La ville de New York fut
plongée dans le noir les 13 et 14 Juillet 1977. L'année suivante,
le cinéaste marseillais (oui, oui) Eddy Matalon s'emparait du sujet
et réalisait le long-métrage franco-canadien New York Black
Out.
Un thriller urbain mâtiné de catastrophe débutant justement de
manière assez classique en tentant de caractériser chacun des
personnages. S'ensuit alors une succession de scénettes nous
présentant un petit groupe de taulards, les convives d'un mariage 'à
la grecque',
un magicien français vivant avec son chien, un couple du troisième
âge dont l'époux est sous assistance respiratoire, ou encore un
homme et une femme coincés dans un ascenseur. Et ce, parce que le
mauvais temps s'est chargé de couper l'électricité au sein d'une
cité désormais en proie à la violence. Et notamment, celle
administrée par les prisonniers évoqués ci-dessus, parvenus à se
libérer de leurs geôliers, et s'attaquant à tout ce petit monde
réuni dans le même immeuble. Une bonne histoire pour un film
finalement, assez chiant. Loin des grandes productions du genre, ce
New York Black Out dont
l'affiche s'inspire de certaines grandes productions catastrophe (au
hasard, Tremblement de Terre,
La Tour Infernale,
ou encore L'Aventure du Poséïdon)
n'est en fait qu'un tout petit film à peine digne de figurer dans la
liste des drames survenant à la suite de phénomènes naturels (ici,
la tempête). Incarné en outre par l'acteur américain Ray Milland
qui du plus profond de mes souvenirs fut surtout le Dr Maxwell
Kirshner de l'improbable film de blaxploitation, The
Thing with Two Heads,
mais également l'un des soixante-neuf meurtriers de l'excellente
série policière Columbo avec Peter Falk (l'épisode en question
s'appelle Dites-le avec des fleurs)
et l'un des principaux interprètes de cet autre épisode qu'est
l'excellent Faux Témoins.
Mais
bon, le sujet n'est pas là. Pour me revigorer l'esprit et ainsi
m'extraire de la léthargie dans laquelle me plongea le film d'Eddy
Matalon, je décidais de regarder The
Freakmaker
de Jack Cardiff que j'avais toujours connu jusque là sous le titre
The
Mutations.
Une œuvre principalement interprétée par l'acteur Donald Pleasance
(qui lui-même fut mis en présence du célèbre lieutenant Columbo
dans l'un des plus admirables épisodes de la série, Quand
le Vin est Tiré),
et qui m'avait profondément marqué alors que je n'étais qu'un tout
jeune adolescent le jour où je le découvrais pour la toute première
fois. Qu'allais-je en penser, une trentaine d'années plus tard... ?
Pour
commencer, je ne me souvenais absolument pas des timelapses de Ken
Middleham. De bien belles images qui donnent le ton de The
Freakmaker.
Car bien qu'il s'agisse d'un film d'horreur, scénarisé par Edward
Mann et Robert D. Weinbach, on a très souvent l'impression d'être
placé en face d'un long-métrage éducatif. Car entre les scènes
durant lesquelles nous découvrons l'évolution des plantes de la
germination des graines jusqu'à l'apparition des premières fleurs,
on assiste également aux cours prodigués par l'excellent acteur
britannique Donald Pleasance, qui dans la peau du professeur Nolter
peut être identifié comme un génial inventeur, mais également
comme un individu passablement atteint et se prenant pour Dieu.
L'une
des caractéristiques les plus étranges de The
Freakmaker
demeure dans la présence de personnages 'monstrueux'. Du moins,
certains les envisageront ainsi alors qu'il s'agit simplement
d'individus atteints de malformations congénitales réelles. Ces
êtres parfois dits 'phénomènes
de foires'
sont pourtant des individus à part entière et le cinéma leur a
consacré quelques très bons films. Le plus classique d'entre tous
demeure bien évidemment l'extraordinaire Freaks
de
Tod Browning. Juste derrière arrive The
Elephant Man de
David Lynch. Arrive ensuite le très émouvant Mask
de
Peter Bogdanovich (vu à l'époque au ciné). D'autres œuvres
intègrent l'idée des monstres à visage humain. Elles sont
d'ailleurs très nombreuses mais majoritairement farfelues. L'une
d'elle, pourtant, se démarque : La
Sentinelle des Maudits
de Michael Winner et ses sinistres apparitions nocturnes...
Les
créatures de The
Freakmaker
sont donc bien réelles. Du moins, une partie d'entre elles puisqu'à
force d'expérimenter des hybridations entre humains et plantes, le
personnage incarné par Donald Pleasance va finir par obtenir ce
qu'il désire. Jamais sorti en salle dans notre pays, The
Freakmaker est
une petite production horrifique peu effrayante et nantie
d'effets-spéciaux moyens. Le scénario fait se croiser la route
d'une troupe de phénomènes humains harcelés par un propriétaire
de cirque aussi monstrueux qu'eux, avec deux couples d'étudiants
cherchant à connaître la vérité sur la disparition de l'une de
leurs amies, et du professeur interprété par Donald Pleasance. Le
film de Jack Cardiff se permet de piller certaines des très bonnes
idées du Freaks
de
Tod Browning. Comme la scène du banquet, ou alors le passage durant
lequel les membres de la troupe de phénomènes traquent l'horrible
propriétaire du cirque. Tourné en Angleterre à Londres et dans
les studios Pinewood,
The
Freakmaker accuse
quelque peu son âge mais reste une honnête petite série B...
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