On continue à aborder
l’œuvre du duo de comiques américains Abbott et Costello par la
voie du fantastique, de l'épouvante, mais aussi et surtout de la
comédie avec Abbott and Costello Meet
Frankenstein. Réalisé
tout comme The Time of Their Lives
par Charles Barton en 1947, il s'agit là du vingt-troisième
long-métrage dans lequel Bud Abbott et Lou Costello partagent la
vedette et comme il s'agit ici d'emprunter le thème de l'un des plus
grands mythes du cinéma fantastique, le réalisateur, le producteur
Robert Arthur et la société de production américaine Universal
Pictures se sont donné
les moyens pour que le film laisse une trace derrière son passage.
Près de dix ans avant que Terence Fisher et la Hammer
Film Productions ne
lancent sur le marché l'excellent The Curse of
Frankenstein pour
un budget de soixante-cinq mille livres sterling, et dix-sept après
le chef-d’œuvre de James Whales sobrement intitulé Frankenstein
et financé à hauteur d'un peu moins de trois-cent mille dollars en
1931, les producteurs de Abbott
and Costello Meet Frankenstein mettent
sur la table pas moins de sept-cent soixante mille dollars. Autant
dire que pour l'époque, il s'agit d'une somme honorable qui va
permettre au réalisateur de s'offrir non seulement les services du
fameux duo de comiques mais également ceux de quelques-unes des plus
grandes figures du cinéma fantastique américain de l'époque.
Rendez-vous compte : Lon Chaney Jr. dans le double rôle du
loup-garou et de Larry Talbot. Bela Lugosi dans celui du comte
Dracula. Vincent Price en homme invisible et enfin, Glenn Strange
dans le costume de la créature de Frankenstein ! Concernant ce
dernier, une anecdote plus ou moins amusante le concerne ainsi que
Boris Karloff. En effet, lorsque ce dernier meurt à l'âge de
quatre-vingt un ans d'une pneumonie à l’hôpital King
Edward VII
de Midhurst, sa nécrologie est accompagnée d'une photo qui n'est
autre qu'un portrait de... Glenn Strange !!!
L'intrigue
se déroule tout d'abord à Londres où Larry talbot contacte les
bagagistes d'une gare située en Floride où deux grosses caisses
attendent d'être livrées chez un certain McDougal (l'acteur Frank
Ferguson) pour son musée des horreurs. L'une renfermerait le Comte
Dracula et la seconde, le monstre de Frankenstein. Talbot tente de
prévenir les employés de la gare Wilbur Grey (Lou Costello) et
Chick Young (Bud Abbott) qu'il ne faut surtout pas que les caisses
soient livrées à l'adresse prévue et leur demande d'attendre qu'il
les aient rejoints. Malheureusement pour les deux hommes, McDougal
débarque et empresse Wilbur et son collègue et ami de les livrer au
plus vite. Une fois les caisses arrivées à destination et leur
contenu mis à jour, le Comte Dracula se réveille et aide la
créature de Frankenstein à sortir de la sienne. Le célèbre
vampire et le gigantesque monstre se dirigent alors jusqu'au château
du docteur Sandra Mornay (Lénore Aubert) qui a minutieusement étudié
les travaux de Victor Frankenstein, le ''père'' de la créature. La
jeune femme et Dracula ont un projet insensé : celui
d'implanter dans le crâne du monstre un nouveau cerveau qui
permettra au vampire d'en prendre le contrôle total. Ne sachant où
sont passés ses deux... ''colis'', McDougal fait appel à son
assureur afin d'être remboursé. Mais avant de récupérer les
vingt-mille dollars dû à la perte du contenu des caisses, une
inspectrice de l'assurance prénommée Joan (l'actrice Jane Randolph)
va mener son enquête. Après s'être rapprochée des deux bagagistes
et livreurs Wilbur et Chick, la jeune femme les accompagne jusqu'au
château de Sandra Mornay où avec la complicité du Comte Dracula et
d'un certain docteur Stevens (Charles Bradstreet), la jeune femme
s'apprête à se lancer dans une intervention chirurgicale dont la
victime doit être...
Pour
le savoir, il vous suffira de vous procurer les aventures de l'un des
plus célèbres duos de comiques américains, Abbott
and Costello Meet Frankenstein.
Un long-métrage dont on attendait sans doute beaucoup trop mais qui
au final se révèle beaucoup moins prenant que ne le promettait
notamment son riche casting. Comme à son habitude, Lou Castello en
fait des tonnes mais heureusement, son compagnon Bud Abbott temporise
l'exubérance du ''bibendum'' sous le charme duquel tombent les plus
jolies femmes. S'agissant des hypothétiques sentiments que
ressentiront les deux jeunes femmes qui s'arracheront les faveurs du
plutôt bébête Wilbur, ce sera au spectateur de deviner s'ils sont
sincères ou à desseins ! Si l'honneur est sauf puisque les
plus célèbres mythes du cinéma fantastique n'y sont pas tournés
en ridicule, il est navrant de constater à quel point leur aura est
ici diminuée par leur implication par trop limitées. La part belle
est donc offerte au duo de comiques, entre les singeries de l'un et
l'agacement de l'autre. Bien entendu, Wilbur le trouillard découvrira
très vite le sursaut de vie qui agite les mythiques Dracula et le
monstre de Frankenstein tandis que le cartésien Chick débarquera
toujours trop tard pour convenir de la réalité des faits.
Chick/Bud Abbott fait donc figure d'ancêtre de Dana Scully/Gillian
Anderson de la série de science-fiction culte, X-Files...
Les transformations de Lon Chaney Jr. en loup-garou sont typiques de
l'époque et donc relativement convaincantes (une succession d'images
superposées montrant l'évolution de l'homme vers le loup) et l'on
retrouve Bela Lugosi/Comte Dracula dans une même attitude que celui
du chef-d’œuvre que le réalisateur Tod Browning réalisa en 1931,
Dracula.
À trop vouloir rendre hommage aux mythes fantastique de la
Universal,
le film s'empêtre dans une sorte de compilation où malgré ses
intéressantes apparitions, le loup-garou n'a pas vraiment sa place.
Quant à la créature de Frankenstein, son interprète fait lui-même
figure de mannequin de cire tant il apparaît complètement inerte.
Écriture trop légère due à Robert Lee, Fred I. Rinaldo et John
Grant, mise en scène plutôt plate et gags souvent lourds et
répétitifs, le film contient malgré tout quelques rares séquences
vraiment amusantes dont les points culminants semblent être la
rencontre entre la créature de Frankenstein reposant dans une salle
secrète du château et Wilbur en mode investigation et celle située
dans la salle d'opération à la toute fin du film...
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