Plus
nous continuons à explorer la filmographie issue des écrits du
romancier d'épouvante Stephen King, et plus il paraît clair que
dans la balance, pèsent plus lourd la somme des indigences que ne
pèsent les œuvres pouvant revendiquer le statut d’œuvres cultes.
Heureusement, il en fut pour rétablir une certaine vérité, mais
combien de navets pour chaque chef-d’œuvre enfanté ? Trop,
beaucoup trop. Qui se souviendra longtemps après leur sortie au
cinéma de Children of
the Corn,
Maximum Overdrive,
The Running Man
ou
de Graveyard Shift
autrement que pour la vacuité de leur contenu ? Trop rares sont
les George A. Romero, David Cronenberg, John Carpenter, Rob Reiner,
ou Frank Darabont qui rendirent honneur aux ouvrages dont il
s'inspirèrent, et en trop grand nombre sont ceux qui ont pillé
l’œuvre labyrinthique de Stephen King pour n'en faire rien
d'autre que des produits de consommation aussi rapidement vus
qu'aussi promptement oubliés.
Sleepwalkers
ne déroge malheureusement pas à la règle, et pour qui ne connaît
de l’œuvre de Stephen King que quelques phrases relevées de ci,
de là afin d'accompagner un article lui étant consacré, d'aucun ne
pourrait imaginer la force d'imprégnation de certains de ses plus
grands romans. On pourra toujours invoquer le fait que le film de
Mick Garris n'est que l'adaptation d'une nouvelle de l'écrivain
n'ayant sans doute pas assez d'envergure pour mériter sa place sur
grand écran. Mais qu'en sait-on finalement, puisque cette nouvelle,
justement, n'est jamais parue dans aucun ouvrage et que Stephen King
n'a fait que la reprendre dans l'intention d'en faire un scénario
digne d'un long-métrage ? Sauf que le résultat, à l'écran,
peine à revendiquer la moindre capacité à faire peur. On pourrait
même ranger Sleepwalkers
dans la catégorie des comédies involontaires tant il est à
l'opposé des ambitions de celui qui tentera pourtant par la suite,
et à plusieurs reprises, de s'attaquer à nouveau à l’œuvre de
Stephen King (The
Stand
en 1994, Desperation
en 2006).
Le
principal soucis avec Mick Garris est que quoi qu'il tourne, le
résultat est digne d'un téléfilm et rien de plus. Sleepwalkers
peut donc s'envisager comme une œuvre réalisée pour le petit
écran. De moyenne envergure. Alors imaginez le produit finit, très
en deçà des exigences du spectateur qui va payer sa place de cinéma
pour aller voir ce qui aurait pu très largement se contenter d'un
passage à la télévision. Une catastrophe. Un nanar comme semble
être le nouvel emblème d'un Stephen King désormais presque systématiquement adapté au cinéma. Une image
aussi lisse qu'une jeune vierge qui n'a même pas encore entendu
parler du loup... Stephen King y aborde dans le scénario qu'il s'est
lui-même chargé d'écrire, le thème de l'inceste. Sulfureux,
Sleepwalkers ?
Pas davantage qu'un épisode des Feux
de l'Amour,
je vous assure. Autre sujet abordé ? Celui des félidés, dont
la définition est ici développée au delà de nos connaissances en
éthologie, puisqu'on leur découvre ainsi des pouvoirs insoupçonnés
comme celui de se camoufler sous l'apparence d'êtres humains.
Et
c'est le cas de Charles Brady (Brian Krause) et de sa mère Mary
(Alice Krige) qui, venus s'installer dans la petite communauté de
Travis dans l'Indiana, vont très vite se mettre en chasse d'une
vierge dont la force vitale leur permettra de prolonger leur
existence. Dotés d'une force incroyable, ils ont cependant un ennemi
avec lequel il doivent absolument conserver une certaine distance :
le chat. Oui, cette petite boule de poils est effectivement le seul
être sur terre à être en mesure de les tuer. Risible, n'est-il
pas ? Et encore, vous n'avez pas vu les atroces costumes de
latex dans lesquels nos deux interprètes vont être contraints de se
faufiler afin de nous montrer leur vrai visage. J'écris sur le ton
de l'humour, mais tout de même... une fois encore, donc,
Sleepwalkers
est une très grosse déception. Ennuyeux, sans enjeux et
artistiquement pauvre, un long-métrage que l'on pourra aisément
ignorer pour se concentrer sur quelques-uns de ceux qui allaient enfin
redorer le blason de Stephen King et de ses écrits...
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