Graveyard
Shift
est typiquement le genre de film qui me démotive généralement
lorsqu'il s'agit d'entreprendre un cycle non exhaustif sur un acteur,
un cinéaste, ou bien même un écrivain comme c'est le cas ici. Si
de temps en temps, certains cinéastes ne se démenaient pas pour
donner leurs lettres de noblesses à quelques-uns des grands ouvrages
de ce maître de l'épouvante en l'adaptant de la plus belle des
manières sur grand écran, on pourrait croire que l'auteur de
Carrie,
The Green Mile
ou bien encore de The
Dark Tower
n'est qu'un pourvoyeur de nanars mal fagotés. Pour lui avoir été
fidèle durant une bonne vingtaine d'années, soit depuis la sortie
de l'énorme pavé The
Stand
et jusqu'à la séquelle de The
Talisman
écrite aux côtés de Peter Straub et publiée sous le titre Black
House,
en passant par six des sept ouvrages qu'il écrivit sous le
pseudonyme de Richard Bachman, je peux affirmer que Stephen King est
un grand auteur même si le genre qui lui appartient a toujours eu
beaucoup de mal à se faire une place parmi les grands de la
littérature américaine. Malheureusement, lorsqu'est adapté un
roman, ou plus simplement comme ici, une nouvelle, il arrive parfois
que le résultat ne soit pas à la hauteur. Dire que Graveyard
Shift
est un navet revient à affirmer que The
Dead Zone
de David Cronenberg est un chef-d’œuvre.
Né
à l'origine de l'esprit de Stephen King et de sa nouvelle homonyme
éditée dans l'excellent recueil de nouvelles Night
Shift,
puis adapté au cinéma par le scénariste John Esposito, et par le
réalisateur Ralph S. Singleton, Graveyard
Shift
est une engeance également née des entrailles d'une usine de
textiles située dans la petite localité du nom de Gate Falls.
L'histoire est on ne peut plus simple et tourne autour d'une équipe
de nettoyage chargée de débarrasser le sous-sol de l'usine des
objets qui l'encombrent, et accessoirement de trouver le repaire des
centaines de rats qui pullulent dans les locaux. Alors que tout le
monde s'active avec plus ou moins d'ardeur, un à un les hommes sont
attaqués par une créature monstrueuse qui ne leur laisse aucun
répit. Chacun tente à sa façon de survivre, chaque pas pouvant se
transformer en un piège mortel...
Voilà
pour l'histoire. Concernant la mise en scène, Ralph S. Singleton
nous impose un rythme confinant à l'ennui. Rien n'attire
véritablement le regard ou l'intérêt du spectateur. Aucun
personnage attachant. Un univers déprimant. Des dialogues en deçà
de toute logique. Une photographie épouvantable doublée d'un
éclairage plongeant perpétuellement les personnages dans une
semi-obscurité. Et je ne vous parle pas des décors... Mais surtout,
une structure narrative en roue libre. Apparemment, Ralph S.
Singleton n'ayant aucune exigence en la matière, les scènes
s'enchaînent comme si un obsédé du ciseau s'était acharné à
faire des coupes franches dans la pellicule avant de recoller
aléatoirement chaque morceau sans l'ombre d'une logique.
Graveyard
Shift n'évoque
rien de bon. A part peut-être l'insistance quasi obsessionnelle du
cinéaste à vouloir décrire un univers sordide, morbide, suintant
de toutes parts. En somme, déliquescent. Son eau croupie, ses
planches pourries, ses personnages parfaitement et systématiquement
haïssables. Pour le coup, là, Ralph S. Singleton a tapé dans le
mille. Malheureusement, tout manque affreusement d'authenticité. Les
personnages sonnent creux à force de se mouvoir dans un contexte de
duels machistes. Quant aux décors, ils piquent les yeux. Au final,
Graveyard Shift n'est
qu'un pâle exemple d'une longue série d'adaptations qui a connu
autant de hauts que de bas...
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