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lundi 20 juin 2022

Les seigneurs (The Wanderers) de Philip Kaufman (1979) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Les guerres entre gangs et autres bagarres de rues ont produit un certain nombre de films au cinéma. Parmi eux, l'un des plus célèbres demeure le classique réalisé par Walter Hill en 1979, Warriors (Les guerriers de la nuit). Un indémodable... Il s'agira moins ici d'évoquer cette référence ultime dans le genre que quelques autres productions fort intéressantes qui suivirent peu ou prou la même voie. Telle Les seigneurs (The Wanderers) du réalisateur américain Philip Kaufman (à ne pas confondre avec la comédie française éponyme réalisée en 2012 par Olivier Dahan), cinéaste qui un an auparavant signait le paranoïaque Invasion of the Body Snatchers, remake surpassant allégrement l'original réalisé vingt-deux ans plus tôt par Don Siegel en 1956. Viendront peut-être par la suite des articles consacrés à Outsiders et Rusty James tout deux réalisés d'affilée par Francis Ford Coppola en 1983. Ou encore Streets of Rage de Walter Hill (encore lui) qui verra le jour l'année suivante. Mais d'ici là, penchons-nous tout d'abord sur The Wanderers et ses groupes d'adolescents réunis en bandes. Les différences ne s'y arrêtent pas simplement à la tenue vestimentaire de chacun mais toute bande qui se respecte est d'abord un ensemble d'individus partageant les mêmes valeurs, les mêmes causes et étant de même origine ethnique. Ici, les problèmes commencent à l'école. Lorsque le professeur Sharp (l'acteur Val Avery que l'on verra notamment dans plusieurs épisodes de la série Columbo) tente d'inculquer des valeurs à ses élèves dont la moitié au moins est constituée de fils d'immigrés italiens et la seconde d'afro-américains. Philip Kaufman avait tout d'abord prévu de réaliser le film bien avant son chef-d’œuvre de la science-fiction anxiogène. Mais les producteurs ne se bousculant pas à sa porte, il attendra le moment propice pour se rendre à New York et faire lire au producteur Martin Ransooff le scénario qu'il a rédigé en compagnie de son épouse Rose sur la base du roman éponyme écrit par le romancier et scénariste Richard Price...


L'intrigue prend place dans le courant des années soixante comme l'évoquent les cheveux gominés des membres de certains gangs ainsi que leur tenue vestimentaire et plus encore la bande musicale compilant une vingtaines de chansons rock n' roll interprétées entre autres par The Four Seasons, The Shirelles, Ben E. King, Dion DiMucci ou encore The Isley Brothers. L'action situe également son action dans le Bronx. C'est là que débarquent tout d'abord les Baldies. Des types pas très finauds qui se distinguent des autres gangs par leur crâne rasé et leur invariable légèreté d'esprit. À tel point, détail amusant, qu'ils seront finalement les seuls à ne pas faire la différence avec l'un d'entre eux dont le teint est d'ébène ! Avoir des fusibles en moins serait-il finalement le seul remède contre le racisme ? Deux des véritables héros du film sont les membres du gang Wanderers parmi lesquels l'on retrouve Turkey (Alan Rosenberg) et Joey (John Friedrich), lequel vient tout juste de se raser le crâne afin de rejoindre le gang du tant redouté Terreur, un colosse aussi haut que large mais dont le quotient intellectuel n'a pour le moment pas l'air de dépasser celui d'un enfant de quatre ou cinq ans. Dans les ruelles d'un quartier du Bronx, les deux gamins sont poursuivis par les membres des Baldies et ne verront leur salut que grâce à l'intervention d'un certain Perry LaGuardia (l'acteur Tony Ganios) qui s'avère être le nouveau voisin de Turkey. L'on a droit à un affrontement qui malheureusement laisse craindre le pire pour la suite. À moins que Philip Kaufman ne préfère pour l'instant ménager ses jeunes montures car la séquence de bagarre qui oppose Perry à une dizaines des membres des Baldies s'avère relativement mal fagotée. Des coups de poings qui s'enchaînent les uns après les autres face à des brutes épaisses qui défilent à la queue leu leu. La séquence n'occasionne aucun sentiment d'effroi et Joey, Turkey et leur nouvel ami s'en sortent sans la moindre égratignure. Espérons que la suite sera d'un autre tonneau...


