Tradition oblige, cette
année encore nous avons passé le réveillon enfermés dans les
salles obscures du MEGACGR de Narbonne. Mais alors qu'il y a deux ans
nous étions gâtés avec pas moins de deux excellents films de
science-fiction (Premier Contact
de Denis Villeneuve et Passengers de
Morten Tyldum), cette année, il a fallut composer avec deux
longs-métrages qui au départ ne nous semblaient pas dignes d'un
réveillon du nouvel an. Après une première partie de soirée
placée dans un angle d'une salle bondée et en inadéquation avec le
confort exigé dans ce genre de situation, devant une comédie
sympathique mais très légère et caricaturale (Le
Gendre de ma Vie
avec Kad Merad, Pauline Etienne, François Deblock et Julie Gayet),
nous avons opté par défaut pour un biopic. Celui consacré au
chanteur Freddie Mercury et à son groupe, Queen.
Réalisé par Bryan Singer (tout de même auteur de Usual
Suspects en 1995), Bohemian Rhapsody
consacre presque deux heure trente à un artiste qui, on le
constatera, méritait vraiment qu'on lui consacre un film.
Petit
immigré du protectorat britannique de Zanzibar qui deviendra par la
suite la Tanzanie en union avec le Tanganyika, celui qui s'appelle
pour le moment de son vrai nom Farrokh Bulsara est bagagiste, vit
avec ses parents, sa sœur, et passe tout son temps libre dans un bar
dans lequel joue le groupe de rock Smile
qui
bientôt va perdre son bassiste. C'est l'occasion que choisit Farrokh
pour s'imposer aux deux membres restant, Brian May, le guitariste, et
Roger Taylor, le batteur. Le point de départ d'une carrière
exceptionnelle pour un groupe qui connaîtra un succès mondial
phénoménal mais également des passages à vide...
Si
Bohemian Rhapsody
se concentre surtout sur son emblématique chanteur qui officialisera
son nouveau nom, Freddie Mercury, au grand désarroi de sa famille et
notamment de son père, Bryan Singer n'en oublie pas pour autant les
membres qui l'accompagnent. De Roger Taylor (Ben Hardy), en passant par Brizn May (Gwilym Lee),
jusqu'à Lucy Boynton, dont le personnage de Mary Austin fut sa
première véritable compagne et qui d'une certaine manière resta
fidèle jusqu'à ce que la mort emporte Freddie Mercury. Le film
remonte jusqu'au début des années soixante-dix, au moment même où
le futur chanteur de Queen rencontre ses futurs amis et membres du
groupe. Déjà, le spectateur sent percer les ambitions d'un artiste
en devenir. Un homme au physique singulier, qui même s'il ne
l'exprime jamais vraiment est complexé par une dentition
proéminente, et qui parfois est le sujet de moqueries. Victime de
racisme (certains le surnomment le 'Paki'),
Freddie Mercury est les membres du groupe sont très rapidement
propulsés au sommet. Sans doute mal préparé, et aveuglé par ses
ambitions, la carrière du chanteur va donc nous être montrée sous
son aspect lumineux, mais parfois, également, très obscure.
L'acteur
d'origine égyptienne Rami Malek qui n'en est pas à ses débuts
incarne un Freddie Mercury convaincant. De ses débuts de carrière à
l'orée des années soixante-dix jusqu'au phénoménal concert Live
Aid
du 13 juillet 1985 à Wembley. Bryan Singer s'attache donc à nous
dépeindre un artiste complet. Interprète, compositeur. Excentrique
et narcissique, ce qui lui vaut parfois des problèmes auprès de
certains producteurs et mêmes des autres membres du groupe. Freddie
Mercury y est souvent fascinant, parfois touchant. Le long-métrage
est l'occasion d'en apprendre davantage sur la genèse de certains
des plus grands succès du groupe (comme le titre éponyme ou la
chanson que le chanteur dédiera à sa première compagne Mary
Austin, Love of my
Life)
et sur ses amours. Sans doute par pudeur ou par respect pour un
artiste qui fit rêver des millions de fans, Bryan Singer ne se
penche heureusement pas trop sur certaines dérives de la star. Ses
problèmes de drogue sont relativement peu évoqués. Le film n'est
cependant pas dénué de séquences troublantes,notamment celle qui
le voit découvrir sa maladie, les individus louches qui parasitent son existence ou lorsque Mary et lui se disent au
revoir sous la pluie. Bohemian Rhapsody
est d'abord un formidable spectacle qui ne peut se concevoir ailleurs
que sur grand écran. Nul besoin d'être fan de Queen ou d'avoir la
moindre connaissance en préambule pour apprécier la magie qui émane
de ce formidable biopic. L’œuvre de Bryan Singer prouve une fois
encore que l'avis des critiques dits 'professionnels'
importe peu, et même pas du tout. Négligé par une grande partie
d'entre eux, Bohemian Rhapsodie
est une brillante réussite. Un conseil : filez le découvrir au
cinéma avant qu'il ne soit trop tard...
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