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mardi 12 mai 2020

Alien, la Résurrection de Jean-Pierre Jeunet (1997) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alien, le Huitième Passager de Ridley Scott en 1979. Aliens de James Cameron en 1986. Alien 3 de David Fincher en 1992. Et puis... cinq ans plus tard, Alien, la Résurrection de Jean-Pierre Jeunet... Avant que la 20th Century Fox ait le malheur de proposer les crossover Aliens VS Predator et Aliens vs. Predator: Requiem respectivement réalisés par Paul W. S. Anderson et Greg et Colin Strause en 2004 et 2006 et que Ridley Scott ne reprenne le flambeau de la saga avec les préquelles Prometheus en 2012 et Alien : Covenant en 2017, c'est donc à un français que fut confié le tournage du quatrième opus. Une tâche complexe si l'on tient compte du fait que jusqu'à ce jour là, Ridley Scott, James Cameron et David Fincher avaient chacun à leur manière, proposé un segment qui différait presque totalement les uns des autres. Et pourtant, du second, on retrouvait l'univers extrêmement sombre du premier tout en le situant cette fois-ci non plus à bord d'un vaisseau mais sur la planète LV-426 colonisée depuis vingt années.

Après avoir passé cinquante-sept ans en état de biostase à bord de la navette de sauvetage du Nostromo, Ellen Ripley était à nouveau de l'aventure au milieu d'une bande de marines coloniaux plutôt primitifs et indisciplinés. La suite, on la connaît, l'héroïne des deux premiers opus parvenait une fois encore à échapper aux aliens en prenant la fuite à bord du vaisseau USS Sulaco en compagnie de la jeune Newt, de l'androïde Bishop et du seul soldat rescapé, le caporal Hicks. Mais alors qu'un Facehugger était parvenu à s'introduire dans le vaisseau, provoquant un incendie et l’éjection d'une capsule EEV, celle-ci vint s'écraser à la surface de Fiorina « Fury » 161, une planète-prison n'abritant que des condamnés de sexe masculin. Après le Nostromo, la planète LV-426, David Fincher jetait son héroïne au beau milieu de criminels particulièrement agressifs, et dans un contexte particulièrement étouffant... L'issue de ce troisième opus aurait pu ou dû signer la mort de la saga puisque Ripley y perdait la vie...

Mais c'était sans compter sur la 20th Century Fox qui fit appel au réalisateur et scénariste Josh Whedon pour imaginer le scénario d'un quatrième épisode qui au départ devait tourner autour du personnage de Newt rencontré dans le second opus Aliens avant que la société de production ne lui demande d'envisager une autre alternative : celle, non plus d'une histoire tournant autour d'un clone de la gamine mais plutôt de celui de Ripley, suicidée depuis Alien 3. Craignant que la saga vire à l'aigre et au ridicule, l'actrice Sigourney Weaver qui depuis 1979 avait jusque là toujours assuré le rôle d'Ellen Ripley, hésite. Puis accepte finalement après avoir attentivement lu le scénario de Josh Whedon. Concernant la mise en scène, la production pense tout d'abord au réalisateur britannique Danny Boyle qui auparavant avait déjà réalisé les œuvres cultes Petits Meurtres entre Amis en 1994 et Trainspotting deux ans plus tard. Mais devant l'abandon du cinéaste, la production fait ensuite appel au néo-zélandais Peter Jackson qui refuse de participer au projet. Proposé ensuite au réalisateur américain Bryan Singer, c'est finalement entre les mains du français Jean-Pierre Jeunet que tombe le script après qu'ait été évoqué Jan Kounen. Alors qu'il travaille déjà de son côté sur son futur long-métrage Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (qui ne sortira en France qu'en avril 2001) et qu'il trouve hors de propos l'idée de réaliser un quatrième épisode de la saga Alien, Jean-Pierre Jeunet se laisse finalement tenter et accepte de prendre en main le nouvel opus, Alien, la Résurrection.