Interviennent alors les membres d'un gang d'afro-américains dans l'enceinte même de l'école où sont censés étudier les élèves. Parmi eux, nous reconnaîtrons l'acteur Michael Wright qui quatre ans plus tard interprétera le personnage d'Elias Taylor, l'un des piliers de la résistance face à l'envahisseur extraterrestre dans la série de science-fiction culte, V. il s'agit là de son tout premier rôle au cinéma et Philip Kaufman semble ne s'y être pas trompé puisque plutôt que de le reléguer dans le simple rôle de l'un des membres du gang afro-américain, il en fait carrément leur chef. L'acteur personnifie donc un jeune homme qui semble nettement plus réfléchi que ses compagnons. Si le film est l'occasion de séquences plus amusantes que réellement dramatiques (celle faisant intervenir Joey et l'un de ses camarades sur le pont face à un jeu orchestré par terreur et les membres de son gang est significative), Philip kaufman ajoute cependant quelques soupçons de cruauté. Comme la punition infligée par le chef de la mafia italienne locale Chubby Galasso (Dolph Sweet) à un jeune homme dans une salle de bowling ! La gente féminine tarde à se montrer à l'écran puisque durant un bon tiers, le premier, celle-ci n'est jamais représentée. Ou en tout cas, à hauteur de poitrine uniquement ! Intervient alors l'actrice Karen Allen et son regard empli de sensualité. Bien que la jeune actrice ait déjà tenu un rôle au cinéma dans American College, c'est réellement l’œuvre de Philip Kaufman qui révèle son charme et son talent lors de sa miraculeuse apparition dans les rues du Bronx, deux ans avant qu'un certain Steven Spielberg ne l'engage sur le tournage d'un tout petit film intitulé Les Aventuriers de l'arche perdue ! L'acteur Ken Wahl interprète quant à lui le personnage central de Richie Gennaro, lui-même membre des Wanderers. Aidé par sa belle gueule, on ne le verra cependant que dans très peu de longs-métrages par la suite mais aussi et surtout dans le rôle principal de Vincent Terranova dans la série américaine à succès, Un flic dans la Mafia entre 1987 et 1990...


Le récit de The Wanderers s'offre parfois des ruptures de ton assez surprenantes : Après une longue séquence aussi amusante que naïve se déroulant lors d'une soirée organisée par la fiancée de Richie (la partie de strip-poker est cultissime), on assiste à la traque nocturne et cauchemardesque de Joey (souvenez-vous, l'ancien Wanderers au crâne rasé) par des dizaines d'hommes qui veulent sa peau, dans des rues malfamées et enfumées. Autant dire que Philip Kaufman bat le froid après nous avoir réchauffé le cœur (et le reste) devant l'effeuillage des deux principales interprètes féminines. Les premières inquiétudes laissent donc rapidement le champ libre au soulagement. Plus l'intrigue de The Wanderers progresse et plus le film revêt une évidence : nous sommes là, devant un divertissement infiniment riche qui gagne en profondeur et en finesse à mesure que l'histoire évolue vers plus de sérieux. Une chronique de l'adolescence américaine des années soixante, sur fond de Mafia, de guerre des gangs et de trahisons amoureuses, à l'aube du passage à l'âge adulte avec le nombre de transformations, de bouleversements et de responsabilités que cela suggère. Un classique, quelque part entre Les guerriers de la nuit de Walter Hill, The Blues Brothers de John Landis, The Breakfast Club de John Hughes et le cinéma de Martin Scorsese. Mais c'est avant tout le cinéma de Philip Kaufman qui s'y exprime. Admirable, brillant et tout simplement culte... !

 

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