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dimanche 19 juin 2022

Maigret de Patrice Leconte (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Alors que le Royaume-Unis et les États-Unis ont récemment ressuscité l’œuvre de la romancière Agatha Christie à travers deux Remakes/Adaptations des classiques Le Crime de l'Orient-Express en 2017 et Mort sur le Nil en 2022 tout deux signés du réalisateur britannique Kenneth Branagh, en France l'on a choisi de faire revivre celle de l'écrivain Georges Simenon. Le pantagruélique univers du Commissaire Maigret dont le tour de taille de son dernier représentant Gérard Depardieu est égal à la somme incroyable d'ouvrages littéraires et de fictions cinématographico-télévisuelles qui depuis presque un siècle nourri l'imaginaire des amateurs d'enquêtes policières à la française. Ici, pas de police scientifique vêtue de combinaisons intégrales blanches relevant poils, cheveux ou fluides corporels à des fins de recherche d'ADN. Nous sommes encore dans les années cinquante et il faudra attendre encore trois décennies avant que le laboratoire du chercheur britannique Alec Jeffreys qui en compagnie de son équipe travaillait sur la transmission héréditaire de certaines maladies génétiques ne découvre tout à fait par hasard, le concept d'empreinte génétique ! Oui, pantagruélique que la carrière de ce personnage de fiction qui naît timidement en 1929 à travers quatre romans avant de devenir le héros de plus de soixante-dix romans et d'une trentaine de nouvelles tous écrits de la main de Georges Simenon. Le premier des romans sort en mai 1931 sous le titre Pietr-le-Letton tandis que le dernier Maigret et Monsieur Charles sera édité pour la première fois en juillet 1972. Le plus célèbre des commissaires français de fiction fait alors ses adieux sur le papier tandis que sa carrière au cinéma et à la télévision a déjà à cette époque débuté il y a quarante ans en arrière avec La Nuit du carrefour de Jean Renoir en 1932. Interprété par Pierre Renoir qui n'est autre que le frère du réalisateur, il sera le premier interprète de Maigret. Suivront sur grand écran Abel Tarride, Harry Baur, Albert Préjean, Michel Simon, Maurice Manson mais aussi et surtout Jean Gabin qui à trois reprises acceptera de porter la célèbre gabardine du commissaire dans Maigret tend un piège et Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy en 1958-159 et Maigret voit rouge de Gilles Grangier en 1963...


L'hexagone coopérera également trois fois avec l'étranger afin de réaliser autant de projets. L'Homme de la tour Eiffel de Burgess Meredith en 1949, Maigret à Pigalle de Mario Landi en 1967 et Maigret fait mouche d'Alfred Weidenmann l'année suivante, les trois longs-métrages ayant été respectivement et principalement interprétés par Charles Laughton (acteur, mais également réalisateur de l'immense chef-d’œuvre La nuit du chasseur en 1955), l'italien Gino Cervi ainsi que l'allemand Heinz Rühmann, tous dans le rôle du commissaire... Concernant le petit écran, compiler la présence de Maigret à travers ses différentes apparitions semble être encore plus hasardeux puisque le personnage apparu dans des pays aussi étonnants que le Japon (Tôkyô Megure Keishi, en 1978), l'Union Soviétique (avec quatre téléfilms dont Megre i Chelovek na Skameyke en 1973) ou la Tchécoslovaquie (trois téléfilms dont Obavy komisare Maigreta en 1971). Mais chez nous, l'on se souviendra bien évidemment tout d'abord des brillantes incarnations de Jean Richard dans Les Enquêtes du commissaire Maigret entre 1967 et 1990 et du charismatique Bruno Cremer dans Maigret entre 1991 et 2005. Entre sa dernière apparition sur les écrans de cinéma sous les traits de l'allemand Heinz Rühmann en 1968 et son tout récent retour, il aura fallut patienter cinquante-quatre ans avant de retrouver le commissaire et sa célèbre pipe. Oui, plus d'un demi-siècle. Et pour fêter son retour sur grand écran quatre ans après que l'acteur britannique Rowan Atkinson ne l'ait incarné à quatre reprises sur le petit, il fallait un acteur de ''poids''. L'un des plus grands d'entre tous : Gérard Depardieu. Et à la mise en scène, le réalisateur aux vingt-neuf longs-métrages cinématographiques, Patrice Leconte. Sobrement intitulé Maigret, ce long-métrage de 2022 est l'adaptation du roman Maigret et la Jeune Morte qui fut publié pour la première fois en 1954 par Les presses de la cité et qui sera ensuite adapté à quatre reprises sur le petit écran entre 1959 et 1973 par les britanniques Gilchrist Calder et Campbell Logan, dans une version néerlandaise sous le titre Maigret en de blauwe avondjurk et en France par Claude Boissol avec Jean Richard dans l'une des plus célèbres incarnations du commissaire...


Vue l'austérité qui règne en général dans l'univers de ce flic débonnaire mais bienveillant, un climat qui notamment transpirait littéralement dans la série interprétée par Bruno Cremer, sous la houlette du réalisateur français, la capitale française n'a jamais parue aussi triste et belle. Cette beauté froide et hivernale, ces rues presque désertes traversées par quelques silhouettes dont le statut social ne se distingue jamais des autres à travers les tenues vestimentaires. Qu'elle soit de mœurs légères ou de la Haute, la femme ici reste toujours séduisante et distinguée. Les quais des bords de Seine donnent envie de s'y promener la main de son (ou sa) conjoint(e) enfermée dans la notre. Il demeure quelque chose de rassurant dans les décors de Loïc Chavanon ou la Photographie d'Yves Angelo. Pourtant, un meurtre a bien été commis. Mais par qui ? Et pourquoi ? Seule la seconde question semble vraiment intéresser le réalisateur qui aux côtés du scénariste Jérôme Tonnerre imprime à Maigret le même rythme que celui des versions télévisées. Se pose alors la question de la pertinence d'aller découvrir la chose sur grand écran alors même que le film, en comparaison des séries et téléfilms, n'a d'autre attrait que la seule présence de Gérard Depardieu à l'écran. Et encore, celui-ci s'économise tant qu'il faut parfois tendre l'oreille pour percevoir cette petite note d'humour qu'il assène aux trois quart du récit, faisant ainsi pour les connaisseurs, référence à la peinture à l'huile de René Magritte, ''La trahison des images''... Sous ses faux airs d'anachronisme, Maigret distille pourtant une aura fascinante et une émotion palpable transmises par le jeu tout en finesse mais parfois essoufflé de Gérard Depardieu. Revenu de tout, l'acteur en impose physiquement et dans ses silences, son personnage touché lui-même par la mort de cette gamine révèle une part d'ombre de sa propre existence. Notons qu'outre les quelques personnages féminins interprétés par Jade Labeste, Mélanie Bernier, Aurore Clément ou Clara Antoons apparaît à l'écran l'acteur André Wilms, fameux second rôle au nom si peu évoqué mais à la présence tant appréciée dans des dizaines de longs-métrages. Incarnant le personnage de Kaplan, l'acteur n'aura pas eu le temps de découvrir le film sur grand écran puisqu'il décédera le 9 février 2022, soit deux semaines exactement avant la sortie de Maigret dans les salles...

 

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