Il y a quelque chose de prophétique dans le titre du dernier
long-métrage de Nicolas Bdenamou On aurait dû aller en Grèce.
C'est vrai. Peut-être, alors, que cette comédie mettant en scène
une famille de continentaux venus s'installer dans une luxueuse villa
de l'Île de Beauté aurait eu une toute autre forme. La Corse est
devenue depuis pas mal d'années le cadre ''idéal'' d'un certain
nombre de films français à tendance humoristique. On pense bien
entendu à L'enquête corse
d'Alain Berberian en 2004 mais aussi aux plus récentes comédies
Permis de construire,
Le clan
et Inestimable
du réalisateur, scénariste et acteur originaire de Bastia, Éric
Fraticelli. À son tour, le co-réalisateur des deux Babysitting
en 2014 et 2015 et celui de A fond en
2016 revient donc avec son genre de prédilection. Retenons que si
avec les deux volets de la franchise réalisée aux côtés de
Philippe Lacheau, Nicolas Benamou rencontra un certain succès, il
fut par contre l'auteur d'un Mystère à
Saint-Tropez
en 2021 totalement désastreux ! C'est donc sur la pointe des
pieds qu'il faut envisager On aurait dû aller
en Grèce
comme ce qui pourrait n'être qu'une piètre comédie française
réunissant l'ancien membre de la Troupe
du Splendid
aux côtés d'interprètes locaux. Dans le rôle de Christian
Rousselot, Gérard Jugnot incarne un époux et père de famille venu
s'installer dans la demeure d'une vague connaissance partie
s'installer à l'étranger. Aux côté de son alcoolique de femme
(Virginie Hocq dans le rôle de Marie-Céline Rousseot), ce
gynécologue espère voir son fils Emmanuel prendre la relève à la
fin de ses études de médecine. Ce dernier est incarné par l'acteur
Orféo Campanella dont le nom sonne typiquement corse bien que le
jeune artiste est né Clamart dans les Hauts-de-Seine. Il interprète
le modèle du jeune homme sain dans son corps et dans sa tête, se
restreignant ainsi par exemple à une alimentation sans viande. La
fille de Christian (Claudia Bacos dans le rôle d'Anne-Sophie) est
est quand à elle avocate. La famille débarque en Corse et tue
involontairement une vache en la percutant. Une fois arrivés dans la
propriété qu'ils ont louée, ils reçoivent la visite d'une voisine
du propriétaire prénommée Serena Campana qui leur offre des
gâteaux de bienvenue.
Une
jeune femme enceinte et au caractère bien trempé qui précède
l'arrivée de deux preneurs d'otages interprétés par Michel
Ferracci et Frédéric Poggi qui ne s'attendaient certainement pas à
tomber sur des vacanciers. Mais aussi celle du propriétaire de la
vache qui espère obtenir réparation. L'action se situe donc
principalement à l'intérieur de la demeure mais aussi aux alentours
avec l'arrivée d’Élie Semoun et Vincent Desagnat dans le rôle
des gendarmes Fiama et Berthier. Le film se concentre donc sur la
prise d'otage avec en préambule une caricature très grossière de
nos amis corses. Si la plupart des personnages secondaires sont
incarnés par des acteurs du cru, l'actrice suisse Charlotte Gabris a
bien du mal à faire illusion dans son incarnation de Serena, jeune
femme austère toute vêtue de noir venue tout comme les preneurs
d'otages Antoine et Ange, régler ses comptes avec le propriétaire
des lieux. On aurait dû aller en Grèce
prend parfois des allures de pièce de théâtre adaptée sur grand
écran. Mais Nicolas Benamou ne parvient malheureusement pas à
revendiquer avec son dernier film ce qu'il prétend être lui-même
comme la descendance de quelques-unes des plus fameuses comédies
françaises ayant pour cadre l'Île de Beauté. Le personnage de
Charlotte Gabris est donc invraisemblable et caricatural au possible
tandis que Virginie Hocq, pour le coup, en fait tant qu'elle paraît
authentiquement se croire être montée sur les planches d'un théâtre
pour y incarner un personnage de vaudeville. L'on a droit aux
éternelles répliques que l'on accorde en général aux habitants du
coin, avec leur façon si particulière de répondre aux questions
des ''étrangers''. Semoun, Desagnat ou même François Bureloup qui
interprète le chef du GIGN
s'alignent sur le comportement des autres acteurs dont les
personnages sont tous ou presque stupides. Reste l'incarnation
d'Orféo Campanella dans le rôle du fils qui veut devenir
transformiste et que Nicolas Benamou traite avec un minimum de
sensibilité avant de le mettre de côté et ainsi remanier le ton de
On aurait dû aller en Grèce pour
en faire une comédie ''délirante'' et confuse dénuée de bons
mots. Côté divertissement, le film fait tout de même le taf car si
les dialogues ne sont pas des plus riches ils ont cependant
l'avantage de fuser. Ce qui permet à On aurait
dû aller en Grèce
de demeurer malgré tout relativement distrayant. Bref, ça se
regarde mais aussi, ET SURTOUT, ça s'oublie très vite...
Pour moi, une film qui ne décolle jamais, qui n'ose pas aller jusqu'au bout des situations initiées (peut-être par manque de moyen) et qui manque cruellement de rythme.
RépondreSupprimerEntre les films de genre "pointus" et la grosse comédie franchouillarde, tu nous fais vraiment le grand écart... :-)
RépondreSupprimer