'homme va non seulement être confronté à un univers plus rude que prévu, mais surtout à une infirmière en chef particulièrement inflexible. Ici, les contraintes sont différentes. Les journées se ressemblent toutes et sont ponctuées par la musique, la prise de médicaments, la thérapie et des horaires stricts. Guidé par le même instinct que celui du prisonnier qu'il était tout récemment, McMurphy va tenter d'imposer sa vue d'esprit et les habitudes carcérales dont il usait mais qui malheureusement n'ont pas cours dans le service psychiatrique. Entre le nouveau venu et l'infirmière, le courant a bien du mal à passer. Alors que McMurphy bouillonne, Miss ratched, elle, demeure invariablement froide.
Un certain malaise s'instaure. Surtout lorsque sont évoquées ces séances de thérapie dont l'obscénité est révélée à travers les questions indiscrètes d'une Miss Ratched s'acharnant sur des patients dont la situation dans le cadre de leur internement se révélera fort stupéfiante.

Nommées thérapies, ces séances de torture mentale paraissent conforter les malades dans leurs névroses plutôt qu'elles ne les en libère. L'un des cas les plus intéressant demeure dans le portrait de Billy, incarné par l'excellent Brad Dourif, lequel semble avoir un immense soucis d’œdipe avec sa génitrice. Miss Ratched jouant sur la corde sensible du jeune homme, les questions que l'infirmière lui pose tourmentent Billy plus qu'elles ne l'apaisent. Aidées par des chiens de garde parfois si violents dans leurs propos qu'on les croirait en rupture avec toute forme d'empathie pour les patients, Miss Ratched reflète à elle seule cette institution où certains ont volontairement choisi d'être enfermés. Une rigueur maladive, faignant de soigner des patients tout en projetant sur eux ses propres démons, le cinéaste choisi de n'explorer que l'histoire de ses patients et non pas celle de la femme dont le métier et de les libérer de leurs démons.

Le personnage incarné par Jack Nicholson fait le tour de ses co-détenus un peu étranges. S'offusquant pour de menus détails, et vouant peu à peu pour ce personnage du milieu psychiatrique sensiblement atypique, une véritable fascination. Finalement, celui qui pourrait les libérer de l'emprise de la folie dont ils se sont persuadés être prisonniers. Chose que ne peut bien évidemment pas accepter l'infirmière Ratched. En détaillant chacun des patients de l'étage, du moins ceux dont la présence se révèle concrète (les autres demeurant remisés au fond de la salle et n'étant que subrepticement filmés), Miloš Forman fait le tour de la question de la folie. Du moins, de la manière la plus subjective possible car le film ne s'intéresse pas aux cas les plus critiques de la psychiatrie (la schizophrénie n'est par exemple, pas abordée) mais préfère se pencher sur les rapports humains entre individus ici, supposés de même condition. Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou est une œuvre bouleversante, émaillées de scènes tour à tour drôles, rageantes ou émouvantes. Après l'avoir vu, qui pourrait oublier cet éternel fatigué qu'est Bancini (Josip Elic), ce jeune et touchant bègue interprété par Brad Dourif, ce grand chef indien, sourd, muet, et fort comme un roc, cette infirmière en chef insupportable, ou tout simplement McMurphy, ce criminel, au fond, beaucoup plus humain que l'institution chargée de ses soins... ? Un chef-d’œuvre incontournable qui remporta cinq Oscars en 1976 dont ceux du meilleur réalisateur pour Miloš Forman, du meilleur acteur pour Jack Nicholson (un prix qui aurait pu être également décerné à Brad Dourif, Danny De Vito, etc...), et de la meilleure actrice, évidemment décerné à l'incroyable Louise Fletcher. Un monument du septième art à redécouvrir de toute urgence...
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