Youpie ! Enfin un
film d'horreur brésilien qui ne ressemble pas à un soap opera
horrifique. De plus, Mal Nosso
démarre sous les meilleurs augures puisque l'on assiste à une
séance de scalp post-Maniac
cradingue digne de celles perpétrées plus de trente-cinq ans en
arrière par le Frank Zito de William Lustig. Ce film signé du
brésilien Samuel Galli dont il s'agit du tout premier long-métrage
commence de manière assez crue, réaliste, et morbide. Si vous venez
de vous lever et que vous venez tout juste de prendre votre petit
déjeuner, allez donc prendre d'abord une douche sinon vous risquez
de rendre le contenu de votre estomac. Du moins est-ce l'impression
que donne l'ouverture grand-guignolesque de cette œuvre qui traduite
chez nous devrait à peut près vouloir dire Notre
Mal avec un grand M pour signifier la
présence du malin, du Diable, de Satan dans le contenu de ce Mal
Nosso qui
débute plutôt comme un psychokiller malsain mais évoluera vers des
thématiques ancrées dans la religion avec son Diable esthétiquement
représenté de manière fort basique, rouge et cornu.
Mais
la valeur de Mal Nosso
se situe à la frontière entre l'histoire personnelle incarnée par
ce personnage profondément humain qu'est Arthur (doublement
interprété par Ademir Esteves et Fernando Cardoso) et celle d'un
tueur en série particulièrement froid et distant vis à vis de ses
propres méfaits. Un lien va pourtant unir ces deux individus qui ne
partagent que de très rares points communs (l'un tue, l'autre entre
en contact direct avec l'esprit des victimes). Samuel Galli développe
une intrigue tournant autour du bien et du mal mais en y ajoutant un
caractère très particulier lié au rythme lancinant de l'aventure.
Celle d'Arthur qui, on ne sait pour quelle raison, passe un contrat
avec celui qu'il sait être un assassin. Des questions, le spectateur
ne cesse de s'en poser, sans qu'aucune n'aie de réponse. Du moins
jusqu'à ce que le principal personnage revienne sur son passé à
travers des flash-back. De son adolescence où il se découvre le don
de communiquer avec les morts. Un poids d'abord trop lourd à
supporter pour ses frêles épaules, mais alors qu'Arthur veut en
finir avec tout ça, il rencontre un curieux personnage (ce qui donne
lieu à des séquences surréalistes en présence d'un clown
interprété par l'acteur Antony Mello) qui le convaincra des
bienfaits que son don peut apporter aux autres.
Sur
un rythme lancinant qui ne semble appartenir qu'au cinéma brésilien
et qui pourrait déboucher sur l'ennui du spectateur, Mal
Nosso se
révèle en fait une excellente surprise. Et même si Samuel Galli
prend son temps, que ses interprètes récitent leur texte en prenant
soin de détacher chaque syllabe et que les mouvements de caméra
semblent parfois presque imperceptibles, l'aventure vaut d'être
vécue. Hypnotique, Mal Nosso offre
des visions parfois macabres difficilement soutenables pour le non
initié. Comme l'acte de barbarie que visionne Arthur sur son écran
d'ordinateur au début du film ou un peu plus tard lorsque Charles
tue froidement deux jeunes femmes qu'il a invité à passer la soirée
en sa compagnie. Pas toujours très judicieusement choisie, la bande
originale se révèle pourtant parfois envoûtante, surtout lorsque
le scénario fait appel à l'élément fantastique qui en d'autres
circonstances aurait sans doute été ridicule (la vision simpliste
du Malin). Le personnage d'Arthur est attachant. Ademir Esteves
rendant hommages à ces hommes et ces femmes qui sacrifient leur
existence pour le bien d'autrui. Mal Nosso
est donc emprunt de religiosité et fait la part belle au partage
tout en étant nanti de visions infernales et parfois graphiquement
en désaccord avec le sujet principal invoqué. Le cinéma brésilien
signe là une très belle proposition de cinéma fantastique. On en
redemande...
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