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mardi 1 janvier 2019

Un Réveillon au Cinéma : Bohemian Rhapsody de Bryan Singer (2018) - ★★★★★★★★★☆




Tradition oblige, cette année encore nous avons passé le réveillon enfermés dans les salles obscures du MEGACGR de Narbonne. Mais alors qu'il y a deux ans nous étions gâtés avec pas moins de deux excellents films de science-fiction (Premier Contact de Denis Villeneuve et Passengers de Morten Tyldum), cette année, il a fallut composer avec deux longs-métrages qui au départ ne nous semblaient pas dignes d'un réveillon du nouvel an. Après une première partie de soirée placée dans un angle d'une salle bondée et en inadéquation avec le confort exigé dans ce genre de situation, devant une comédie sympathique mais très légère et caricaturale (Le Gendre de ma Vie avec Kad Merad, Pauline Etienne, François Deblock et Julie Gayet), nous avons opté par défaut pour un biopic. Celui consacré au chanteur Freddie Mercury et à son groupe, Queen. Réalisé par Bryan Singer (tout de même auteur de Usual Suspects en 1995), Bohemian Rhapsody consacre presque deux heure trente à un artiste qui, on le constatera, méritait vraiment qu'on lui consacre un film.

Petit immigré du protectorat britannique de Zanzibar qui deviendra par la suite la Tanzanie en union avec le Tanganyika, celui qui s'appelle pour le moment de son vrai nom Farrokh Bulsara est bagagiste, vit avec ses parents, sa sœur, et passe tout son temps libre dans un bar dans lequel joue le groupe de rock Smile qui bientôt va perdre son bassiste. C'est l'occasion que choisit Farrokh pour s'imposer aux deux membres restant, Brian May, le guitariste, et Roger Taylor, le batteur. Le point de départ d'une carrière exceptionnelle pour un groupe qui connaîtra un succès mondial phénoménal mais également des passages à vide...

Si Bohemian Rhapsody se concentre surtout sur son emblématique chanteur qui officialisera son nouveau nom, Freddie Mercury, au grand désarroi de sa famille et notamment de son père, Bryan Singer n'en oublie pas pour autant les membres qui l'accompagnent. De Roger Taylor (Ben Hardy), en passant par Brizn May (Gwilym Lee), jusqu'à Lucy Boynton, dont le personnage de Mary Austin fut sa première véritable compagne et qui d'une certaine manière resta fidèle jusqu'à ce que la mort emporte Freddie Mercury. Le film remonte jusqu'au début des années soixante-dix, au moment même où le futur chanteur de Queen rencontre ses futurs amis et membres du groupe. Déjà, le spectateur sent percer les ambitions d'un artiste en devenir. Un homme au physique singulier, qui même s'il ne l'exprime jamais vraiment est complexé par une dentition proéminente, et qui parfois est le sujet de moqueries. Victime de racisme (certains le surnomment le 'Paki'), Freddie Mercury est les membres du groupe sont très rapidement propulsés au sommet. Sans doute mal préparé, et aveuglé par ses ambitions, la carrière du chanteur va donc nous être montrée sous son aspect lumineux, mais parfois, également, très obscure.

L'acteur d'origine égyptienne Rami Malek qui n'en est pas à ses débuts incarne un Freddie Mercury convaincant. De ses débuts de carrière à l'orée des années soixante-dix jusqu'au phénoménal concert Live Aid du 13 juillet 1985 à Wembley. Bryan Singer s'attache donc à nous dépeindre un artiste complet. Interprète, compositeur. Excentrique et narcissique, ce qui lui vaut parfois des problèmes auprès de certains producteurs et mêmes des autres membres du groupe. Freddie Mercury y est souvent fascinant, parfois touchant. Le long-métrage est l'occasion d'en apprendre davantage sur la genèse de certains des plus grands succès du groupe (comme le titre éponyme ou la chanson que le chanteur dédiera à sa première compagne Mary Austin, Love of my Life) et sur ses amours. Sans doute par pudeur ou par respect pour un artiste qui fit rêver des millions de fans, Bryan Singer ne se penche heureusement pas trop sur certaines dérives de la star. Ses problèmes de drogue sont relativement peu évoqués. Le film n'est cependant pas dénué de séquences troublantes,notamment celle qui le voit découvrir sa maladie, les individus louches qui parasitent son existence ou lorsque Mary et lui se disent au revoir sous la pluie. Bohemian Rhapsody est d'abord un formidable spectacle qui ne peut se concevoir ailleurs que sur grand écran. Nul besoin d'être fan de Queen ou d'avoir la moindre connaissance en préambule pour apprécier la magie qui émane de ce formidable biopic. L’œuvre de Bryan Singer prouve une fois encore que l'avis des critiques dits 'professionnels' importe peu, et même pas du tout. Négligé par une grande partie d'entre eux, Bohemian Rhapsodie est une brillante réussite. Un conseil : filez le découvrir au cinéma avant qu'il ne soit trop tard...

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