Après un premier film dont le budget tourna autour des onze millions de dollars, un second qui bénéficia d'un peu plus de dix-huit millions de ces mêmes dollars et un troisième qui fut carrément financé à hauteur de cinquante, pour ce quatrième opus, Jean-Pierre Jeunet bénéficie d'un budget à la hauteur de ses ambitions puisque la production le dote de soixante-quinze millions de dollars. Le projet de Alien, la Résurrection ne peut qu’intriguer les fans de la saga Alien, autant qu'il peut les inquiéter. Comment relancer une franchise qui voyait son héroïne mourir à la fin du troisième volet et que pouvait apporter de plus le style visuel très particulier de l'auteur des sublimes Delicatessen en 1991 et La Cité des Enfants Perdus en 1995 ? Bien que divers noms d'interprètes furent tout d'abord évoqués, au final, le casting autour de l'actrice principale Sigourney Weaver se constitua ainsi : Winona Ryder dans le rôle de Call, Ron Perlman dans celui de Johner, Michael Wincott dans la peau de Frank Elgyn, mais également Kim Flowers en Sabra Hillard, l'excellent Dan Hedaya dans le rôle du Général Martin Perez, ou encore Brad Dourif dans la peau du docteur Jonathan Gediman, ainsi que l'acteur français Dominique Pinon, fidèle interprète de Jean-Pierre Jeunet depuis les débuts cinématographique de ce dernier, dans le rôle de Vriess. Le réalisateur réussi à imposer sur le tournage deux ''techniciens'' ayant déjà fait montre de leur talent sur Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus.

D'abord, le directeur de la photographie franco-iranien Darius Khondji dont l’extraordinaire travail accompli sur les deux premiers longs-métrages de Jean-Pierre Jeunet (tout deux réalisés en collaboration avec Marc Caro) se retrouve une fois de plus sur le plateau de Alien, la Résurrection. Visuellement, ce quatrième volet est impeccable même s'il s'éloigne parfois du style visuel propre à l’œuvre originale (mais qu'elle autre séquelle ne s'est-elle pas affranchie des codes visuels imposés par Ridley Scott et l'artiste suisse Hans Ruedi Giger?). Entre décors sombres et suintants et tableaux morbides de créatures hybrides enfermées dans un laboratoire de recherche, difficile de faire le.... difficile, justement. Beau à mourir, Alien, la Résurrection bénéficie en outre d'effets-spéciaux remarquables intégrés aux décors conçus par Nigel Phelps. Spécialiste français des effets spéciaux, Pitof y a notamment conçu les aliens du film. Entre images de synthèse et animatronique, ce quatrième épisode expose notamment une Reine xénomorphe gigantesque. Tout au plus les fans pourront faire la moue devant l'apparition d'un hybride, croisement d'une humaine et alien, fils de Ripley, et dont le funeste destin pourra déchirer le cœur des plus sensibles...

Deux siècles ont passé depuis la mort de Ripley et pourtant, rien ne semble avoir vraiment évolué autrement qu'en terme de recherches scientifiques. Quoique... en ce qui concerne le clonage, le film tente à prouver que ces dernières sont encore loin d'être abouties. Opposant des scientifiques et des pirates de l'espace les fournissant en matière première à des aliens toujours aussi belliqueux, tous pourront compter sur une Ripley aux performances physiques hors du commun. Le contexte a beau se situer en 2379, les vaisseaux donnent toujours le sentiments d'avoir été fabriqués avec des pièces de rechange et les personnages s'expriment dans un langage de charretier. Parfois vulgaire et gratuit (Ripley demandant notamment ''avec qui il faut que je baise si je veux partir d'ici' ?'), l'un des principaux défauts de Alien, la Résurrection est l'absence totale d’empathie pour les personnage généralisée par des comportements primaires et brutaux. Ripley n'est plus que la caricature d'elle-même, les pirates de l'air plus primitifs et arbitraires que ne l'étaient les soldats du second volet, quant aux scientifiques, leurs actes étant des plus monstrueux, il devient impossible pour le spectateur de prendre fait et cause pour les uns ou les autres, l'androïde Call étant encore la seule qui fasse preuve d'un semblant d'humanité.

À trop vouloir donner dans la ''punchline'' ou dans la ''pose'', Alien, la Résurrection se soustrait au mode de fonctionnement des précédents épisodes qui, même en prenant des distances avec l'original, avaient cependant conservé une certaine part d'effroi. Ici, on suit les personnages sans jamais vraiment s'inquiéter de ce qui pourrait leur arriver. Tout juste la séquence située dans les cuisines inondées parviendra-t-elle à en émouvoir certains en maintenant un état de stress plutôt satisfaisant. Trop propre malgré la rouille, la bave, les tripes et le sang, ce ne sont pas non plus les grossièretés qui éviteront à Alien, la Résurrection de n'être autre chose qu'une grosse machine hollywoodienne bien huilée et suintant le pognon à chaque plan. Pourtant, indépendamment du fait qu'il s'agisse du quatrième volet d'une prestigieuse saga, pris à part, Alien, la Résurrection est un film de science-fiction plutôt convaincant. Mais encore faut-il être en mesure de l'appréhender sans avoir à l'esprit ceux qui l'on précédé...

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