Découvert hier soir,
j'avoue que je ne sais pas quoi penser de Dagon.
Est-ce dû au respect immodéré que j'éprouve pour celui qui signa
au beau milieu des années quatre-vingt l'un des plus grands films
gore de l'histoire du cinéma (Re-Animator) ?
Pas sûr. D'autant plus que la suite de sa filmographie n'allait pas
autant m'inspirer. De son histoire de poupées possédées (jamais
été fan de ces jouets, ni d'ailleurs des soldats de plomb), en
passant par un From Beyond qui
ne réussissait jamais vraiment l'exploit de son premier
long-métrage, et jusqu'à Fortress,
ce bon vieux gros nanar datant de 1993 et notamment interprété par
Christophe Lambert.
Devant
l'engouement de certains, je m'suis dit : « allez !
Offrons lui une dernière chance » !
et cette chance, c'est Dagon,
justement. Inspiré de trois choses. D'abord des nouvelles Dagon
et Le Cauchemar
d'Innsmouth,
de l'écrivain américain H.P. Lovecraft, puis de Dagon lui-même,
dieu des population sémitiques du Nord-Ouest, représenté sous la
forme d'un poisson.
Pour
commencer, il faut reconnaître au sujet adapté par Dennis Paoli,
une certaine originalité. Pourtant, au vu des premières images, il
y a de quoi s'inquiéter. L'esthétique générale (et qui perdurera
malheureusement jusqu'à la fin du film) donne à l'ensemble les
allures d'un téléfilm. Pas de quoi véritablement se plonger corps
et âme dans le récit. A tel point qu'on se verrait presque
engueuler l'équipe technique en invoquant ces filtres qui auraient
permis d'apporter un cachet nettement plus 'sain'
aux amateurs de pellicules filmées au format 16mm. Mais bon,
passons. Le tout numérique l'emportant de plus en plus sur le reste,
voyons voir ce qu'a Dagon
à nous offrir de bon. Pas de sushis, ni de caviar (de toute manière,
je déteste ces petites chiures noires), mais des hommes et des
femmes vouant un culte au Dagon du titre, tous sous l'emprise d'Uxia
Cambarro, la grande prêtresse, et du plus proche membre de la secte,
Ezequiel. Uxia, c'est l'actrice espagnole Macarena Gómez, vue ces
dernières années dans les très réussis Las
brujas de Zugarramurdi
d'Álex de la Iglesia et Musarañas
de Juanfer Andrés et Esteban Roel. Ezequiel, quant à lui, est
interprété par l'acteur lui aussi d'origine espagnole, Francisco
Gomez. Tiens, un américain dirigeant des espagnols ? Ben oui.
Car Dagon n'est
ni plus, ni moins qu'une production ibérique tournée à Pontevedra
dans le nord-ouest de l'Espagne.
En
vedette, c'est l'acteur Ezra Godden qui incarne le personnage de Paul
Marsh qui en compagnie de sa petite amie Barbara fêtent la réussite
de leur entreprise On-Line
à bord d'un petit yacht. Accompagné de leurs amis Howard et Vicki,
ils rencontrent très vite des problèmes lorsque le bâteau s'échoue
sur un récif. Alors que Howard et sa compagne demeurent à bord,
Paul et Barbara décident d'aller chercher des secours à bord d'un
canot de sauvetage. Arrivés aux abords de Imboca, un village de
pêcheurs, le couple va être confronté à des faits étranges. En
fait, surtout Paul car Barbara disparaît assez rapidement de
l'image. Bien que l'histoire n'ait rien de commun avec Evil
Dead de
Sam Raimi, Dagon dégage
parfois la même énergie, Ezra Godden pouvant alors être comparé,
toutes proportions gardées, à Bruce Campbell qui incarnait le rôle
de Ash dans le classique datant de 1981. Si seulement l'aspect trop
lisse et lumineux de l'image ne l'emportait pas quasiment sur tout le
reste, le film de Stuart Gordon aurait sans doute gagné ses galons
de film culte. L'univers dépeint se révèle parfois impressionnant.
Le village perpétuellement sous la pluie possède en effet un charme
tout particulier. Pas le genre où on aimerait emmener sa petite
femme en vacances. Ses habitants ressemblent à des goules croisées
avec des poissons. Le caractère mystique, même s'il n'égale sans
doute pas celui de Silent Hill,
est parfois délirant. Quant à elle, Uxia ne se révèle pas aussi marquante qu'Alice
Krige dans le rôle de Christabella. Chercher à ignorer les défauts
de Dagon,
c'est espérer passer un agréable moment dans l'univers de H.P.
Lovecraft. Cela fonctionne parfois, et à d'autres moments un peu
moins. On appréciera tout de même les quelques effets gore dont le
dépeçage facial dont est victime l'un des personnages, un moment
fort peu ragoutant mais plutôt convaincant. Les principaux
interprètes apparaissent relativement impliqués et le rythme plutôt
soutenu. Le film, s'il n'est pas une totale réussite, saura
contenter les amateurs de films d'horreur pas trop regardant sur
l'esthétique générale...
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